Auteur Sujet: Orange veut collaborer avec la concurrence pour déployer son réseau  (Lu 936 fois)

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Orange voudrait déployer un réseau commun avec la concurrence pour diminuer ses coûts. De quoi faire baisser les prix pour le consommateur? Le régulateur n'est pas convaincu.

Il y a une semaine, Orange annonçait fièrement ses ambitions pour l'avenir. Avec désormais VOO dans son portefeuille, Orange s'est fixé quelques objectifs, comme celui de déployer un réseau 1Gb pour 95% des Belges.

L'opérateur restait toutefois plutôt discret sur les moyens qui seront mis en place pour atteindre ses ambitions. Par discrétion, mais aussi parce que la question n'est pas encore tout à fait réglée. Orange aimerait largement faire diminuer la facture finale du déploiement de son réseau de fibre optique. Pour cela, l'opérateur aimerait que la régulation qui encadre l'installation du réseau fixe évolue.

En permettant aux opérateurs de partager leur réseau passif, de sérieuses économies d'échelle pourraient être générées. "Ce n'est de toute façon pas sur l'infrastructure qu'on se différencie. Cela n'a donc pas de sens qu'on déploie tous notre propre réseau passif", estime Xavier Pichon, le CEO d'Orange Belgique.

Des économies et moins de nuisances
Sur papier, l'idée semble plutôt alléchante et efficace. "Un seul réseau passif permettrait d'effectuer d'importantes économies qui pourraient être traduites dans les offres. Mais cela a aussi un intérêt écologique. Nous pourrions assurer un déploiement de la fibre bien plus rapide et en réduisant les nuisances pour le grand public. Chaque opérateur ne devrait pas ouvrir le trottoir pour installer son propre réseau. Au final donc, tout le monde est gagnant", avance le patron.

En pratique, ce genre de partenariat est déjà possible. Les opérateurs peuvent louer le réseau d'autres opérateurs. Mais, selon Orange, la réglementation est bien trop stricte et peu attrayante pour le locataire. "Aujourd'hui, il n'a pas assez de liberté, le prix est trop élevé et l'offre est trop dépendante de l'opérateur loueur. Il peut, par exemple, décider de la vitesse de connexion proposée", estime le patron d'Orange.

"La faible attractivité actuelle se constate d'ailleurs clairement. Le seul opérateur significatif qui avait décidé de faire appel à ce système était Edpnet (qui louait le réseau de Proximus, NDLR). Il vient tout juste de faire faillite. En l'état, le système n'est donc pas assez intéressant", explique le CEO.

Pour plus de flexibilité
"Pour résumé, on pourrait dire qu'actuellement on nous propose uniquement de louer un appartement meublé, qui ne nous intéresse pas, car inadapté à ce qu'on veut en faire. Ce qu'on aimerait, ce serait plutôt de le louer sans les meubles et choisir la couleur des murs", résume Paul-Marie Dessart, secrétaire général d'Orange Belgique.

Et quitte à s'attaquer à la régulation, Orange aimerait aussi un peu plus de flexibilité du côté du déploiement même. Il se verrait bien construire, dès le début, un réseau avec les autres acteurs du marché. "Cela se fait déjà ailleurs", avance le patron.

Il n'est d'ailleurs pas le seul acteur du marché à être en faveur de collaborations. "Je ne vais certainement pas me faire le porte-voix de mes concurrents, mais c'est une position qui est assez logique et intéressante pour tout le monde", explique le patron d'Orange. Guillaume Boutin, le patron de Proximus, a déjà d'ailleurs fait part de son intérêt pour ce genre de coopération.

L'IBPT pas convaincue
La balle est donc dans le camp de l'IBPT, le régulateur du marché, qui rappelle toutefois que chaque collaboration doit être validée par l'autorité de la concurrence, qui reste l'autorité compétente pour valider chaque collaboration.

Le régulateur planche sur la question depuis un moment. Il est toutefois bien moins enthousiaste. "On estime que la concurrence sur les infrastructures, que l’on a toujours connue en Belgique, garde son intérêt", lance d'emblée Axel Desmedt, membre du conseil de direction de l'IBPT.

Ce dernier doute d'ailleurs de certains arguments avancés par les opérateurs. Notamment sur la question de la rapidité du déploiement. "Si un accord permet de ne déployer qu'un seul réseau, ce sera le retour vers le monopole. Dans les zones où un déploiement compétitif de la fibre est actuellement prévu il n'y aura plus la pression de la concurrence. Rien ne les poussera à se presser.  C’est pourtant la qualité du réseau câble (la technologie utilisée par VOO et Telenet, NDLR) qui a poussé Proximus à enfin investir dans la fibre", avance-t-il.

L'impact direct sur les prix pour le consommateur serait également à relativiser. "C'est l'argument phare des opérateurs. Mais il n'y a pas de causalité inéluctable entre le coût de l'investissement et les prix payés par les consommateurs. À l'heure actuelle, les opérateurs auraient d'ailleurs les moyens de réduire leur marge et diminuer les prix. Pourtant, ils ne le font pas. Effectivement, à court terme, cela serait plus simple pour les opérateurs. Mais comme ils aiment le rappeler, les investissements se font pour quarante ans. Il faut donc aussi voir son retour sur investissement sur le plus long terme."

Sur ce point chez Orange, on préfère reporter la faute ailleurs. "Regardez les niveaux d'ebitda et vous verrez que ce n'est pas de nous que parle l'IBPT", explique le secrétaire général d'Orange Belgique.

Une étude pour voir où des collaborations seraient utiles
Le régulateur ne ferme pas pour autant la porte à un système de co-investissement. "Dans certaines zones moins denses, le co-investissement sera possible et même nécessaire, dans l’intérêt d’un déploiement complet de la fibre. Mais la concurrence des réseaux reste parfaitement envisageable dans d’autres zones. Un accord entre concurrents dans ce contexte sera soumis aux règles de concurrence."

Afin d'y voir plus clair, une étude est en cours pour pointer les différentes zones qui pourraient éventuellement nécessiter la mise en place d'une collaboration entre les opérateurs.


Source : L'Echo Arnaud Martin 16/6/2023

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Orange veut collaborer avec la concurrence pour déployer son réseau
« Réponse #1 le: 16 juin 2023 à 10:45:18 »
A priori, Orange voudrait faire du co-financement comme en France. Et donc de la mutualisation. Je pense que c'est intelligent, et que cela permet effectivement de diminuer à la fin le coût des abonnements pour les abonnés. J'ai du mal à comprendre les réticences (sauf à ce que Proximus veuille conserver sa position dominante). l'IBTP en Belgique ne m'a pas semblé avoir pris les bonnes décisions dans le passé pour une saine concurrence, au bénéfice des abonnés. Déployer plusieurs réseaux fibre, au coût que cela a, se répercute finalement sur l'abonné final.

La concurrence se fait en fait sur l'actif, différent pour chaque opérateur, qui peut choisir ses solutions propres, et se démarquer de ses concurrents (GPON, XGS-PON, 10G-EPON...).