Une situation intenable pour le milliardaire, menacé de perdre le contrôle de son groupe malgré les cessions en 2024 de son pôle média BFMTV-RMC a Rodolphe Saadé ainsi qu’une partie des data center de SFR pour se renflouer.
Le Figaro a de drôles d'expressions, "malgré les cessions de son pôle média BFMTV-RMC a Rodolphe Saadé ainsi qu’une partie des data center de SFR pour se renflouer.". Pour rappel, les produits de ces ventes avaient été mis à l'abri par Altice dans des holdings séparées, pour échapper aux créanciers, et menaçait de partir avec le "grisbi", laissant aux créanciers une coquille vide, dont ils auraient bien eu le contrôle.
Sinon, l'information a cette fois-ci était reprise par de nombreux médias, pas comme il y a 15 jours, où seul Challenge sortait des informations peu claires.
Il y a quelques précisons intéressantes dans l'article du Figaro, qui éclairent certains points de l'histoire :
Dans la corbeille de l’accord, les créanciers obtiennent de meilleurs taux d’intérêt pour leurs créances, ainsi qu’un paiement cash de la part d’Altice, qui devrait atteindre 2 milliards d’euros en plus des 700 millions réglés au titre des échéances de maturité prévues en 2025.Cela explique pourquoi il y a 15 jours, Challenge parlait d'un apport de 2 milliards d'euros seulement, alors qu'en Novembre, Altice et ses créanciers étaient tombés d'accord sur 2.6 milliards d'euros. En effet, Altice France devait rembourser en 2025 1.3 milliards d'euros, dont deux échéances obligataires de 381 et 328 millions d'euros, en Janvier et Février., voir ci-dessous entourés en rouge au T2 2024, donc 700 M€ en tout, qui viennent s'ajouter. Comme on est fin Février, Altice France a du déjà payer ces deux échéances, j'imagine avec l'apport bienvenu de la vente de sa part de la Poste Mobile à Bouygues Telecom pour ~600 M€. Apport qui lui a certainement aussi permis de limiter grandement la perte affichée pour 2024. On verra cela fin Mars. Par contre, le bilan du T1 2025 risque de ne pas être très reluisant.
Le taux d'intérêt de la dette restante était donné à 7.2% par Challenge, il est donc de 7.125%, un peu moins. Le montant de la dette est plus important que celui annoncé auparavant, plutôt 14.4 milliards d'euros, mais il comprend semble-t-il en plus de la dette sécurisée celle de la dette non sécurisée, qui faisait 4 milliards d'euros. 7.125% de 15.5 milliards d'euros, cela représente des intérêts à payer annuellement de 1.1 milliard d'euros, 400 millions de moins que ce qui était attendu pour 2024 (et donc peu ou prou, pour 2025).
Selon l'Usine Nouvelle, les 45% de parts d'Altice France se composent en fait de 31% pour les créanciers sécurisés, comme annoncé par Challenge, et le reste, ~14%, revenant aux créanciers non sécurisés, qui en échange d'une perte de 3 milliards d'euros, le deviennent :
D'après l'une des sources, l'accord portera sur une réduction de la dette de 8,6 milliards d'euros, amenant la dette nette consolidée à 15,5 milliards d'euros. Les créanciers recevront une participation de 45% au total, dont 31% pour les créanciers garantis.https://www.usinenouvelle.com/article/altice-france-proche-d-un-accord-avec-ses-creanciers-sur-la-dette-selon-des-sources.N2227948Altice garde une majorité de justesse, mais les créanciers avec 45% ont une grosse minorité de blocage, et Altice ne pourra plus mettre de côté le produit de cessions d'actifs.
Restent le sort d'XPFibre (mis en fiducie chez Natixis), et combien de temps les créanciers, dont ce n'est pas la vocation, vont rester dans le capital d'Altice France. D'où l'interrogation des Echos
Refinancement en perspective
Toute la question demeure toutefois de savoir combien de temps ces fonds de dette resteront à bord. Par nature, ils n'ont pas pour modèle de rester au capital des entreprises après conversion de leurs créances. De quoi relancer les spéculations quant à une vente à la découpe de SFR et sur la consolidation du marché des télécoms en France.https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/sfr-redevient-une-entreprise-normale-patrick-drahi-et-ses-creanciers-tombent-daccord-2150737Vues les règles de concurrence, il n'y aura certainement pas une consolidation en France, mais il y a la possibilité que SFR soit revendu à un acteur étranger, pour rester à 4 en France.