Auteur Sujet: Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025  (Lu 25417 fois)

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vivien

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #108 le: 01 mai 2025 à 18:31:09 »
Oui, c'est étonnant de ne pas communiquer sur les hypothèses les plus crédibles.

C'est peu crédible que 3 jours après qu'un réseau moderne avec de nombreux outils de surveillance, on ne connaisse pas le scénario le plus probable du blackout.

Pour moi, il faut un retour pour l'Espagne, mais aussi comprendre comment le Portugal a été entraîné dans le blackout alors qu'il y a normalement le nécessaire pour que cela ne soit pas le cas (coupure des interconnexions et délestage immédiat de la capacité importée associée le temps de mettre en service des moyens de productions supplémentaires).

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #109 le: 01 mai 2025 à 18:41:22 »
C'est vrai que le fait que le Portugal soit tombé ensemble avec l'Espagne c'est assez bizarre et pas normal. Car si on regarde de notre côté, on a bien fait le nécessaire pour ne pas être impacter. Il y'a juste quelques minutes de coupure au pays basque français , le temps qu'on coupe la interconnexion avec l'Espagne.


vivien

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #110 le: 01 mai 2025 à 18:50:48 »
Il y'a juste quelques minutes de coupure au pays basque français , le temps qu'on coupe la interconnexion avec l'Espagne.
Je pense que la coupure pays basque correspond au delestage suite à la coupure de l'interconnexion.

Quand la France coupe 778 MW d'importation Espagnol + la tranche nucléaire qui s'est arrêté automatiquement, il est impératif de délester 1,4 GW, le temps de démarrer en urgence de nouveaux moyens de productions (probablement des barrages hydroélectriques qui sont en mesure de produire rapidement, peut-être également des centrales avec des énergies fossiles). Il serait intéressant de pouvoir réactiver des sources solaires, elles étaient disponibles, elles peuvent se synchroniser rapidement avec le réseau, mais il faut que cela soit possible de passer l'ordre.

Ce qui nécessite une explication coté RTE, c'est pourquoi on a eu une centrale qui s'est arrêtée et qu'on n'a pas réussi à éviter ce phénomène extrêmement dangereux pour le réseau : les mécanismes de sécurité doivent être plus réactifs coté interconnexion que coté producteur, un peu comme les différentiels qui peuvent être à retardement pour laisser le différentiel du circuit fautif se déclencher et ne pas tout couper.

alain_p

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #111 le: 01 mai 2025 à 18:52:24 »
Il y a des précisions intéressantes dans un article du site Grand Continent. Il y aurait donc eu deux incidents à une seconde et demie d'intervalles, le premier concernant probablement une centrale PV, mais qui a pu être maîtrisé, le 2eme entrainant l'écroulement du réseau car la fréquence aurait chuté à 49 Hz.

Citer
Black-out : que s’est-il passé en Espagne ? 7 points sur les causes de la méga-coupure


María Tadeo - 30 avril 2025

...
Selon Eduardo Prieto, directeur des opérations de Red Eléctrica, deux incidents successifs pourraient avoir causé la panne survenue lundi.

En seulement cinq secondes à 12h33, 60 % de la production d’électricité a disparu, vraisemblablement à cause de déconnexions de centrales électriques. Le premier incident, localisé dans le sud-ouest du pays — « très probablement dans une centrale photovoltaïque » — a pu être maîtrisé.

Mais une seconde et demie plus tard, un second événement a entraîné une grave déstabilisation du système : de fortes oscillations ont provoqué, en l’espace de trois secondes et demie, la déconnexion des interconnexions avec les pays voisins, l’isolement du réseau électrique péninsulaire par rapport au système européen, ainsi que la perte de volumes importants de production renouvelable. Selon Prieto, « le système n’a pas été capable de survivre à cette perturbation extrême ».

Aurora Energy Research note que la fréquence du réseau électrique espagnol a soudainement chuté à 12h33, passant de 50 hertz à 49 hertz, une baisse massive qui oblige les centrales électriques à s’éteindre automatiquement pour des raisons de sécurité.

...
5 — La piste d’un incident lié à la production d’énergie renouvelable est-elle plausible ?

L’Espagne s’est fortement engagée en faveur des énergies renouvelables. Les capacités installées ont presque doublées au cours des cinq dernières années : en 2024, les énergies renouvelables ont atteint 56 % du mix énergétique et le pays s’est fixé comme objectif d’atteindre 81 % d’ici 2030 — une cible bien plus ambitieuse que celle fixée au niveau européen (45 %).

Le 16 avril, pour la première fois, les sources d’énergie renouvelables ont couvert l’intégralité de la demande d’électricité, l’énergie éolienne assurant 45,6 % de la production totale, suivie par le photovoltaïque (27 %), l’hydroélectrique (23,1 %) et le solaire thermique (2 %).

Le 21 avril à 13h35, le solaire photovoltaïque a atteint un nouveau record, couvrant à lui seul 61,5 % du mix énergétique. Au moment de la panne d’électricité, le renouvelable assurait autour de 78 % du mix énergétique — dont autour de 60 % par le photovoltaïque.

Si plusieurs voix ont émis l’hypothèse qu’une hausse de la disponibilité des énergies renouvelables aurait surchargé le réseau, la directrice de Red Eléctrica, Beatriz Corredor, a insisté mercredi, 30 avril, sur le fait que celles-ci n’étaient pas en cause : « relier un incident aussi grave à la pénétration des énergies renouvelables n’est pas correct. »

S’il est vrai que les variations horaires et saisonnières de la production d’électricité renouvelable rendent le réseau plus difficile à gérer, surtout en l’absence de stockage ou d’interconnexions, rien n’indique donc pour l’heure que la défaillance à l’origine de la panne ait été causée par l’utilisation d’énergies renouvelables.
...


https://legrandcontinent.eu/fr/2025/04/30/black-out-que-sest-il-passe-en-espagne-7-points-sur-les-causes-de-la-mega-coupure/

alain_p

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #112 le: 01 mai 2025 à 19:03:30 »
C'est vrai que le fait que le Portugal soit tombé ensemble avec l'Espagne c'est assez bizarre et pas normal. Car si on regarde de notre côté, on a bien fait le nécessaire pour ne pas être impacter. Il y'a juste quelques minutes de coupure au pays basque français , le temps qu'on coupe la interconnexion avec l'Espagne.

Il faut quand même voir que le Portugal est très isolé au bout de la péninsule ibérique, et n'a pas les lignes THT avec le reste de l'Europe qui lui auraient permis d'amortir la perte des importations espagnoles (quand même 30% de sa consommation à ce moment là d'après ce que j'ai lu).

L'Espagne aussi est relativement isolée et n'a d'interconnexions avec le reste de l'Europe que par la France. Bon, il y a aussi des interconnexions avec le Maroc, qui ont joué un rôle pour permettre au sud de l'Espagne de retrouver plus vite de l’Électricité.

La France est bien mieux lotie, donc protégée à ce point de vue. Elle est au centre de l'Europe de l'Ouest, et a des interconnexions avec l'Espagne, l'Italie, la Suisse, l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, et l'Angleterre. Ce qui donne pas mal de possibilités...

pju91

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #113 le: 01 mai 2025 à 19:18:22 »
J'ai peut-être lu un peu vite ce fil intéressant, mais je n'ai pas lu ici les conséquences de la "modulation de puissance" des réacteurs nucléaires, appelée je crois de manière plus officielle "suivi de charge".
Certes, c'est pratique pour compenser une production élevée d'ENR lorsque les conditions sont favorables, mais ça présente au moins deux inconvénients :
- compte tenu des coûts fixes très élevés des réacteurs nucléaires (investissement initial et maintenance), diminuer la production ne permet plus de la vendre de manière optimale
- sur les centrales anciennes dont on dispose, les conséquences sur les équipements mécaniques complexes autour du réacteur sont encore mal connues et pourrait "fatiguer" et fragiliser l'ensemble.

voir par exemple le rapport du Sénat qui évoque ces sujets.

Leon

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #114 le: 01 mai 2025 à 19:42:37 »
L'hypothèse selon laquelle l'incident Espagnol aurait été causé par une surprod de PV ou un manque de moyens de prod conventionnels tient chaque jour un peu moins la route, de mon point de vue.
Ah?
Tu peux étayer, développer cet avis, svp?
La majorité des articles apparemment sérieux qu'on lit parlent de la faible proportion de producteurs pilotables au moment de l'incident, et du manque d'inertie (machines tournantes), ce qui serait les causes principales du manque de robustesse du réseau Espagnol, face à des événements brutaux ou imprévus.

Leon.

alain_p

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #115 le: 01 mai 2025 à 20:30:09 »
Effectivement, dans une centrale photovoltaïque, il n'y a pas d'alternateurs qui tournent à une certaine vitesse (dépendant du nombre de pôles), pour générer du courant alternatif, et assurant grâce à cette rotation et à la masse de l'ensemble une inertie pour ne pas dévier des 50 Hz.

Les panneaux solaires fournissent du courant continu, qui doit être transformé en alternatif par des onduleurs. D'après le site ci-dessous, il y en a deux types, les onduleurs centraux, les plus répandus, et les micro-onduleurs. Si un onduleur central tombe en panne, c'est toute la production de la centrale qui disparait.

Cela ne fournit aucune inertie au réseau. Or, la fréquences lors du 2eme incident est tombée à 49 Hz. Les mécanismes de sécurité découplent automatiquement dans ce cas la centrale du réseau.

La transformation du courant continu en courant alternatif utilisable

Le courant continu généré par les panneaux solaires n’est pas directement utilisable car la plupart des équipements électriques nécessitent du courant alternatif. C’est là qu’intervient l’onduleur, un appareil essentiel dans le système solaire photovoltaïque. L’onduleur a pour rôle de convertir le courant continu en courant alternatif, rendant ainsi l’électricité produite par les panneaux solaires utilisable.

Il existe deux grandes catégories d’onduleurs :

    - L’onduleur central : c’est le modèle le plus répandu. Il convertit l’énergie produite par l’ensemble des panneaux solaires d’une installation en une seule sortie. Son avantage est qu’il est moins coûteux et plus facile à entretenir. Cependant, en cas de panne de l’onduleur central, toute la production électrique de l’installation s’arrête.
   
    - Les micro-onduleurs : chaque panneau solaire est équipé d’un micro-onduleur et fonctionne de manière indépendante des autres. Cette configuration permet d’optimiser l’efficacité du système, car les panneaux peuvent être orientés différemment en fonction des conditions d’ensoleillement. En cas de panne d’un micro-onduleur, les autres continuent à fonctionner normalement. Les micro-onduleurs offrent des avantages intéressants, mais ils sont plus coûteux et nécessitent une maintenance et un remplacement plus complexes.


https://techniquesolaire.com/solaire-photovoltaique/fonctionnement-panneaux-solaires-photovoltaiques/

alain_p

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #116 le: 01 mai 2025 à 22:19:55 »
Il y a un autre contexte particulier qui peut être douloureux concernant l'énergie solaire. En 2007, le gouvernement avait promis des subventions et un tarif d'achat très avantageux pour les petits producteurs d'électricité photovoltaïque. Beaucoup de particuliers s'étaient lancé dans cet investissement qui semblait prometteur. Sauf que cela a marché trop bien et coûtait trop cher à l'état, jusqu'à 26 milliards d'euros par an, et que ce subventionnement a été arrêté en 2014. Le résultat, cela a été la ruine de milliers de petits propriétaires, qui s'en souviennent certainement. Et expliquer aussi que le sujet soit sensible.

Autre conséquence, en Espagne, il y a de nombreuses installations de moins de 1 MW, qui ne sont pas monitorées. Mais leur accumulation eut conduire à des puissances conséquentes. Et peut-être conduire à une surproduction ?

Voir cet article des Echos de 2014 :

Citer
Les sacrifiés de la bulle verte espagnole.

Par Gaëlle Lucas - Publié le 12 mai 2014 à 01:01

L'Espagne a massivement subventionné les énergies vertes pour accompagner leur essor dans les années 2000. Trop tôt, et trop vite... Elle fait aujourd'hui marche arrière, fragilisant des milliers de petits producteurs au bord de la ruine.

C'est l'histoire d'une erreur qui coûte cher... En 2007, Julian Rodriguez a placé toutes ses économies dans un parc de panneaux solaires. Il s'étend sur 10 hectares de terre brune à la périphérie de Villanueva de los Infantes, en Castille-La Manche, région parsemée de moulins à vent plus que centenaires. Julian Rodriguez espérait faire fructifier son argent et profiter ainsi d'une retraite confortable. Aujourd'hui, il s'en mord les doigts : après une série de changements législatifs, il est au bord de la ruine, comme des milliers de petits investisseurs espagnols.

La conséquence directe des nouvelles règles adoptées en Espagne, pour diminuer le soutien aux énergies renouvelables, et progressivement résorber le « déficit énergétique » qui mettait en péril le système électrique espagnol tout entier. Comme ailleurs en Europe, les pouvoirs publics ont d'abord largement subventionné les énergies vertes -50 milliards d'euros ont été dépensés depuis 1998 pour favoriser le développement de ces filières -, sans imaginer que ce soutien volontariste finirait par creuser un tel écart entre le prix régulé de l'électricité et son coût de production : à 26 milliards d'euros, le gap était devenu proprement ingérable, et appelait des décisions radicales. « Ce n'est pas la promotion des énergies renouvelables qui a été une erreur, mais la façon dont elle a été menée : un vrai fiasco », déplore un expert du secteur.

Pour comprendre comment on en est arrivé là, il faut revenir sept ans en arrière. Début 2007, l'Espagne baigne dans l'euphorie, sa croissance semble éternelle, la consommation d'énergie ne cesse d'augmenter alors que le pays dépend fortement des importations de combustibles, les banques disposent de liquidités en abondance et le crédit coule à flots... En outre, le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero affiche sa volonté de préserver l'environnement - le genre de préoccupation qui ne résistera pas à l'effondrement du mirage espagnol. Toutes les conditions sont donc réunies pour que l'Espagne devienne l'eldorado des renouvelables et s'en donne les moyens... au risque de provoquer une véritable bulle.

Un régime très généreux

« Nous avons voulu créer un cadre légal attractif pour favoriser l'investissement privé, et respecter nos engagements auprès de l'Union européenne en matière de renouvelable », justifie Jaume Margarit, responsable, à l'époque, des énergies vertes à l'institut chargé de la politique énergétique espagnole, et aujourd'hui président de l'Association des producteurs d'énergies renouvelables (Appa). C'est ainsi qu'en 2007, un décret complétant une législation datant de la fin des années 1990 instaure un régime de primes et de tarifs régulés très généreux pour les énergies vertes, et notamment pour le solaire. L'exécutif veut alors atteindre 400 mégawatts (MW) dans le photovoltaïque et 500 dans le solaire thermique, technologies, à l'époque, encore balbutiantes et non rentables. L'engouement est tel qu'il se retrouve vite débordé : dès 2008, la puissance installée dans le seul photovoltaïque est déjà de 3.400 MW ! En 2009, les primes sont six fois plus élevées qu'en 2006. « On aurait dû circonscrire les subventions dans les limites des objectifs visés mais cela n'a pas été fait », regrette José Donoso, président de l'Union espagnole photovoltaïque (Unef). « Il aurait fallu procéder par appel d'offres afin de mieux contrôler la puissance installée... Au lieu de quoi, il suffisait à l'époque de demander une autorisation administrative pour monter un projet », dénonce un expert du secteur.

Le filon est alors exploité de mille manières : certains obtiennent les licences pour les revendre au prix fort, d'autres se spécialisent dans le développement de projets... Grâce à ce boom, 32 % de la demande électrique était déjà couverte par du renouvelable en 2012. Mais ce développement a eu un coût largement supérieur à ce qu'il serait aujourd'hui, compte tenu des gains de compétitivité des technologies vertes. « Nous avons payé au reste du monde la courbe d'apprentissage », analysait récemment Alberto Nadal, secrétaire d'Etat à l'Energie dans « El Pais ».

Gagné par l'euphorie ambiante, Julian Rodriguez décide en 2007 de tenter sa chance. Ironie du sort, ce petit-fils et fils d'électriciens, lui-même patron d'une PME spécialisée dans l'implantation d'installations électriques et notamment renouvelables, va se jeter dans la gueule du loup les yeux fermés... et entraîne avec lui, parents, amis, et même clients. « Je travaillais dans le secteur, je me suis dit que l'investissement était sûr puisqu'il était garanti par la loi. J'ai voulu partager cette opportunité avec mes proches. Certains pensent que je les ai bernés », regrette-t-il aujourd'hui.

Flanqué de vingt acolytes, pharmacien, maîtres d'école, retraités... Julian Rodriguez a donc monté un projet de parc photovoltaïque, comme 55.000 autres petits investisseurs, d'après les associations du secteur. Alors qu'ils avaient réuni un capital de 1 million d'euros - toutes leurs économies -, la petite caisse d'épargne locale, Global Caja, les incite à voir grand et à s'endetter pour installer 1,6 MW, pour un montant de 15 millions d'euros, qu'elle propose de financer à 80 %. Le projet démarre en 2008.

Deux ans plus tard, les premières coupes dans les primes accordées en 2007 sont décidées. A partir de là, les dirigeants politiques successifs n'auront de cesse de rendre moins coûteux le système d'origine : baisse du nombre d'heures subventionnées, suppression des primes pour les nouvelles installations, impôts sur la production... Une dizaine de changements législatifs rognent petit à petit la rentabilité des installations.

La dernière réforme a été annoncée il y a quelques semaines. Après avoir supprimé les primes à la production des énergies vertes en juillet dernier, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy veut qu'elles soient vendues aux prix du marché. En contrepartie, l'Etat leur garantit une « rentabilité raisonnable » calculée sur l'investissement initial, dépendant du type de technologie et de sa date de mise en service. Le texte en question supprime toute aide publique aux parcs éoliens antérieurs à 2004. Les leaders du secteur, comme Acciona et Iberdrola, sont particulièrement pénalisés. Les associations du renouvelable estiment que les réformes engagées depuis 2011 entraîneront cette année un manque à gagner de 3,4 milliards d'euros pour le secteur.

Dès 2010, les producteurs ont déposé des recours, mais le Tribunal suprême, saisi sur l'une des réformes, a récemment estimé qu'elle ne violait ni le principe de sécurité juridique ni la confiance légitime. Les investisseurs étrangers aussi se mobilisent. Des plaintes sont déposées devant les cours d'arbitrage international par des fonds comme Antin ou Eiser. Il y a peu, la société Masdar, filiale d'un fonds d'Abu Dhabi ayant investi dans un projet solaire, a déposé un recours auprès de la Banque mondiale.

Les revenus toujours plus maigres générés par les installations renouvelables ne suffisent parfois plus à rembourser les dettes qui leur sont liées. Les associations de producteurs craignent les faillites en cascade. Certains optent pour des solutions radicales comme le groupe suédois Ikea, qui, au vu des changements de réglementation, a récemment remis les clefs d'un parc photovoltaïque de 70 millions d'euros à la banque qui avait financé le projet.

D'aucuns craignent du reste la propagation du « risque renouvelable » au secteur bancaire. D'après José Donoso, les banques ont financé 17 des 22 milliards d'euros investis dans le photovoltaïque. « Nous faisons le maximum pour restructurer la dette des projets que nous avons financés dans l'éolien et le solaire, confie un cadre d'une banque d'investissement étrangère. Pour les banques espagnoles, la donne est différente car elles ont aidé des projets de producteurs plus petits et moins sophistiqués que les nôtres. Ils ont mis tout le capital dont ils disposaient dans le projet initial, donc il est plus difficile de restructurer leur dette. »

Le moment propice

« Dans de nombreux cas, les banques ont exigé comme garantie la maison ou les biens personnels. Les débiteurs n'ont donc pas d'autre choix que rembourser l'emprunt. Sachant que la vie utile d'une installation est de vingt-cinq ans, ils n'ont aucun espoir de récupérer leur investissement...», explique José Donoso. C'est le cas de Julian Rodriguez dont la maison et les bureaux sont hypothéqués. « Je travaille tous les jours, y compris le week-end, pour pouvoir rembourser mon emprunt et ne pas me faire engloutir. » Résigné, il constate, à cinquante-quatre ans que, « à cause de ce problème, [il] ne [pourra] jamais prendre [sa] retraite ». Vendre l'installation ? « Impossible », répond Julian Rodriguez en contemplant ses panneaux solaires balayés par les vents : « Plus personne n'a confiance et ne veut acheter. »

Dans ce contexte de chute de la rentabilité et d'insécurité juridique, l'investissement dans les énergies vertes s'est d'ailleurs effondré. Iberdrola a ainsi récemment annoncé une forte contraction de ses investissements en Espagne à cause des changements de réglementation. Pour autant, « le renouvelable a de l'avenir. L'éolien est de plus en plus compétitif et est même moins cher que l'énergie conventionnelle si on prend en compte les externalités de cette dernière », affirme Heikki Willstedt, directeur des politiques énergétiques de l'Association patronale éolienne (AEE). « Si la dernière réforme électrique résout le problème du déficit électrique, il se peut que nous recommencions à investir dans le secteur », signale le cadre de la banque d'investissement. Un raisonnement que semblent tenir d'autres investisseurs potentiels, d'après le même banquier : « Nous avons été approchés ces derniers mois par des fonds étrangers pour racheter certains des projets que nous finançons. » Alors que le secteur est étranglé, il se pourrait donc que, pour certains, le moment soit propice pour faire main basse sur le renouvelable espagnol à prix cassé...

https://www.lesechos.fr/2014/05/les-sacrifies-de-la-bulle-verte-espagnole-1102180

Hugues

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« Réponse #117 le: 01 mai 2025 à 22:33:37 »
je poste ci-dessous le graphique issu de REE,
Celui qui donnait 900MW de solaire PV en pleine nuit ?

alain_p

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« Réponse #118 le: 01 mai 2025 à 22:35:05 »
Explique ? Un tel écart pourrait pointer un problème de monitoring du réseau.

Hugues

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« Réponse #119 le: 01 mai 2025 à 22:39:45 »
Ben clairement je pense que leur graph il est pas totalement fiable :)