En préparant ce sujet, je me suis d'ailleurs aperçu d'une différence que je n'avais pas notée auparavant entre les chiffres d'abonnés FTTH donnés par Orange, et ceux donnés par Hammett. Orange indique 8.74 M, et Hammett dans son tableau donne 8.826 M, soit une différence de 86k, voir ci-dessous. Je ne sais pas si c'est une erreur, ou si Hammett a une raison d'afficher ce chiffre, peut-être y a-t-il eu une annoncé du nombre d'abonnés Orange au 24 Juillet ? En tout cas, il faut comparer tous les opérateurs à la même date, sinon cela n'a plus de sens.

C'est peut-être aussi la raison de la question de totoguile sur ce sujet, que je n'avais pas comprise ?

Ils ont revu leur méthode de calcul chez Orange ?
J'ai un gros changement sur 2023 et 2024 par rapport à mes précédents chiffres sur le fixe...
Sur le mobile c'est pire :/


https://lafibre.info/chiffres/parts-de-marche-dans-ladsl-la-fibre-optique-et-la-telephonie-mobile/msg1080507/#msg1080507

Hammett pourra peut-être nous l'expliquer ? En tout cela conduit à des chiffres différents d'abonnés FTTH chez SFR entre lui et moi. Lui parle de 4.396 M, moi j'obtiens donc 4.482 M.

Concernant les parts de marché du FTTH au T2 :

Selon Hammett :

A noter que sur le FttH (particuliers et entreprises), Orange est le grand perdant sur la période comprise entre le premier trimestre 2021 et le deuxième trimestre 2024.
Orange est passé de 43% en parts de marché à 38,4%. Jusqu'ou Orange peut-il descendre ?

Free a également perdu des plumes en passant de 26,8% à 25,8%, mais se stabilise depuis 2 ans. Bouygues a pris 1 point en passant de 15,6 à 16,6%.

Reste l'assemblage SFR et Autres qui est passé de 14,5% à 19,1%. Mais dans cet ensemble, quelle partie est imputable à SFR ? Quand on regarde les propres chiffres de SFR sur l'ensemble des segments (FttH et cable), l'augmentation n'est pas si importante que cela et même plutôt moyenne.

Depuis 3 ans, SFR est toujours arrivé dernier en terme de recrutement sur le THD (FttH + cable) par rapport à Orange, Free et Bouygues Telecom (sur le seul FttH). C'est dire que sa part de marché dans le FttH est plutôt moyenne. Idem, les trimestres sont rares ou les recrutements THD sont supérieurs aux pertes sur l'ensemble du fixe.

https://lafibre.info/chiffres/parts-de-marche-dans-ladsl-la-fibre-optique-et-la-telephonie-mobile/msg1086485/#msg1086485

L'augmentation des parts de marché SFR + autres dans le FTTH, qui est donc essentiellement SFR, de 14.5% à 19.1%, ne me surprend pas vraiment, au moins dans la tendance, car les chiffres précis sont donc toujours difficiles à donner, vu que SFR est le seul à ne pas donner son nombre d'abonnés FTTH.

Mais je rappelle que SFR/Altice a longtemps, après le rachat en 2014, privilégié le câble dans ses offres, même quand le FTTH était présent. Ce n'est que vers 2020, qu'il a changé de fusil d'épaule, privilégiant cette fois-ci le FTTH, et ne proposant plus pour un logement le câble, même si celui-ci était présent, si le FTTH était disponible. Il est donc logique que la part de FTTH ait augmenté dans son parc. J'ai souvent souligné, aux incertitudes près des chiffres, que SFR semblait avoir des recrutements FTTH corrects. Par exemple, ce trimestre-ci, on serait donc à +132k, et donc SFR est derrière Orange et Free, mais devant Bouygues Telecom.

Pour rappel, au T1 2021, SFR avait encore 1.22 millions d'abonnés câble, il n'en a plus maintenant que ~600k (voir chiffres ARCEP), donc en a perdu aussi 600k. Si SFR est derrière sur le recrutement THD, c'est à cause de ses pertes sur le câble, environ 60k par mois.

De plus, le déploiement jusqu'en 2021 se concentrait dans les zones AMII et ZTD, où il y avait beaucoup de zones câble. Il se concentre désormais dans les RIPs où SFR a très peu de zones câble, et ne proposait donc déjà que du FTTH.

Et on peut rappeler aussi que SFR a racheté Coriolis en 2022 si je me souviens bien, qui lui a apporté ses abonnés FTTH grand public et entreprise.

Il est logique que sa part dans le FTTH rejoigne celle dans le fixe, qui est de 19.2% (6.227/32.422). Dans le THD, grâce au câble, SFR a encore une part de marché un peu supérieure à celle du fixe en général, 19.55% (4.99/25.521), mais cela devient très proche.

A la suite de la publication des résultats, Chritel Heydemann, donc la PDG d'Orange, a accordé une interview aux Echos, voir ci-dessous, en disant que les investissements dans les Telecoms ne sont pas rentables. C'est oublier un peu vite le bénéfice de 2.3 milliards d'euros d'Orange en 2023. Et que tous les opérateurs sont rentables en France, dont Free (770 M€ de bénéfice) et Bouygues Telecom (~400 Me de bénéfices). Seul SFR faisait des pertes, mais on sait qu'elles sont dues à l'énorme endettement d'Altice France, et avec la hausse des taux d'intérêts, à ses énormes charges financières. Hors dette, SFR est très rentable.
Par contre, justement à cause de cette concurrence, les investissements sont obligatoires, sous peine de se retrouver à la traine, et perdre des abonnés.

Et donc, Christel Heydemann de reprendre le refrain de la consolidation nécessaire, au moins au niveau européen, où elle sait que la commission européenne souhaite le maintien d'une concurrence à 4, bénéfique pour les  consommateurs. Et se voit bien sûr dans les 4 opérateurs  survivants au niveau européen.

Ce qui la gêne surtout, vis à vis de ses actionnaires, c'est la stagnation de l'action à ~10 €. Celle-ci n'a jamais récupéré de la crise du Covid, ou avant le cours était plutôt dans les 13 € (voir ci-dessous). Et donc pour le remonter, elle a annoncé dans le CP un pré-dividendes sur les résultats de 2024 :

Orange versera le 5 décembre 2024 un acompte sur le dividende 2024 de 0,30 euro par action en numéraire. Au titre de l’exercice 2024, le versement d’un dividende de 0,75 euro par action sera proposé à l’Assemblée générale des actionnaires de 2025.

«Dans les télécoms, les investissements ne sont pas rentables», affirme Christel Heydemann, directrice générale d'Orange

À la manœuvre sur la 5G, l'IA et la cybersécurité, la directrice générale d'Orange Christel Heydemann appelle à un cadre unique européen pour permettre le développement des réseaux de télécoms.

Propos recueillis par Anne-Sophie Bellaiche et Emmanuel Duteil - 24 octobre 2024 \ 05h00

....
Appelez-vous, comme Mario Draghi dans son rapport sur la compétitivité, à la création de champions européens du numérique ?

Complètement. On manque de taille critique car il n'y a pas de marché unique en Europe, en particulier dans les télécoms. Il faut un cadre qui ne s'attache pas qu'à l'intérêt du consommateur, mais qui favorise l'investissement. Nous sommes dans un secteur fragmenté, avec une myriade de régulations, selon les pays. Les investissements dans les télécoms ne sont pas rentables car le retour sur capitaux est plus bas que le coût du capital. Et nous avons devant nous une montagne d'investissements pour permettre aux entreprises d'être compétitives avec la 5G, l'IA, sans parler des coûts liés au changement climatique pour la résilience des réseaux… Nous avons 40 opérateurs en Europe, quand il y en a trois aux États-Unis ou en Chine. Regardez Telecom Italia : il doit vendre son réseau fixe au fonds américain KKR et le lui louer afin de se désendetter. Le rapport Draghi met le bon sujet sur la table.

Appelez-vous de vos vœux une France à deux opérateurs, et non quatre?

Deux, c'est peut-être exagéré, mais ce qui est sûr, c'est qu'avec quatre opérateurs, il y en a toujours un qui va mal et la capacité d'investir des quatre ne fonctionnera pas dans la durée. Le sujet n'est pas tant le nombre d'opérateurs par pays que l'hétérogénéité des régulations en Europe.

Cela veut dire aussi une concentration des acteurs. Orange est-il prêt à réaliser des acquisitions ?

Oui. Nous sommes l'acteur qui a mené le plus d'opérations de consolidation en Europe : en Roumanie, en Belgique, en Espagne… Mais cela ne suffit pas, car il y a encore très peu de synergies européennes sur la régulation des données, l'allocation des spectres, les politiques de concurrence. La réponse, c'est la création d'un marché unique des télécoms.
...

https://www.usinenouvelle.com/article/dans-les-telecoms-les-investissements-ne-sont-pas-rentables-affirme-christel-heydemann-directrice-generale-d-orange.N2220146

Pour comparer avec les années précédentes, on est sur un accompte de 0.30€ sur 2021, 2022, 2023 et un total de 0.70, 0.70 et 0.72 respectivement. Donc l'annonce porte sur +3c.

En ce qui concerne l'Italie, je ne dirais pas que les résultats sont positifs. Peut-être au niveau des recrutements d'abonnés, mais sinon, Free Italia a enchainé un 25eme trimestre négatif avec une perte qui atteint -168 M€, 53 M€ de moins qu'au S1, même si c'est mieux qu'en 2023.

N'ayant pas pu racheter de concurrent pour faire baisser la pression concurrentielle, et récupérer des fréquences, Free Italia n'a que 20 MHz dans la bande reine de la 5G, la 3700 MHz en Italie, contre 80 MHz à Telecom Italia (TIM), et Vodafone, racheté récemment par Sisscom, combien de temps va-t-il mettre à jeter l'éponge ? Actuellement, on peut dire que les déficits et investissement de l'autre côté des Alpes sont payés par les abonnés français.

Voir p32 du rapport financier (en anglais) :
https://www.iliad.fr/media/iliad_Group_Q32024_Quarterly_Report_ee58490911.pdf

En fait, comme indiqué dans le sujet dédié, le site decideurs-magazine n'est peut-être pas très fiable. Le CP du groupe La Poste confirme le montant de 950 M€ et la répartition 51/49 % entre La Poste et SFR.

Finalisation de la cession de La Poste Telecom
Informations financières - National

Le groupe La Poste et SFR ont finalisé le 15 novembre 2024 la cession de leurs titres dans La Poste Telecom à Bouygues Telecom.

...
La valeur des titres de La Poste Telecom dans le cadre de l’opération s’élève à 950 millions d’euros. Celle-ci sera répartie entre le groupe La Poste et SFR à due proportion de leur détention de part de capital. Ainsi, le groupe La Poste percevra 484,5 millions d’euros au titre des 51 % détenus jusqu’alors dans La Poste Telecom.

S’agissant de la commercialisation des offres de La Poste Mobile dans le réseau des bureaux de poste, La Poste continuera à être rémunérée en fonction du niveau d’activité et avec un minimum garanti dans le cadre de deux nouveaux contrats cadre de service et de licence de marque.

https://www.lapostegroupe.com/fr/actualite/finalisation-de-la-cession-de-la-poste-telecom

Cela ferait donc 465,5 M€ pour SFR.