Le gouvernement somme des opérateurs de démanteler des équipements ZTE et HuaweiOrange, Outremer Télécom et Pacific Mobile Telecom ont été sommés par le gouvernement français de démonter leurs équipements cœur de réseau chinois, en l’occurrence ZTE et Huawei. En effet, l’agence chargée de la sécurité des réseaux, l’ANSSI, n’a jamais donné son agrèment pour de tels équipements.
On se croirait presque dans un bon John Le Carré, tant les intérêts économiques et sécuritaires priment dans les histoires de réseaux, sur fond de risques d’espionnage et de protectionnisme. En effet, le gouvernement français a demandé à trois opérateurs des DOM-TOM (Orange, Outremer Telecom et Pacific Mobile Telecom) de désinstaller leurs routeurs cœur de réseau de marque chinoise ZTE et Huawei.
Jusque-là, on pourrait se dire que l’État français cherche à limiter les risques sécuritaires. Les deux équipementiers incriminés ayant d’ailleurs déjà été accusés de mettre des backdoors dans leurs équipements cœur de réseau. Toutefois, récemment, le gouvernement français appelait les opérateurs au patriotisme en matière de réseau. Comprenez le message en clair : « Achetez Alcatel-Lucent ». Pas certain que la stratégie soit vraiment payante…
Mensonges par omission ?
Toujours est-il que pour utiliser tel ou tel équipement, il faut se conformer à ce que dit l’ANSSI, l’agence nationale en matière de sécurité, indépendante de l’Etat. Et en l’occurrence les équipements cœur de réseau ZTE et Huawei ne figurent pas sur cette liste. Ce qui n’empêche pas Outremer Telecom d’utiliser du ZTE depuis 2006, et Orange Réunion du Huawei depuis 2009 environ.
Selon nos confrères de BFM TV, qui rapportent cette information, les explications sont peu fiables. « C'est la filiale sud-africaine de Huawei qui a vendu le réseau mobile à Orange Réunion, et cette filiale ne connaissait pas la réglementation française », raconte le constructeur. Or par exemple, « le contrat entre Outremer et ZTE indiquait que ZTE devait obtenir l'agrèment » de l’ANSSI, ce qui n’est pas le cas, pour Huawei non plus.
Comme le souligne BFM TV, outre des prix dans la fourchette basse, les constructeurs chinois proposent des crédits-fournisseur qui permettent aux opérateurs de contracter des prêts. Outremer Telecom aurait ainsi bénéficié de 20 millions d’euros de prêt.
Du protectionnisme tricolore dissimulé ?
Pour les équipementiers, le gouvernement français se livre en fait à du protectionnisme déguisé. « Nous sommes déçus des conditions déloyales qu'on nous impose. Les équipements ZTE sont acceptés dans les autres pays européens. Seule la France considère qu'ils posent un problème », déplorait Lin Cheng, vice-président de ZTE. Effectivement, ZTE a vendu du cœur de réseau dans plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique ou la Suède. Le cœur de réseau de Huawei est utilisé en Grande-Bretagne, en Allemagne en Belgique, etc. Toutefois, les équipementiers ont beaucoup de mal à s’implanter outre-Atlantique, notamment aux Etats-Unis et au Canada pour des raisons de protectionnisme assumées.
Il est donc facile de faire le raccourci : le gouvernement français tente de privilégier Alcatel-Lucent, sous couvert de l’ANSSI. Mais Bercy se défend et assure que l’agence « ne dépend pas de Bercy et nous ne lui avons rien demandé ».
Quoi qu’il en soit, il est demandé aux trois opérateurs de démonter leurs équipements chinois. Orange se refuse à commenter l’information. Reste à voir si les consignes seront respectées.Source :
L'informaticien le 23 octobre 2013 par Emilien Ercolani.