A partir du moment où Google n'est pas à l'origine des flux, je ne vois pas pourquoi on lui interdirait de fournir des liens m3u8 affichables dans sa propre page, il y affiche bien déjà les images.
Je pense que c'est le problème de fond, et que depuis les histoires du P2P en échanges de musique et de l'exception culturelle, les "ayant-droits" sont devenus aujourd'hui les "ayant tous les droits", comme celui d'interdire aux gens la simple communication et utilisation de leurs liens, comme si un lien http était copyrighté.
Comme je l'ai écrit ailleurs, ils veulent non seulement être les maîtres de leurs flux au départ, ce que tout le monde comprend et accepte, mais aussi les maîtres de leur flux à l'arrivée, c'est à dire chez les gens, en exigeant d'eux qu'ils n'utilisent pas leur navigateur ou box TV à leur guise mais leurs propres sites et leurs applis. Pour cela ils entendent éliminer tous ceux qui faciliteraient aux gens l'accès aux chaînes par des portails généralistes.
La plupart des flux ne viennent pas directement des chaînes, mais des services de streaming avec lesquels elles ont un accord. Donc dans tous les cas, les chaînes peuvent techniquement faire bloquer leurs flux suivant l'origine de la demande, bloquer tout ce qui viendrait par exemple de demandes de Google quand l'utilisateur cliquerait ses liens m3u8. Elles resteraient maîtres de la distribution ou pas, du flux. Alors pourquoi la plupart le refusent-elles ?
J'ai 2 hypothèses à propos des chaînes gratuites.
La première me semble plus légère mais participe peut-être de la décision finale : la mise en place du filtrage des requêtes http de flux aurait un coût, à la fois de mise en place et de gestion ensuite, alors si on peut faire moins cher en exerçant la pression de son lobby sur le législateur, on préfèrera. C'est sans doute pourquoi on voit des margoulins avoir le pied dans les ministères ou au parlement européen, où bien sûr les "téléspectateurs" n'ont eux aucun représentant. La seconde me semble plus sérieuse.
Un portail généraliste qui deviendrait populaire favoriserait la concurrence, et permettrait peut-être même à des petites chaînes de challenger les grandes. Les gros groupes n'en veulent donc pas. Si on peut penser que Google présenterait indifféremment tous les liens m3u8 dont ils disposent, les premiers affichés seraient vraisemblablement ceux issus de la publicité payante comme il le fait pour les liens ordinaires. Un grand portail peut faire payer, sinon le droit d'y être publié, au moins le positionnement et la visibilité dans la liste. Les chaînes y voient de l'assujettissement par de nouveaux entrants dans leur jeu, alors qu'elles veulent en garder le monopole.
Depuis 6 mois je découvre un monde de requins qui se battent entre eux, les fournisseurs de contenus/services et les fournisseurs de réseaux.
Les premiers reprochent aux seconds de ne pas payer le juste prix de leur contenu quand ils les reprennent, alors que même une reprise gratuite devrait les satisfaire, puisque le streaming a un coût qu'ils ne paient pas et que le coeur de métier d'un fournisseur de contenu (tels qu'il le voit, pas comme je le vois) est d'avoir ses propres pubs ou des pubs insérées par des tiers autorisés, vues par un maximum de personnes.
Et les seconds reprochent aux premiers de ne pas participer aux coûts du nécessaire développement de leurs réseaux, alors qu'ils y participent puisque si je m'abonne à la fibre plus chère que l'ADSL, c'est parce que les contenus demandent de plus en plus de bande passante.
Le "client" final, nous, subit les dégâts collatéraux, mais tant qu'on peut lui faire regarder la pub donc le faire payer, il ne compte pas.
A ce triste tableau il y a des exceptions, les chaînes du service public, notamment les régionales (les nationales singeant sur beaucoup de points les pires des chaînes commerciales, au moins dans leur empêchement d'accéder directement à leurs flux), les chaînes subventionnées d'une façon ou d'une autre comme Arte ou Euronews, et quand même quelques autres chaînes atypiques dont on apprécierait qu'elles aillent au bout de leur logique en affirmant clairement le droit d'utiliser leurs liens de streaming. Un portail généraliste de chaînes volontaires pourraient en effet, par la synergie de leur regroupement, être profitable à ces "marginales" et inciter d'autres à y être aussi.