Brèves du PIF (Paysage de l'Internet Français) - n°248Altice et la financeAltice a annoncé avoir démarré un programme de rachat d’actions pour un milliard de dollars sur 12 mois. De plus, ses liquidités excédentaires seront mises à contribution soit pour des opérations de fusion-acquisition "
significativement relutives" ou alors elles serviront à améliorer le rendement des actionnaires.
Définition de relutif : "
L'acquisition d'une société par une autre est dite « relutive » pour la société acheteuse si les effets positifs attendus sur son bénéfice (ajout du bénéfice de la société absorbée, synergies et économie d'échelle entre les deux sociétés, etc.) sont supérieurs au coût de l'acquisition (prix de l'endettement, dilution provoquée par la hausse du nombre d'actions si l'acquisition est payée en actions, etc.)"(
Wikipédia).
Enfin, sans rapport direct, courant août, Patrick Drahi a annoncé détenir plus de 95 % du capital de SFR, ce qui lui permet de lancer (réglementairement) une opération afin de récupérer ce qui reste d’actions sur le marché. L'opération permettra à Altice de simplifier son organisation et de maximiser les remontées de cash venant de l'opérateur.
Altice et le très haut débitMichel Combes - directeur général d’Altice – (
Le Monde, 29/08) a détaillé la stratégie d’Altice sur le déploiement de la fibre optique. Il s’agit pour SFR de fibrer toute la France et de le faire sans argent public et donc sur fonds propres et de le faire d’ici à 2025 !
Pour SFR :
A partir de septembre, nous commencerons à déployer pour atteindre deux à trois millions de prises de fibre par an et ferons d’Altice l’opérateur des territoires. Si de l’argent privé est disponible, c’est une économie considérable pour le gouvernement. Et ces déploiements massifs de fibre créeront beaucoup d’emplois locaux".
Comment y arriver ? Pour ce faire, Michel Combes (
Le Figaro,19/07) évoquait la diminution progressive des frais de dégroupage et d’un transfert des investissements de la 4G vers la Fibre Optique. Enfin, SFR n’exclut pas de racheter des réseaux appartenant aux collectivités et pour lui, il y a même des opérateurs locaux qui : "
viennent frapper à (nos) portes pour savoir si, à terme, ils pourront revendre leur infrastructure".
SFR n’a pas donné de détails chiffrés sur son plan, mais ajoute une sérieuse condition à la réalisation de son plan ! Il lui faut des "
discussions avec l’État et le régulateur sur les modalités opérationnelles, les freins au déploiement à lever » sont prévues. L’opérateur a besoin de l’autorisation des collectivités pour installer ses équipements dans l’espace public." (revue de presse ARCEP du 20/07).
Mounir Mahjoubi - Secrétaire d'État chargé du Numérique – a réagit à la proposition de SFR de fibrer le territoire sans subventions publiques (
Les Echos, 04/09).
Pour lui : "
Cette proposition spécifique n'est pas encore accompagnée d'un plan opérationnel qui explique comment elle est faisable", d’autre part : "
Aujourd'hui, ce n'est pas l'état d'esprit de l'Etat, notamment vis-à-vis des RIP - ces zones où les réseaux sont à initiative publique, c'est-à-dire à la fois avec un financement local et national dans toutes les zones peu denses et habituellement peu rentables. Il y a tout un modèle économique qui s'est construit et qui permet de créer des réseaux qui vont se pérenniser, durer dans le temps, et qu'il ne faut pas casser, qu'il ne faut pas briser".
Au moins, SFR pourra toujours prétexter les obstacles afin de faire glisser les délais de réalisation.
Altice et le kiosque NumériqueLa presse devient un enjeu dans l’offre de contenus que peuvent offrir les opérateurs mais aussi Canal+. Mais cela permet aussi une bonne optimisation fiscale.
Depuis fin août, Canal+ offre le quotidien l’Equipe avec son offre « intégrale », cela fait suite au lancement fin mars dernier d’une offre presse avec le Kiosk. Cela vient s’ajouter à SFR Presse (propriétaire d’un groupe de presse) lancé en avril 2016. Bouygues a également lancé une offre avec Le Kiosk.
Depuis quelques semaines, ces offres de kiosques numériques sont dans le collimateur de Bercy et plus particulièrement pour l’optimisation fiscale utilisée par SFR et dans une moindre mesure par Bouygues Telecom. Ces kiosques permettent de générer une très substantielle économie en matière de TVA et pour le fisc cela serait des centaines de millions d’euros de recettes fiscales en moins. Selon des estimations, si les quatre opérateurs proposaient chacun un kiosque numérique, 1 milliard d’euros par an pourrait s’évaporer des caisses de l’Etat.
Fin juillet,
Le Monde (27/07) annonçait que le Gouvernement "
réfléchit activement à un dispositif permettant d’encadrer la pratique. Même si rien n’est encore arbitré « politiquement », cela pourrait intervenir dès le prochain projet de loi de finances, programmé à la rentrée.". Pour
Le Figaro (01/09), le fisc étudie l'idée de n'appliquer le taux de TVA réduite de la presse de 2,1 % que sur les journaux effectivement téléchargés par les internautes.
Michel Combes - directeur général d’Altice – (
Le Monde, 29/08) a justifié – assez brutalement - la stratégie d’Altice : "
Ces discussions sur la TVA viennent des acteurs du secteur qui n’innovent pas et qui se moquent de l’avenir de la presse. Nous nous appuyons sur des dispositions législatives prises pour faciliter le développement de la presse numérique. Nous tentons un nouveau modèle vertueux. Je n’imagine pas qu’un gouvernement qui souhaite faire bouger les lignes vienne fragiliser cette initiative (…) SFR Presse est un Netflix de la presse française (…) C’est le kiosque dans la poche".
Enfin, selon La Correspondance de la Presse, Altice va racheter 100% du capital du spécialiste des kiosques numériques miLibris. Cela va lui permettre de contrôler entièrement la chaine et d’optimiser son offre. Selon Le Monde (08/09), SFR devrait maintenir son kiosque presse et pourrait proposer des offres payantes.
Du coté de la concurrence, Free a demandé (
Le Figaro, 01/09) une "
précision des règles fiscales (et a) sollicité cette clarification, soit dans un sens, soit dans l'autre (…) Nous serions très heureux si l'Etat généralisait la chose mais au vu du coût que cela représenterait pour lui, on pense qu'il ne le fera pas. Dès lors, nous souhaitons quelque chose de solide pour tous sur le plan juridique[/i]". Free prêche pour que l’optimisation fiscale ne serve pas à présenter des promotions qui permettent de de prendre des parts de marché à Free.
A suivre...