Face à un SFR affaibli, Patrick Drahi fait du désendettement sa « seule priorité » pour Altice
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Mardi, le patron de SFR et des chaînes BFM a annoncé un virage à 180 degrés, en expliquant que le désendettement d'Altice (qui cumule environ 60 milliards de dette entre la France, les Etats-Unis, le Portugal et Israël) allait être « sa seule priorité ».
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Pour autant, Altice n'a pas donné de nouveaux objectifs plus ambitieux de désendettement.
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Mais Altice n'exclut pas d'utiliser le produit des ventes pour racheter une partie de sa dette à bon prix. Depuis le scandale de corruption au Portugal, certaines tranches de dette obligataire d'Altice se négocient en effet avec une décote de 55 % par rapport à la valeur faciale.
Effectivement, si Patrick Drahi a dit que sa dette était sa seule priorité, et a même ajouté dans sa présentation (voir ci-dessous), "Whatever it takes", ce qui rappelle une célébre expression ("Quoiqu'il en coûte"), concrètement, on ne voit pas grand chose. Et donc on peut douter de sa sincérité.
Évidemment, il a parlé de la vente des datacenters de SFR. L'estimation de plus d'un milliard d'euros apparait surestimée, puisque que celles qui ont circulé dans la presse parlent plutôt de 550 millions d'euros. C'est une goutte d'eau dans l'océan de la dette d'Altice France. Et de plus, il faudra certainement que SFR loue ses propres datacenters (comme il le fait pour ses tours mobiles), ce qui entraine d'autres frais financiers.
Par contre, il y a des gens intéressés pour racheter les médias, ce n'est pas un actif stratégique, ce n'est pas le cœur de métier d'Altice, qui est un groupe de Telecom, mais bizarrement, selon Le Figaro, Patrick Drahi aurait dit qu'ils n'étaient pas à vendre. Ils seraient pourtant valorisés à hauteur de 2 milliards d'euros...
Il y a quelques jours, Le Figaro révélait l’intérêt de plusieurs ténors de la place pour le pôle média d’Altice composé de BFMTV notamment. Un pôle pour lequel Patrick Drahi a confirmé avoir reçu des marques d'intérêt, même si celui-ci n'est à ses yeux pas «en vente».
https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/quoi-qu-il-en-coute-pris-dans-une-tempete-de-corruption-patrick-drahi-tente-de-rassurer-les-investisseurs-sur-sfr-bfm-et-rmc-20230808Il y a d'autres options qui n'ont pas été évoquées, dans le cadre "Whatever it takes". Patrick Drahi dit qu'il est le seul actionnaire d'Altice France. Il pourrait le recapitaliser. Altice UK a acheté 25% du capital de British Telecom, en faisant payer Altice International ("prêt" de 580 M€), et Altice France (dividende de 4.6 milliards d'euros remonté en Avril 2021). Ces 25% valent actuellement environ 3 milliards d'euros (l'action BT a baissé depuis qu'il a commencé à prendre des participations). Il pourrait les revendre pour rembourser une partie de la dette d'Altice France. Ce serait nettement plus significatif que les 550 millions des datacenters, qu'il faudrait en plus louer ensuite.
La vente d'Altice Portual/MEO n'est pas non plus une option explicite, alors qu'elle a été évoquée.
Le rachat de la dette, c'est encore une manip financière. Il ne s'agit pas de rembourser la dette, mais de racheter des titres de sa dette obligataire sur le marché, qui avaient nettement baissé ces dernières semaines, depuis l'arrestation d'Armando Pereira, pour en faire remonter le cours. Il a d'ailleurs déjà remonté, mais donc plutôt artificiellement, et en dépensant encore du cash pour cela, alors que les cash flow d'Altice France sont toujours négatifs (-23 Me, voir ci-dessous).
https://alticefrance.com/sites/default/files/pdf/Altice%20France%20%28SFR%29%20Q2%202023%20Presentation_EXT.pdf