Auteur Sujet: Même rénovées, une majorité des passoires thermiques encore classées E, F ou G.  (Lu 5336 fois)

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alain_p

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Selon un article de BFM TV d'hier, la majorité (61%) des logements classés E, F ou G, pour lesquels des travaux d'isolation ont été effectués dans le cadre MaPrimeReov, sont restés ensuite classés E, F ou G, c'est à dire pas plus louables qu'avant (ni vendables dans quelques années). De quoi décourager les propriétaires de faire des travaux coûteux, qui se révèlent inutiles. D'autant que MaPrimeRenov est réservée aux propriétaires de revenus plutôt modestes. Et que souvent, la subvention est conditionnée au passage dans un classement DPE supérieur. Ce qui montre la difficulté à rénover des logements anciens. Et en rappelant que l'objectif du gouvernement est de faire passer ces logements en catégories A ou B pour 2050...

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MaPrimeRénov': même rénovées, une majorité des passoires thermiques encore classées E, F ou G

D.L. avec AFP - Le 26/10/2023 à 17:16

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Même après travaux, encore beaucoup de passoires thermiques

Au sujet de MaPrimeRénov', dotée pour 2024 d'une enveloppe de 5 milliards d'euros, la Cour des comptes salue la simplification apportée par son existence, même si elle continue de se télescoper avec d'autres aides. Mais le dispositif "ne se traduit pas par des résultats environnementaux suffisamment probants", tempère la Cour, notamment dans l'habitat collectif.

Le niveau de performance des programmes MaPrimeRénov' n'est "pas suffisant pour faire sortir les logements qui en bénéficient du statut de passoires thermiques".

Pour le programme "MaprimeRénov’ Sérénité" (qui finance un ensemble de travaux réalisés en même temps, comme l'isolation des combles et le changement de la chaudière, et doit permettre de faire un gain énergétique d'au moins 35%), "plus de la moitié des logements étaient en catégorie F ou G avant travaux, témoignant d’un bon ciblage de l’aide ; toutefois 20% de ces logements se trouvaient toujours dans l’une de ces catégories à l’issue des travaux et 41% d’entre eux atteignaient seulement l’étiquette E. Seuls 1,5% avaient atteint le niveau BBC, c’est-à-dire les étiquettes A ou B". Autrement dit, après rénovation avec ce programme d'aides, 61% des passoires thermiques sont encore en catégorie E, F ou G.

C'est le même constat pour l'autre programme* où l'aide est conditionnée à l'établissement d'un DPE ex ante (avant travaux) et ayant un objectif de performance précis (là aussi 35% de gain): MaPrimeRénov’ Copropriétés. Déjà, "moins de 12% des dossiers concernent des copropriétés en étiquette F ou G, illustrant un moindre ciblage de l’aide". Sur ces copropriétés F ou G, "8% d’entre elles se trouvaient toujours dans ces catégories à l’issue des travaux, tandis que 55% étaient classées en catégorie D".

Or ce sont plutôt par ces programmes que se font les rénovations globales pour les passoires thermiques. Ainsi, MaPrimeRénov’ par geste "n’accompagne quant à elle qu’un très faible nombre de sorties de passoire énergétique. Le bonus "sortie de passoire énergétique" n’a été demandé que pour 0,31% des dossiers engagés en 2022, dont plus de la moitié étaient des dossiers "MaPrimeRénov’ Rénovation globale". Le bonus BBC n’a été demandé pour sa part que pour 0,22% des dossiers, dont 46% ont bénéficié du forfait rénovation globale", martèlent les auteurs du rapport.

66.000 rénovations globales en 2022

Les aides, qui ciblent les particuliers, sont en effet trop souvent engagées pour un seul type de travaux et non pour des rénovations globales, empêchant des gains énergétiques substantiels, selon la Cour, qui reprend une critique récurrente de MaPrimeRénov'. "Seuls 66.000 dossiers qualifiés de "rénovation globale" ont été engagés dans les différents dispositifs de l’Anah en 2022, dont la plupart n’atteignaient pas le niveau BBC" (soit un DPE A ou B).

C'est notamment parce qu'une rénovation globale est particulièrement coûteuse. L'association Effinergie "estimait en 2021 qu’une rénovation globale et performante visant le niveau BBC coûte 360 euros HT/m2". Le cabinet spécialisé I4CE estime de son côté le coût d'une rénovation globale entre 45.000 et 90.000 euros, tandis que l'Ademe parle d'une fourchette allant de 60.000 à 70.000 euros (toujours pour aboutir au niveau BBC).

Question rentabilité, pour les ménages, le bilan n'est pas non plus encourageant. "Les aides directes couvrent 20 à 40% des travaux. Même en cumulant un éco-prêt, les rénovations ont un temps de retour sur investissement de plus de dix ans. Seul le tiers des rénovations les moins coûteuses devient rentable sur 15 ans", indique le rapport.

La Cour émet une série de recommandations, dont l'accélération de la rénovation des copropriétés privées, la simplification des aides à la rénovation énergétique, ou la prise en compte des travaux améliorant le confort d'été dans MaPrimeRénov' et MaPrimeAdapt'.

Un problème de fiabilité des données

Par ailleurs, la Cour des comptes pointe du doigt "l’absence de données fiables" pour mesurer l'efficacité énergétique des logement, y voyant "un obstacle à la construction d’une politique cohérente". "En l’absence de données relatives à l’efficacité réelle des travaux, qui varie en fonction de la nature et des caractéristiques de chaque logement, les analyses aujourd’hui disponibles sur l’efficacité énergétique des rénovations reposent sur des modèles mathématiques conventionnels", souligne le rapport.

"À chaque geste est associée une efficacité théorique. Il n’est, en particulier, pas possible de mesurer les conséquences de "l’effet rebond", lié à un changement d’usage lorsque la rénovation du logement se traduit moins par une économie d’énergie que par un meilleur confort thermique pour le bénéficiaire. Cette question, et le décalage important entre efficacité conventionnelle et efficacité réelle, sont soulignés depuis plus de 10 ans. L’impact des mesures de sobriété, choisies ou subies, n’est pas non plus, par nature, intégré dans les modèles conventionnels", détaille le rapport.

Tout en gardant cela en tête, les rénovations réalisées avec des aides publiques (CITE, CEE, "Habiter mieux" et MaPrimeRénov') en 2020 "auraient abouti à une économie théorique d’énergie conventionnelle de 7,7 TWh/an, soit 1,7 % de la consommation totale d’énergie des résidences principales".

En ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre, ce sont les travaux portant sur les systèmes de chauffage qui seraient les plus efficaces. "Sur les 2,1 MtCO2eq qui auraient été évitées par les travaux de rénovation énergétique en 2019 (soit 4,5% de la consommation du secteur résidentiel), 65% étaient dues aux modifications du système de chauffage, alors même que ces travaux ne portaient que sur 19% des surfaces rénovées", précise le rapport.
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https://www.bfmtv.com/immobilier/renovation-travaux/ma-prime-renov-meme-renovees-une-majorite-des-passoires-thermiques-encore-classees-e-f-ou-g_AD-202310260656.html

Le mode de calcul du DPE a été changé en 2020, avant il se basait beaucoup sur la consommation antérieure des habitants du logement. Mais pour les logements inhabités depuis un an ou plus, il n'y avait souvent pas de données, et parait-il 30% des DPE revenaient vides. Ce n'est plus le cas maintenant, puisque le DPE est calculé sur les caractéristiques physiques du logement et de son isolation. Mais il y a deux notes, l'efficacité thermique et les émissions de GES. Or c'est la plus mauvaise note des deux qui est retenue au final. Donc un logement bien isolé avec une chaudière fioul est pénalisé par rapport à un logement avec une PAC.

Donc il faudrait faire à la fois l'isolation et changer de chaudière, ce qui revient très cher. Inabordable pour beaucoup.

Il y aurait 16% de logements classés F ou G, soit 5.2 millions, qui pourraient être retirés de la location dans quelques années.

Citer
Au total, sur les 30 millions de résidences principales que compte la France au 1er janvier 2022, environ 5,2 millions de logements, soit 17 % du parc seraient des « passoires énergétiques » (étiquettes F et G du DPE).22 juil. 2022

Notre ministre de l'économie, Bruno Lemaire, pour éviter cela, avait proposé le 9 Octobre dernier, que la calcul du DPE soit revu, mais il s'est fait taper sur les doigts, et a du se rétracter. :

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Passoires thermiques: Bruno Le Maire souhaite que le DPE soit modifié.

D.L. avec AFP - Le 09/10/2023 à 10:05

Le ministre de l'Economie aimerait un DPE qui s'adapte "aux modalités de chauffage" et à "la taille des surfaces".

Le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a indiqué "souhaiter" une modification du diagnostic de performance énergétique pour s'adapter notamment "aux modalités de chauffage" et à "la taille des surfaces". "Vous avez des propriétaires qui me disent, 'mais c'est absurde votre truc, ça favorise le chauffage au gaz plutôt que le chauffage à l'électricité, ça pénalise les petites surfaces qui sont demandées par les étudiants'. Changeons le diagnostic énergétique puisque visiblement, ce n'est pas le bon indicateur", a déclaré le ministre, au micro de Sud Radio.

P.S : le rapport de la cour des comptes :
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2023-10/20231026-CEC-Soutien-aux-logements-face-aux-evolutions-climatiques.pdf
« Modifié: 14 janvier 2024 à 09:39:07 par alain_p »

David75

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C'est dur de passer d'une obligation de moyens sans même un contrôle du résultat... a une obligation de résultat avec contrôle. Et encore le contrôle est pas sévère.
Imaginez s'il y avait obligation de passer à la caméra thermique infrarouge... Là ce serait le chaos

alain_p

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Passer à la caméra thermique serait à mon avis intéressant pour rendre plus visuel les défauts d'isolation thermiques et le changement après isolation. Sinon, cela reste beaucoup théorique, ... même pour le technicien qui fait le DPE.

David75

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Ça permet aussi de voir et normalement corriger les erreurs d'isolation, assez courantes sur les huisseries par exemple.
Mais pas que.

Le passage à l'obligation de résultat avec mesures, c'est un changement radical des pratiques du secteur.

Mais c'est tellement dur quand on est habitué à la cool que ça va coincer...

alain_p

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Une étude publiée il y a 3 jours du Conseil d'Analyse Économiques (CAE), à partir des données bancaires des particuliers (dans ce cas en collaboration avec le Crédit Mutuel), sur leurs dépenses de chauffage, au regard du classement DPE de leur logement, permet de faire le lien entre la théorie et la pratique. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a un gros décalage. Théoriquement, le DPE version calcul 2021 prévoit une différence de facture de chauffage de 560% entre les logements classés en catégorie A ou B, et ceux classés en G ("passoire thermique). Or en pratique, le différence n'est que de 86%.
Quand la surface augmente, on est même à moins que cela, voir graphique ci-dessous, et on observe même qu'un logement classé en G ne consomme pas plus qu'un classé en D pour les surfaces plus importantes..

Cela fait une énorme différence, quand on pense que la rentabilité de l'isolation et du changement de chaudière pour une PAC (bien plus chère qu'une chaudière à gaz), est censée être obtenue en ~10 ans mettons, par les économies faites sur les factures de chauffage...

(cliquez sur la miniature ci-dessous - le document est au format PDF)

Source : https://www.cae-eco.fr/






Voir par exemple les Echos :

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Immobilier : comment éviter ces pièges du DPE qui peuvent coûter cher

Le diagnostic de performance énergétique (DPE) est de plus en plus scruté par les acheteurs. Pour autant, est-ce un outil fiable et pertinent pour évaluer la performance énergétique d'un logement ? Une nouvelle étude apporte des réponses étayées à trois questions que se posent les investisseurs.

Par Marie-Eve Frénay - Publié le 12 janv. 2024 à 11:58Mis à jour le 12 janv. 2024 à 13:09

D'un outil purement informatif à destination des acheteurs et des locataires, le diagnostic de performance énergétique (DPE) est devenu une pierre angulaire de la politique environnement en matière de logement, pouvant contraindre les propriétaires dans l'usage de leur bien. En fonction de sa classe énergétique - qui va de A, la meilleure note, à G, la pire -, un logement peut être interdit à la location et/ou voir son loyer bloqué.

Ce pouvoir très important conféré au DPE va de pair avec la refonte en 2021 de sa méthode de calcul. Baptisée 3CL, cette méthode, fondée sur la prise en compte du climat et des caractéristiques physiques du bien, vise à évaluer la consommation d'énergie théorique des occupants et à donner une estimation du coût annuel qui en découle.

Or plusieurs études, dont celle effectuée par l'UFC-Que Choisir de septembre 2022, ont émis des réserves sur la fiabilité des DPE. En se basant sur les paiements anonymisés de 180.000 clients du Crédit Mutuel Alliance Fédérale, le Conseil d'analyse économique (CAE) a également cherché à évaluer la pertinence du DPE dans sa nomenclature actuelle. Cette étude, dévoilée le 10 janvier , compare la consommation réelle des ménages à celle prédite dans le DPE. Pour les personnes désireuses d'acquérir, de vendre ou de louer un bien immobilier, elle donne des éléments de réponse à 3 interrogations importantes sur le DPE.

1. Est-ce qu'un meilleur DPE permet de faire baisser la facture d'énergie ?

Pour calculer la facture théorique associée à un logement, la méthode du DPE consiste à regarder la consommation d'énergie nécessaire pour arriver au confort thermique cible. Celui-ci est fixé à 19 degrés en hiver et à 28 degrés en été.

En toute logique, le DPE devrait aboutir à ce que plus la classe énergie du logement est mauvaise, plus le chauffer ou le refroidir pour atteindre la température cible soit gourmand en énergie. C'est bien ce qu'observe le CAE dans l'échantillon de logements étudiés. La consommation théorique primaire, celle indiquée dans le DPE, des biens classés A ou B est en moyenne de 83 kWh/m2/an, contre une moyenne de 548 kWh/m2/an pour les logements en G. Pour un bien G, cette estimation est donc 560 % plus élevée que pour les étiquettes A ou B.

Mais cette évaluation théorique ne se vérifie pas dans la consommation réelle. Plus précisément, l'écart de dépense énergétique entre une passoire thermique et un logement très bien isolé est loin d'être aussi important. « Nous observons bien dans les données une progressivité de la consommation d'énergie en fonction de la performance énergétique. Mais cette progressivité est 6 fois plus faible que celle prédite par le DPE », explique Ariane Salem, l'une des 4 corédactrices de l'étude.

Dans le détail, la consommation d'énergie réelle associée à un logement étiqueté G n'est que 86 % plus élevée que pour un logement A ou B. Cela correspond à une facture d'énergie rehaussée de 85 % pour un bien G.

Cette observation sous-tend qu'en améliorant le DPE d'un logement, on ne baisse pas la dépense d'énergie à la mesure de ce qui était attendu . Cette déconvenue s'explique principalement par un effet comportemental. « Plus la performance énergétique est mauvaise, plus le coût du confort [la dépense nécessaire pour arriver à la température de 19 degrés en hiver, NDLR] va être élevé. Le consommateur va donc ajuster sa consommation à la baisse [ne pas atteindre cette température de confort, NDLR], donc sous consommer », explique Ariane Salem. A l'inverse, « si le logement est très performant, les habitants vont être tentés de chauffer plus que les 19 degrés théoriques du DPE », poursuit l'économiste.

D'après les calculs des rédacteurs de la note, cet effet comportemental explique les deux tiers de l'écart entre la consommation théorique donnée par le DPE et la consommation réelle des ménages.

2. Le diagnostic de performance énergétique est-il fiable ?

Dans sa méthodologie, le DPE ne prend pas en compte l'ajustement comportemental des ménages. Cela peut se comprendre car il est construit pour refléter la qualité thermique intrinsèque d'un bien.

Pour autant, l'effet comportemental n'explique pas la totalité de la différence entre la consommation théorique mesurée par le DPE et la consommation reflétée par les dépenses du ménage. Le reste, estimé au tiers de l'écart de consommation, émanerait d'erreurs de mesure.

Ces erreurs de mesure peuvent résulter de la méthodologie, mal calibrée, du DPE. « Il peut surestimer la performance thermique réelle des matériaux. Le DPE ne prend peut-être pas en compte suffisamment le fait que leur performance se dégrade dans le temps », se questionne Ariane Salem.

Autre source d'erreurs évoquée : la mauvaise modélisation de l'effet du volume et de la surface des logements sur la consommation. Concrètement, le DPE suppose que la consommation d'énergie est proportionnelle à la taille du logement. Deux biens avec les mêmes caractéristiques thermiques mais avec des surfaces différentes auront donc la même étiquette énergie.

Or, les données étudiées par le CAE semblent montrer que la consommation énergétique réelle des ménages, n'est, en réalité, pas proportionnelle à la taille du logement. Pour un bien en G mesurant entre 80 et 100 m2, la consommation augmente de seulement 33 % par rapport à un bien en A ou en B de même superficie. En revanche, elle augmente de 71 % pour les logements mesurant entre 30 et 80 m2.

Enfin, les rédacteurs de la note n'excluent pas que l'erreur provienne d'une faute commise par le diagnostiqueur, notamment des difficultés à caractériser le logement dès lors qu'il a subi plusieurs rénovations.

3. Quelles pistes pour réformer le DPE ?

« Il ne faut pas interpréter de manière erronée le message général de ce focus. La tentation peut être de l'interpréter en disant que le DPE n'est pas bien. Ce n'est pas le cas. Le DPE est indispensable pour conduire l'ensemble des politiques de rénovation énergétique des logements. Ce que nous essayons de faire est d'améliorer la qualité de cet outil », insiste Camille Landais, président délégué du CAE.

« Le DPE est important pour la bonne information des ménages. Mais il ne suffit pas à lui seul à faire une bonne prédiction de quels vont être les effets d'une rénovation énergétique sur la consommation énergétique », complète Gabrielle Fack, professeure à l'Université Paris-Dauphine et membre du CAE.

https://www.lesechos.fr/patrimoine/immobilier/immobilier-comment-eviter-ces-pieges-du-dpe-qui-peuvent-couter-cher-2046005
« Modifié: 13 janvier 2024 à 23:19:12 par alain_p »

Nico

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Cela rejoint un peu les allemands qui n'ont pas vu baisser la consommation malgré la rénovation énergétique des bâtiments :

En Allemagne, les rénovations énergétiques des bâtiments n’ont pas fait baisser la consommation
https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/04/en-allemagne-les-renovations-energetiques-des-batiments-n-ont-pas-fait-baisser-la-consommation_6054715_3234.html

Pour autant il y a un gros biais à garder en tête, si on compare un logement A chauffé à 23 et un logement G chauffé à 15-16, ça fausse un peu les calculs.

Cf. dans l'article cité au-dessus :

La première est le fameux « effet rebond » : dans des logements mieux isolés, avec des prix des énergies fossiles en baisse depuis 2013, les occupants ne sont pas incités à bouder leur confort. Au lieu de chauffer à 20 °C, ils préfèrent pousser à 22 °C.



En tout cas, ça me semble plus inciter à électrifier et décarbonner, que se prendre la tête avec ces DPE !

pioup

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Heureusement que le biais comportemental n'est pas pris en compte.
C'est pourtant logique que les foyers ne dépassent pas au delà de leurs moyens.

Nico

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Heureusement que le biais comportemental n'est pas pris en compte.
C'est pourtant logique que les foyers ne dépassent pas au delà de leurs moyens.
C'est logique mais ça fausse quand même un peu la conclusion sur l'efficacité - à minima théorique - de l'isolation.

Le soucis, comme souvent, c'est le passage de la théorie à la pratique (où le-dit biais s'illustre bien).

Mais si on fait +2° dans le logement suite à une rénovation, on ne peut pas en même temps se plaindre d'un manque de rentabilité de l'opération ;).

fansat70

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C'est logique mais ça fausse quand même un peu la conclusion sur l'efficacité - à minima théorique - de l'isolation.

Le soucis, comme souvent, c'est le passage de la théorie à la pratique (où le-dit biais s'illustre bien).

Mais si on fait +2° dans le logement suite à une rénovation, on ne peut pas en même temps se plaindre d'un manque de rentabilité de l'opération ;).
Allez, des mots qui fâchent...
Une des "bonnes farces" de cet impératif de rénovation thermique est dans les modifications des PLU réalisé depuis 2018 dans certaines communes qui se disent "patrimonio - sensibles", et qui condamnent de fait toute rénovation thermique efficace, en interdisant purement et simplement l'isolation thermique par l'extérieur...
Si l'on y rajoute la quasi impossibilité pour les mêmes habitations de s'équiper en panneaux photo-voltaïques, on a fait le tour...
Ou comment notre belle législation impose d'un côté, et interdit la même chose de l'autre.
Ceci dit en connaissant plus d'un "petit" propriétaire qui est dans cette impasse, et qui a déjà renoncé...
Et qui soit dit en passant pour certains attendent benoîtement le "malheureux sinistre" qui le "débarrassera" du bâtiment! (Comment, faut pas le dire, cela choque? C'est hélas une réalité, point!)
A moins qu'une nouvelle législation permette à l'état de "racheter" le bien (bradé?), et de réaliser lui-même les travaux?

pioup

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C'est logique mais ça fausse quand même un peu la conclusion sur l'efficacité - à minima théorique - de l'isolation.

Le soucis, comme souvent, c'est le passage de la théorie à la pratique (où le-dit biais s'illustre bien).

Mais si on fait +2° dans le logement suite à une rénovation, on ne peut pas en même temps se plaindre d'un manque de rentabilité de l'opération ;).

Le manque de rentabilité est uniquement pour le propriétaire bailleur. ( et encore parce qu'on manque de foncier), sinon il verrait le manque de rentabilité car n'arriverait plus à louer sans travaux. Le propriétaire occupant ou le locataire voit la rentabilité. ( il tombe moins malade ). J'ai un peu de mal à comprendre l'idée de l'article des échos qui me semblait être un journal un minimum sérieux. Si on devait tenir compte du coût du chauffage dans le DPE ( sans tenir compte du confort avec la bonne température, les SDF auraient un DPE A).

PDuke

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Le propriétaire occupant ou le locataire voit la rentabilité. ( il tombe moins malade ).

Justement non, si on prend le cas des panneaux photovoltaïque vu le prix de l'installation et la durée de vie/d'éfficacité ce n'est jamais rentable !

alain_p

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Cela rejoint un peu les allemands qui n'ont pas vu baisser la consommation malgré la rénovation énergétique des bâtiments :

En Allemagne, les rénovations énergétiques des bâtiments n’ont pas fait baisser la consommation
https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/04/en-allemagne-les-renovations-energetiques-des-batiments-n-ont-pas-fait-baisser-la-consommation_6054715_3234.html

Pour autant il y a un gros biais à garder en tête, si on compare un logement A chauffé à 23 et un logement G chauffé à 15-16, ça fausse un peu les calculs.

Cf. dans l'article cité au-dessus :

La première est le fameux « effet rebond » : dans des logements mieux isolés, avec des prix des énergies fossiles en baisse depuis 2013, les occupants ne sont pas incités à bouder leur confort. Au lieu de chauffer à 20 °C, ils préfèrent pousser à 22 °C.

En tout cas, ça me semble plus inciter à électrifier et décarbonner, que se prendre la tête avec ces DPE !

Merci pour l'article pour l'Allemagne, qui effectivement va dans le même sens.

L'histoire des 22°C me parait par contre complétement hypothétique, non factuelle, et à la limite caricaturale. On peut aussi penser, et c'est plus probable, que les logements mal isolés sont sous chauffés, mettons à 17°C, pour éviter de grosses notes de chauffage, et qu'une fois isolés, les occupants essayent de profiter d'un meilleur confort promis, en chauffant normalement à 19°C. Ou encore plus probable, que dans les grands logements, seules les pièces de vie soient chauffées normalement, à 19°C, et les autres laissées avec un chauffage réduit, 17°C ou moins, ce qui expliquerait les disparités entre les grands logements et les plus petits. C'est plutôt ce que dit l'étude de la CAE :

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« Plus la performance énergétique est mauvaise, plus le coût du confort [la dépense nécessaire pour arriver à la température de 19 degrés en hiver, NDLR] va être élevé. Le consommateur va donc ajuster sa consommation à la baisse [ne pas atteindre cette température de confort, NDLR], donc sous consommer », explique Ariane Salem.


L'étude de la CAE parle de 66% d'écart du au comportement, et 33% du à autre chose. Mais même cela ne me parait pas trop factuel, car je ne pense pas qu'ils aient été mesurer la température dans les logements au long de l'année, avant et après isolation.

L'étude dit qu'il n'y en tout cas pas que cela, et que par exemple les paramètres théoriques sur lesquels sont basés les calculs du DPE sont probablement incorrects, et que la performance énergétique des solutions d'isolation utilisées dans les catégories A et B sont peut-être surestimées. De plus, l'isolation peut avoir un contre effet négatif. Par exemple, isoler par l'extérieur la façade sud a pour effet que lors d'en ensoleillement, le logement bénéficie moins de la chaleur apportée par le soleil. D'autre part, le calcul du DPE est amélioré si vous avez changé la chaudière pour une PAC, alors que cela n'a rien à voir avec l'isolation. Dans certains cas, la PAC est sur-dimensionnée, et consomme autant, voir davantage que la chaudière au gaz ou au fioul qui existait avant.

Pour ce qui est du calcul de la rentabilité, elle est souvent basée sur la hauteur des aides que l'on peut recevoir. Or celles-ci sont elles mêmes conditionnées sur une amélioration de deux lettres du DPE. Or, il y a aussi des erreurs faites par le diagnostiqueur dans l'évaluation du logement. Une étude de l'UFC Que Choisir avait montré que pour un même logement, pour lequel ils avaient fait appel à plusieurs diagnostiqueurs, l'évaluation pouvait varier de deux lettres de DPE.

Personnellement, je déconseillerais de se lancer dans des travaux d'isolation, en comptant pour les payer sur des aides hypothétiques, comme la PrimeRenov. Non seulement, elle dépend des revenus, et sera faible pour des revenus pas si élevés que cela, mais en plus le propriétaire risque d'avoir une déconvenue qu'après travaux, il n'ait pas l'amélioration attendue de deux lettres de DPE nécessaire pour la toucher. Ce qui risque de l'amener dans le surendettement;

D'autant qu'en 2024, elle sera réservée aux grosses rénovations, impliquant le passage à une PAC, donc très coûteuse, et que certains qui s'y lanceraient ne pourraient pas financer, faute de toucher la prime au niveau prévu.

Je note aussi dans l'article du Monde que les travaux d’isolation, donc qui n'ont pas changé la consommation globale, ont par contre entrainé une augmentation des loyers. On sait qu'en Allemagne, où on trouvait auparavant assez facilement des locations à des prix corrects, les gens ont maintenant du mal à se loger.

Le constat est des plus déprimants : malgré les milliards investis dans la rénovation énergétique des bâtiments depuis une décennie en Allemagne, la consommation énergétique du logement est restée stable. Pis : non seulement la baisse des dépenses de chauffage ne compense pas le coût des travaux, mais les rénovations agissent souvent comme un facteur d’augmentation des loyers, souvent disproportionné. Conséquence : ce sont les foyers les plus pauvres qui payent le plus lourd tribut, sans réduction significative des émissions de CO2. La GdW, la plus grande fédération allemande de sociétés immobilières, qui représente 6 millions de logements et 13 millions d’habitants, plaide pour un changement de stratégie.