Le Monde
L’empire chancelant de Patrick Drahi
Entre l’arrestation du bras droit de l’homme d’affaires et la hausse des taux, le groupe ultra-endetté vacille
Les télécoms, c’est comme un flipper : tant qu’il y a des boules, je joue encore. Ce 24 juin 2015, lors d’un dîner de la Fondation de l’Ecole polytechnique, dont il est diplômé, Patrick Drahi fanfaronne. Tout semble réussir à celui qui vient de débourser 13,5 milliards d’euros en octobre 2014 pour acheter SFR à Vivendi. Parti en 1994 d’un petit opérateur de câble à Cavaillon (Vaucluse), l’homme d’affaires se bâtit un empire dans les télécoms qu’il étendra par la suite dans les médias et l’art. Huit ans après ce dîner, M. Drahi frôle-t-il le game over ? L’arrestation, le 13 juillet, au Portugal, de son associé historique, Armando Pereira, pour des faits présumés de corruption et de fraude fiscale, a révélé les fragilités de son groupe, lesté de près de 60 milliards d’euros de dette accumulés après une décennie d’acquisitions effrénées (SFR, Portugal Telecom, Cablevision, Suddenlink, Sotheby’s). Soit environ six fois le résultat brut d’exploitation généré en 2022 par ses quatre grands pôles.
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Il viserait une somme similaire en vendant l’agence de publicité Teads, indiquait Mergermarket le 27 septembre. Meo, l’opérateur télécoms portugais, pourrait aussi changer de mains. Mais M. Drahi trouvera-t-il preneur alors que, ces deux dernières années, les premières tentatives pour vendre Teads ou Meo ont échoué ?
Les candidats à la reprise savent l’empire en difficulté : ils voudront profiter de leur position de force. M. Drahi est passé d’acheteur à vendeur, une situation bien moins confortable.