Merci aussi Vivien pour le gros travail d'avoir repris des extraits intéressants de la vidéo originale pour en faire un résumé plus digeste de 39'. C'est vrai que ingurgiter 2h30 de vidéo, c'est un peu indigeste. Le problème des vidéos, c'est que l'on n'a pas sous les yeux le texte de ce qui a été dit.
Alors, moi-même, j'ai noté sous forme de texte quelques extraits d'interventions qui m'ont plus particulièrement intéressés, sur la consommation électrique et la compétition avec d'autres que je reproduis ici :
...
Mathieu Refray , France Datacenter, à 2'30" : ...De même, aujourd'hui en France, on sous-produit de l'énergie, donc la demande est relativement atone, ce qui fait que demain, on ne risque pas de se trouver à prendre, notre secteur, l'énergie d'autres secteurs. De la même manière, et j'en terminerai là, pour les canicules, en France l'énergie est décarbonée, concrètement le fait e consommer en France de l'énergie dans des datacenters ou quelque chose d'autre, cela ne crée pas de canicule, et moi, j'ai regardé votre présentation (P.S : celle de Pauline Denis, The Shift Project), ce que je trouve intéressant, c'est de faire le constat que vous faites, auquel on peut souscrire par ailleurs, et néanmoins, on peut se dire que la France a des atouts et des particularismes intéressants.
Pauline Denis, Shift Project à 6' : ...La 2eme question était "En France on sous-produit de l'énergie", mais je suppose que vous vouliez dire "on sur-produit de l'énergie", alors en 2024 on a sur-produit de l'électricité, lorsqu'au 31 Décembre 2024, on a sommé ce que l'on avait produit et consommé, il y avait plus de production, on faisait moins les les malins en 2022, pendant la crise, effectivement, tout est question de conditions, on n'était pas du tout en excédent en 2022, dans des conditions qui pourraient se reproduire, d'hivers sans vents et sans soleil, donc cela pourrait complétement se reproduire. Par ailleurs, juste sur cette question là, je n'ai pas envie de rentrer dans les détails techniques, mais c'est quand même important de comprendre que ce que l'on constate au 31 Décembre d'une année, en prenant en cumulé ce que l'on a produit et consommé, ne reflète en rien l'équilibre du réseau instantané. Ce n'est pas parce qu'à la fin de l'année, on a eu 10, 30, 100 TWh de produits en plus, que à l'instantané, ce qui est nécessaire pour faire tenir le réseau, on avait effectivement une surproduction d'électricité, ce sont des enjeux qui sont assez différents et à ne pas confondre.
Jean-François Dupont, France Nature Environnement, Seine et Marne, à 11' : On voit bien qu'il y a une croissance exponentielle des implantations de datacenters et de consommation électrique liée à ces datacenters, on voit bien qu'il y aura aussi une croissance exponentielle pour décarboner les autres secteurs d'activité, et donc je me
demande comme le montre le rapport du Shift Project, est-ce qu'il y a un pilote dans l'avion, est-ce que l'impact de la croissance des ces nouvelles activités et la décarbonation des autres activités, qui est nécessaire, et peut rentrer en conflit, est-ce que cela a été vraiment anticipé ? Apparemment, d'après ce que dit le Shift
Projet, non. Donc qui doit mener cette anticipation; pour effectivement retrouver l'équilibre entre les usages.
Je ne vois pas tellement qui porte la responsabilité de ette affaire là. Sans compter que le nucléaire, cette solution décarbonée que l'on nous présente comme le miracle, c'est effectivement de l'électricité nucléaire, il s'agit d'un pari, un pari qui peut être entendu, mais il s'agit d'un pari, et on a encore des incertitudes sur l'équipement nucléaire de la France à l'échelle 2030;, 2040, 2050, donc il faudrait quand même clarifier tous ces éléments là avant de se précipiter sur des opportunités, tant que l'on aura besoin des datacenters, il est évident que c'est un marché d'opportunité. Mais le fait de vouloir mettre la charrue avant les bœufs, m'interpélle.
Thibaut Desfossés, chef de profet Campus IA; à 15' : ...Les choix technique des autres bâtiments qui seront construits dans 4 ou 5 ans n'ont pas encore été faits...
Olivier Klein à 31' : La centrale la plus proche est celle ce Nogent sur Marne, elle a deux tranches, qui représentent 1300 MW, qui ont été construites en 1988 et 1989, donc ils arrivent à leur 36eme année, dans 4 ans, cela va être le grand carénage, avec l'arbitrage, est-ce que l'on va au-delà de 40 ans, mais je pense que l'arbitrage sera favorable, car normalement à 40 ans c'est terminé, on doit déterminer si on va au delà, donc à 50 ans, on va arriver pile au moment où votre projet sort de terre, de se dire on arrête cette centrale ou on continue, compte tenu de votre projet en périphérie, même si le réseau et tout est maillé, etc... Quand Mathieu Refray, de France Datacenter, dit qu'aujourd'hui, on a une sur-production d'électricité, que l'on exporte, et que l'on peut utiliser pour alimenter les datacenters, et qu'il fait comme si cela aller durer éternellement, comme les autres lui ont fait remarquer, comme Pauline Denis, du Shift Project, cela n'a pas toujours été le cas, en 2022, on demandait à nous les consommateurs de réduire notre consommation de 10%, pour passer l'hiver. Et on sait, et là elle fait une errur, que ce n'est pas à cause du manque de soleil et de vent, mais bien par ce que nous avions près de la moitié de nos réacteurs nucléaires arrêtés, pour plusieurs mois, pour la visite décennale des 40 ans,et le grand carénage, et aussi parce qu'il s'était révélé cette année là un problème de corrosion sous contrainte, qui avait contraint à arrêter de nombreux autres réacteurs pour refaire les soudures. S'il y avait eu effectivement de longues périodes de temps très froid, sans soleil et sans vent, cela aurait pu empirer le problème, heureusement, cela ne s'est pas produit, ou très peu.
Or, il est très prévisibles que ce grand carénage devra être refait vers 2032 pour la visite décennale des 50 ans, pour décider si on va au delà ou pas (ce qui est pratiquement sûr, car de toute façon on n'a pas de solution de rechange, au moins à cet horizon). D'autre part, notre parc vieillit donc sérieusement, il est pratiquement sûr qu'il rencontrera d'autres problèmes similaires à la corrosion sous contrainte, et qui risquent de toucher une bonne partie du parc, car toutes nos centrales ont été construites sur le même modèle à la même période, grosso-modo 1975-1985. Donc il est prévisible que ces périodes où l'électricité deviendra plus rares, mêmes pendant quelques mois, vont se reproduire.
On apprend par ailleurs par l'intervenant Olivier Klein, que la centrale la plus proche, qui dessert le site Campus IA, même si le réseau est maillé, est celle de Nogent sur Marne, avec deux réacteurs de 1300 MW, construite parmi les dernières, palier P4', en 1988 et 1989 (voir schéma tiré de wikipedia), vont donc arriver à 40 ans au moment où le site Campus IA va entrer en production, dans 3 ou 4 ans. Les deux visites décennales vont très probablement avoir lieu à un an d'intervalle, donc pendant un long moment, on n'aura que la moitié de leur production, soit 1300 MW. Or d'après Wikipedia, cette centrale contribue à l'alimentation d'1/3 de la région parisienne.
D'autre part, comme le dit Pauline Denis, ce n'est pas parce qu'à la fin de l'année, on a un bilan de production excédentaire, que c'est le cas à tout moment dans l'année. En particulier, aux heures de pointe en période hivernale, 7h le matin, 20h le soir, par temps très froid, on peut être très limite (et on l'a déjà été). Car les datacenters consomment 24h/24. Thibaut Desfossés indique d'ailleurs vers la fin que pour avoir l'énergie consommée il faut multiplier la puissance de 1.4 GW par le nombre d'heures dans l'année, ~8760 heures, ce qui pourrait faire une consommation si je me trompe pas de 12 TWh dans l'année. Or dans l'année, on produit environ 400 TWh d'électricité, donc ce seul projet pourrait consommer à lui seul jusqu'à 3% de toute l'électricité produite en France. Et malheureusement, il n'est pas le seul projet...
Donc à mon avis, dire on a un surplus d'énergie en ce moment, c'est avoir une vision court-termiste, d'autant que ce Campus IA n'est pas le seul projet de datacenter en France. Et que comme le souligne Jean-François Dupont, d'autres secteurs d'activité sont censés s'électrifier. Et on fait donc courir un risque à moyen terme, à l'équilibre de notre réseau électrique, et à notre alimentation électrique.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_r%C3%A9acteurs_nucl%C3%A9aires_en_France