Sinon, le site Selectra a des informations plus complètes sur les problèmes de tension actuels en Espagne. Ils seraient liés à des changements brusques de puissance injectée sur le réseau par des sites EnR.
Alerte sur le réseau espagnol : l'opérateur admet "risque imminent de blackout" lié aux renouvelables
Par Matias Perea - Analyste Énergie - Publié le 09/10/2025
Alerte maximale sur le réseau électrique espagnol. Cinq mois à peine après le black-out historique d'avril, Red Eléctrica (REE), le gestionnaire du réseau, reconnaît officiellement que l'Espagne fait face à un "risque imminent" de nouvelle panne et le lie directement à l'impact des énergies renouvelables. Dans une communication d'urgence, l'opérateur a admis observer des "variations brusques de tension" et a demandé des réformes urgentes au régulateur.
Un aveu officiel qui contredit les démentis
La nouvelle est tombée via un document publié en par la Commission Nationale des Marchés et de la Concurrence (CNMC), le régulateur espagnol. Dans ce texte, la CNMC révèle avoir reçu une demande de Red Eléctrica pour modifier en urgence quatre protocoles de gestion du réseau. La raison invoquée est sans équivoque :
L'opérateur du système met en évidence l'observation, au cours des deux dernières semaines, de variations brusques de tension sur le système électrique péninsulaire espagnol, telles qu'elles peuvent avoir un impact sur la sécurité de l'approvisionnement si les changements proposés ne sont pas mis en œuvre.
Cet aveu officiel contredit frontalement la position de l'opérateur. Interrogé par la presse 48 heures plus tôt sur ces mêmes anomalies, Red Eléctrica avait formellement nié tout incident.
Les énergies renouvelables au cœur de l'instabilité ?
Pour la première fois, Red Eléctrica pointe explicitement du doigt l'impact de l'intégration des énergies renouvelables sur la stabilité du réseau. L'opérateur lie les "variations brusques de tension" aux "changements brusques de programme, en particulier, de la génération renouvelable".
Jusqu'à présent, la direction de REE avait toujours soutenu que sa gestion des renouvelables n'était pas en cause dans le black-out d'avril. Cette demande urgente à la CNMC prouve que les protocoles actuels, dont certains datent de plus de 20 ans, ne sont plus adaptés pour gérer la variabilité du solaire et de l'éolien, notamment dans les régions où ils sont très concentrés.
Des mesures d'urgence qui ne suffisent plus
Cette alerte survient alors même que le réseau est opéré en "mode renforcé" depuis la panne d'avril, un "bouclier anti-blackout" qui consiste à brûler plus de gaz et à limiter la part des renouvelables pour assurer la stabilité. Le fait que des anomalies graves apparaissent malgré ces mesures prouve la profondeur du problème.
D'ailleurs, le 1er octobre, Red Eléctrica avait déjà ordonné discrètement aux producteurs solaires et éoliens de ralentir drastiquement leurs "rampes de puissance" (le temps pour passer de 0 à 100% de production), les faisant passer de 2 à 15 minutes. Une manœuvre technique pour "gagner du temps" et mieux contrôler les fluctuations.
Face à la gravité de la situation, la CNMC a lancé une consultation publique express de seulement cinq jours pour valider les nouvelles réformes demandées.
Une sécurité qui a un prix : la facture d'électricité va encore augmenter
Cette course à la stabilité aura un coût direct pour les consommateurs. La CNMC l'admet elle-même avec inquiétude dans son document, soulignant que les mesures demandées pourraient avoir un "impact significatif", entraîner une "réduction de l'offre" et "un accroissement du coût supporté par la demande".
En d'autres termes, pour éviter un nouveau black-out, l'Espagne va devoir accepter une électricité plus chère, en s'appuyant davantage sur les centrales à gaz et en complexifiant la gestion du réseau.
Le régulateur précise que ces nouvelles règles auraient un "caractère temporaire". Mais face à un risque qui semble structurel, la crainte est que ce "temporaire" ne dure, pesant durablement sur la facture des ménages et des entreprises espagnoles.
https://selectra.info/energie/actualites/marche/reseau-espagnol-risque-imminent-blackout-renouvelablesJe rappelle que des conversations enregistrées entre techniciens de l'opérateur du réseau espagnol avant le blackout, citait le niveau des prix sur le marché comme cause des variations de production des centrales EnR. En effet, grâce en particulier à l'électronique de puissance qu'elles utilisent, elles peuvent faire varier la puissance qu'elles fournissent en quelques secondes, sans que cela leur coûte grand chose, contrairement aux centrales pilotables, où un arrêt est complexe et coûteux. Quand les prix spot sont négatifs, elles n'ont évidemment pas intérêt de produire, c'est à dire de payer pour écouler leur production.
D'où donc, d'après ce que dit Selectra, l'obligation qui leur a été imposée de faire varier leur puissance injectée sur un quart d'heure, et pas en 2 minutes, pour laisser le temps à l'opérateur du réseau espagnol de s’adapter.
P.S : Voici le lien sur le courrier envoyé par le régulateur du réseau REE à la Commission Nationale du Marché et de la Concurrence (CNMC), pour adopter de nouvelles règles de régulation des variations de tension (en espagnol) :
https://www.cnmc.es/sites/default/files/editor_contenidos/Energia/Consulta%20Publica/1_DCOOR_DE_008_25_Resolucion%20.pdfAvec p3 (Google Traduction) :
Deuxièmement. Résumé des modifications proposées par le gestionnaire de réseau
Le gestionnaire de réseau demande les modifications détaillées ci-dessous, qui visent à atténuer les variations brutales de tension. Il associe ces variations aux changements soudains de programme, notamment dans la production d'énergie renouvelable, ainsi qu'au temps de réponse du système de production assurant le contrôle dynamique de la tension.