Les opérateurs nationaux (type FAI français) peuvent aussi déployer de larges réseaux nationaux ou internationaux avec beaucoup de peering dans différents pays voisins et tout et tout. Tous les grands FAI Français le font. Ces opérateurs nationaux sont clients des IBP pour la partie du trafic qu'ils ne peuvent pas écouler eux-même en peering (trafic vers l'asie, une grande partie des US pour les FAI Français).
Ces opérateurs nationaux peuvent très bien vouloir revendre du transit à de petits clients possédant de petits réseaux (entreprise, hébergeurs, petits FAI). On appelle ces opérateurs des "tier-2". Les IBP sont les "Tier-One", des opérateurs internationaux. La grosse différence entre les deux, c'est que le Tier-one n'a besoin d'aucun opérateur pour désservir l'intégralité de l'internet. Ses accords de peering avec d'autes "Tier-One", et tous les raccordements à ses propres clients lui permettent de désservir l'intégralité d'internet.
Le "Tier-2", au contraire, n'est pas assez gros, pas assez étendu, et pas assez puissant, et il est obligé d'acheter du transit à un "tier-one" pour désservir l'intégralité d'internet.
Les tier-two écoulent le trafic de leurs clients (petits réseaux) par du transit auprès de l'IBP, et par du peering auprès d'autes opérateurs nationaux. Le transit acheté par un petit opérateur à un tier-two est généralement moins cher que le transit acheté à un tier-one. C'est tout l'intérêt du tier-two, qui a développé de fortes capacités de peering en local (France ou Europe), et donc qui propose de meilleurs tarifs. C'est avantageux pour un petit hébergeur destiné à une clientelle européenne par exemple. Par contre, ce petit opérateur sera moins bien visible par les US, mais ça n'est pas trop grave.
Dans ces conditions, le tier-two concurrencent l'IBP (= tier-one) dont ils sont eux-même client. L'IBP peut très bien mal le prendre, et refuser cet état de fait, en bidouillant les routes (en n'acceptant pas les routes des clients du tier-two le plus souvent), ou en menaçant de rompre le contrat. Certaines clauses imposées par les tier-one sont très contraignantes à ce point de vue. D'autres Tier-One sont plus ouverts, et acceptent à peu près tout (Cogent).
Il y a plein de truc tordus dans le même genre:
Certains opérateurs sont à la fois Tier-One et opérateur national, avec deux réseaux distincts. C'est le cas d'Orange, et de ses réseaux Opentransit (international) et FT (national). Cela complexifie énormèment les relations avec cet opérateur. Orange, par exemple, en tant qu'opérateur national (réseau FT), refuse par défaut les accords de peering (sauf avec les très gros réseaux nationaux Français et Européens), pour que le trafic vers son réseau soit acheté auprès du Tier-One Opentransit, et pour se faire du pognon là dessus...
Leon.