DPE : Pénalisation des logements chauffés à l'électricitéDans le DPE, le chauffage électrique est affecté d'un coefficient "d'énergie primaire" de x2.3. C'est le seul qui est affecté de ce coefficient, le gaz et le fioul ont un coefficient de 1. Donc un logement qui consomme n kWh d'électricité, se voit attribuer une consommation "primaire" de 2.3n kWh, celle qui est prise en compte dans la note du DPE. Ce qui fait que toutes choses égales par ailleurs (isolation...), un logement classé en D avec un chauffage au gaz (la majorité des logements en France), s'il abandonne une chaudière gaz pour passer à un chauffage électrique, qui consomme pareil, peut perdre deux catégories dans le classement DPE, et passer en F et se voir attribué le qualificatif péjoratif de "passoire thermique" injustement, et ne plus bientôt (2028) pouvoir être loués. Ce qui incite à rester au gaz, qui émet pourtant du C02. Et en France, l'électricité est produite majoritairement avec des sources non émettrices de CO2. Dans le but de réduction des gaz à effet de serre, c'est donc idiot.
Et donc, comme on l'a vu, le fait d'avoir un ballon d'eau chaude électrique, en particulier horizontal, est aussi pénalisé dans le DPE.
Et au contraire, la voiture électrique ne subit aucune pénalité de ce fait, et reçoit même des incitations sous forme de primes pour passer à l'électrique...
Dans un article récent, La Capital indique que Bruno Lemaire serait partisan d'une révision du calcul du DPE sur ce point, mais que Christophe Béchu, en charge au gouvernement de la "Transition écologique", serait réticent. Et selon l'article, rien que faire passer le coefficient de 2.3 à 1.5 ferait sortir 900.000 logements de la catégorie F.
DPE : les logements chauffés à l'électricité sont-ils vraiment pénalisés ?
Par Alexandre Loukil - Publié le 13/02/2024 à 13h29
A peine le temps de savourer. Quelques heures après avoir annoncé une réforme du diagnostic de performance énergétique (DPE) en faveur des petits logements le 12 février, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a vu son collègue de Bercy, Bruno Le Maire, y aller de sa petite phrase aigre-douce. Le ministre de l’Economie et des Finances, désormais aussi responsable des sujets énergétiques, milite depuis plusieurs mois pour une refonte du DPE, l’outil qui mesure l'efficacité énergétique et les émissions de gaz à effet de serre d’un logement. Bercy a «salué» cette décision, tout en continuant à placer ses pions : «Bruno Le Maire souhaite continuer à travailler avec Christophe Béchu sur l’évolution de la méthodologie du DPE.»
Dans son viseur, une refonte encore plus ambitieuse, et plus particulièrement la révision d’une notion qui «désavantage» les logements fonctionnant à l’électricité au profit de ceux consommant du gaz : le coefficient de conversion énergétique. «Aujourd’hui, un logement au gaz qui passe à l’électricité peut basculer en passoire à cause de cette méthodologie, alors qu’il divise ses émissions de gaz à effet de serre par trois», dénonce Bercy. Une telle initiative, estime-t-il, permettrait de sortir des «centaines de milliers de logements du statut de passoire thermique».
Energie primaire et énergie finale
Pour bien mesurer la portée des s propos du ministre, il faut déjà comprendre comment fonctionne le DPE. «Un diagnostic exprime la consommation d’un logement en énergie primaire, par mètre carré et par an, c'est-à-dire la quantité d'énergie disponible dans la nature avant transformation», explique Romain Ryon, directeur des affaires publiques et spécialiste des données chez l’acteur de la rénovation Effy. Qu’elle se retrouve sous forme de pétrole, de gaz ou charbon, cette énergie doit être transformée puis acheminée jusqu’aux logements. Ce qui est effectivement consommé par les ménages est alors qualifié, à l’inverse, d’énergie finale.
Dans le cas d’un ménage chauffé au gaz ou au fioul, les choses sont plutôt simples car on considère qu’il n’y a aucune déperdition entre l’énergie extraite et la consommation. Le coefficient de conversion, évoqué par Bruno Le Maire, est donc égal à 1. Mais pour l’électricité, ce coefficient est dégradé. Ce type d’énergie n'étant pas présent naturellement dans la nature, il convient d’en produire à partir de centrales nucléaires ou thermiques (au gaz notamment). «Entre le rendement de ces centrales et les pertes sur le réseau, la loi a fixé un coefficient de conversion de 2,3 pour l’électricité», poursuit Romain Ryon. Ainsi, pour 1 kilowattheure d’électricité effectivement consommé par le ménage, il a fallu en produire 2,3 en amont.
L’efficacité électrique est donc loin d’être parfaite. A consommation finale égale, un logement à l’électricité sera mécaniquement moins bien noté qu’un autre fonctionnant au gaz. «Prenons le cas d’un logement consommant en moyenne 180 kilowattheures par mètre carré et par an. Si cette quantité est consommée majoritairement via le gaz, le bien sera noté C. A l’inverse, s’il n’use que de l’électricité, il sera considéré comme une passoire thermique à la limite du G. Bien que l’installation d’une pompe à chaleur électrifie les usages et permette au ménage de réaliser de réelles économies sur sa facture, il faut reconnaître que cette situation est problématique», regrette le spécialiste d’Effy. Et ce dernier de rappeler qu’un coefficient de conversion abaissé à 1,5 permettrait d’améliorer d’un cran la note de 900 000 passoires thermiques notées F, et donc les sortir de leur statut de passoire thermique.
Interrogé sur le sujet, le ministère de la Transition écologique botte en touche : «Nous ne souhaitons pas toucher à la méthodologie du DPE, et en particulier aux notions d’énergie primaire et finale, souffle-t-on du côté de l'Hôtel de Roquelaure. Cette question revient régulièrement mais à ce stade, il n’y a aucun projet de ce type sur la table et les modifications que nous avons apportées ne concernent pas le coefficient de conversion.»
https://www.capital.fr/immobilier/dpe-les-logements-chauffes-a-lelectricite-sont-ils-vraiment-penalises-1492087Certes, il serait peut-être (il faut avoir de l'espace pour installer la pompe à chaleur à l'extérieur), d'installer une PAC air-eau, mais c'est plus cher, demande un entretien régulier, dure moins longtemps et devra être remplacé au bout de ~15 ans, et fait du bruit. Et elle consomme aussi de l'électricité, parfois beaucoup...
Voir la répartition des logements par classe DPE du ministère du développement durable :
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/le-parc-de-logements-par-classe-de-performance-energetique-au-1er-janvier-2023