Auteur Sujet: Le cinéma a-t-il sa place sur Internet ? VoD  (Lu 2880 fois)

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lepalois

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Le cinéma a-t-il sa place sur Internet ? VoD
« le: 05 août 2005 à 01:38:07 »


Point de vue
Le cinéma a-t-il sa place sur Internet ?, par Marie-Christine Levet

LE MONDE | 02.08.05 | 14h28  •  Mis à jour le 02.08.05 | 14h28

in 2004, une concertation entre professionnels du cinéma et fournisseurs d'accès Internet, lors des 14es Rencontres cinématographiques de Beaune, a permis d'amorcer un dialogue sain et constructif. Face à l'accélération des débits, les fournisseurs d'accès et de services Internet avaient averti l'industrie du cinéma sur l'urgence à créer un cadre légal pour la sortie d'une offre de "vidéo à la demande" (VOD) afin de ne pas rater le train de l'Internet rapide. Le but était de s'inspirer de la charte d'engagement sur la "musique en ligne" signée entre l'industrie de la musique et les fournisseurs d'accès.

Depuis, si nous poursuivons nos négociations avec l'industrie du cinéma, nous en déplorons l'extrême lenteur et dénonçons les dérapages parfois publics de certains acteurs de la filière cinématographique qui accusent trop souvent les fournisseurs d'accès de contribuer aux activités illicites de contrefaçon numérique.

Les fournisseurs d'accès et de services Internet et le monde du cinéma partagent pourtant un même horizon : ils sont des distributeurs de produits culturels. D'où l'urgence d'un accord entre nos industries pour mettre en place une offre réellement attractive : je fais référence aux prix, aux catalogues et au calendrier de disponibilité des œuvres.

Dès à présent, les consommateurs expriment leur désir d'acheter ou de louer un film depuis leur foyer, en choisissant dans un catalogue extrêmement riche que seul le haut débit peut offrir, que ce soit à l'unité ou par abonnement. Ne pas répondre à cette demande grandissante des consommateurs, ne pas bâtir ensemble les conditions économiques d'un développement harmonieux et respectueux des intérêts de tous, c'est se couper des nouvelles technologies mises à disposition de tous, et c'est risquer de laisser le champ libre à la généralisation de pratiques illicites.

Dans un tel contexte, les professionnels de l'Internet martèlent leur volonté de construire ensemble, de façon urgente, une offre riche et attractive. Elle doit inclure nouveautés et films de catalogue, garants de la diversité culturelle. Cela suppose la mise à disposition et numérisation par les détenteurs de droits de l'ensemble de leur catalogue. Devront être également définies les modalités de commercialisation de ces films, en location à l'acte ou en abonnement limité, ainsi que le modèle économique de répartition de valeur et de coûts entre les deux industries. Enfin, reste un point capital à définir : la place de la VOD dans la chronologie des médias. Selon l'Association des fournisseurs d'accès (AFA), le délai de disponibilité devrait être similaire à celui de la location d'une vidéo classique ­ six mois après la sortie d'un film en salle, tandis que l'industrie du cinéma propose neuf mois.

Parallèlement à la mise en place d'un cadre légal et d'une offre pertinente, il est important d'informer et de sensibiliser le public sur les "codes de bonne conduite". Le peer-to-peer n'est pas illégal en soi, il constitue l'un des symboles du partage qu'est Internet. Seul l'usage qui en est fait par les pirates est illicite.

De leur côté, les fournisseurs d'accès sont prêts à intensifier la prévention et la sensibilisation en matière de piratage. Ils sont favorables à la mise en place de mesures de riposte graduée demandées par l'industrie du cinéma, à un dispositif d'avertissements multiples préalablement à des poursuites pénales, souvent vécues comme disproportionnées.

Nous avons alerté les ministres de la culture et de l'industrie pour réaffirmer notre volonté d'aboutir au plus vite à un accord. Sa finalisation s'inscrit on ne peut plus clairement dans l'intérêt de toutes les parties prenantes, et singulièrement dans celui des consommateurs. Il constituera le meilleur levier pour lutter contre le phénomène du piratage, permettant ainsi la diffusion et la consommation d'œuvres audiovisuelles en toute sécurité tant pour les ayants droit que pour les consommateurs.


Marie-Christine Levet préside Club-Internet/T-Online France et l'Association des fournisseurs d'accès et de services à Internet.

Article paru dans l'édition du 03.08.05
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-677116,0.html