Le JDD du 20/08
Drahi, son traître, ses dettes
ENQUÊTE - Fragilisé par l’arrestation de son ex-bras droit, Patrick Drahi est sur la défensive. Une affaire qui survient alors qu’Altice, le groupe qu’il dirige, doit faire face à une dette colossale qui inquiète les banquiers.
Onzième plus grande fortune française, Patrick Drahi, apôtre de la discrétion, aurait rêvé fêter ses 60 ans, en ce dimanche 20 août, dans un climat plus serein. Mais l’arrestation, à la mi-juillet au Portugal, d’Armando Pereira, cofondateur d’Altice, son ex-bras droit, est venue contrarier ses jours et ses nuits. L’obligeant même à sortir de sa réserve et à monter au créneau lors de la présentation des résultats trimestriels d’Altice. Voilà plus de six ans qu’il ne s’était pas prêté à l’exercice.
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Patrick Drahi, l’ex-chouchou des banquiers est désormais dans l’œil du cyclone
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Le plus grand danger pour Patrick Drahi est ailleurs : c’est le mur de la dette qu’il doit franchir pour assurer la pérennité de son groupe. Une sorte d’Himalaya. L’endettement global d’Altice avoisine les 60 milliards de dollars. Encore que Patrick Drahi a eu l’intelligence de séparer son groupe en trois entités pour isoler les risques : Altice France (40 000 employés, 11,3 milliards d’euros de revenus et ses presque 26,1 milliards de dollars de dette), Altice international (23 780 employés, 5,03 milliards d’euros de revenus et ses 9,4 milliards de dollars de dette) et Altice USA (11 000 employés, 9,05 milliards d’euros de revenus et ses 25 milliards de dollars de dette). Mais, même séparés en trois groupes, le péril est là. D’autant plus que si Patrick Drahi a longtemps pu bénéficier lors de ses acquisitions boulimiques de taux d’intérêt très favorables, leur relèvement brutal par les banques centrales rendent compliquées les prochaines échéances. Le milliardaire, qui a déjà obtenu de ses créanciers le report de deux échéances prévues en 2023 pour Altice France, va devoir se démultiplier pour obtenir les mêmes faveurs de ses banques et investisseurs. Dans la période, ils ne lui feront aucun cadeau. L’ex-chouchou des banquiers qui a fait la fortune de certains est désormais dans l’œil du cyclone. En guise d’horizon, Patrick Drahi a pour lui, en France, les lourds investissements consentis dans l’installation de la fibre qui s’achèvent. Mais ses marges de manœuvre sont étroites. Son empire, plus que jamais, est menacé d’être vendu à la découpe.