« Grâce à Free, la France a aujourd’hui les prix de l’Internet parmi les moins chers au monde. Nous allons faire la même chose sur le mobile ». Dans une interview au Figaro, Xavier Niel a souligné sa volonté de « décomplexer l’usage de l’Internet mobile » suite à l’attribution de la quatrième licence mobile à Free.Sans surprise, l’Autorité de régulation des télécommunications (Arcep) a annoncé vendredi 18 décembre l’attribution d’une quatrième licence de téléphonie mobile à FreeMobile, 100% filiale d'Iliad et seul candidat après le retrait de Virgin Mobile et de Numericable. Le dossier était sur la table depuis plusieurs années et a connu de nombreux rebondissements.
En 2007, Free avait même été écarté. Il refusait de verser en une seule fois les 619 millions d’euros exigés par l’État, qu’ont déjà payé les opérateurs actuels. Au final, Free ne paiera, en effet, que 240 millions, mais aura trois fois moins de fréquences.
Les dossiers de Free, candidat à la 4e licence mobile, arrivent au siège de l'Arcep, le 28 octobre 2009 à Paris. (source photo : AFP)
Son challenge : respecter le calendrier fixé par l'Arcep en matière de déploiement du réseau. Première étape : Free Mobile dispose de dix huit mois pour couvrir au minimum 25 % de la population avec la téléphonie, la messagerie, l'accès à Internet et un service de transmission de données. Une condition sine qua non pour nouer des accords d'itinérance avec les autres opérateurs lui permettant de proposer ses offres sur tout le territoire et d'attaquer la deuxième étape qui l'oblige à une couverture de 80 % en huit ans.
En revanche, l'accord d'itinérance ne portant que sur de la 2G, cela aura un impact sur la qualité des services et l'expérience utilisateur en terme d'internet mobile. Toutefois Xavier Niel dit que "Là où nous n’aurons pas de couverture 3G, nous louerons celle des autres. Nous avons déjà des opérateurs qui nous proposent des accords d’itinérance pour faire de la 3G. Ce sera un gros chiffre d’affaires pour l’opérateur qui l’obtiendra." et selon les Echos, il faudra faire sans Bouygues Telecom : "Dès que le réseau de Free couvrira 25 % de la population, l'opérateur pourra bénéficier d'un accord d'itinérance, pour atteindre le reste des Français. C'est-à-dire que Free pourra utiliser le réseau d'un des trois opérateurs en place. Pour cela, il faut négocier avec des concurrents… qui ont porté plainte contre Free devant la Commission européenne et le Conseil d'Etat. Un industriel du secteur estime la valeur de ce contrat à 80 millions d'euros la première année, 150 millions la deuxième et 250 millions la troisième. Les opérateurs ont plutôt intérêt à accueillir Free sur leur réseau puisque le nouvel entrant leur rapportera de l'argent et prendra des clients aux trois acteurs en place. Orange, qui héberge les plus gros opérateurs virtuels (MVNO) sur son réseau, semble à priori le mieux armé. Mais SFR ne voudra peut-être pas se faire distancer. Quant à Bouygues Telecom, le plus petit, il est le plus menacé par l'arrivée de Free. Mais historiquement, Martin Bouygues a toujours été contre les MVNO, allant jusqu'à les comparer à des « romanichels ». Pour l'instant, contrairement aux deux autres, Bouygues Telecom refuserait d'entrer en négociations avec Free." Source :
Les Echos 21/12/2009
En termes de débits, Free Mobile indique qu’il déploiera des équipements capables de fournir des débits pics théoriques de 28,8 Mbit/s. Afin de maintenir une qualité de service conforme à ses engagements, Free Mobile se réserve toutefois le droit, en fonction des offres, au-delà d’un certain volume de données téléchargées par mois, de diminuer les débits disponibles à un abonné afin de garantir une qualité optimale de service et d’accès au réseau à tous les utilisateurs.
Quelle part de marché peut espérer Free à moyen terme ? Pour Philippe Torres, directeur des études pour l'Atelier BNP Paribas "Free peut espérer atteindre 10% à l'horizon 2016, c'est deux fois plus que tous les MVNO réunis aujourd'hui. Mais peux-t-on être rentable avec cette part de marché ?"
Selon Numericable, 12.000 antennes seraient nécessaires pour déployer le réseau du 4ème opérateur. Pour la première étape, le nouvel entrant doit trouver 2 000 points hauts pour installer ses antennes relais. D'intenses négociations vont s'engager avec des acteurs comme la SNCF, EDF ou TDF qui disposent d'emplacements.
Free Mobile devrait axer son déploiement d’abord sur les zones rurales avant les zones à forte concentration « C’est plus facile aujourd’hui de déployer dans le Gers qu’à Paris. Dans le Gers, il suffit de mettre quelques antennes, c’est simple. En revanche, à Paris il faut compter des mois pour obtenir les autorisations. Donc nous aurons couvert les zones rurales avant les grandes villes. Et nous ouvrirons avec une couverture nationale »
Le cœur du réseau de Free Mobile s’appuiera sur l’infrastructure d’un équipementier européen. Pour le reste, la décision sera prise dans les trois mois. Sur ce terrain, Jean Bernard Levy, président du Directoire de Vivendi (et donc lié à SFR) reprochait à Free de se tourner vers le marché asiatique, et même "Chinois", pays pourtant modèle selon certains députés : « il me revient que Free envisagerait de n'acheter que du matériel chinois financé par la Banque Nationale d'exportation chinoise. Est-ce bien opportun au moment où Alcatel rencontre tant de difficultés ? ».
Free Mobile s’appuiera sur l’accès au Wi-Fi communautaire du groupe Iliad pour proposer à ses abonnés équipés d’appareils compatibles une couverture complèmentaire pour les flux de données.
Grande nouveauté, chacune des offres sera proposée sans engagement pour les abonnés qui souhaitent une carte SIM seule. Pour les autres, une gamme de téléphones sera disponible à prix coutant et l’abonné pourra étaler l'achat de son téléphone sur plusieurs mois. Le PDG de Virgin Mobile, Geoffroy Roux de Bézieux, qui avait un temps envisager de se porter candidat à la 4ème licence 3G, s'en étonne : "La seule surprise que j'ai eue, ce sont les offres sans subvention", Free décidant de ne pas payer une partie du téléphone du client, contrairement aux autres opérateurs, a indiqué M. Roux de Bézieux. "C'est une erreur", selon lui. Certes, ne pas subventionner les terminaux fera économiser de l'argent à Free. "La subvention moyenne d'un téléphone coûte 250 euros, donc pour acquérir 5 millions de clients, cela coûte 1,25 milliard d'euros", a souligné le patron de Virgin Mobile. Mais les offres sans subvention que propose déjà Virgin ne représentent que "10-15% des ventes". "Si Free se contente des offres sans subvention, le potentiel sera forcèment plus faible" et "ça ne va pas être la révolution que tout le monde attend".
L’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) met en garde notamment contre trois dispositions décidées par l’opérateur mais susceptibles d’évoluer : le paiement initial, lors de la souscription, acquitté obligatoirement par prélèvement automatique ; la constitution d’une avance sur facturation, en cas notamment d’une forte augmentation des consommations et services en cours excédant 50 euros au-dessus du montant des redevances périodiques (pour éviter les factures très supérieures à la normale), et la délivrance d’une facture seulement sous format électronique.