https://c.leprogres.fr/economie/2023/10/13/fibre-optique-le-deploiement-passe-a-la-vitesse-superieureÀ la bonne heure ! Ce lundi 2 octobre, Aurélie, une habitante de Val Revermont, commune située au nord de Bourg-en-Bresse, saute de joie à l’heure de l’ouverture de son courrier : sa maison devrait bientôt être reliée à la fibre optique.
Pour ce faire, elle devra signer une convention d’autorisation de travaux, à une entreprise mandatée par le Syndicat intercommunal d’énergie et de e-communication de l’Ain (SIEA). « C’est une très bonne nouvelle, car ça fait des années que l’on attend. Ici, c’est très compliqué avec Internet. La réception TV est assez aléatoire. L’ADSL ne permet pas de télétravailler dans de bonnes conditions. »
Un long serpent de mer
Un témoignage qui en dit long sur les espoirs suscités par la fibre, dont le déploiement dans l’Ain est un long serpent de mer. Bien trop long, pour certains Aindinois, qui n’en voient pas le bout de la queue.
Thomas Iglesis, candidat aux élections législatives pour le Parti animaliste en 2022, originaire de Frans, fait part de son exaspération : « J’interviens régulièrement sur une chaîne YouTube avec des amis du Puy de Dôme, qui sont tous très bien raccordés. On est deux chroniqueurs dans l’Ain. On est les seuls à subir des débits dignes de Windows 95. Ça commence à bien faire ! »
Idem pour Valérie à Baneins, Sandie à Neuville-sur-Ain, ou encore Myriam à Ambronay. Toutes expriment le même sentiment de frustration : « On attend toujours ! »
Un sentiment exacerbé par l’ancienneté du projet, mis en route en 2009 et par les promesses de raccordement imminent répétées par le passé.
Près de 40 000 prises de raccordement posées lors des trois derniers mois
« On nous promet la fibre pour l’année prochaine, chaque année depuis dix ans. Je brûle des cierges pour qu’on l’ait en 2025 », ironise Thomas Iglesis.
Le militant écologiste ne devrait pas avoir à attendre aussi longtemps. Car aux quatre coins du département, le déploiement de la fibre tant attendue est passé à la vitesse supérieure.
Le chiffre : 107 011
Le nombre d’abonnés ayant souscrit à une offre fibre optique auprès d’un fournisseur d’accès à Internet (Bouygues, Orange, Free, SFR, etc.). Soit un taux de pénétration de l’ordre de 42 %, sur les 257 000 lignes déployées.
Un succès commercial favorable au remboursement des emprunts contractés par la régie, à hauteur de 600 M€. L’échéance des prêts prendra fin en 2040.
Près de 40 000 prises de raccordement ont été posées lors des trois derniers mois, portant à 257 000, sur 328 000, le nombre total de lignes raccordables (78 % de taux de raccordement), au 1er octobre 2023. Un rythme jamais atteint auparavant.
Damien Pacard, directeur des travaux au SIEA confirme : « Les 2e et 3e trimestres ont été très actifs. Le 4e le sera tout autant. » Selon les projections, de la régie d’e-communication, 300 000 prises seront raccordables en fin d’année. Plus de 91 % des logements seront alors éligibles à la fibre.
« Le fruit du travail invisible entrepris ces dernières années »
Walter Martin, président du Syndicat intercommunal d‘énergie et de e-communication de l’Ain
Le déploiement de la fibre optique est un long serpent de mer. Comprenez-vous la frustration et l’impatience qui l’entoure ?
« Je comprends tout à fait que les gens soient impatients, notamment ceux qui ont un ADSL peu ou pas du tout performant. Mais il faut bien avoir conscience que les choses ne se font pas du jour au lendemain. Il y a tout un cheminement à réaliser avant d’arriver à sortir des prises. Si on avait pu les sortir plus rapidement, on l’aurait fait. Au rythme où les choses avancent aujourd’hui, notamment lors de ces trois derniers mois (40 000 lignes raccordées entre juillet et septembre, N.D.L.R.), on ne devrait pas être loin d’atteindre nos objectifs en fin d’année. Pour l’heure, notre taux de déploiement est déjà, d’après les données de l’Arcep, supérieur à la moyenne nationale. »
On constate une forte accélération du nombre de branchements lors de ces trois derniers mois…
« C’est le fruit de tout le travail invisible entrepris ces dernières années. On a eu l’illusion, au départ, que la construction allait être linéaire. Mais en réalité, il y a les études à mener, les artères à construire, ainsi que tout le réseau de collecte et de transport. C’est énormément de travail : cela représente 70 % du coût du réseau. Mais pendant que l’on fait ça, on n’installe pas la fibre chez les gens. Ce que l’on est en train de faire maintenant, c’est la desserte. Aujourd’hui, on sort des prises, on rentre dans la dernière ligne droite. C’est la partie visible de l’iceberg. »
Vous parlez de dernière ligne droite. Aujourd’hui, vous pouvez affirmer que le bout du tunnel n’est plus très loin ?
« En début de projet, on avait une idée erronée du nombre de prises à connecter. On pensait initialement devoir en faire 278 000, puis après, très vite, on s’est rendu compte qu’il fallait en faire 312 000, 318 000, etc. Il y a eu des études d’ingénierie, mais en fait, la seule vérité, c’est le terrain et les relevés de boîtes aux lettres. Aujourd’hui, on sait qu’il y a 328 000 lignes à raccorder. 92 % d’entre elles le seront à la fin de l’année, soit 300 000 lignes. Il en restera 28 000 à raccorder. Ces dernières prises seront les plus difficiles à aller chercher. Début 2024, on devrait avoir atteint l’objectif fixé par le relevé terrain. Mais dans un département qui connaît une croissance démographique forte, il y aura toujours des prises supplémentaires à réaliser. »
Recueilli par Py.R.