Auteur Sujet: l'état recrute chef de projet IT : compétence surtout aucune  (Lu 3613 fois)

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mattmatt73

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Tu es un vrai technocrate qui n'y connait rien à l'IT ? tu es un jeune couillon juste diplômé d'une école ronflante qui n'y connait rien à l'IT non plus (genre polytechnique)? Viens faire chef de grands projets IT publiques.

On te demandera juste de justifier le choix de la SS2I que ton chef t'aura indiqué (surement celui qui aura financé sa dernière campagne électorale ou donné un poste au gamin de sa maitresse).
Ton job sera de faire passer le dépassement de budget et le retard comme anecdotique.

Mais attention, ta carrière est comme une partie de docteur Maboul. il faut savoir ne pas aller trop loin et de se tirer vers un nouveau poste prometteur aux douanes ou à l'action sociale, avant que ton projet précédent se révèle être un scandale financé sur argent public.




http://www.liberation.fr/france/2016/03/13/black-out-sur-les-ecoutes_1439376

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Black-out sur les écoutes

Début mars, des enquêtes judiciaires ont été compromises à cause d’un crash technique qui a mis en carafe la Plateforme nationale des interceptions judiciaires de Thales et de la Justice. Un bug aussi inquiétant que dispendieux.

Rien ne va plus pour la Plateforme nationale des interceptions judiciaires (PNIJ). Déployé sur pratiquement tout le territoire, le nouveau bijou technologique de Thales, chargé de centraliser l’ensemble des écoutes judiciaires, vient de subir son premier incident majeur. Selon nos informations, la plateforme est tombée en rade pendant près d’une semaine début mars, mettant en péril des dizaines d’enquêtes judiciaires. «C’est un merdier sans nom», résume un haut responsable policier. C’est aussi un nouveau revers au parfum de scandale pour Thales, dont le bunker ultra-sécurisé est censé résister à tout type d’attaques, y compris un crash d’avion. Contacté, l’industriel renvoie vers la chancellerie.

Lundi 29 février, vers 9 heures, la Délégation aux interceptions judiciaires (DIJ) de la chancellerie reçoit plusieurs appels paniqués des services enquêteurs, inquiets de ne pas pouvoir se connecter à la plateforme. Les premières alertes émanent de la gendarmerie, puis c’est au tour des policiers d’éprouver les plus grandes difficultés pour accéder à cet outil crucial dans leur travail. Tous les services sont touchés, y compris les plus exposés dans la lutte contre le terrorisme, comme la sous-division antiterroriste (Sdat) ou la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Rapidement, ce bug géant s’étend aux opérateurs téléphoniques, qui doivent s’adapter dans l’urgence.

Au total, entre 1 500 et 1 800 écoutes se seraient brusquement interrompues au cours de la semaine, impactant directement des enquêtes en cours (lire notre article). Après quatre jours de chaos technique et d’écrans noirs, la chancellerie adresse finalement le 4 mars un mail penaud aux directeurs de la police et de la gendarmerie nationale. «Depuis le début de la semaine, la PNIJ est difficilement accessible aux utilisateurs. Des problèmes techniques se sont ajoutés à ceux de certains opérateurs», indique pudiquement le message, qui précise qu’une «opération de maintenance d’ampleur» doit avoir lieu le week-end suivant. «Cette opération devrait permettre d’augmenter de manière significative les capacités de la PNIJ, souligne le message. On pourrait espérer un retour à la normale en début de semaine prochaine.»
A la trappe

Vendredi 5 mars, à 20 heures, Thales procède donc à un arrêt total de la plateforme, débranchant le système durant plus de vingt-quatre heures. La plateforme de secours construite par le géant de l’armement pour pallier ce type de pannes n’a curieusement pas pris le relais. Contacté par Libération, le ministère de la Justice reconnaît des «perturbations pour les enquêteurs», tout en assurant qu’«aucune donnée n’a été perdue», les écoutes interrompues ayant été stockées dans les serveurs de Thales.

Mais certains policiers font état au contraire d’interceptions entièrement passées à la trappe. Depuis l’incident, de très nombreux services se sont d’ailleurs déportés vers l’ancien système d’écoutes, qui permet (encore) de passer directement par les opérateurs téléphoniques grâce à des prestataires privés. C’est à ce système, jugé trop peu fiable et surtout bien trop onéreux, que devait justement se substituer la PNIJ, confiée en 2010 à Thales après un appel d’offres contesté.

Depuis son lancement opérationnel en octobre, la nouvelle plateforme n’en finit pas de subir des avanies, malgré les versions successives et de longues phases de tests. Coupures dans les écoutes, connexions défaillantes, fonctionnalités manquantes, problèmes dans la confection des scellés… les critiques des services enquêteurs sont quasi unanimes. Fin décembre déjà, le système a sérieusement ramé pendant deux jours, a raconté le Canard enchaîné. Les enquêteurs ont découvert à cette occasion que le support technique fourni par Thales n’était joignable que les jours ouvrables, pendant les horaires de bureau…

A ce stade, seules les prestations annexes (identification de numéros, géopositionnement, fadettes, etc.) semblent satisfaire les utilisateurs. Auparavant, il fallait parfois trois mois avant d’obtenir une fadette. Désormais, cela prend à peine trente secondes grâce à la PNIJ. Mais pour le reste, les policiers ont du mal à adouber la nouvelle plateforme, jugée bien moins performante que le système précédent. Fin novembre, le syndicat Union des officiers a adressé un courrier au directeur général de la police nationale, listant très précisèment tous les bugs recensés. «En l’état, ce logiciel paraît inexploitable et risquerait même de compromettre des enquêtes», conclut le syndicat, dont le courrier est resté sans réponse. «La situation est devenue inadmissible», s’insurge de son côté Christophe Rouget, du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI), qui évoque «des pertes catastrophiques pour les enquêtes». Pour éviter les problèmes, certains services préfèrent conserver l’ancien dispositif, comme à la préfecture de police de Paris, où quasiment aucun enquêteur ne passe par la PNIJ pour les écoutes.
Situation ubuesque

Ces derniers mois, pourtant, tout semblait prêt. «Les tests ont été concluants, expliquait en octobre à Libération le responsable du projet à la chancellerie, Richard Dubant. Techniquement, la plateforme a démontré qu’elle fonctionnait.» Mais depuis décembre et le déploiement de la PNIJ à l’Ile-de-France, région où sont concentrés les services les plus friands d’écoutes, les problèmes de sous-dimensionnement sont devenus criants. «C’est impossible de travailler avec ce machin, s’étrangle un policier parisien. Les services ont rebasculé sur les vieux systèmes pour les interceptions.»

Sommé de rendre des comptes après le dernier crash, Thales a promis de nouvelles interventions techniques sur la plateforme au cours des prochaines semaines, afin d’«accroître encore les performances de l’application». En attendant, la chancellerie se retrouve dans une situation ubuesque où les deux systèmes cohabitent, doublant mécaniquement la note pour l’Etat alors que l’objectif initial était précisèment de faire des économies (lire notre éclairage). Pire : d’après la dernière loi antiterroriste, la PNIJ doit devenir à partir de décembre le «dispositif exclusif». Un calendrier jugé parfaitement irréaliste par les policiers. «Le législateur est en train de rendre obligatoire le recours à un système qui ne fonctionne pas, grince un haut responsable de la Place Beauvau. La PNIJ n’a de sens que si elle est exclusive. Mais si ça continue comme ça, c’est la mort du projet.»


Pierre Alonso , Emmanuel Fansten


Snickerss

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l'état recrute chef de projet IT : compétence surtout aucune
« Réponse #1 le: 14 mars 2016 à 15:50:22 »
Sic

corrector

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l'état recrute chef de projet IT : compétence surtout aucune
« Réponse #2 le: 14 mars 2016 à 17:43:06 »
Où sont les amiraux de la PJ et de la gendarmerie?

Je crois que partout les amiraux sont nuls.

Manifestement la "sécurité" qui en France coûtent de plus en plus cher est de plus en plus catastrophique, et les réponses pitoyables lors de attentats ne fait que le confirmer (comme le fait de ne pas avoir vu une menace évidente sur Charlie Hebdo).

Mais chut, il parait qu'on ne doit pas remettre en cause "les services" aussi nuls soient-ils.

alain_p

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l'état recrute chef de projet IT : compétence surtout aucune
« Réponse #3 le: 14 mars 2016 à 18:46:20 »
C'est surtout sur Thales qu'il faut taper, non ? et pas sur l'état. C'est sûr que celui-ci a du payer très cher Thales, et que les tests ont du être un peu légers, mais c'est surtout Thales qui doit réparer.

Nico

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l'état recrute chef de projet IT : compétence surtout aucune
« Réponse #4 le: 14 mars 2016 à 19:09:39 »
Tu es certain que le cahier des charges était clair ? Qu'il n'a pas changé chaque semaine ? Etc...

J'aurais plus tendance à parler de torts partagés dans le doute.

corrector

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l'état recrute chef de projet IT : compétence surtout aucune
« Réponse #5 le: 14 mars 2016 à 19:16:05 »
Il y a manifestement un souci de montée en charge.

Il semble évident que ça n'a pas été testé à la bonne échelle.

alain_p

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l'état recrute chef de projet IT : compétence surtout aucune
« Réponse #6 le: 14 mars 2016 à 19:23:04 »
Tu es certain que le cahier des charges était clair ? Qu'il n'a pas changé chaque semaine ? Etc...

J'aurais plus tendance à parler de torts partagés dans le doute.

Je ne suis certain de rien, mais il n'y a aucune preuve du contraire, même si cela ne m'étonnerait pas. J'aurais tendance à croire aussi que les torts sont probablement partagés, mais on n'a aucun élèment pour le préciser dans cet extrait.
Les SSII ont souvent tendance à mettre sur ces projets des gens embauchés en CDD, avec des timing de réalisation très serrés, ne permettant du faire du code bien construit et testé, ce qui explique aussi pas mal de problèmes.

Snickerss

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« Réponse #7 le: 14 mars 2016 à 20:22:55 »
On parle de Thales, pas d'une SSII lambda même si Thales emploie pas mal de consultants.

mattmatt73

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« Réponse #8 le: 14 mars 2016 à 21:07:10 »
Tu es certain que le cahier des charges était clair ? Qu'il n'a pas changé chaque semaine ? Etc...

J'aurais plus tendance à parler de torts partagés dans le doute.

Tu sais bien que le cahier des charges est fait par la boîte qui se voit attribué le marché.

La question est sur le non contrôle de l'intégrateur par le client : l'État

Pour la paie des militaires, ils se sont fait fourguer une daube

La gestion du personnel de educ nat est une vaste blague...


alain_p

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l'état recrute chef de projet IT : compétence surtout aucune
« Réponse #9 le: 14 mars 2016 à 21:33:55 »
Justement, je pensais au Fiasco du logiciel Louvois, le logiciel de paie des armées, abandonné depuis, dans lequel les SSII qui l'ont développé n'ont finalement pas été condamnées, car les torts étaient partagés :

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Et la cause semble plutôt à chercher du côté des réformes successives conduites dans le cadre de la RGPP. « Je ne voudrais pas qu’on néglige la pression qu’elle exerçait sur le ministère pour faire évoluer son calendrier, en fonction de rendez-vous interministériels qui nous étaient imposés » insistait Christian Piotre.

http://www.zdnet.fr/actualites/louvois-steria-ne-veut-pas-porter-le-chapeau-39795875.htm

mattmatt73

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l'état recrute chef de projet IT : compétence surtout aucune
« Réponse #10 le: 14 mars 2016 à 21:41:38 »
Justement, je pensais au Fiasco du logiciel Louvois, le logiciel de paie des armées, abandonné depuis, dans lequel les SSII qui l'ont développé n'ont finalement pas été condamnées, car les torts étaient partagés :

http://www.zdnet.fr/actualites/louvois-steria-ne-veut-pas-porter-le-chapeau-39795875.htm

Et qu'est que je dis ? Les intégrateurs jouent car le client est d'une nullité absolue en conduite de projet.

Louvois en est un chef d'oeuvre : l'algo de paie lui même fournit en boîte noir par le ministère.

Alors que Louvois aurait pu servir à repartir à plat sur le mode de calcul des paies ...

En mode médisant, on pourrait penser que plus personne au ministère ne maîtrisait l'ensemble du calcul. Que l'algo tombant en marche de temps en temps en était la forme la plus satisfaisante.


alain_p

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l'état recrute chef de projet IT : compétence surtout aucune
« Réponse #11 le: 14 mars 2016 à 21:50:21 »
Quand la politique s'en mêle, je ne connais pas beaucoup de chefs de projets qui s'en sortent. Comment planifier un projet qui est remis en cause et évolue tout le temps ?