Moi je suis tombé dedans quand je suis entré à l'IUT, en 1994.
Je bricolais depuis l'école primaire sur tout ce qui me passait sous la main (notre instituteur était féru d'informatique, et nous avions plusieurs ordinateurs dans notre classe en 1984 !), mais n'avais surtout fait joujou jusque là qu'avec DOS et les premières versions de Windows, sur les ordinateurs des copains chanceux.
En entrant à l'IUT, j'ai découvert AIX, Internet (la LS Renater à 2 Mbps nous faisait tous baver d'envie), le système X-Window et ses terminaux monochromes, et j'ai été subjugué par la puissance des systèmes UNIX, et leur souplesse d'administration.
À tel point que je me suis très vite décidé à en faire mon métier.
Puisque je n'étais pas en mesure de travailler sur les machines de l'IUT après les cours, j'ai réussi à convaincre mon paternel de m'acheter un PC.
C'était mon tout premier, et loin d'être une bouse à l'époque : Pentium 90 - 16 Mo de RAM - disque dur de 600 Go - carte graphique 2 Mo associée à un écran cathodique 15" - vive le 1280x1024 en 65 000 couleurs (quand on arrivait à trouver les pilotes adéquats). Sans lecteur de CDROM ni carte son, parce qu'il y en avait déjà pour près de 13 000 balles de l'époque.
Lors de mon stage de fin d'études, le machin a servi de serveur X pour toute une classe qui lançait des compilations en C.
Fluctuat nec mergitur.Ah, c'est que j'en ai passé des soirées à dupliquer des disquettes de distributions Linux et autres serveurs Accelerated-X, et presque autant à les installer sur ma machine !
Sans compter les nombreuses réinstallations de Windows ayant découlé de mauvaises manipulations.Les plus jeunes ici ne connaîtront pas la frustration de passer deux heures à installer une Slackware, avant de se voir signifier par le noyau que la 18
e disquette est défectueuse...
À Noël, je me suis offert un lecteur de CD-ROM et j'ai pu commencer à m'alimenter régulièrement en distributions Infomagic (commandées aux US).
Mon tout premier, c'était celui-là :
Je crois bien que j'ai essayé toutes les distributions qui se faisaient à l'époque.
L'absence de gestion de dépendances dans Slackware et l'écrasement du système lors des mises à jour m'ont très rapidement gonflé.
J'avais essayé deux ou trois versions de Red-Hat, mais n'avais jamais réussi à finaliser l'installation sur ma machine, donc je suis passé à autre chose.
Avec son système de paquetage avancé et la possibilité de mettre à jour son système d'une version à l'autre sans devoir tout réinstaller, Debian m'a tapé dans l'œil, et c'est devenu mon système de prédilection depuis 1996.
Du coup ça fait 20 ans que j'en équipe mes machines personnelles, même si je bosse surtout avec RHEL aujourd'hui.
Entre temps, j'aurai travaillé - plus ou moins dans cet ordre - sur SINIX, DG-UX (les serveurs équipés de processeurs Alpha me faisaient rêver à l'époque), AIX, Solaris, UnixWare, HP-UX, sans oublier Netware et toutes les versions de Windows sorties depuis.
Et aujourd'hui comme hier, je me dis que - malgré toutes ses imperfections - Linux est une bénédiction pour le monde IT.
UNIX existait depuis près de 30 ans avant que j'en entende parler, et 25 ans plus tard, Linux qui s'en inspirait est partout (et UNIX est toujours là).
Vue la longévité de ce système, j'imagine qu'on en entendra encore parler dans 25 ans ...