https://plus.lesoir.be/386562/article/2021-07-29/unifiber-le-coup-daccelerateur-au-deploiement-de-la-fibre-en-wallonieUnifiber, le coup d’accélérateur au déploiement de la fibre en Wallonie
La co-entreprise entre Proximus et Eurofiber a reçu le feu vert des autorités européennes. Les premiers déploiements auront lieu à Waterloo et Morlanwelz. Objectif ? Relier 500.000 foyers wallons d’ici à 2028.
Philippe Lemmens (à gauche) et Nico Weymaere, respectivement administrateur et CEO de la nouvelle société télécom wallonne Unifiber.
Le 29/07/2021 à 06:00
Le déploiement de la fibre optique en Wallonie va connaître un coup d’accélérateur dans les mois qui viennent. La co-entreprise que Proximus veut créer au sud du pays avec Eurofiber pour l’aider à atteindre son objectif principal – connecter 70 % des foyers (4,2 millions) au réseau ultra-rapide pour 2028 – vient de recevoir le feu vert des autorités de la concurrence européenne. Rien ne s’oppose plus désormais au lancement de cette société dont le petit nom est connu : Unifiber.
« Notre ambition est de relier 500.000 foyers d’ici à 2028, dévoile au « Soir » Philippe Lemmens, administrateur d’Unifiber. On commencera par 30.000 en 2022. Puis 50.000 en 2023. Et ensuite, on passera à un rythme de 100.000 par an. On va se concentrer essentiellement sur les zones à densité de population moyenne situées le long de la dorsale wallonne et dans le Brabant wallon. Il ne s’agira pas que des foyers mais aussi des commerces, des PME, des administrations, des écoles… ». Coût du projet ? 800 millions d’euros. « Cet investissement est totalement sécurisé, insiste Nico Weymaere, CEO d’Unifiber. On ne doit solliciter l’aide de personne. Par contre, on aura besoin du support des communes pour obtenir les permis… ». Pour rappel, la fibre permet de bénéficier d’un accès à internet ultra-rapide et ce dans les deux sens (download et upload). Elle permet de (télé)travailler (vidéoconférences), surfer, regarder des vidéos en streaming et jouer en ligne simultanément, sans latence (délai de réaction) ni perte de qualité.
Deux partenariats
Ce déploiement se fera en parallèle avec celui que Proximus réalise déjà pour son propre compte. Pour atteindre ses objectifs ambitieux, l’entreprise a en effet choisi d’y aller seule pour les zones les plus densément peuplées du pays – les grandes villes, qui coûtent le moins cher à couvrir – et de faire appel à des partenaires industriels auxquels elle s’associe via des co-entreprises (50/50) pour les zones à densité moyenne. En Wallonie, ce partenaire est Eurofiber, un acteur télécom belge majeur sur le marché des entreprises qui exploite déjà plus de 38.000 kilomètres de fibre aux Pays-Bas, en Belgique, en France, en Allemagne et qui cherche aujourd’hui à se développer sur le marché du « Fiber to the home » (FTTH), c’est-à-dire la fibre jusqu’au domicile. En Flandre, il s’agit de Delta fiber, une entreprise néerlandaise. A Bruxelles, Proximus opère seul.
Les premiers travaux d’Unifiber débuteront dès la mi-août. L’entreprise a sélectionné Waterloo pour réaliser son « proof of concept » (démonstration de faisabilité) sur 7.500 habitats (sur un total de 17.000). Début 2022, le premier déploiement complet devrait avoir lieu dans la commune de Morlanwelz. Jodoigne et le restant de Waterloo devraient suivre. Pour le reste, le planning est encore flou. « Nous avons des contacts avec une vingtaine de communes, explique Philippe Lemmens, mais il fallait attendre l’officialisation de la création de la société pour pouvoir avancer dans ces contacts de manière plus formelle ». Unifiber s’engage à offrir un taux de couverture élevé aux communes – entre 90 et 95 % – mais pas total. « Il y a toujours des fermes ou des habitations isolées qu’on ne pourra pas relier », soulignent les responsables de l’entreprise.
Plusieurs centaines d’emplois créés
La nouvelle société aura son siège à Waterloo. Une trentaine d’emplois directs y seront créés pour la planification, la gestion des interactions avec les communes, les sous-traitants… Mais le gros de l’emploi – plusieurs centaines de postes selon Unifiber – sera généré chez les cinq sous-traitants qui seront chargés de déployer en parallèle le réseau sur le terrain. Ce déploiement se fera essentiellement de manière aérienne, c’est-à-dire en faisant courir le fil le long des façades des habitations et via les poteaux électriques – Unifiber a conclu un accord avec le gestionnaire de réseau d’électricité Ores. Des ouvertures de trottoirs seront néanmoins parfois nécessaires. Des cabines techniques devront aussi être installées.
Même si la société appartient à 50 % à Proximus, Unifiber se veut autonome et indépendante. Son infrastructure sera ouverte à tous les opérateurs télécoms qui souhaitent fournir leurs services aux particuliers. Proximus bien sûr mais aussi les autres. « Plus il y aura d’opérateurs qui utiliseront notre réseau, mieux ce sera pour le consommateur et pour Unifiber », insiste Nico Weymaere.
Quid des zones rurales, faiblement peuplées et donc trop peu rentables ? « Nous n’avons pas de plans actuellement, explique Philippe Lemmens. Pour pouvoir les couvrir, il faudra nécessairement une alliance entre le public et le privé. On verra quelles initiatives seront prises par les pouvoirs publics mais nous sommes intéressés à aller au-delà de ce qui est déjà prévu ».