Cela rejoint un peu les allemands qui n'ont pas vu baisser la consommation malgré la rénovation énergétique des bâtiments :
En Allemagne, les rénovations énergétiques des bâtiments n’ont pas fait baisser la consommation
https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/04/en-allemagne-les-renovations-energetiques-des-batiments-n-ont-pas-fait-baisser-la-consommation_6054715_3234.html
Pour autant il y a un gros biais à garder en tête, si on compare un logement A chauffé à 23 et un logement G chauffé à 15-16, ça fausse un peu les calculs.
Cf. dans l'article cité au-dessus :
La première est le fameux « effet rebond » : dans des logements mieux isolés, avec des prix des énergies fossiles en baisse depuis 2013, les occupants ne sont pas incités à bouder leur confort. Au lieu de chauffer à 20 °C, ils préfèrent pousser à 22 °C.
En tout cas, ça me semble plus inciter à électrifier et décarbonner, que se prendre la tête avec ces DPE !
Merci pour l'article pour l'Allemagne, qui effectivement va dans le même sens.
L'histoire des 22°C me parait par contre complétement hypothétique, non factuelle, et à la limite caricaturale. On peut aussi penser, et c'est plus probable, que les logements mal isolés sont sous chauffés, mettons à 17°C, pour éviter de grosses notes de chauffage, et qu'une fois isolés, les occupants essayent de profiter d'un meilleur confort promis, en chauffant normalement à 19°C. Ou encore plus probable, que dans les grands logements, seules les pièces de vie soient chauffées normalement, à 19°C, et les autres laissées avec un chauffage réduit, 17°C ou moins, ce qui expliquerait les disparités entre les grands logements et les plus petits. C'est plutôt ce que dit l'étude de la CAE :
« Plus la performance énergétique est mauvaise, plus le coût du confort [la dépense nécessaire pour arriver à la température de 19 degrés en hiver, NDLR] va être élevé. Le consommateur va donc ajuster sa consommation à la baisse [ne pas atteindre cette température de confort, NDLR], donc sous consommer », explique Ariane Salem.
L'étude de la CAE parle de 66% d'écart du au comportement, et 33% du à autre chose. Mais même cela ne me parait pas trop factuel, car je ne pense pas qu'ils aient été mesurer la température dans les logements au long de l'année, avant et après isolation.
L'étude dit qu'il n'y en tout cas pas que cela, et que par exemple les paramètres théoriques sur lesquels sont basés les calculs du DPE sont probablement incorrects, et que la performance énergétique des solutions d'isolation utilisées dans les catégories A et B sont peut-être surestimées. De plus, l'isolation peut avoir un contre effet négatif. Par exemple, isoler par l'extérieur la façade sud a pour effet que lors d'en ensoleillement, le logement bénéficie moins de la chaleur apportée par le soleil. D'autre part, le calcul du DPE est amélioré si vous avez changé la chaudière pour une PAC, alors que cela n'a rien à voir avec l'isolation. Dans certains cas, la PAC est sur-dimensionnée, et consomme autant, voir davantage que la chaudière au gaz ou au fioul qui existait avant.
Pour ce qui est du calcul de la rentabilité, elle est souvent basée sur la hauteur des aides que l'on peut recevoir. Or celles-ci sont elles mêmes conditionnées sur une amélioration de deux lettres du DPE. Or, il y a aussi des erreurs faites par le diagnostiqueur dans l'évaluation du logement. Une étude de l'UFC Que Choisir avait montré que pour un même logement, pour lequel ils avaient fait appel à plusieurs diagnostiqueurs, l'évaluation pouvait varier de deux lettres de DPE.
Personnellement, je déconseillerais de se lancer dans des travaux d'isolation, en comptant pour les payer sur des aides hypothétiques, comme la PrimeRenov. Non seulement, elle dépend des revenus, et sera faible pour des revenus pas si élevés que cela, mais en plus le propriétaire risque d'avoir une déconvenue qu'après travaux, il n'ait pas l'amélioration attendue de deux lettres de DPE nécessaire pour la toucher. Ce qui risque de l'amener dans le surendettement;
D'autant qu'en 2024, elle sera réservée aux grosses rénovations, impliquant le passage à une PAC, donc très coûteuse, et que certains qui s'y lanceraient ne pourraient pas financer, faute de toucher la prime au niveau prévu.
Je note aussi dans l'article du Monde que les travaux d’isolation, donc qui n'ont pas changé la consommation globale, ont par contre entrainé une augmentation des loyers. On sait qu'en Allemagne, où on trouvait auparavant assez facilement des locations à des prix corrects, les gens ont maintenant du mal à se loger.
Le constat est des plus déprimants : malgré les milliards investis dans la rénovation énergétique des bâtiments depuis une décennie en Allemagne, la consommation énergétique du logement est restée stable. Pis : non seulement la baisse des dépenses de chauffage ne compense pas le coût des travaux, mais les rénovations agissent souvent comme un facteur d’augmentation des loyers, souvent disproportionné. Conséquence : ce sont les foyers les plus pauvres qui payent le plus lourd tribut, sans réduction significative des émissions de CO2. La GdW, la plus grande fédération allemande de sociétés immobilières, qui représente 6 millions de logements et 13 millions d’habitants, plaide pour un changement de stratégie.