Il est effectivement possible de spéculer à la baisse, sur les marchés à terme. Le principe est celui des ventes à découvert, c'est à dire de vendre des actions (ou autres instruments financiers), avant de les avir réellement achetés. Par exemple, on vend une action à 10 €, avant de la payer lorsqu'elle a baissé à 8 €. Le spéculateur a alors gagné 2 €.
Habituellement, en Bourse, on achète des actions en espérant une progression du cours. Du coup, on spécule à la hausse. Mais on peut aussi spéculer à la baisse, grâce à la vente à découvert (ou VAD). On vend alors des titres qu'on ne détient pas, en espérant que le cours baisse. Et si on a fait un pari correct, on les rachète à un cours moins élevé. Pour que la VAD puisse se réaliser, il faut cependant que d'autres opérateurs les banques fassent un pari inverse (ils estiment que l'action va monter) et acceptent de prêter leurs titres, en recevant un intérêt. On ne peut VADer (néologisme utilisé sur les forums boursiers) que sur les marchés à terme. A la Bourse de Paris (Euronext), il s'agit du service à règlement différé (SRD).
http://www.liberation.fr/futurs/2005/12/03/comment-speculer-a-la-baisse_540752Mais cela marche surtout pour les sociétés fragiles, que les spéculateurs pensent surestimées, avec des possibilités de les faire basculer (faible flottant...).
Il est tout à fait possible que de telles spéculations jouent dans le cas d'Altice, comme souvent dans de tels cas.
Il n'en reste pas moins qu'Altice ne semble pas encore sortie de la tempête. Elle a encore baissé de 12% hier, à 8.10 €. On en est donc maintenant à 50% depuis le 2 Novembre. Et cela malgré de nouvelles interventions de P. Drahi, qui a rencontré par videochat les représentants des salariés. Il a été plutôt cash, chargeant en particulier Michel Combres :
« En France, le problème principal c'était le management. Ce n'était pas du tout un problème de concurrence »
Ce sur quoi je ne suis évidemment pas d'accord, le problème principal d'Altice, c'est la concurrence,ce à quatre en France.
Il a aussi remis en cause le plan de départs volontaires, disant que dans ce cas, ce sont les meilleurs qui partent (qui ont le plus la possibilité de trouver un poste ailleurs). Il aurait préféré un PSE, donc des licenciements ;
« Tout au plus on peut dire que dans telle section, tant de personnes peuvent partir, mais on ne peut pas choisir qui. Prenons le cas d'une équipe de trois personnes, avec un employé moyen, un qui n'est pas très bon et un crack. Si c'est celui là qui est volontaire pour partir, c'est tant pis pour vous ».
Et bien sûr, on trouve quelques bobards, dont P. Drahi est un spécialiste :
« Quand on a racheté SFR, le réseau mobile était merdique », lâche Drahi, sans filtre. « Nous étions vus comme des casseurs de prix, mais nous avons investi 2 milliards d'euros pour le remettre à niveau », ajoute-t-il.
A ma connaissance, c'était plutôt Free qui était connu comme casseur de prix (dans le mobile), et Bouygues Telecom, dans le fixe. C'est plutôt après des pertes d'abonnés qu'il s'est mis lui aussi à faire des promotions. Et pour l'état du réseau, c'est facile comme d'habitude d'accuser les prédécesseurs, en oubliant qu'en 2015, après le rachat, les sous-traitants ont été virés, et les investissements arrêtés. Ce n'est que fin 2015 que les investissements dans la 4G ont repris, après avoir pris un énorme retard sur les concurrents, Free mobile compris.
https://www.nextinpact.com/news/105622-face-aux-marches-patrick-drahi-defend-strategie-sfr-le-plan-reste-meme.htm(sous paywall).
https://www.challenges.fr/economie/la-charge-brutale-de-patrick-drahi-proprietaire-d-altice-sur-son-ancien-bras-droit-michel-combes_514078(sous Paywall)
Le Monde :
http://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2017/11/17/altice-le-titre-chute-patrick-drahi-ecrit-aux-salaries_5216718_1656968.html