Auteur Sujet: Que faire pour que tous les Français soient connectés à une fibre optique ?  (Lu 12878 fois)

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Branco

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Je voulais partager avec vous cet article de René Trégouët de mai 2008.

La question : Comment faire pour que tous les citoyens de notre royaume de France et de Navarre soient raccordés à la sainte Fibre optique ?
L'idée : S'inspirer du déploiement du réseau électrique en France il y a plus de 80 ans...(date précise à "gougeuliser", tiens ce mot va rentrer dans notre dico bientôt)

Après avoir lu cet article, on a envie d'arrêter un moment le métier du tertiaire et de revenir à l'ère industrielle, cette époque où l'on se retroussait les manches, on crachait dans nos mains (beurk) pour saisir une pioche et faire avancer notre pays, non ?  ;)


QUE FAIRE POUR QUE TOUS LES FRANÇAIS SOIENT CONNECTÉS Á UNE FIBRE OPTIQUE ?

A l'encontre de l'opinion qui dominait il y a 10 ans, tous les spécialistes sont maintenant convaincus que la place de la France dans le monde dépendra de sa capacité, dans le quart de siècle qui vient, à connecter chaque Français à une fibre optique. Beaucoup de nos concitoyens ne soupçonnent pas encore que cette connexion à une fibre optique leur sera aussi importante, dans la vie de tous les jours, que peut l'être, aujourd'hui, leur raccordement au réseau électrique ou au réseau d'eau potable...

En France, depuis 25 ans, la télédistribution est passée prioritairement par l'hertzien, le satellite et maintenant la TNT, et non par les réseaux câblés.

Cela fait qu'à l'encontre de beaucoup d'autres pays (voir nos voisins Allemands ou Belges où plus de 90 % de la population est connectée à un réseau câblé !) un seul fil porteur de signal (le fil téléphonique) atteint le foyer Français, alors que dans beaucoup d'autres pays, il y a 2 supports physiques qui apportent le signal : le fil du téléphone et le câble.

Le consommateur français largement habitué maintenant à ne débourser que 30€ par mois pour accéder à un service Triple Play haut débit, ne semble pas être prêt à payer beaucoup plus pour passer de 20 mégas à 100 mégas et demain au giga.

Aussi, les divers opérateurs présents sur le marché vont devoir définir un modèle économique qui leur permettra de rester bénéficiaires tout en allant vers le très haut débit optique avec une stabilité de prix.

Tout laisse à penser que l'équation ne sera pas facile à résoudre. La concurrence entre tous les opérateurs devenant de plus en plus vive dans ces temps prochains dans l'accès au très haut débit, les habitants des grandes villes, là où tous les grands opérateurs sont déjà présents, n'ont pas de soucis à se faire : ils seront tous, dans les 5 ans qui viennent, desservis par un (sinon deux) réseau(x) optique(s) très haut débit.

Mais qu'en sera-t-il dans le reste de la France, des habitants des petites villes et du monde rural qui représente quand même plus d'un tiers de la population de notre Pays ?

En raison de son Histoire, de sa géographie, mais aussi son organisation politique et administrative, seuls de forts partenariats publics/privés permettront à notre Pays d'apporter une solution satisfaisante à cette lancinante question.

Encore faut-il, pour que la démarche soit couronnée de succès, que du « côté public » les partenaires soient les bons. L'Etat n'a malheureusement plus les moyens, comme il l'avait encore dans les années 1970 avec le plan téléphone, d'initier et de financer un plan national d'opticalisation de l'ensemble de son territoire. Les régions sont souvent géographiquement trop grandes et trop disparates pour y conduire une politique cohérente d'aménagement numérique allant jusqu'à chacun de ses habitants. Les villes, surtout les plus grandes, n'ont aucune envie de s'investir financièrement dans les réseaux optiques, puisque le marché réalise déjà, sans aide publique, tous les investissements nécessaires. Restent donc les petites villes, les territoires ruraux et les intercommunalités qui eux ont besoin et envie de s'investir dans l'opticalisation de leur territoire. Mais, malheureusement, ces territoires n'ont souvent pas les moyens de faire face aux immenses dépenses auxquelles ils seraient confrontés. Dans ces déserts d'incapacités d'investissements, ci et là, des oasis de prospérités liés ici aux revenus d'une forte Taxe Professionnelle, là aux financements propres liés à certaines activités ont permis depuis 25 ans de voir se créer des centaines de micro-poches équipées de réseaux câblés. Mais chacun ressent bien aujourd'hui que ces opérations en petits morceaux ne répondent plus du tout au défi de l'avenir.

Aussi, comme cela s'est vérifié à de nombreuses reprises, depuis plus de 2 siècles, avec la construction de la plupart des réseaux, que ce soit les réseaux routiers, les réseaux d'eau ou d'électricité, seul le Département avec son chef lieu comme ses plus petites communes, avec cette obligation de solidarité entre tous ses habitants sur laquelle il se fonde, est à la bonne échelle pour la construction de ces réseaux optiques du futur. Sur les territoires départementaux, les moindres coûts, par habitant, générés pour équiper les villes, permettent de dégager des capacités supplèmentaires pour équiper le monde rural.

C'est bien sur cette solidarité départementale qu'il faut rechercher le modèle économique sur lequel s'appuiera la construction des réseaux optiques du futur. Toutefois, avec les divers transferts de charges réalisés par l'Etat depuis une quinzaine d'années, les Départements eux aussi ne disposent plus des mêmes ressources, pour l'investissement, qu'au début des années 1990.

Tout opérateur qui, actuellement, proposerait à un Département, un plan d'investissement pour construire un réseau optique global, aurait peu de chance d'être écouté si sa demande se résumait au versement d'une subvention.

Cela est malheureusement d'autant plus vrai que la plupart des Départements ayant fait preuve d'initiative et de bonne volonté, dans ces 4 dernières années, dans ce domaine des TIC en appliquant l'article L1425-1 du Code Général des Collectivités Territoriales (voté en juin 2004), ont été mal conseillés et se sont souvent engagés sur des voies sans issue (investissement de plusieurs milliards d'euros pour dégrouper des NRA et déployer des technologies radio qui seront obsolètes avant 10 ans).

Le Cabinet Tactis affirme qu'il n'y a pas de modèle économique qui justifierait les énormes investissements nécessaires pour la construction d'une infrastructure FTTH couvrant l'ensemble du territoire national. S'exprimant en économistes qu'ils sont, ils ont raison. Mais répliquant en politique que je reste, j'affirme qu'ils ont tort, et je vais essayer de le démontrer.

Si au début des années 1930, nos anciens avaient tenu le même raisonnement que nos économistes, face à l'électrification du monde rural, pensez-vous que chaque maison de France, même la plus isolée, disposerait aujourd'hui d'un câble pour lui apporter la « fée électricité » ?

Comme nos anciens ont su se montrer imaginatifs et entreprenants, il y a près de 80 ans, pour amener l'électricité partout, il va nous falloir nous monter aussi imaginatifs et entreprenants en ce début de XXIe siècle, pour amener la fibre optique, donc le très haut débit, partout.

Dans ses propositions, le Cabinet Tactis affirme que cela serait faire preuve de « bon sens économique » que de créer une infrastructure optique nationale mutualisée qui serait gérée par une entité indépendante. Si cette proposition peut se révéler pertinente, sous certaines conditions, pour les Départements à dominante rurale (j'y reviendrai d'en quelques instants), je pense que la mise en oeuvre d'une telle solution serait inadéquate dans les Départements à dominante urbaine.

En effet, les acteurs majeurs dans ce domaine de la fibre optique ont déjà décidé d'investir plusieurs milliards d'euros dans des réseaux concurrents dans les principales villes françaises. Quel serait l'intérêt pour le consommateur français de mutualiser en un seul ensemble ces réseaux concurrents qui, à terme, vont desservir plus de la moitié des Français ?

Si, dans ces départements à dominante urbaine, ne sont mutualisées que les parties rurales de ces futurs réseaux optiques, le bon sens économique nous permet de deviner, même si ces réseaux sont gérés par une entité indépendante, que leur prix de revient avec leur coûts d'investissement (par abonné) nettement plus élevé nous obligerait à constater que l'accès au très haut débit serait beaucoup plus coûteux dans le monde rural que dans les villes. Ce qui serait indubitablement néfaste pour l'avenir.

Ce qu'il nous faut espérer, c'est que la concurrence naissante dans ce domaine du très haut débit entre les acteurs du marché dans le domaine de l'optique se développe et reste forte.

Notre crainte, en cet instant, serait d'être amenés, dans quelques temps, à constater que les investisseurs, après avoir écrémé le marché français en opticalisant les grandes villes décident de tourner leurs regards (et leurs capitaux !) vers d'autres pays, où les réseaux câblés sont beaucoup plus étendus qu'en France et abandonnent les régions de France moins urbanisées.

France Télécom qui, en silence, opticalise depuis plusieurs années l'ensemble de ses NRA en France (même dans le monde rural profond avec ses NRA ZO souvent cofinancés par les Collectivités Locales) se retrouverait alors seule dans le monde rural, et nous serions alors dans une situation hors concurrence sur les infras ce qui, malgré la bonne volonté du politique et de l'ARCEP, amènerait à constater, au bout de quelques années, une différence sensible sur le coût d'accès au très haut débit entre la ville et la campagne.

Ce que je voudrais vous démontrer à l'encontre de ce qu'affirme le Cabinet Tactis dans ses documents, c'est qu'il existe bien, dans les Départements à dominante urbaine, un modèle économique rentable pour tout opérateur global qui investit à la fois dans le monde urbain et dans le monde rural de l'ensemble d'un département.

J'affirme qu'il est d'autant plus facile de trouver ce modèle économique que j'en ai personnellement apporté la preuve dans un territoire, le Département du Rhône, département à dominante urbaine, mais qui compte quand même plus de 300.000 habitants hors agglomération lyonnaise, dont j'étais alors responsable dans ce domaine des nouvelles technologies, et où j'ai fait construire dans les années 1990 le plus grand réseau optique unifié de France.

Quelque 15 ans après la construction de ce réseau, les habitants de Lyon, mais aussi ceux de la plus petite commune du Département (qui compte moins de 100 habitants) peuvent accéder à un triple play à 100 mégas pour moins de 30 euros par mois (il n'y a pas actuellement un autre territoire de France, à l'échelle d'un Département, ou chacun dispose d'une telle bande passante).

Ce réseau dont j'ai initié la réflexion en 1989, auprès du Conseil Général du Rhône, a été construit à partir de 1994 par Time Warner.

Dans le contrat nous liant pour 30 ans, le PDG de Time Warner qui, à l'époque (1993) ne voyait qu'une finalité de télédistribution au réseau qu'il allait construire sur notre département, a accepté de construire un réseau optique étoilé et non arborescent comme cela était jusqu'alors la règle en France, et d'insérer un article prévoyant la gratuité pour tous les usages publics (à l'intérieur du département) qui pourraient être faits avec les nouveaux services qui apparaîtraient sur ce réseau. C'est ainsi que 15 ans plus tard, quelque 1500 bâtiments publics sont tous reliés gratuitement les uns aux autres par un immense Intranet permettant par exemple de connecter tous les collèges en très haut débit à un centre serveur départemental, de faire de la télésurveillance de tous les points sensibles, etc...

Les services compétents du Conseil Général du Rhône viennent d'évaluer que toutes les Collectivités Publiques du Rhône avaient réalisé, en 2007, une économie globale de quelque 3.000.000 € qu'elles auraient du verser à un opérateur de télécoms si cette clause de gratuité n'avait pas été insérée dans le contrat.

Ils ont même calculé que l'économie globale devrait atteindre les quelque 6.000.000 € annuels quand, dans trois ans environ, tous les bâtiments publics du Rhône (y compris Lyon) seront connectés à cet immense intranet gratuit.

Numéricable, qui a repris le contrat de Time Warner, et en respecte toutes les clauses, ne se plaint pas, de cette règle de gratuité. En effet, l'expérience montre que, systématiquement, toute collectivité connectée gratuitement à l'Intranet départemental prend auprès de l'opérateur un abonnement payant pour tous les usages externes au Département (internet). Ainsi, chacun est gagnant.

15 ans après le début de sa construction, nous pouvons maintenant affirmer que le réseau optique du Rhône repose sur un réel modèle économique.

Ce réseau étoilé entièrement optique jusqu'aux points de livraison optique (PLO) sur lesquels ne peuvent être regroupés que 125 utilisateurs potentiels (desservis par un réseau câble coaxial) dessert tout le Département du rhône.

Il aura coûté quelque 1,5 milliard de Francs. Sur ce total, le Département du Rhône a apporté une subvention totale de 500 millions de Francs (33 %). Lorsque la concession se terminera, dans une vingtaine d'années, les collectivités publiques du Rhône auront réalisé une économie globale sur leurs besoins en services de télécommunications qui dépassera le montant global des remboursements de l'emprunt de 500 millions de Francs que le Conseil Général du Rhône a souscrit pour financer 33 % de ce réseau.

Nous sommes bien là devant un réel modèle économique qui, avec le temps, montre qu'il est crédible. Pourquoi ne pourrions-nous pas appliquer ce modèle pour l'adapter aux autres Départements à dominante urbaine ?

En réponse à une consultation publique lancée par les départements à dominante urbaine, les opérateurs devront conduire leurs réflexions, non plus sur les seules parties urbanisée et rentables du territoire concerné, mais devront y inclure les zones rurales dont le point d'équilibre est impossible à atteindre sans aide publique.

En toute transparence, les opérateurs intéressés devront préciser les coûts réels de construction de ces réseaux optiques. Ils devront préciser la part qu'ils sont prêts à prendre en charge et la somme qu'ils attendent de la collectivité publique pour atteindre un point d'équilibre qui justifierait l'investissement auprès des actionnaires.

Mais si l'opérateur s'arrête à ce niveau dans sa réflexion et ses propositions, il est à craindre, dans le contexte actuel, que la collectivité, malgré l'importance qu'à pour elle la construction de ces réseaux optiques, ne puisse apporter l'aide attendue.

C'est pourquoi, je pense que dans leurs réponses, dorénavant, les opérateurs devront proposer aux collectivités qui apporteront la subvention, des propositions d'économies sur leurs services de télécommunication. Avec l'importance que va prendre le très haut débit pour aider au maintien à domicile des personnes âgées ou dans la formation des collégiens, population auprès desquelles les Départements assument des responsabilités de plus en plus lourdes, les propositions d'échanges entre constructions des réseaux et services sur ces réseaux vont devenir de plus en plus nombreuses.

Bien entendu, ce modèle ne peut fonctionner que pour les départements à dominante urbaine où la moitié de la population au moins est déjà desservie par plusieurs réseaux (réseaux téléphoniques d'une part, et réseau câblé d'autre part), et où la concurrence (Free, Neuf, Orange, Numericable, etc...) dans les parties urbaines s'exprime totalement.

Pour les départements peu peuplés, il n'existe pas, a priori, comme l'affirme le Cabinet Tactis, de modèle économique pour le FTTH. En effet, les subventions que devrait verser le Conseil général seraient trop importantes pour qu'une simple gratuité des services publics sur ces nouveaux réseaux soit suffisante pour générer des économies assez importantes afin d'équilibrer les dépenses.

En nombre, ces départements à dominante rurale représentent plus de la moitié des départements français.

Aussi, il est impérieux qu'il soit trouvé sans tarder une solution pour ces territoires. M'appuyant en cela sur l'Histoire, je préconise que tous les Présidents des Conseils Généraux de France décident, sans tarder, de créer une fédération nationale des Départements participant aux financements des réseaux optiques, comme l'ont fait leurs anciens en 1934 pour l'électrification du Pays en créant la Fédération Nationale des Collectivités Concédantes et de Régies (FNCCR).

La création de cette fédération avait alors eu, surtout après la réunion du Congrès National d'Electrification, qui s'était tenue à Moulins en 1935, un effet d'accélération très important sur l'électrification du monde rural. Cette accélération fut d'autant plus importante que tous les grands élus locaux obtinrent alors d'un Gouvernement qui n'avait pas plus de moyens financiers que celui d'aujourd'hui, la création du Fonds d'Amortissement des Charges d'Electrification (FACE). Lors de la création de ce fonds, en 1936, le Parlement décida, devant l'importance des enjeux de faire jouer pleinement la solidarité entre les habitants des villes et ceux des campagnes. Depuis cette époque, tous les consommateurs d'électricité en France, qu'ils habitent les villes ou les campagnes, paient un peu plus cher, de 3 à 5 %, leur kilowatt facturé pour permettre l'électrification des zones rurales difficiles à desservir.

Ce modèle a montré son efficacité depuis plus de 70 ans. Je propose qu'un modèle similaire soit mis en place par le Gouvernement, le Parlement et tous les Départements, pour trouver les moyens de financer la construction en milieu rural de tous les réseaux optiques qui seront nécessaires à ces territoires pour préparer l'avenir.

Il suffirait au Parlement, comme ont su le faire les anciens, il y a 72 ans, pour l'électrification, de voter une petite taxe de quelques euros sur tous les abonnements haut débit, pour trouver, enfin, les financements nécessaires pour ces investissements déterminants pour l'avenir de notre Pays. Ces fonds seraient gérés par la Fédération Nationale des Départements participant au financement des réseaux optiques et seraient versés aux départements les moins peuplés et les plus pauvres pour les aider à construire leurs réseaux optiques.

Les Pays du Monde les plus avancés avancent à grandes enjambées vers l'avenir en construisant de très nombreux réseaux optiques. Le nombre d'abonnés FTTH vient même de dépasser, il y a quelques mois le nombre d'abonnés par ADSL au Japon.

Ne tergiversons plus. De tous les investissements que peuvent actuellement réaliser les collectivités pour préparer l'avenir dans le domaine des nouvelles technologies, la fibre optique est le seul pour lequel nous avons une visibilité sur tout le prochain siècle alors que tous les autres investissements technologiques (cuivre, radio, CPL, etc...) n'ont pas une espérance de vie optimale qui dépasse les 10 ans...

Comme nos anciens ont su le faire pour les routes, le chemin de fer, les canaux, l'eau potable, l'électricité, le téléphone, sachons, tous ensemble, dépassant en cela toute approche partisane, nous mobiliser pour que cette opticalisation intégrale de notre Pays soit la grande aventure de notre temps.


Source : RTFLASH, le 16 mai 2008 par René Trégouët, Sénateur honoraire - Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

vivien

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Très bonne analyse et des bonnes idées même si ce qu'il s'est passé a Lyon ne peut a mon avis pas être reproduit à l’identique dans les autres départements.

Plus de 3 ans après, l'idée d'un investissement des département financé :
- dans les "départements à dominante urbaine" par des économies sur la facture intranet des collectivité locale
- dans les "départements peu peuplés" par une taxe supplèmentaire sur les abonnements triple play
ne semble pas le chemin emprunté...

Edit : Intervention du sénateur Trégouët lors de la réunion annuelle Wibox qui cite l'exemple de Lyon :

Leon

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Plusieurs remarques:
Il ne me parait pas judicieux d'investir massivement de l'argent public dans un réseau d'accès très haut débit, qui ne sert pour l'instant qu'à regarder de la VOD 3D HD, alors que l'on se rend compte que état et collectivités locales n'ont jamais été aussi endettés.

France Télécom est déjà en monopole sur le réseau physique 30% des accès ADSL. La situation est déjà là! Et heureusement que FT a investi dans ces zones!

Certains "réseaux" n'ont jamais été déployés jusque dans les campagnes. Je pense notamment au gaz de ville. OK, ça coute beaucoup plus cher de déployer des réseaux de gaz que des fibres. Mais voilà: entre ville et campagne, il y a des disparités.

Bon, autant dire que je ne partage pas le point de vue de ce monsieur, mais bon...
Personnellement, je pense qu'il est urgent de déployer massivement des solutions "intermédiaires": déployer la fibre un peu plus loin dans les zones peu denses, mais pas jusqu'aux habitats.

Leon.

corrector

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Précisons que j'habite en ville mais que je ne connais pas que ça. J'ai de la famille à la campagne et je connais très bien quelques montagnards.

Si au début des années 1930, nos anciens avaient tenu le même raisonnement que nos économistes, face à l'électrification du monde rural, pensez-vous que chaque maison de France, même la plus isolée, disposerait aujourd'hui d'un câble pour lui apporter la « fée électricité » ?
Mais justement c'est faux : en montagne les habitations isolées (quelques km du village le plus proche, je ne parle pas seulement des refuges hyper isolés à 4000 km) n'ont pas le réseau électrique. Et c'est normal.

Encore heureux, la collectivité ne paye pas des millions d'euros pour que trois zozos puissent revendiquer d'avoir les mêmes réseaux qu'en ville en s'installant au milieu de nul part. En fait je ne connais pas de montagnard qui n'assume pas ses choix et revendique une telle chose.

Qui exige d'avoir au milieu de nul part les mêmes accès aux réseaux qu'à Paris? (Un parisien qui veut gouter aux charmes de la campagne, peut-être?) À un moment dans la vie il faut assumer ses choix.

Quand on habite en zone rurale, on est censé savoir qu'on n'aura pas exactement tout ce qu'on trouve en ville. Les transports publics sont peu ou pas développés (et écologiquement ça n'aurait pas forcèment tellement de sens de balader un bus avec en moyenne sur trajet 4 personnes dedans). Si les parents ne peuvent pas les conduire, les enfants pour aller à l'école passent par le ramassage scolaire, ce qui rallonge très significativement leur journée.

Il y a un exode rural très important en France, et depuis longtemps. Avec la fermeture des commerces, on assiste à la désertification des petits villages.

La sur-représentation politique démocratiquement aberrante des maires des petites communes dans le collège électoral (par rapport à la population qu'ils représentent) du Sénat n'a rien fait pour limiter ce phénomène. Le Sénat est censé représenter "les territoires". Résultat?

Est-ce que les réseaux numériques à très haut débit chez tous les abonnés ralentiront l'exode rural? Je n'y crois pas.

Bien que profondèment libéral, je pense qu'il y a une place pour la politique d'aménagement du territoire. La collectivité nationale peut éventuellement dépenser plus par habitant pour certaines infrastructures en zone peu dense, mais cela doit quand même se faire en tenant compte de critères économiques. L'aménagement du territoire cela n'a jamais été mettre la ville à la campagne.

Est-ce que la fibre jusqu'à l'abonné à sa place à la campagne? Pourquoi pas. Je ne connais pas le prix de l'installation d'un câble de FO sur les poteaux qui servent déjà pour le téléphone, mais je sais qu'un NRA HD coute assez cher, et peut être que dans certaines configurations le FTTH ne sera pas beaucoup plus cher, voir moins.

Le FTTH n'est pas un "luxe" qui sera interdit par principe à qui que ce soit.

Mais pourquoi mettre des milliards pour fibre la France à marche forcée?

Et surtout, où prendra t-on ces milliards? En les empruntant sur les marchés financiers bien sûr.

Après le défaut de paiement de la Grèce, avec la menace sur la dette souveraine irlandaise, portugaise, italienne, espagnole, après la dégradation de la note souveraine des USA, qui peut encore envisager de tranquillement s'endetter plus sans raison impérieuse?

La gauche explique toujours qu'il suffit d'augmenter les impôts pour "les privilégiés". C'est la réponse à tout : déficit de l'État, problème des retraites... tout et n'importe quoi n'a qu'une réponse : taxer les riches. Mais la pression fiscale est déjà très importante en France (et je ne pense pas que la plupart des français aient l'impression qu'ils "en ont pour leur argent").

Évidemment certaines niches fiscales peuvent être réduites ou supprimées, mais peut-on sérieusement vouloir toutes les supprimer? Cette question des "niches" est souvent agitée en laissant entendre que les bénéficiaires des niches sont d'affreux profiteurs pétés de tunes, mais le quotient familial est aussi une niche fiscale, qui profite aux familles nombreuses. Donc supprimer toutes les niches fiscales, ça veut dire supprimer le quotient familial (ce que certains socialistes recommandent), donc augmenter les impôts des familles nombreuses. Je ne dis pas que c'est condamnable, mais il faut l'assumer clairement.

Même sans la moindre dépense étatique supplèmentaire, la pression fiscale va de toute façon augmenter, parce qu'on ne peut pas indéfiniment dépenser plus que ce qu'on a. Que la "règle d'or" soit inscrite dans la Constitution ou pas, il va bien falloir revenir au fondamentaux si on ne veut pas finir par vendre nos ports et nos iles comme les grecs.

Donc toute dépense supplèmentaire devra se traduire par des impôts en plus, et il n'est pas question de seulement faire payer les Bettencourt.

Devoir payer cash ce qu'on s'offre, c'est peut-être la seule solution pour responsabiliser les citoyens.

Est-ce que vraiment le FTTH est une telle priorité?

Je pense que la fibre finira pas être installée presque partout. Mais ça prendra le temps qu'il faut.

Branco

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Moi j'attends la solution qui permettra :
- d'inciter Madame Michu à s'abonner à la fibre optique au lieu de l'ADSL.
- d'inciter tous les bailleurs à demander aux opérateurs de fibrer leur immeuble (et pas l'inverse).
- d'inciter plus d'entreprises à travailler sur l'extension de la couverture nationale en fibre optique.

Après sur l'idée profonde de la nécessité de la fibre partout en France, l'analogie avec le réseau électrique me plait, c'est comme si à l'époque on se posait aussi les mêmes questions "Qui va payer les travaux ? Ou va-t-on trouver l'argent ? etc" et puis en bon Français que nous sommes, on râle "les poteaux traversent mes champs c'est trop moche...bla bla bla..."  >:(

La fibre optique, c'est quelque part un nouvel outil de socialisation qui revisitera le concept de la maison du 21ème siècle.

Au 19ème siècle, l'éclairage était un outil de socialisation. La petite chandelle dans la cuisine de mémé ou quelques lampes à huile qui illuminaient un salon bourgeois, partout, la lumière réunissait les membres de la famille.

Au milieu du 20ème siècle, La maison standardisée possédait alors des prises de courant dans chaque pièce, salle de bain complète et chauffage central, encore de nouveaux outils de socialisation...

Au 21ème siècle, avec l'ère de la communication, la socialisation a atteint son apogée avec la mondialisation des téléphones portables et le tsunami de l'internet "Facebook".

On peut alors imaginer la même chose pour le réseau de télécommunications à très haut débit, des applications qui exigent bcp de débit (débivore ? j'aime bien ce mot  ;D) sont ou vont arriver (en médecine comme les opérations chirurgicales pilotées à distance, ou bien à la maison quand on expliquera à notre gamin en 2040 que dans les années 2000 on téléchargeait en 1 journée plusieurs gros fichiers en FTP depuis un serveur aux US et que ça ne s'appelait pas un simple "copier-coller" :o...etc...etc), mais tout n'est pas encore inventé, heureusement sinon ce serait ennuyeux.

Allez j'arrête, je suis allé un peu loin dans mon délire :P

Leon

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Ah, ça trolle! J'aime ça, je continue...

Déjà, le terme "socialisation" me surprend beaucoup. Et je ne vois même pas de quoi tu veux parler. Je ne pense pas que tu veuille parler de maison "socialiste". Non, désolé, je ne vois pas.

Citer
Moi j'attends la solution qui permettra :
- d'inciter Madame Michu à s'abonner à la fibre optique au lieu de l'ADSL.
Mais pourquoi diable devrait-on inciter la pauvre madame Michu  à rendre son ADSL, alors qu'elle n'a pas besoin de FTTH? Pourquoi vouloir décider à la place des gens ce qui est mieux pour eux?

Citer
Après sur l'idée profonde de la nécessité de la fibre partout en France, l'analogie avec le réseau électrique me plait
Le progrès amené par l'électricité était quand même très différent du progrès du passage de l'ADSL (ou réseau câble) au FTTH.

Pour moi, le plus gros progrès dans les télécoms a été franchi il y a un peu moins de 10 ans. C'est l'avènement de l'ADSL à un tarif abordable. L'ADSL apporte une connexion permanante, illimitée. Et ça, c'est vraiment un progrès majeur! C'est révolutionnaire! Le débit est à mon avis beaucoup moins primordial que l'aspect "connection illimitée". Always on. Sans facturation à la minute. Et là, clairement, ce type d'accès est devenu quelque chose d'essentiel aujourd'hui. Alors oui pour garantir l'accès à ce genre de connexions pour le plus de gens possibles. Exactement ce que la France a fait!

Le FTTH apporte quoi de plus? Rien de révolutionnaire: du débit. Et alors, on fait quoi avec plus de débit par rapport à une connexion actuelle moyenne de 10Mb/s? Face_de_bouc et youyoutube ne fonctionnent pas suffisamment bien avec 10Mb/s? Que fera-t-on de plus dans le futur qui nécessite plus de bande passante que de regarder des vidéos HD sur youtube? Des trucs de geek (se connecter à distance sur son PC) mais qui ne sont pas essentiels.

Citer
On peut alors imaginer la même chose pour le réseau de télécommunications à très haut débit, des applications qui exigent bcp de débit sont ou vont arriver, mais tout n'est pas encore inventé, heureusement sinon ce serait ennuyeux.
Voilà, c'est ça qui me dérange le plus chez les gourous du "tout FTTH". Le discours, c'est: "on veut construire un réseau dont vous aurez besoin dans le futur, mais dont on ne sait pas très bien aujourd'hui à quoi il pourra servir réellement. Mais ne vous inquiétez pas, on va trouver". Bref, la justification du besoin réel d'un réseau FTTH dans les 10 ans à venir n'est absolument pas évidente. Pour l'instant, on nous parle juste de TV HD 3D.

Franchement, faire dépenser massivement de l'argent public pour un truc qui n'a pas prouvé son utilité, c'est NON pour moi!

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en médecine comme les opérations chirurgicales pilotées à distance
Euh, personnellement, je ne prévois pas d'installer une salle d'opération dans mon salon. On parle de FTTH ici. H=Home. Les hopitaux sont déjà massivement reliés en fibre optique. De même que les grosses entreprises, établissement publics, au delà d'une taille critique sont tous connectés en fibre.

Leon.
« Modifié: 11 août 2011 à 07:12:18 par leon_m »

corrector

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Ah, ça trolle! J'aime ça, je continue...

Déjà, le terme "socialisation" me surprend beaucoup.
La fibre permet de faire de la visio en HD. Je crois que c'est de ça qu'il s'agit.

Autrement dit l'obligation d'être coiffé, voir maquillé, pour répondre au téléphone.

Mais pourquoi diable devrait-on inciter la pauvre madame Michu  à rendre son ADSL, alors qu'elle n'a pas besoin de FTTH? Pourquoi vouloir décider à la place des gens ce qui est mieux pour eux?
Parce, utilisatrice non avertie qu'elle est, elle préfère actuellement consacrer une bonne partie de son argent à des activités non numériques comme se nourrir voir économiser pour partir en vacances non virtuelles.

Parce que sans une incitation forte, elle ne se rendra pas compte qu'elle ferait mieux de dépenser plus pour son FAI et en impôts locaux pour subventionner les opérateurs d'infra pour avoir le très très très haut débit pour avoir la télé en hyper haute définition avec 15 angles de vue différents, ce qui lui permettrait de visiter virtuellement les lieux où elle n'a plus les moyens d'aller.

Le FTTH apporte quoi de plus?
La possibilité d'héberger un serveur avec une protection contre le vol de la machine meilleure qu'un data center si on a un chien de garde.

Qui a parlé de troll?

vivien

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Si on regarde rétrospectivement, on remarque que le débit minimum pour surfer de manière aisée sur Internet augmente régulièrement avec le temps. Il semble doubler tous les 3 ans.

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1999 : 40 Kb/s
2002 : 80 Kb/s
2005 : 160 Kb/s
2008 : 320 Kb/s
2011 : 640 Kb/s
2014 : 1,3 Mb/s
2017 : 2,6 Mb/s
2020 : 5,2 Mb/s
2023 : 10,4 Mb/s
2026 : 20,8 Mb/s
2029 : 41,6 Mb/s
2032 : 83,2 Mb/s
2035 : 166,4 Mb/s

En 2011, on peut surfer à partir de 640 Kb/s en dessous c'est presque comme si on n'avait pas Internet.
En 2026, en suivant cette règle, avoir moins de 20 Mb/s signifiera ne pas avoir Internet.

Il est donc nécessaire de commencer à fibrer nos territoires dés aujourd'hui afin de pouvoir offrir à la majorité de la population un débit de 20 Mb/s en 2023 et 166 Mb/s en 2035.

Branco

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Salut, content de voir un peu de réaction.

Le progrès amené par l'électricité était quand même très différent du progrès du passage de l'ADSL (ou réseau câble) au FTTH.
Le progrès du réseau de transport est crucial pour l'évolution. Je vais faire une analogie avec l'empire Romain, le progrès apporté au vieux réseau routier détérioré Gaulois par les ingénieurs Romains a joué un rôle important dans l'expansion économique....mais a aussi favorisé son invasion (l'invasion était un sale virus informatique de l'époque antique). C'est pourquoi favoriser le progrès aujourd'hui en améliorant notre bon vieux réseau routier ADSL vers un réseau fibré sera la clé, après faudra faire attention aux invasions...

"Backbone Gaulois" à l'époque Romaine :

Leon

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Vivien, l'argument des débits ne me convainc pas vraiment. Pourquoi le fait que les débits nécessaires ont augmentés par le passé signifierai qu'ils vont continuer à augmenter dans le futur?

Le progrès peut aussi amener des baisses de débit.

Regarde la TV hertzienne: la TNT consomme moins de bande passante radio, pour plus de chaines et plus de qualité (HD). Et les codecs vidéos utilisés peuvent encore progresser!
 
Encore une fois, qu'est-ce qui nécessiterai plus de débit que la visualisation d'une vidéo HD?

C'est pareil en électricité: les appareils électriques modernes (Lampes, frigos, lave linge...) consomment moins, voire beaucoup moins que les anciens. Les automobiles modernes consomment moins qu'avant pour des prestations équivalenetes.

Leon.

corrector

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Salut, content de voir un peu de réaction.
Le progrès du réseau de transport est crucial pour l'évolution.
Vite, il faut construire plus d'autoroutes.

vivien

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Une fois n'est pas coutume, voici un extrait du journal officiel du jour (17 août 2011) "brut" et au format PDF

Circulaire du 16 août 2011 relative à la mise en œuvre du programme national très haut débit et de la politique d'aménagement numérique du territoire

On y apprends qu'Orange / SFR / Free / Bouygues Telecom ont manifesté l’intention de couvrir au plus tard en 2020, 57 % des ménages. Les intentions d’investissement des opérateurs ont été rendues publiques le 27 avril dernier :


Le département de l'Ain y apparaît dans la catégorie 0 à 20% car le déploiement est financé par le département et non par les opérateurs.

Le Président de la République a fixé l’objectif que la totalité des ménages français disposent d’un accès internet à très haut débit en 2025, et 70 % d’entre eux dès 2020. Le différentiel serait pris en charge par le gouvernement ou les collectivités locales.

Des informations sont mis à disposition sur le site http://www.territoires.gouv.fr/amenagement-numerique