La Suède a exclu Huawei et ZTE de ses réseaux 5G. D'après l'Usine Nouvelle, en représailles, la Chine pourrait exclure Ericsson de ses réseaux, où il est très présent.
Ericsson sous le spectre de représailles de la Chine dans la 5G
Ridha Loukil Publié le 06/11/2020 À 09H35
Après que la Suède ait banni Huawei et ZTE de ses réseaux, la Chine pourrait prendre des mesures de représailles dont Ericsson ferait les frais. L’équipementier télécoms suédois aurait beaucoup à perdre.
Ericsson se trouve prisonnier de la montée des tensions commerciales entre la Suède et la Chine. Le 20 octobre 2020, la PTS (autorité suédoise de régulation des télécoms) a enjoint les quatre opérateurs télécoms candidats à des fréquences 5G de ne plus installer aucun nouveau matériel de Huawei et ZTE, et leur a donné jusqu’au 1er janvier 2025 pour retirer les équipements chinois de leurs réseaux. Une décision qui ressemble à celles prises déjà au Royaume-Uni et en Belgique.
Situation à hauts risques
La Chine menace de représailles. La Suède, un petit pays d’un peu plus de 10 millions d’habitants, apparaît comme une proie facile pour Pékin. Elle abrite l’un des deux derniers équipementiers télécoms européens : Ericsson. Si le bannissement de Huawei et ZTE peut lui profiter, il se trouve entrainé dans une bataille géopolitique qui le met dans une position à hauts risques selon Gareth Owen, analyste au cabinet Counterpoint.
La PTS a retenu quatre candidats pour l’attribution de fréquences 5G dans le cadre d’enchères qui commenceront le 10 novembre 2020 : l'ex-opérateur historique Telia Sverige, Hi3G Access (plus connu sous sa marque commerciale Tre), Net4Mobility (une coentreprise entre Telenor et Tele2) et le distributeur audiovisuel Teracom. Si Telia Sverige s’appuie essentiellement sur Ericsson, Net4Mobility utilise Huawei et Hi3G Access un mélange de Huawei et ZTE.
Selon Gareth Owen, Pékin a déjà commencé à montrer ses muscles en émettant, via son régulateur des télécoms MIIT, une note appelant à "un renforcement de la surveillance des entreprises de télécommunications à capitaux étrangers en Chine". Ericsson parait particulièrement exposé. Et pour cause : contrairement à Nokia, qui n’a remporté aucun contrat 5G en Chine, il est fortement présent chez les trois grands opérateurs du pays : China Mobile, China Telecom et China Unicom.
113 contrats dans la 5G
Au troisième trimestre 2020, Ericsson a surpris les investisseurs avec des résultats meilleurs que prévu. Si le chiffre d’affaires n’a progressé que de 0,7 % à 6,5 milliards de dollars, la marge brute a gagné près de cinq points en un an à 43,2 %, la plus élevée depuis 2006. Ces résultats flatteurs, le groupe de Krista les doit principalement à la Chine selon l’analyste de Counterpoint. Ses ventes ont baissé dans toutes les régions du monde à l’exception d’une : l’Asie. En Asie du Nord-Ouest, dont la Chine constitue la plus grande partie, elles ont bondi de 39 %. Il bénéficie à plein du déploiement massif de la 5G dans ce grand pays.
Ericsson, qui se targue d’avoir engrangé 113 contrats dans la 5G et d’être présent dans 65 réseaux 5G en service dans le monde, ne peut se permettre de perdre l’immense marché chinois. D’autant qu’il reste encore à la peine dans ses trois activités en dehors des équipements de réseaux : les services numériques, les services managés et les activités émergentes.
Menace de nouveaux venus
Certes, le bannissement de Huawei et ZTE de nombreux marchés lui offre une bouffée d’oxygène. Mais il n’est pas certain qu’il soit l’acteur qui va en bénéficier le plus, relativise Chetan Woodun, un analyste sur le blog boursier Seeking Alpha. " Il y a bien sûr Nokia mais aussi d’autres équipementiers alternatifs comme Samsung, NEC ou Fujitsu dans le jeu ", note-t-il. Sans compter la horde de nouveaux venus comme Aliostar, Alpha Networks, Blinq Networks, Mavenir, Paralell Wireless ou Ranplan Wireless qui promeuvent des solutions ouvertes et interchangeables, construites avec du logiciel sur du matériel banalisé. Une irruption qui pourrait provoquer un grand bouleversement du marché des télécoms.
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