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Dunkerquois : le Sivu va-t-il devoir baisser le rideau avec l’arrivée des gros opérateurs Internet sur son territoire ?
Près de 50 % des foyers concernés par le Sivu ont fait le choix de rejoindre un opérateur qui ne leur permet pas de recevoir les chaînes du bouquet du même nom. Et la tendance paraît inexorable.
Quand le Syndicat intercommunal à vocation unique (Sivu) a été créé il y a une trentaine d’années pour assurer la télédistribution, il était seul.
Idem en 2013 quand il a apporté la fibre dans les 26 500 foyers cappellois, coudekerquois, fort-mardyckois et saint-polois.
Mais les gros opérateurs ont débarqué, un par un : Numericable en 2015, Orange en 2018, Bouygues en 2019, SFR en 2020 et Free en 2021.
« Ils utilisent de la fibre passive, c’est-à-dire qu’ils louent sur nos installations pour se connecter dans les habitations, mais en coupant notre signal », regrette Benoît Vandewalle, président du Sivu.
Autrement dit, les habitants qui choisissent de souscrire à l’un de ces opérateurs perdent le bouquet Sivu, soit 25 chaînes (dont Paris première, Eurosport ou la RTBF) en plus de celles de la TNT.
Attention aux foyers à plusieurs télés
« Ils ont une politique nationale et n’ont pas voulu l’infléchir », se désole Benoît Vandewalle.
Seule bouffée d’oxygène aujourd’hui : les opérateurs alternatifs (Nordnet, Videofutur, K-net, Coriolis, Ozone), dont le choix d’utiliser la fibre activée permet au bouquet Sivu d’être maintenu... et aux abonnés de continuer à recevoir la télévision.
C’est là que se situe le cœur du problème : en choisissant un opérateur passant par la fibre passive, l’abonné ne reçoit plus la télé que sur un seul téléviseur.
Or, ils sont nombreux à posséder deux, trois, voire quatre téléviseurs chez eux.
« Si un foyer a plusieurs télés, je lui déconseille de perdre le signal du Sivu, car il faut racheter autant de décodeurs pour récupérer les chaînes », avertit Benoît Vandewalle.
Un habitant sur deux paye pour rien
Pourtant, malgré quelques coups de gueule chez ceux qui découvrent la perte du Sivu en opérant la bascule (selon nos sources, il y avait près de 50 % de rejet il y a un an et demi), la tendance ne s’inverse pas.
Et seuls 52 à 53 % des foyers sont encore connectées au Sivu.
Problème : ils payent.
« Chaque ville décide de fiscaliser tout ou partie du service. Mais, à Saint-Pol et Fort-Mardyck, c’est pris par Dunkerque, donc automatique, renseigne le dirigeant du Sivu. Donc je paye la télé du Sivu. Et si je prends par exemple SFR, je ne l’ai plus, mais je continue à payer... »
De quoi remettre en cause tout le système ? « On est en pleine réflexion sur l’avenir du Sivu », reconnaît Benoît Vandewalle.
Avec plus d’un habitant sur deux encore bénéficiaire, il n’y a pas urgence.
« On se laisse deux-trois ans pour voir où on est. Si 80 % des personnes ont basculé, on se posera la question. »
Car il risque d’être compliqué de demander à la population de payer un service dont la quasi-totalité ne bénéficiera plus.
Free prêt à sauver la chaîne32
Au milieu des turpitudes, le Sivu a accueilli une bonne nouvelle au début du mois : Free, l’un de ces gros opérateurs qui fait peur, a décidé d’offrir la chaîne 32 dans son offre Free box.
L’offre est valable depuis le 8 octobre et permet aux abonnés Free de toute la France d’accéder à cette chaîne dont le contenu est livré par les quatre communes du réseau Sivu.
« Pour l’anecdote, c’est sur le canal 950 sur toutes les free box, donc juste avant TF1 », sourit Julien Combe, homme à tout faire de cette chaîne 32, lancée il y a cinq ans afin de profiter du bouquet Sivu pour relayer les événements et informations des quatre communes.
Il va maintenant falloir observer quelle sera la réaction des autres gros opérateurs (Orange, SFR, etc.).
Vont-ils suivre le mouvement enclenché par Free ou juger que la chaîne 32 ne représente pas un enjeu assez important pour copier la recette de la concurrence ?
« Free a peut-être ouvert une porte », veut en tout cas croire Julien Combe.
« C’est quelque chose qui peut s’étudier, commente Gautier Bezeau, responsable communication pour Orange Hauts-de-France. Dans nos bouquets, on a des chaînes locales gratuites, telles que Wéo ou l’ASTV. On est à l’écoute. »
Orange explique une logique commerciale
Orange est arrivé sur le réseau du Sivu en 2018.
L’opérateur de télécommunication confirme avoir eu des discussions avec le Sivu lors de son arrivée sur zone. Mais elle ne pouvait aboutir.
« La raison est très simple : nous proposons Internet, mais aussi du contenu. La fibre passive (se raccorder au réseau du Sivu en en coupant le signal, ndlr) nous permet de produire nos contenus propres », présente Gautier Bezeau, du service communication d’Orange Hauts-de-France.
Quant à faire une exception en raison de la présence du Sivu, c’était inenvisageable, car bien trop complexe.
« Dans son offre, il y a des chaînes propres au Sivu lui-même, mais certaines, comme Paris première ou Eurosport, sont intégrés à des bouquets spécifiques, rappelle Gautier Bezeau. On ne pouvait pas revoir tous ces contrats pour le Sivu… »
Mais forcément, sur le terrain, Orange a été confronté à ces nouveaux abonnés potentiels qui s’apprêtaient à perdre leur bouquet Sivu en arrivant chez lui.
« Nos équipes sont briefées et il est censé ne pas avoir de mauvaise surprise pour le client. »
De là à présenter spontanément cette perte ?
« On n’est pas censés connaître l’offre précédente du client, donc c’est plus à lui de poser la question », souffle l’opérateur, qui ne constate aucune baisse de sa part d’abonnés sur la zone du Sivu.