Une interview intéressante d'Octave Klaba, fondateur d'OVH et patron de Shadow.
C'est toujours difficile de suivre les propos d'Octave, et ça n'est pas qu'un problème de langue maternelle. Il se passe plein de choses dans sa tête, et c'est difficile de tout déchiffrer.
Il y a 3 trucs discutables dans les propos d'Octave à mon avis :
* Il répète plusieurs fois que Shadow peut concurrencer Office 365. Il parle bien de Office 365 et non de Windows 365. Je ne vois pas le rapport entre Shadow et office 365... Ca fait 1 an qu'il parle d'Office 365...
Il parle d'office, parce que tout le monde se fout de l'OS, ce sur quoi cela tourne, il n'y a que ceux qui aiment comprendre le fonctionnement qui s'y intéressent. Un peu comme quand tu conduit un véhicule, tu te fout de savoir comment fonctionne le moteur, si il est thermique ou électrique, ce dont tu as besoin c'est un déplacement et de la mobilité, à moins de répondre à des besoins autres ( statut social, considérations écologiques etc) . La majorité utilisent les ordinateurs comme outils, et essentiellement avec les outils tableurs, éditeur de texte ( on est pas si loin de la machine à écrire et de l'impression du texte). Ce qui a caractérisé l'informatique du milieu du XX siècle était une informatique centralisée avec des terminaux connectés à la gestion centralisé de ces machines, il n'y a que avec l'avènement des terminaux particuliers, embarquant un peu de puissance, que l'on a décentralisé cela au poste de travail. Avec le Cloud, on bascule de nouveau dans l'autre sens, on re-centralise "l'intelligence" à des "gestionnaires de plateforme" dans le "cloud" ce n'est ni plus ni moins que une nouvelle centralisation aux mains de quelques grands groupes de l'informatique. Le terminal utilisateur n'embarquant que peu de logiciel, juste de quoi s'interfacer avec le système central ( cela ne veux pas dire que ce soit "une unique machine") mais un système distribué.
Sa stratégie à cet égard, c'est d'occulter toute "la tuyauterie" ( et je suis désolé, mais c'est bien de cela dont on parle sur ce forum, de la technique de tuyauterie) et d'aller proposer la gestion de toute la complexité des OS et évolutions de produits, pour l'utilisateur final.
On voit bien l'évolution, non plus l'achat, mais la location ( de licenses, d'espace, de temps de compute etc).
* Selon lui, les gouvernements Européens vont devoir "maitriser le cloud européen" dans le futur, pour orienter l'économie du cloud, pour pouvoir orienter leur politique économique. Avec probablement des lois très contraignantes sur le cloud. Je n'y crois pas...
Je n'y crois pas non plus.
Au début de ma carrière, quand j'ai bossé pour IBM, il existait tout un Datacenter au sein d'un étage de la tour Descartes à la Défense.
Tout la messagerie de EMEA ( Europe Middle East Africa) y était hébergée. D'autres données étaient hébergées aux US.
Et cette problématique était déjà évoquée, c'est un serpent de mer de la "souveraineté numérique".
Débile. Quand tu promènes un ordinateur un peu partout dans le monde, avec des données sur cette machine, tu es confronté à des problèmes bizzares, en l'occurence, le chiffrement des datas, à l'époque, les portables IBM ne pouvaient pas transiter avec des clefs de chiffrement trop important entre pays, les IBMeurs devaient se promener avec une attestation que leur données sur leur machines, n'avaient pas de clefs de cryptage supérieure à 128 bits (de mémoire, je me trompe peut-être sur la taille). Résultat ? Les données étaient stockées sur des serveurs aux US, et récupérées en Europe après voyage en Avion.
La souveraineté numérique, c'est une vue de l'esprit structuré par la constitution de frontières terrestres d'un périmètre. En numérique, ce périmètre n'existe plus, et tout le monde essaye de faire tenir des lois territoriales à un espace numérique qui n'en a pas. Et cela de la commission Européenne, aux gouvernements des pays. Peine perdue. Cela alimente des discussion pour ceux qui n'y connaissent rien.
Quand Octave tiens ce discours, c'est du "Politiquement correct" de la langue de bois. Il sait comme nous tous, que son AS, si il ne veux pas qu'il soit localisé géographiquement à un pays, et bien, il ne l'est pas.
* Selon lui, les entreprises Européennes vont devoir acheter du cloud Européen pour se conformer à ces lois locales (des états ou de l'Europe). Je ne vois pas ce qui empêcherait les géants du cloud (AWS, Microsoft, Google) de monter des structures 100% européennes pour se conformer à ces lois.
cf plus haut c'est déjà le cas, il y a une structure juridique, éventuellement un ou plusieurs datacenter Européens, mais de là à assurer que toutes les données sont géographiquement à un endroit souverain, c'est une vue de l'esprit.
Les algorithmes et structures ont été construites pour être décentralisée et distribuées géographiquement, c'est un postulat de construction et constitution de base. Et ensuite arrive, un changement schizophrène de changement du cahier des charges du postulat de base. Tout et son contraire. Laissons les parler, cela les occupe.