Auteur Sujet: Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025  (Lu 25460 fois)

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alain_p

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #96 le: 01 mai 2025 à 11:22:14 »
D'autre part, même si d'autres graphiques ont été publiés sur la chute de la production (et de la consommation suite à la panne), je poste ci-dessous le graphique issu de REE, l'équivalent de RTE en Espagne, sur la part des différentes sources de production juste avant la panne, à 12h25. On voit que le solaire photovoltaïque représentait 55% de la production, le solaire thermique 4.6%, l'éolien 10.7%, soit en tout de l'ordre de 70%. Et environ 3 GW étaient exportés vers le Portugal, 745 MW vers le Maroc, et 778 MW vers la France.

https://demanda.ree.es/visiona/peninsula/demandaau/acumulada/2025-04-28

alain_p

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« Réponse #97 le: 01 mai 2025 à 11:44:06 »
Et les prix de gros de l'électricité lundi à 12h. On peut noter que cela n'a pas beaucoup bougé après le black-out en Espagne. Et que les prix à 12h étaient les mêmes en France et en Espagne à -1€ le MWh. En Allemagne, on était à -4€ le MWh. On a connu pire (Rq : ce sont très probablement des prévisions 24h à l'avance, pas des données temps réel). Mais cela montre que tous les pays étaient exportateurs à ce moment là, sauf l'Angleterre.
« Modifié: 01 mai 2025 à 12:09:54 par alain_p »

simon

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #98 le: 01 mai 2025 à 12:20:24 »
cela montre que tous les pays étaient exportateurs à ce moment là, sauf l'Angleterre.

Mon analyse est que cela  montre que la pluspart des pays que tu cites auraient été en surplus de production si tous les moyens de prod disponibles, notamment ENR, produisaient. Le marché incitait les producteurs à réduire leur prod par le signal de prix (ils ne veulent pas payer pour injecter, donc ils se découplent ou réduisent leur prod).

L'Espagne et la France étaient exportatrices net, mais par exemple le Portugal était importateur. Ce n'est pas un problème : les interconnexions entre pays peuvent être vues comme des moyens de prod ou d'évacuation d'énergie. Ce n'est pas forcément parce qu'un marché est au prix négatif qu'il est exportateur net.
La fréquence était stable à ce moment sur toute la plaque Européenne (du moins avant l'incident, même si je n'ai pas vu de déviation en France après) : le système électrique était en bonne santé.

Les prix négatifs et leur impact financier sur les producteurs sont selon moi un problème bien réel, et là je te rejoins. Il faut probablement remanier les règles du marché européen pour qu'ils se résorbent (des discussions sont en cours), mais ce n'est pas ce dont on discute ici. Ca aurait été selon moi plus adapté sur l'autre thread car tes analyses économiques sont toujours pertinantes.

Au niveau physique, il n'y a pas de problème d'instabilité du système Européen. Si tu regardes des graphes de fréquence, tu verras par exemple que l'impact du pas horaire du marché créé beaucoup plus de variations (on les voit après chaque début d'heure) que la variabilité des sources ENR.

Je rappelle le contexte. Le 14 Avril dernier, RTE a publié un communiqué, envoyé à tous les producteurs, disant que le réseau était dans une situation extrêmement tendue, due à la surproduction d'électricité qui menaçait l'équilibre du réseau, et qu'il avait du couper 13 parcs solaires ou éoliens depuis le 4 Mars dernier. Et demandant à tous les producteurs de respecter l'obligation d'envoyer des prévisions de production fiable 24h à l'avance.
RTE enjoint donc tous les producteurs à respecter leurs obligations pour qu'il puisse solliciter les bonnes quantités de réserves (car il y a aussi un marché de réserve, très juteux d'ailleurs).

Si RTE a demandé la déconnexion de 13 parcs ENR, c'est qu'il a joué son rôle de garant de l'équilibre offre-demande. Peut-être que le marché n'a pas incité assez de producteurs à réduire leur prod et/ou que RTE avait mal calculé les besoins en réserve pour une raison ou pour une autre, mais RTE avait bien les bons leviers (odre de découplages) pour être garant de la fréquence.

alain_p

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #99 le: 01 mai 2025 à 12:21:31 »
Voici les données d'import/export de la France lundi dernier. On importait bien environ 1000 MW de l'Espagne à 12h15, mais on importait bien plus de  de l'Allemagne, près de 3000W, et on exportait vers l'Italie, 3300 MW, et la Suisse, 1300 MW. On importait parce que les prix chez nous, même négatifs étaient supérieurs à ceux de l'Allemagne, et donc que c'était une aubaine au niveau des prix. Et on a certainement du arrêter des centrales pour en profiter (nucléaires ou autres). Après 12h30, on devient exportateur vers l'Espagne.
« Modifié: 01 mai 2025 à 15:03:23 par alain_p »

alain_p

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« Réponse #100 le: 01 mai 2025 à 12:28:57 »
Si RTE a demandé la déconnexion de 13 parcs ENR, c'est qu'il a joué son rôle de garant de l'équilibre offre-demande. Peut-être que le marché n'a pas incité assez de producteurs à réduire leur prod et/ou que RTE avait mal calculé les besoins en réserve pour une raison ou pour une autre, mais RTE avait bien les bons leviers (odre de découplages) pour être garant de la fréquence.

Peut-être, mais tu minimises beaucoup la situation. RTE parle de situation très tendue sur le réseau à partir de Mars, à cause de la surproduction. Qui ne pouvait que s'accroitre au fur et à mesure que l'on rentrait dans le printemps, puis l'été. Ce n'est pas "Ne vous inquiétez pas, on gère".

P.S : j'espère que l'on aura dans les prochains jours les premiers rapports sur les causes du black-out et des mesures à prendre pour en éviter un nouveau, voire des mesures urgentes. Et pas dans quelques mois. Car tant que l'on ne saura pas, cela peut se reproduire à tout moment. S'il faut mieux  gérer les surproductions et variations brutales de production/consommation, c'est en ce moment, où  les ENR vont produire de plus en plus, pas à l'automne, où elles produiront moins, car les jours raccourciront.

vivien

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #101 le: 01 mai 2025 à 12:49:10 »
Attention, au fur et à mesure qu'on rentre dans le printemps, des centrales nucléaires sont déconnectées pour leur entretien, donc la surproduction ne va pas forcément en augmentant.

alain_p

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« Réponse #102 le: 01 mai 2025 à 12:57:13 »
Seulement en France, pas en Europe en général, où le nucléaire a été abandonné, comme en Allemagne, et donc pas en Espagne et au Portugal.

Et de toute façon, il faut toujours assez de centrales nucléaires pour assurer à elles toutes seules, ou presque, l'ensemble de la production (avec l'hydroélectricité, et les centrales au gaz), car pas exemple la nuit, ou même de jour par mauvais temps (cela arrive même au printemps et en été), où le solaire ne produit pas, il faut pouvoir assurer la relève.

On en est conduit comme cela à avoir le double de la capacité qui est nécessaire à un moment donné.

Même aujourd'hui, jour férié, à 12h30, le nucléaire représente 55% de notre production. Et c'est une source pilotable qui a un effet de stabilisation sur le réseau. Ce que n'ont plus nos voisins (à part le gaz et le charbon).
« Modifié: 01 mai 2025 à 14:02:26 par alain_p »

simon

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #103 le: 01 mai 2025 à 15:47:57 »
Et de toute façon, il faut toujours assez de centrales nucléaires pour assurer à elles toutes seules, ou presque, l'ensemble de la production (avec l'hydroélectricité, et les centrales au gaz), car pas exemple la nuit, ou même de jour par mauvais temps (cela arrive même au printemps et en été), où le solaire ne produit pas, il faut pouvoir assurer la relève.
La nuit, la consommation est moins importante et l'éolien, lui, produit souvent plus qu'en journée. Mais oui, je suis d'accord avec toi qu'il faut avoir un parc dispatchable qui peut prendre la relève, à la hausse comme à la baisse.
Il faut aussi se mettre sérieusement à piloter la consommation au bon moment, ce qu'on ne fait que trop peu et ce qui ne coûte qu'une fraction du nécessaire en parc batteries / STEP.

On en est conduit comme cela à avoir le double de la capacité qui est nécessaire à un moment donné.
Le triple, même. Mais c'est nécessaire dans tout système électrique qui désire offrir un haut niveau de disponibilité. La puissance nucléaire installée est aujourd'hui de ~64GW en France (et on est en train d'en ajouter un de plus). On a ~26GW d'hydro en puissance installée. Puis il y a tout le thermique non-nucléaire.
On a donc ce qu'il faut aujourd'hui pour couvrir des pointes de 100GW lors des périodes de grand froid, même si on avait pas d'ENR.

Même aujourd'hui, jour férié, à 12h30, le nucléaire représente 55% de notre production. Et c'est une source pilotable qui a un effet de stabilisation sur le réseau.
Et on bride beaucoup de solaire. Je sais que le nucléaire a des contraintes de rampes qui font qu'il n'est pas pilotable très rapidement, mais je suis convaincu qu'on pourrait baisser le nucléaire et intégrer le solaire qu'on bride.

Il faut bien garder à l'esprit que le besoin en stabilisation du système dont on parle est assuré par le marché de réserve et dans une moindre mesure par celui des flexibilités. Sur ce marché, on paye des moyens de production, de stockage et de consommation pour respectivement se tenir prêt à produire, faire du réglage de fréquence et agir sur la consommation à la hausse ou à la baisse.
C'est aujourd'hui un marché différent de celui de la production, même si les moyens de production non-intermittents peuvent y participer.
On peut tout à fait garder les générateurs couplés au réseau (donc tournants, prêts à produire et contribuant à l'inertie) sans les faire produire. C'est ce qui est fait sur une bonne partie du parc hydraulique, d'ailleurs, car cela ne coûte virtuellement rien, apporte de l'inertie au système et garde les turbines prêtes à repartir vu qu'elles restent couplées.

Un des gros avantages des renouvelables c'est qu'elles ne consomment pas de carburant. Il n'y a ni pétrole et gaz à importer, ni uranium à trouver (oui, je sais qu'on aurait pu fermer la boucle et recycler, on a choisi politiquement de ne pas le faire. Je trouve ca triste comme d'autres, mais c'est un fait).
C'est donc majoritairement du capex et un peu (très peu, surtout pour le solaire) d'opex pour l'entretien. On sort donc avec des prix au MWh très bas, qui restent relativement bas si on y ajoute les réserves nécessaires à gérer les intermittences (en tout cas, on est bien en dessous des 100 euros/MWh...).

Ce que n'ont plus nos voisins (à part le gaz et le charbon).
Il y a quand même du nucléaire en Espagne, Suisse, dans les pays nordiques, en Angleterre, bref. C'est surtout l'Allemagne qui s'en est privé.

Peut-être, mais tu minimises beaucoup la situation. RTE parle de situation très tendue sur le réseau à partir de Mars, à cause de la surproduction. Qui ne pouvait que s'accroitre au fur et à mesure que l'on rentrait dans le printemps, puis l'été. Ce n'est pas "Ne vous inquiétez pas, on gère".
Pour moi, encore une fois, cette suproduction est gérée (à la baisse) lorsque c'est nécessaire. Les petits parcs ou ceux qui sont encore sous ancien contrat d'achat reglementé ne réagissent certes pas aux prix du marché, mais le problème va se régler de lui-même avec l'expiration de ces contrats.
De plus, RTE conserve la possibilité de découpler des parcs lorsque c'est nécessaire.

RTE se prononce depuis des années sur le besoin de renforcement des intercos de transport, aussi bien nationales qu'internationales. Il n'est que peu écouté, même si la nouvelle interco avec l'Espagne est une bonne nouvelle. Le marché européen a clairement besoin de plus d'interconnexion avec l'Angleterre, qui pourrait à elle seule absorber une bonne dizaine de GW de solaire ces jours-ci, au vu des prix de leur marché.
Mailler le réseau de transport national nous permettra de réduire la congestion locale (qui n'a pas d'incidence sur la stabilité mais force RTE ou ENEDIS à brider des parcs ENR, comme par ici dans le Morbihan).

Alors oui, je suis d'accord que ce n'est pas une mince affaire. C'est normal, c'est tout le système qui est en mutation.
On va devoir conserver beaucoup plus de moyens de prod en réserve (comme la centrale à charbon de Saint-Avold qui va être convertie en centrale à gaz de réserve, si je ne m'abuse).
On va devoir aligner la conso avec les moments de production.
Et surtout, on va devoir réformer notre marché de l'énergie, et peut-être d'ailleurs renforcer l'obligation de maintenir ou de financer des moyens de réserve par les gros producteurs d'ENR intermittentes.

Mais on est loin, très loin, du black out généralisé selon moi. L'hypothèse selon laquelle l'incident Espagnol aurait été causé par une surprod de PV ou un manque de moyens de prod conventionnels tient chaque jour un peu moins la route, de mon point de vue.

Steph

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #104 le: 01 mai 2025 à 17:18:59 »
Tu deviens survivaliste.
Même si ton installation informatique continue à fonctionner, auras-tu de l'eau, de quoi cuisiner (pour manger autre chose que les chips évoquées par Vivien) ? et de l'accès Internet ?
C'est surtout pour la maison en général.
6kW crête de panneau permet de voir venir à condition de soleil (pas trop gris) et que les micro-onduleurs et batterie fonctionnent.

dino

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #105 le: 01 mai 2025 à 17:54:35 »
Tu deviens survivaliste.
Même si ton installation informatique continue à fonctionner, auras-tu de l'eau, de quoi cuisiner (pour manger autre chose que les chips évoquées par Vivien) ? et de l'accès Internet ?
un bon starlink et ça repart :)

je vois pas le problème du tout d'être survivaliste : c'est un droit, une liberté individuelle. C'est très différent de collaptionniste (les théories pro-effondrement) dans le sens où le survivalisme se prépare à manquer de ressources en cas d'événement non anticipé, notamment naturel. C'est pas forcément réunir mille boites de conserves dans un jardin, mais mettre en place des mesures de précaution. Par ex le survivalisme peut être appréciable lors de catastrophes naturelles, type inondations, incendies, etc..le survivalisme c'est simplement "se préparer au pire" en anticipant, c'est aussi simple que ça.

S'il arrive à tenir un mois sans devoir passer par une supérette, en restant en bonne santé, alors que les magasins ne pourraient plus être alimentés (les causes sont multiples) moi j'appelle ça la prouesse de l'autarcie. Et il n'y a aucune paranoïa là dedans, l'autarcie consistant à se démerder avec le moins de nécessités extérieures, cequi n'empêche pas du tout de communiquer avec les autres.

et pour cuisiner, il a p-e fait le scoutisme :)

alain_p

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #106 le: 01 mai 2025 à 18:22:10 »
L'hypothèse selon laquelle l'incident Espagnol aurait été causé par une surprod de PV ou un manque de moyens de prod conventionnels tient chaque jour un peu moins la route, de mon point de vue.

Le problème, c'est que trois jours après cette immense panne, on n'ait toujours pas de nouvelles sur les causes par le gestionnaire du réseau espagnol REE, et sur les mesures de précaution à prendre. Ce qui veut dire que cela pourrait se reproduire à tout moment (ou alors on a pris des précautions, mais on n'a pas voulu le dire publiquement). Je trouve cela très étonnant.

On sait que ce n'est pas une cyber-attaque. Cela a été écarté côté espagnol et portugais. En 2006, c'était donc la coupure de deux lignes THT pour laisser passer un paquebot qui sortait du chantier naval, qui par manque de ressources réseau ailleurs, avait provoqué la panne. Là, on n'a aucune information d'une ligne THT qui aurait failli. Il a été question un moment donné d'une ligne THT qui avait été abîmée par le feu dans le sud de la France, cela a été démenti par RTE. En fait, c'était probablement une confusion avec un incendie il y a quelques années qui avait effectivement endommagé une ligne THT et failli entrainer une coupure qui aurait pu se propager par effet domino. Mais donc ce n'était pas le cas là.

A mon avis, certains ingénieurs du réseau espagnol et de certains producteurs ont une très bonne idée de ce qui a pu se passer, même s'ils n'ont pas encore tous les éléments, mais ne s'expriment pas en public, car le sujet est très sensible politiquement en Espagne. Car le gouvernement socialiste espagnol a lancé un plan d'arrêt des 7 centrales nucléaires espagnoles d'ici 2035. Et qu'il est très vivement attaqué sur ce sujet par la droite espagnole. Donc il est "interdit" de dire que c'est à cause du manque d'électricité nucléaire que la panne s'est produite. Au moment de la panne, 3 réacteurs étaient en production, Almaraz II, Ascó I et II, Vandellós II, voir article ci-dessous. ils se sont déconnectés du réseau, au moment de la chute de puissance, un peu, mais différemment, comme la centrale de Golfech en France, à 12h30 (dont on n'a pas non plus d'informations précises sur la raison pour laquelle elle s'est déconnectée du réseau).

Le gouvernement socialiste espagnol a appuyé un programme visant à développer les énergies renouvelables, dont le solaire, et à arrêter le nucléaire. Cette panne géante le met en difficulté sur le sujet.

Voir ce sujet sur le site d'information nucléaire SFEN :

Citer
[Décryptage] Blackout en Espagne : que se serait-il passé avec le nucléaire français ?

Publié le 29 avril 2025 - Par Ludovic Dupin et Valérie Faudon (Sfen)

La chute brutale de la production en Espagne le 28 avril a provoqué un blackout massif et une déconnexion de la grille européenne. Les trois réacteurs du pays, alors en fonctionnement, se sont immédiatement arrêtés et ont été mis en sûreté. Un tel événement, s’il s’était produit en France, n’aurait pas eu les mêmes conséquences pour le parc nucléaire : les unités auraient été « îlotées » pour rester en fonctionnement à très bas régime, assurant ainsi une remise en service rapide sur le réseau.

Lundi 28 avril à 12h38, la péninsule ibérique a connu un blackout massif mettant quasiment à l’arrêt l’ensemble de l’Espagne. Si la cause précise n’est pas encore connue, le Réseau de Transport d’Électricité (RTE) précise que « l’Espagne a connu une perte de production de 15 GW en quelques secondes (…). Dans le même temps, la péninsule ibérique s’est déconnectée du réseau européen ». Il a fallu plusieurs heures pour relancer les services du pays, d’abord grâce aux interconnexions avec la France et le Maroc, puis avec la relance des installations thermiques et hydrauliques sur le territoire.

L’Espagne est équipée de sept réacteurs nucléaires, dont trois étaient en fonctionnement au moment de l’incident : Almaraz II, Ascó I et II, Vandellós II. Conformément à leur conception, et en raison de la perte d’alimentation électrique externe, ils se sont arrêtés automatiquement. Les générateurs diesel de sauvegarde ont alors démarré afin d’alimenter les systèmes nécessaires au refroidissement des réacteurs, y compris pour les réacteurs à l’arrêt.

La mise en sûreté des réacteurs nucléaires espagnols a été confirmée par le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), sur X : « L’AIEA a confirmé avec l’autorité de régulation nucléaire espagnole CSN que la situation est stable et sous contrôle, sans impact sur la sûreté ou la sécurité nucléaires. Certaines centrales nucléaires utilisent une alimentation électrique de secours hors site et rétablissent progressivement l’alimentation externe. » Les réacteurs ont pu récupérer leur alimentation électrique à partir de lundi à 16h30, permettant d’entamer leur redémarrage, une opération qui prendra plusieurs jours.

Îlotage plutôt qu’arrêt automatique

Les installations françaises n’ont pas été touchées par le phénomène en Espagne. Si un tel événement devait toucher la France, la réaction du parc nucléaire français serait sensiblement différente. En cas de déconnexion du réseau électrique, les réacteurs ne se seraient pas arrêtés, mais « îlotés ». En cas d’îlotage, un réacteur se met en situation de repli sans arrêter sa réaction nucléaire.

Dans la Revue Générale Nucléaire (RGN 2023 n°3), Paolo Olita, ingénieur d’étude au CEA Iresne, explique : « Un îlotage consiste en la déconnexion de la tranche du réseau électrique par ouverture du disjoncteur de ligne reliant le groupe turbo-alternateur au réseau. L’alimentation électrique des pompes primaires et des autres auxiliaires est alors assurée directement par l’alternateur de la tranche, et non plus par le réseau. La tranche autoalimentée et séparée du réseau forme ainsi un îlot électrique. »
...

https://www.sfen.org/rgn/decryptage-blackout-en-espagne-que-se-serait-il-passe-en-france/

Moi, je ne vois pas ce qui te fait dire que l'hypothèse d'une surproduction de PV tient de moins en moins la route, alors que d'autres hypothèses ont été écartées. Et que donc RTE en France avait alerté sur la très forte tension sur les réseaux due à la surproduction de PV et d'éolien en France (et que l'Espagne produit plus de PV que la France, et a moins de centrales nucléaires pour amortir le coup).
« Modifié: 01 mai 2025 à 20:14:56 par alain_p »

alain_p

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Blackout électrique en Espagne et au Portugal, le 28 avril 2025
« Réponse #107 le: 01 mai 2025 à 18:30:04 »
Voir aussi sur le contexte en Espagne cet article de France24 :

Citer
Après la panne géante, les énergies renouvelables sous le feu des critiques en Espagne

Le réseau électrique espagnol a-t-il été fragilisé par l'essor des énergies renouvelables ? Deux jours après la panne géante ayant touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats en Espagne. Les autorités contestent cette accusation.

Publié le : 30/04/2025 - 15:55Modifié le : 30/04/2025 - 18:42 - Par : FRANCE 24

Les énergies renouvelables sont dans le collimateur de nombreux observateurs en Espagne, deux jours après la panne géante qui à mis le pays à l'arrêt. "Le manque de centrales nucléaires et le 'boom' des renouvelables ont mis à terre le réseau électrique", assure en Une mercredi 30 avril le quotidien conservateur ABC. "Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans" ont été "ignorées", regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition : la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et également le double du nucléaire, dont la part est tombée l'an dernier à 20 %.

Une évolution résolument défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici 10 ans, mais source de tensions, alors que plusieurs rapports récents ont pointé de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

Alerte sur de possibles "coupures de production sévères"


Dans son document financier annuel publié fin février, la maison-mère de REE, Redeia, avait ainsi mis en garde contre "la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations".

Cela pourrait "provoquer des coupures de production" potentiellement "sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité" de l'Espagne, avait-elle écrit.

Un message relayé par le gendarme de la concurrence (CNMC). "À certains moments, les tensions du réseau de transport (d'électricité) ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, les dépassant même parfois", a rappelé l'organisme dans un rapport de janvier.

Après la coupure, des experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande d'électricité, plus difficile à corriger sans technologies adéquates dans un réseau où l'éolien et le solaire pèsent davantage, qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, la présidente de REE, l'ex-députée socialiste Beatriz Corredor, a cependant assuré que la production d'énergie renouvelable était "sûre" et fonctionnait "de manière stable".

"Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct", a-t-elle insisté, ajoutant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation.

Origine encore floue

Interrogée sur cette polémique, la ministre de la Transition écologique Sara Aagesen a jugé mercredi "imprudent de faire des spéculations", assurant que la cause de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne n'était toujours pas connue.

Par le passé, "le système a parfaitement fonctionné avec une demande similaire et un mix énergétique comparable. Par conséquent, pointer les renouvelables (...) ne semble pas être approprié", a-t-elle insisté, en qualifiant le réseau espagnol de "robuste".

Mardi, Pedro Sanchez avait lui aussi rejeté ces critiques. "Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance", avait assuré le dirigeant socialiste.

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne, dont celle d'une cyberattaque, sur laquelle la justice espagnole a ouvert une enquête. Cette piste est cependant jugée peu crédible par REE, qui a assuré mardi n'avoir repéré "aucune intrusion" dans ses systèmes de contrôle.

Selon les autorités, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes lors de la panne, survenue lundi à 12 h 33 (10 h 33 GMT) - un phénomène qualifié d'"inédit" par l'exécutif.

Dans son compte-rendu des événements, REE a indiqué avoir identifié comme possible origine de cet effondrement deux incidents distincts à une seconde et demi d'intervalle, dont l'un ayant pu affecter un site de production solaire dans le sud-ouest de l'Espagne.

A ce stade, il n'est "pas possible d'en tirer des conclusions", a toutefois prévenu l'organisme.

https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20250430-apr%C3%A8s-la-panne-g%C3%A9ante-les-%C3%A9nergies-renouvelables-sur-le-banc-des-accus%C3%A9s-en-espagne
« Modifié: 01 mai 2025 à 19:08:58 par alain_p »