Pour répondre à certaines interrogations - justifiées - voici quelques points
- Sur la question de l’indépendance, c’est un sujet sur lequel on a déjà été questionnés sur NXI.
NXI/Next n’a de sens que s’il fournit une information de qualité à ses lecteurs, sans influence édito de l’actionnaire.
On pourrait critiquer l’article sur la sortie de nine comme une première ingérence (ce qu’elle n’est factuellement pas, mais je comprendrais très bien), on peut aussi se dire que l’information était importante, qu’on l’a mis derrière le paywall pour ne pas en faire un communiqué de presse à grande audience, et que le sujet du petit monde fermé du peering est d’intérêt légitime pour les lecteurs.
Si on ajoute à cela une forme de fierté pour les lecteurs de soutenir un journal qui appartient à un groupe qui ose des trucs, c’est plutôt tout bénef pour Next (qui a vu d’ailleurs de belles audiences sur cet article, et qui a engrangé de nouveaux abonnés ce week end, ce qui n’est pas habituel).
Sur nine, c’est un peu similaire.
nine ne peut pas survivre indépendamment sur le long terme si ses clients ne sont pas parfaitement satisfaits de l’isolation moji/nine, eux qui sont des concurrents de moji (c’est encore plus sensible que pour Next).
Je ne vois pas très bien ce que pourrait faire nine pour favoriser moji - à part filer des ports gratuits, ce qui ne serait pas un avantage concurrentiel dingue vu le faible prix public du port.
Les membres restent maitres de ce qu’ils échangent, et cerise sur le gateau, les circuits privés inclus ne profitent pas du tout à moji, c’est une vraie commodité offerte au seul bénéfice des clients.
nine a été pensé comme une réponse aux problèmes que nous avons rencontré dans la croissance de notre backbone, et compte bien résoudre de vrais problèmes pour de vrais clients.
Au vu de la réponse globale des opérateurs concurrents de moji sur ce projet, l’inquiétude ne semble pas immense - je m’attendais à beaucoup plus de réticences pour tout dire.
nine n’est pas une filiale de moji, c’est une sœur.
D’ailleurs, lafibre.info communique explicitement sur la filiation moji/nine, mais vous aurez noté que je n’ai nulle part parlé de moji lors de la présentation.
Non pas que ce soit un secret, mais je trouve que moji n’est pas une référence signifiante dans le cadre de l’exercice des fonctions de nine.
nine ne s’appelle pas mojix.
- Sur la partie plus philosophique de ce que devrait être un point de peering, de midi à ma porte, je me fous bien de savoir si mon argent va dans la poche d’une asso ou d’un prestataire.
J’attends le meilleur service possible, le meilleur prix, et un traitement équitable de tous les peers sur le point d’échange.
L’entreprenariat privé n’est pas le diable, tant qu’il respecte un certain nombre de valeurs humaines.
L’écrasante majorité des clients d’un ix sont des acteurs privés d’ailleurs.
- En ce qui concerne le risque de défaut, toute initiative quelle qu’elle soit en comporte une part, et je pense que nine a plus de chances de survivre si elle s’appuie sur un groupe diversifié que de se lancer seule (track record + économies d’échelle + financements).
Au demeurant, si un ix fait défaut, les conséquences sont relatives, il reste du transit, l’ix peut être repris par un tiers, il existe d’autres ix ou d’autres peuvent prendre la suite…
Je ne pense pas que le risque de défaut à 5 ans soit un angle pertinent pour jauger de la valeur de l’initiative.
- La comparaison avec Free est flatteuse mais elle a ses limites.
J’ai beaucoup plus de cheveux que Xavier Niel déjà, mais ensuite moji n’est pas Free, elle est insignifiante au regard du marché, elle n’est pas beaucoup plus grosse que nine (elle est même légèrement plus petite en CA que France iX).
Free/OVH/Bytel peuvent tout à fait maintenir un IX pour s’amuser/avoir une influence/insert here any devious reason…
Nous nous avons besoin qu’il soit rentable, et qu’il soit bien perçu par ses membres.
Pas de membres = mort = coûts d’infra difficiles à soutenir pour moji (pour tenir un tarif pareil en transport on a dû nous engager sur un gros volume d’affaires).
- D’accord avec Hugues, faire nine en multi-opérateurs ce n’est pas souple, on va se battre sur le choix de la plateforme matérielle, les partages de couts, les arbitrages techniques, le choix des prestataires de transport, la couleur du pq…
Tout devient long et compliqué, et si on va à l’échelle européenne, pourquoi un consortium d’opérateurs français ne devrait-il pas accueillir des membres des autres pays au fur et à mesure de sa croissance ?
On a une mission simple et ambitieuse, et on ne peut pas la mener à bien dans un délai acceptable dans cette configuration.
Et si vous voulez lancer la même chose selon le modèle que vous trouvez le mieux, libre à vous !
Pour conclure, on a remarqué un problème, on propose une solution pour le régler.
Vous pouvez tout à fait critiquer l’initiative, mais cette solution semble quand même séduire un grand nombre de professionnels, sur le papier au moins.
Un peu comme pour la reprise de Next, laissez sa chance au produit
