Tu voudrais qu'elle se saborde ? "Recadrer son animateur chouchou", ce serait renoncer au gros morceaux qui fait son audience, en plus d'éliminer sa "ligne éditoriale".
Je comprends parfaitement ton point de vue, mais la "légalité" aujourd'hui, ça devient très lourd, au point que c'est insupportable :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Inflation_l%C3%A9gislative
Alors quand des personnalités se dégagent, même au prix de sérieuses incartades, et que la population suit, m'est avis que la situation est bien meilleure en TV, que des séries américaines qui tournent en boucle sur des chaînes sans vague, à pognon elles tandis que j'ai cru voir que C8 était déficitaire, et bien plus abêtissantes.
Des tas de règles existent, qui sont des balles qu'on se tire dans le pied. Les éliminer ou ne pas les suivre devient légitime. La loi n'est là que pour codifier les us et coutumes, pas pour réglementer à n'en plus finir tous les détails de nos vies et de nos sociétés. Il serait temps que les démocraties occidentales prennent conscience qu'elles ont atteint leurs limites et finissent par exaspérer les peuples qui ne s'y reconnaissent plus, et qui alors se tournent vers les beaux parleurs à la Trump, Poutine et autres Orbán...
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, éliminer TPMP fait plus pour l'extrême droite que de les laisser dégoiser, c'est contre-productif.
Désolé d'avoir décalé le débat, mais toujours ramener le sujet à "c'est la loi qui dit, c'est le règlement qui dit..." en oblitérant leur pourquoi, comme si tout ce qui était décidé émanait d'une volonté populaire, et à la limite en nous renvoyant à "si t'es pas d'accord, parles-en à ton député", ça devient oppressant. Dans une réelle démocratie, par définition, la popularité d'une chaîne doit être un critère suffisant pour ne pas la supprimer.
En démocratie, si.
Vox populi, vox dei.
Et tu devrais fournir des exemples, ce serait plus parlant que de vagues abstractions, sans oublier "massif" dans le critère de popularité sinon tu ne réponds pas à ce que j'ai dit.
En démocratie, la loi ne découle pas d'un simple sondage d'opinion ou du niveau d'audience d'une émission. Elle est l'expression d'un cadre collectif qui protège les droits de tous, y compris contre les abus qu'une popularité momentanée pourrait « cautionner ».
Car la popularité d'une action ou d'un discours ne leur confère pas une légitimité ou une légalité intrinsèque. Si la loi n'était qu'un simple reflet instantané de l'opinion majoritaire, alors toute protection des minorités, toute régulation visant à empêcher les abus et, plus largement, toute garantie des droits fondamentaux s'effondreraient sous le poids des fluctuations de l'opinion.
Vox populi, vox dei ? Un slogan simpliste qui a souvent servi d'argument aux pires dérives. Si la « vox populi » suffisait à dicter la loi, alors toute dérive largement applaudie par une foule exaltée deviendrait légitime. L'histoire est remplie d'exemples où la « majorité » a validé des pratiques injustes ou dangereuses : par exemple, la ségrégation aux États-Unis a longtemps été soutenue par une majorité. L'esclavage a longtemps été soutenu par une majorité, la peine de mort également, et certains régimes totalitaires ont émergé sous les applaudissements d'une foule en liesse. Le lynchage public était autrefois très populaire dans certaines sociétés ; cela signifiait-il qu'il était juste ou souhaitable de le tolérer ?
D'autres exemples de choses populaires mais illégales : l'évasion fiscale (largement pratiquée mais souvent peu réprimée), le téléchargement illégal, la conduite en état d'ivresse (longtemps banalisée dans certains milieux), la corruption dans certains pays où elle est une norme tacite, le dopage dans le sport amateur, le travail au noir, le téléphone au volant... la popularité de ces pratiques ne les rend ni justes ni acceptables.
C'est justement pour éviter ces écueils que les démocraties modernes s'appuient sur des institutions, des garde-fous et des règles qui ne sont pas uniquement dictées par l'opinion du moment,
mais par une vision à long terme de l'intérêt général. Car en démocratie, la popularité n'est pas un blanc-seing pour faire n'importe quoi. L'État de droit est là pour éviter que les dérives d'une majorité ne deviennent des normes oppressives pour le reste de la société.
Tu balaies d'un revers de main la légalité en la réduisant à une contrainte arbitraire, mais c'est précisément ce cadre qui garantit que la société ne sombre pas dans l'arbitraire. Sinon, pourquoi avoir des lois ? Pourquoi ne pas laisser chaque entreprise, chaque individu, chaque chaîne de télévision décider de ses propres règles, au mépris des conséquences collectives ?
Ton argument sur l'inflation législative et la lourdeur des règles est un autre débat. On peut critiquer une sur-réglementation, mais cela ne justifie en rien le fait de ne pas appliquer les lois existantes. Dire que « ne pas suivre certaines règles devient légitime » revient à légitimer toutes sortes de dérives, y compris celles que tu condamnerais sans doute dans d'autres contextes. Ça n'est pas l'arbitraire individuel qui doit régner.
Un média a des responsabilités.
Son audience ne devrait pas lui conférer une immunité. Si une chaîne cartonne en incitant à la haine ou à la désinformation, faudrait-il la laisser faire sous prétexte qu'elle « marche bien » ? La démocratie ne signifie pas l'anarchie médiatique, et le respect des règles du jeu n'a rien d'« oppressant » ; c'est ce qui permet justement de préserver un débat public sain. La régulation du paysage audiovisuel et les engagements légaux pris par les chaines existent précisément pour éviter que la course à l'audience ne se fasse au détriment de l'éthique et du respect d'autrui.
Donc si C8 était déficitaire, ce n'était pas aux règles de s'adapter pour la sauver. Une entreprise ne mérite pas d'être protégée sous prétexte qu'elle attire du public. L'extrême droite prospère non pas parce qu'on sanctionne des abus, mais justement parce que certains aiment bien laisser croire que tout est permis et justifié tant que c'est « populaire ».
C'est l'impasse de cette espèce de relativisme total : à force de ne plus vouloir fixer de limites ni de garde-fous, on finit par ouvrir la porte à ceux qui les briseront et démantèleront avec encore plus de brutalité. Le fascisme
s'installe en insistant qu'il a le droit d'être
entendu et considéré au même titre que toutes les autres idéologies.
D'ailleurs, dire que supprimer une émission comme TPMP favorise l'extrême droite, ça revient à inverser la causalité. Ce ne sont pas les règles qui poussent les gens vers les extrêmes, mais bien le sentiment d'impunité, la banalisation de certaines dérives, des discours de haine, de la désinformation crasse, et l'exploitation médiatique de tous les pires travers.
Au risque de me répéter, une chaîne de télévision est un service encadré par des obligations légales. C8 appartenait à un groupe privé qui exploitait des fréquences publiques sous licence, avec des engagements à respecter. Se plaindre du cadre réglementaire sous prétexte qu'il serait « oppressant », c'est comme contester les règles du sport sous prétexte qu'elles brident la créativité des joueurs. Sans cadre, c'est l'arbitraire individuel qui règne, et non pas l'État de droit.