Auteur Sujet: Télécoms : la fin du déploiement de la fibre vire à la foire d’empoigne  (Lu 1110 fois)

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letsar

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  • Ille-et-Vilaine - Accès à la fibre en 2023 - 2030
" Les malfaçons et raccordements ratés sur les réseaux de fibre ont brisé la confiance entre les collectivités d’un côté, et les opérateurs télécoms, l’Arcep et le gouvernement de l’autre. Certains redoutent que ces désaccords mettent à mal l’objectif d’apporter la fibre à tous les Français d’ici à 2025. Au sein de la filière, plusieurs d’acteurs souhaitent que Jean-Noël Barrot, le ministre délégué en charge des Télécoms, siffle la fin de la récréation.

L'objectif du gouvernement d'apporter la fibre à tous les Français d'ici à 2025 sera-t-il tenu ? A vrai dire, le simple fait de poser la question aurait été presque inimaginable il y a quelques mois. Après tout, le chantier du déploiement de la fibre, initié en 2013, était encore récemment présenté comme un franc succès. Plus de 80% des Français et des entreprises peuvent aujourd'hui bénéficier de cette technologie. Mais le « reste à faire » n'a rien d'une promenade de santé. Les derniers locaux à raccorder sont généralement les plus difficiles et les plus coûteux. Et il reste de nombreux problèmes à régler pour y arriver. Mais surtout, l'esprit de concorde qui régnait entre tous les acteurs - les opérateurs télécoms, les industriels en charge des déploiements, les collectivités, le régulateur et le gouvernement -, et qui a permis au chantier d'avancer ces dernières années, a disparu.

La forte accélération du déploiement de la fibre, depuis 2018, a en parallèle accouché d'une avalanche de malfaçons, de raccordements ratés, lesquels ont débouché, dans tout l'Hexagone, sur de nombreux débranchements d'abonnés. Cette colère des clients est remontée jusqu'aux collectivités, et finalement au Sénat, qui représente les territoires. Après des années de passes d'armes entre les élus et les opérateurs, accusés de ne pas prendre ces dysfonctionnements au sérieux, une proposition de loi visant à en finir les malfaçons a vu le jour. Celle-ci a été votée il y a tout juste deux semaines au Sénat, et à l'unanimité.

Mais le texte a semé la pagaille dans le petit monde des télécoms. Les opérateurs arguent qu'il va déstabiliser toute la filière et mettre à mal l'objectif, cher à Emmanuel Macron, de « la fibre pour tous » en 2025. L'Arcep, le gendarme des télécoms, et le gouvernement sont également de cet avis. Concernant les malfaçons et les raccordements ratés, « personne n'est d'accord sur le constat », souligne Patrick Chaize, le sénateur de l'Ain (LR) à l'origine de la proposition de loi. A ses yeux, le gouvernement, l'Arcep et les opérateurs ont tort de blâmer essentiellement les quelques « réseaux atypiques » en cours de reprise, et qui concentrent énormément de problèmes. Outre « ces grands incendies », explique-t-il, il y en a des myriades de « petits » à éteindre partout sur le territoire.

Président d'InfraNum, la fédération des industriels de la fibre, Philippe le Grand est du même avis. « Le problème, c'est qu'il n'existe pas d'indicateurs permettant d'objectiver la qualité des réseaux de fibre, insiste-t-il. Tout le monde raconte n'importe quoi. Les chiffres qui circulent sont tous faux, on ne peut pas se comprendre. » Pour remédier à cela, « il faut donner le pouvoir à l'Arcep, administration indépendante, de contrôler et de publier la qualité des raccordements, acteur par acteur », poursuit-il. Selon lui, la loi restera quoi qu'il en soit « inefficace » pour en finir avec les malfaçons. Philippe Le Grand considère que la solution viendra nécessairement du « plan qualité » mis en place par la filière. « Il avance trop lentement, mais il avance », insiste-t-il

Climat de défiance


En attendant, le climat de défiance entre les collectivités, l'exécutif et la filière vient menacer la fin du déploiement de la fibre. De fait, de nombreux problèmes restent à régler pour atteindre cet objectif. Or il est difficile de les résoudre si les acteurs se tirent dans les pattes. Aujourd'hui, il reste, par exemple, beaucoup de logements à raccorder dans les grandes villes. L'ennui, c'est que les opérateurs télécoms n'ont ici aucune obligation d'y apporter la fibre... La couverture des villes moyennes, elle, n'est pas non plus terminée. Orange a pris du retard dans la couverture de ces territoires sur fond de gros désaccords et de conflits avec l'Arcep. Dans les campagnes, le financement des raccordements dits « complexes » pose aussi problème. Dans une enquête publiée ce mardi, InfraNum estime qu'il y en a « plus de 500.000 » à réaliser dans l'Hexagone. Ce qui va nécessiter au moins « 2,6 milliards d'euros d'investissements supplémentaires ».

Enfin, la question de la pérennité - et donc de la sécurisation - des réseaux de fibre se pose. Ces infrastructures sont souvent victimes de tempêtes ou d'actes de malveillance, lesquels privent parfois longtemps les Français d'Internet. Pour y remédier, la filière plaide pour un « plan résilience » visant, notamment, à enfouir une grande partie des réseaux aériens. Là encore, cela a un coût qu'InfraNum évalue, selon les scénarios, entre 5 et 15 milliards d'euros. Il y a, pour beaucoup, urgence à répondre à ces questions, dans la mesure où le réseau de fibre va progressivement remplacer le vieux réseau cuivre, dont Orange a commencé le décommissionnement.

Le gouvernement appelé à la rescousse

Comment, dès lors, remettre tout le monde autour de la table et retrouver un climat serein pour éviter que le chantier de la fibre s'achève sur une fausse note ? Plusieurs acteurs souhaitent que Jean-Noël Barrot, le ministre délégué en charge des télécoms, siffle la fin de la récréation et prenne les choses en main. Plusieurs acteurs du secteur appellent à ce qu'il endosse le rôle de « capitaine », d'« animateur », ou encore « fixe un cap politique » pour sortir de l'impasse. Il est, c'est peu dire, attendu au tournant. "


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