Auteur Sujet: Reportage de Capital (M6) chez Google  (Lu 2722 fois)

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vivien

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Reportage de Capital (M6) chez Google
« le: 24 mars 2015 à 11:07:48 »
Émission Capital (M6) sur Google

L'émission est disponible en replay : http://www.6play.fr/m6/capital/11471292-google-au-c-ur-du-geant-qui-veut-changer-le-monde#/m6/capital/11471292-google-au-c-ur-du-geant-qui-veut-changer-le-monde

Bande annonce :


"Capital" chez Google sur M6 : j'ai visité le monde des Bisounours. En plus inquiétant

Google, on y est tous accro. L’idée de travailler sur le sujet est donc née assez naturellement dans la rédaction, déjà parce que nous utilisons le moteur de recherche au quotidien, mais aussi parce que le géant américain multiplie les annonces spectaculaires : des pilules anti-cancer, des drones pour les livraisons, des lentilles de contact pour diabétiques, une voiture sans chauffeur…

Avec l’équipe, nous avons voulu savoir ce qui se cachait derrière ce mastodonte aussi sympathique qu’effrayant.

Faire un film sur Google, c’est particulier

Faire un film sur Google, c’est une expérience. Aussi bien parmi mes collègues que lors de dîners entre amis, tout le monde avait son mot à dire. Difficile dans ces conditions d’avancer la tête froide, mais ça m’a surtout démontré que le sujet était bon.

Notre envie était de filmer l’entreprise de l’intérieur. Nous avons donc contacté Google France en août dernier et ça n’a pas été facile de les convaincre de nous accueillir dans les locaux. Mais nous étions partis pour faire le sujet, avec ou sans eux, et ils ont certainement dû se dire qu’ils avaient plus à gagner en ouvrant les portes.

C’est une entreprise qui reçoit beaucoup de demandes de journalistes et qui sait qu’elle est dans l’œil du cyclone en ce moment. Dans ce contexte, le décryptage économique à la sauce "Capital", et donc sans parti pris, a forcèment pesé dans la balance. C’est peut-être plus rassurant qu’une approche plus "sociétale" ou philosophique qui ne se focaliserait que sur le côté "Big Brother" de l’entreprise.

Une entreprise très secrète

Sur place, nous n’étions cependant pas totalement libres. Il fallait jouer le jeu et pour atteindre le cœur du géant, il nous fallait respecter les règles qui nous étaient fixées. Le moindre plan était négocié avec le service de communication de Google.

Nous devions envoyer nos questions à l’avance, respecter des temps d’interviews limités, accepter d’être sans cesse accompagnés par un membre de la com’… et ne pas entrer dans les bureaux où travaillent les ingénieurs !

Si l’entreprise est aussi prudente avec les caméras, c’est qu’elle craint par-dessus tout que l’on filme des algorithmes secrets et des codes informatiques sur les écrans d’ordinateurs… L’algorithme de Google, c’est ce qui fait sa force et c’est un secret industriel ultra-confidentiel.

Durant le tournage, ces conditions ont parfois provoqué quelques frictions… mais de bonnes surprises aussi. Nous avions prévu par exemple d’interviewer Luc Vincent, l’ingénieur français qui pilote le projet "Street view", mais nous avons découvert sur place que l’interview devait avoir lieu dans une salle de réunion complètement vide et anonyme, avec une déco digne des années 1980…

En insistant beaucoup, on a fini par décrocher un tournage dans un endroit où aucune caméra n’était jamais entrée : l’entrepôt où sont stockés tous les appareils "Street view". Nous avons pu voir les voitures, les motoneiges, les tricycles qui permettent de photographier le monde entier pixel par pixel pour le faire entrer dans le moteur de recherche.

L’esprit parc d’attractions

Comme on peut le voir dans le sujet, c’est une entreprise qui vend du rêve, un vrai monde de Bisounours. C’est très important aussi pour attirer les cerveaux du monde entier.

L’esprit des start-up californiennes règne en maître : salles de sport – et même de méditation – pour les salariés, cantines et petits-déjeuners gratuits, projets technologiques dans tous les sens – même les plus loufoques –…

Visiter Google, c’est visiter un immense village de vacances qui ne serait fréquenté par des ingénieurs brillantissimes...

L’esprit en interne est assez comparable à celui des entreprises de la Silicon Valley en général où l’on estime que le progrès technologique va forcèment dans le bon sens. Le problème des données personnelles, par exemple, ne se pose pas vraiment là-bas, ce n’est pas une source d’inquiétude comme en Europe.

Personne ne rentre dans le "data center"

Outre le côté ludique et quand on prend un peu de recul, l’inquiétude peut aussi rapidement l’emporter sur la fascination. Une application comme Google Now, par exemple, est bluffante. Elle rend des services incroyables en se faisant le secrétaire particulier de quiconque l’utilise mais peut, en même temps, se révéler très angoissante car on ne sait pas jusqu’où la technologie peut aller.

Cette application de Google ne peut fonctionner que grâce à la quantité impressionnante de données personnelles que Google a sur nous : recherches internet, contacts, photos… De quoi nous donner le vertige !

Chez Google, toutes ces informations sont stockées dans les nombreux "data center", dans lesquels les journalistes ne rentrent pas.

L’entreprise met en avant les questions de sécurité mais cela donne l’impression d’une immense boîte noire totalement fermée et opaque. Même la Cnil, le gendarme de l’internet en France qui est chargé de protéger nos données personnelles, condamne cette absence de transparence.

Le gros pari des utilisateurs

Côté utilisateur, c’est un pari. Il y a un risque énorme à donner autant d’informations très privées à une même boîte.

Google nous rend un service incroyable via toutes ses applications et fonctionne beaucoup mieux que ses concurrents car ils ont une avance technologique énorme mais en échange, on lui donne tout.

Pour l’instant, ces informations sont utilisées par Google pour nous servir de la publicité ciblée. Google construit des profils sur les individus et les vend à des entreprises qui veulent nous atteindre. Il ne faut pas être dupe de ce modèle économique uniquement basé sur la pub. En fait, si Google est gratuit c’est parce que vous êtes le produit, comme on dit !

Dans le moteur de recherche par exemple, les premiers résultats sont publicitaires. Tous les résultats marqués "annonce" et même les nouveaux services de Google comme le comparateur Google shopping, c’est de la pub !

On peut l’accepter en se disant que c’est la contrepartie de tous les services incroyables que nous offre Google gratuitement. D’ailleurs, l’argument de Google, c’est de dire que tout repose sur la confiance de l’utilisateur que l’entreprise ne peut pas trahir. Pour eux, c’est donc un pari gagnant/gagnant.

C’est vrai qu’aujourd’hui, ça ne dérange pas grand monde que le robot de Google lise nos mails. On accepte le contrat (souvent même sans le lire) parce que Gmail est une messagerie qui fonctionne bien et qui offre une énorme capacité de stockage.

Mais que sait-on de l’avenir ? Le danger, c’est évidemment le piratage. Et l’affaire Edward Snowden il y a deux ans a montré que c’était un risque bien réel. L’ancien employé de la NSA a révélé que cette agence de renseignement collectait des informations privées via plusieurs sites internet dont Google.

La visée transhumaniste est plus inquiétante

Ce qui est plus opaque, c’est le terrain du futur. On sait que toute une partie de la boîte travaille sur l’intelligence artificielle et le transhumanisme, mais l’entreprise ne communique pas sur le sujet. Google planche sur l’immortalité avec sa filiale Calico, ils ont investi dans la robotique en achetant huit entreprises spécialisées dans le domaine… C’est un sujet qui leur tient à cœur.

Certains sont persuadés qu’un jour, la machine dépassera l’homme et qu’il faudra trouver des moyens pour "booster" le cerveau humain.

Cette idée est défendue par des ingénieurs très haut placés chez Google et soulève évidemment des questions : quel est l’objectif de ces recherches ? Certains voudront-ils un jour s’implanter une puce dans le cerveau pour augmenter leurs capacités intellectuelles par exemple ?

Y aura-t-il un jour une aristocratie de gens suffisamment riches pour "s’augmenter" ? Existera-t-il, à terme, une caste d’humains supérieurs ?

Avec Google, la science-fiction n’est jamais loin.

Propos recueillis par Louise Pothier.


Source : Le nouvel Observateur Par Sandrine Rigaud le 22 mars 2015

seb

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Reportage de Capital (M6) chez Google
« Réponse #1 le: 24 mars 2015 à 11:51:29 »
Chez Google, toutes ces informations sont stockées dans les nombreux "data center", dans lesquels les journalistes ne rentrent pas.
Il en faut peu pour les déstabiliser, ces journalistes.
S'ils faisaient un reportage sur certaines entreprises du CAC40, ils se prendraient un même refus d'accès aux centres de données.

kgersen

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Reportage de Capital (M6) chez Google
« Réponse #2 le: 24 mars 2015 à 13:41:51 »
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Google construit des profils sur les individus et les vend à des entreprises qui veulent nous atteindre

Toujours la même imprécision qui entretient le FUD et l'incompréhension du grand public.
Google ne vend pas les profils qu'il récolte ça serait idiot et suicidaire, c'est leur fond de commerce.
Google vend de la pub ciblée en fonction des profils qu'il récolte mais en aucun cas les profils ne sortent de chez Google.

C'est cela qui devrait rassurer plutôt qu'inquiéter: Google a plus a perdre que tout autre face a 'une fuite' des données récoltées et donc met tout en oeuvre pour que cela n'arrive pas.