J'ai tenté encore plus osé en question :
Quel est le pourcentage de chance pour qu'il y ait en France un retour à trois acteurs ?
La réponse de Gémini :
Évaluer la probabilité d'un retour à trois opérateurs télécoms en France est un exercice complexe qui dépend d'un équilibre des forces entre les intérêts stratégiques des opérateurs, la situation financière de SFR (Altice) et, de manière décisive, la position des autorités de régulation françaises et européennes.
En l'état actuel du dossier, en octobre 2025, et compte tenu des informations disponibles, la probabilité d'un retour à un marché à trois opérateurs en France peut être qualifiée de faible à modérée, se situant probablement dans une fourchette de 25% à 40%.
Cette estimation, volontairement prudente, repose sur l'analyse des facteurs contradictoires qui pèsent sur ce dossier majeur pour l'économie française.
Les Forces Poussant vers une Consolidation (Facteurs en Faveur)
1. La Situation Financière et Opérationnelle de SFR : C'est le principal catalyseur. Altice France, la maison mère de SFR, est confrontée à un endettement très élevé. Parallèlement, SFR continue de perdre des abonnés et souffre d'une image dégradée. Cette double pression rend une cession, totale ou partielle, de plus en plus plausible, voire inévitable pour certains analystes.
2. L'Intérêt Stratégique Convergent des Concurrents : Orange, Bouygues Telecom et Free ont un intérêt commun majeur à mettre fin à la "guerre des prix" qui a durablement affecté leurs marges depuis 2012. Le rachat et le démantèlement de leur concurrent le plus affaibli leur permettraient d'accroître leur base d'abonnés, de rationaliser leurs investissements et, à terme, d'augmenter les prix. L'offre conjointe déposée récemment, bien que rejetée initialement par Altice, démontre cette volonté commune.
3. L'Argument de l'Investissement : Les opérateurs plaident qu'un marché à trois acteurs, plus rentable, dégagerait les marges de manœuvre financières nécessaires pour accélérer les investissements dans la 5G et la fibre optique, notamment dans les zones les moins denses.
4. Une Potentielle inflexion au Niveau Européen : Certains analystes, comme le cabinet Deloitte, anticipent une vague de fusions dans les télécoms en Europe à partir de 2025, encouragée par une approche potentiellement plus souple de la Commission Européenne face à la nécessité de créer des "champions européens".
Les Obstacles Majeurs à une Consolidation (Facteurs Contre)
1. L'Opposition Quasi Certaine des Autorités de la Concurrence : C'est le frein le plus puissant.
- L'Autorité de la Concurrence française a une doctrine constante et bien établie. L'expérience de l'arrivée de Free a prouvé qu'un quatrième opérateur est le meilleur garant de prix bas et d'innovation. Un retour à trois serait analysé comme un recul majeur pour le consommateur. L'Autorité exigerait des "remèdes" (cessions d'actifs, de fréquences, etc.) si importants qu'ils pourraient vider l'opération de son intérêt pour les acheteurs.
- La Commission Européenne (DG Concurrence) a historiquement été très hostile aux passages de 4 à 3 opérateurs sur les marchés nationaux, pour les mêmes raisons.
2. La Position de l'ARCEP : Le "gendarme des télécoms" est également un obstacle de taille. Sa présidente, Laure de La Raudière, a déclaré en mai 2025 ne pas avoir de "position de principe" mais a jugé le contexte "peu favorable aux fusions". L'ARCEP craint qu'une réduction de la concurrence ne freine les investissements, contredisant ainsi l'argument principal des opérateurs.
3. L'Impact Social et Politique : Une répartition des actifs de SFR entre ses concurrents entraînerait des milliers de suppressions d'emplois (doublons dans les réseaux, les boutiques, les services clients, etc.). Dans un contexte social sensible, le gouvernement français verrait d'un très mauvais œil un tel plan social, ce qui constitue un obstacle politique majeur. Les opérateurs en ont conscience, en témoigne la "provision sociale" évoquée dans leur projet.
4. La Complexité de l'Opération : Un démantèlement concerté est juridiquement et techniquement très complexe. Il faudrait se mettre d'accord sur la répartition des clients, des milliers de sites d'antennes, des fréquences et des boutiques. Ce "scénario à trois têtes", bien que pensé pour être plus acceptable par les régulateurs, ouvre la voie à des accusations d'entente anti-concurrentielle.
5. Le Précédent de l'Échec Orange-Bouygues (2016) : L'échec de cette tentative de fusion a montré l'extrême difficulté à aligner les intérêts de toutes les parties (vendeur, acheteurs, État, régulateurs) et à définir des remèdes jugés suffisants.
Conclusion : Un Chemin Très Étroit
En conclusion, si la logique économique et financière pousse indéniablement les opérateurs à vouloir un retour à trois, les barrières réglementaires, politiques et sociales sont exceptionnellement élevées.
Le scénario ne pourrait aboutir que si les conditions suivantes étaient réunies :
- Des remèdes structurels massifs : Les trois acheteurs devraient proposer de céder un portefeuille d'actifs (fréquences, clients, réseau) suffisamment important pour permettre l'émergence d'un nouveau quatrième opérateur crédible, ce qui semble paradoxal.
- Un changement de doctrine radical des autorités de la concurrence française et européenne, ce qui est peu probable à court terme.
- De très solides garanties sur l'emploi et le maintien des investissements, validées par le gouvernement.
Le chemin est donc très étroit et semé d'embûches. L'échec reste le scénario le plus probable, mais la pression financière qui pèse sur SFR rend le dossier plus explosif que jamais.