Bonjour,
Je vous fait part ici de mon analyse sur ce qui s'est passé pendant plus de 3 ans sur le PBC. Pour moi, ce projet est un échec, car il n'a pas atteint ses objectifs tels qu'ils étaient fixés initialement. Maintenant que le FTTH démarre vraiment en France, le PBC va être remis en cause, c'est certain.
Je pense qu'il est important de comprendre les erreurs du passé, pour ne pas les reproduire.
Fournir aux FAI une offre "clé en main":L'offre que vend le délégataire Axione est très vaste. Axione gère quasiment tout: la boucle locale, la collecte, tous les équipements d'accès, le trafic téléphonique, le trafic internet, le lien vers Paris... Même la
box a été imposée après le partenariat avec Sagem.
Il est certain que Sagem et Axione y trouvent de l'intérêt. Mais ce n'est pas, et de loin, la solution optimale.
Bref, que reste-t-il aux FAI? Comment, dans ces conditions, attirer des FAI-Opérateurs crédibles (Comme les 4 FAI-opérateurs alternatifs nationaux)? Comment fournir aux usagers une offre de services différenciée? Une large part des services n'est-elle pas liée à l'organisation logique du réseau de télécom, et au matériel choisi?
Je rappelle que le déploiement massif des offres ADSL (très concurrentielles en terme de services) n'a été permis QUE par le dégroupage de la boucle locale cuivre de FT. Or, à Pau, c'est tout l'inverse qui est fait: on vend une offre "groupée" uniquement. Espérons pour le réseau que cela change rapidement, c'est indispensable pour assurer une REELLE concurrence.
Bref, IL N'Y A PAS DE CONCURRENCE SUR LE PBC!
Privilégier les acteurs locaux:La communauté d'agglomération a voulu apparemment privilégier les acteurs haut débit locaux (les FAI). Mais ces entreprises, qui emploient moins de 10 salariés, peuvent-elles concurrencer en terme de services les mastodontes nationaux? C'est impossible, à mon avis.
De plus, dans le secteur des télécom, les économies d'échelles sont importantes. Les opérateurs-FAI nationaux qui se sont construit des réseaux internationaux arrivent à avoir des tarifs très bas sur le transit Internet, et sur les communications téléphoniques. En comparaison, un petit opérateur ne pourra pas les concurrencer en terme de tarif. Sur Paris, la BP en masse coute moins de 10€ le Mb, alors que Axione la revend 30€ à Pau (les tarifs ont peut-être changés).
Et je pense que le tarif de la bande passante Internet est un élèment primordial pour proposer du THD. Pourquoi avez-vous eu des débits bridés? Pourquoi IPVSET a été incapable d'assumer le débit généré par ses clients? Croyez-cous que Free se lance dans le FTTH sans avoir un solide réseau international pour écouler tout le trafic?
Apport pour l'économie locale:On a beaucoup lu sur la création d'emplois. On promettait, il y a 3 ans, plus de 5000 emplois créés grâce au PBC. On disait même que le gain en taxe professionnelle allait suffire à amortir rapidement le réseau... Qu'en est-il aujourd'hui?
Certes, une telle initiative a permis de créer quelques emplois, et c'est déjà très bien. Mais il ne faut pas croire, comme on nous l'a dit, que les service à très haut débit à destination des particuliers engendrent beaucoup d'emplois.
Regardez Free (l'un des 2 plus gros opérateur alternatif en France): 2M d'abonnés ADSL, et 2000 employés seulement!
Analyse du marché:Comment n'avoir pas vu venir la concurrence ADSL? D'accord, la rapidité du déploiement de l'ADSL dégroupé en France a surpris quasiment tout le monde. Mais il y a 4 ans, en 2002, tous les "experts" savaient ce qu'on pouvait faire avec de l'ADSL. L'ADSL2+ était en cours de création. Des réseaux "pilotes" avaient dors et déjà montrés (aux US par exemple) qu'on pouvait faire du triple play.
Pour le marché de l'hébergement, là aussi on a dit des mensonges. On a cru faire venir de nombreux hébergeurs en leur offrant une place bon marché dans un datacenter à Pau, et une bande passante à un prix raisonnable. Mais qu'est-ce qui intéresse vraiment les hébergeurs (et autres opérateurs Internet), qu'est-ce qui les pousse à s'implanter dans quelques Datacenters Parisiens saturés? Tout simplement la multitude des opérateurs avec qui ils peuvent peut s'inter-connecter; les vrais hébergeurs cherchent à avoir plusieurs opérateurs de transit avec qui s’inter-connecter, et cherchent à peerer dans un ou plusieurs GIX de grande taille. Leur objectif est d’avoir le maximum d’indépendance vis-à-vis des opérateurs qui leur fournissent la connectivité, pour pouvoir en changer facilement par exemple. A Pau, c'est tout le contraire, on ne propose qu'un opérateur: Axione. Et cet opérateur n'a pas fait ses preuves, bien au contraire.
De toute façon, l'hébergement (physique) de serveurs n'est pas une activité spécialement génératrice d'emplois.
le "modèle" du réseau:De même, qui a choisi le "modèle" à Pau? Ce modèle est contraire à la démarche normale qui consiste à créer un réseau neutre. Le réseau du PBC est loin d'être neutre, car l'offre n'est pas suffisamment "dégroupé", comme dit plus haut.
Le "modèle" du PBCBref, je me demande quel "expert" a créé le dossier du PBC, mais il comporte de grosses failles. En regardant ce schéma encore aujourd'hui, je ne comprend pas.
Ca aurrait pu être mieux?En conclusion, je pense sincèrement qu'il aurrait été possible de faire mieux dès le début, en analysant sérieusement la situation, et en montant un dossier solide avec des experts.
J'aurrais imaginé une expérimentation avec un réseau de fibre, sans aucun équipement actif, et ouvert à la concurrence. Avant de lancer ce réseau, il aurait fallu attendre qu'un ou plusieur acteur de poid (FT ou un des opérateurs alternatif ou un cablo-opérateur) veuille bien tenter l'expérience, et offrir ses services aux particuliers. Ne surtout pas s'enfermer avec un seul opérateur, surtout si celui-ci a peu de moyens (Axione). Le réseau doit rester intégralement ouvert à la concurrence.
Vous savez, les opérateurs nationaux ont plein d'idées, et ils sont dans les starting blocks. Les petits FAI, eux, ont bien du mal à comprendre le monde dans lequel ils travaillent.
Ce qui me dégoute le plus, c'est que d'autres collectivités locales sont en train de faire les mêmes erreurs qu'à Pau, avec le même opérateur Axione.
Leon.