Brèves du PIF (Paysage de l'Internet Français) – n°2864G en serviceLe bilan de l’ANFR des sites 4G mis en service en métropole au 1er mai est le suivant : Orange : 15 536 sites (+355); SFR : 15 191 sites (+214); Bouygues Telecom 14 908 sites (+80); Free : 10 474 sites (+216). Orange qui est repassé devant SFR, accentue son avance. Bouygues lève le pied et Free se relance.
Vivendi en ItalieC’est une campagne d’Italie qui tourne au fiasco. Vivendi a perdu le contrôle du conseil d’administration (CA) de Telecom Italia (Tim) au profit du fonds américain Elliott. Elliott, qui détiendra donc dix sièges et Vivendi cinq. Afin de désendetter le groupe, Elliott pourrait vendre le réseau – qui est estimé à 15 milliards d’euros – alors que Vivendi est opposé à ce démantèlement.
Vivendi a été "
un très mauvais actionnaire et l'Italie a besoin d'un réseau unique fort, capable de mobiliser des investissements (…) Je suis favorable aux investissements étrangers, mais cela ne veut pas dire rester inerte quand ils (veulent) détruire la valeur plutôt que la créer, surtout quand, en jeu, il y a un intérêt national" pour Telecom Italia (Tim), avait affirmé en avril le ministre italien du Développement économique, Carlo Calenda (
Challenges, 18/04).
Vivendi est complètement isolé et doit faire face à une hostilité du gouvernement, de Berlusconi et de Mediaset, ainsi que d’un fonds d’investissements Elliott, ainsi que de petits actionnaires minoritaires. Reste qu’être le premier actionnaire et n’être pas capable de rester majoritaire fait tache. Logiquement la vente des parts de Vivendi n’est plus très loin.
Quoiqu’il arrive Vivendi et Bolloré vont laisser des plumes assez importantes. La moins value latente de son investissement dans TIM est estimé à 800 millions d’euros. Et c'est sans compter l’amende qu’il pourrait avoir à payer à Berlusconi dans le cadre du rapprochement avorté avec Mediaset. Début avril, Mediaset Premium s’est rapproché de Sky Italia et enterrant de ce fait un rapprochement avec Vivendi.
Sépération fonctionnelleDans le cadre d’un accord entre TIM et le gouvernement italien, Telecom Italia pourrait créer une entité séparée (détenue par Telecom Italia) afin de gérer le réseau fixe. Sur le fond, l’Etat italien ne souhaite pas voir une entreprise étrangère avoir la main sur son réseau fixe.
En France, nous en sommes loin. France Telecom/Orange a été sérieusement régulé par l’ARCEP et par l’ADLC quand il le fallait.
Alors qu’il était question que l’Etat cède des parts dans Orange (notamment) pour alimenter un fonds d'investissement dédié à l'industrie et à l'innovation, il semble que cette idée ne soit plus d’actualité. Il faut dire que dans le cadre du développement du très haut débit dans le fixe et le mobile, l’Etat a besoin de la force de frappe d’Orange et que le plus sûr moyen de maintenir la pression est d’en rester actionnaire de référence.
Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait déclaré à propos d’Orange : "
La participation de l’Etat dans une entreprise comme Orange peut évoluer. Cependant l’Etat joue chez orange un rôle de stabilisation de l’actionnariat dans un contexte ou le secteur connait des évolutions importantes.".
A ce jour, l’Etat est actionnaire pour 22,95% (13,39% via la BPI et 9,56% via l’APE). La vente en totalité pourrait lui rapporter jusqu’à 9 milliards d’euros
Il va sans dire que si une vente totale à un actionnaire industriel privé se produisait, la question d’une séparation du réseau se poserait. Il va sans dire également, que ce cas de figure gèlerait certainement les investissements dans le déploiement du très haut débit, sans compter la désorganisation avant que la situation devienne stable pour cette nouvelle entité.
A ce jour, personne ne demande une séparation fonctionnelle d’Orange. Ni du côté de l’ARCEP (qui aurait moins à réguler), ni de l’Etat, ni de la concurrence (Orange peut aussi être pratique comme défouloir), ni des partis politiques. La dernière fois que cela a été évoqué, c’était en juillet 2012 (
La Tribune, 07/2012). Bouygues Telecom l’avait demandé afin que l’accord d’itinérance entre Free et Orange soit opérationnelle sur un réseau neutre. On connait la suite…
A noter qu’en Grande Bretagne, l’opérateur historique BT (ou du moins ce qu’il en reste) a annoncé en mars 2017 qu'il allait transformer Openreach, sa filiale réseau, en une entité juridique distincte. Le régulateur britannique, l’OFCOM reprochait à BT des pratiques anticoncurrentielles et de pas assez investir dans la fibre. Depuis le dossier n’a pas beaucoup avancé.