De façon plus générale, on peut noter que c'est encore Cellnex qui reprend les pylônes telecom de SFR, alors qu'au départ, c'était le fond KKR (Kohlberg Kravis Roberts & Co., un fonds d’investissement américain, un des plus gros dans le domaine), devenu Starlight Holdco, qui avait investi, et a donc accepté de revendre ses parts au profit de Cellnex.
Après les accords avec Bouygues Telecom, puis avec Iliad en 2019 (France et Italie), c'est donc le 3eme opérateur à qui Cellnex rachète des tours, et il va en posséder 20.000 en France. En Europe, c'est 120.000 qu'il en possède, et il commence donc à avoir une position très forte sur le marché, en particulier en France, 2eme marché après l'Espagne, et donc peser lourd, et deveir incontournable. Et comme Cellnex s'est pas mal endetté pour ses dernières acquisitions, on peut craindre une augmentation des prix de location. Les opérateurs en France ont cédé à la tentation de prendre du cash rapidement, et sont de plus en plus locataires pour leurs infrastructures réseau, une situation un peu dangereuse pour eux.
Infrastructures mobiles : Cellnex s'offre Hivory, la TowerCo d'Altice
Technologie : L'ogre espagnol Cellnex vient d'acquérir les 10 500 sites mobiles français d'Hivory, la TowerCo de SFR, pour la somme de 5,2 milliards d'euros.
Par Pierre Benhamou | Jeudi 04 Février 2021
Un géant est né sur le marché français des infrastructures mobiles. Le géant espagnol Cellnex vient en effet d'annoncer s'être porté acquéreur de l'ensemble du portefeuille de 10 500 sites mobiles français d'Hivory, la TowerCo de SFR. L'opération, qui sera effective d'ici au second semestre 2021, et sous réserve de validation par les autorités, a été valorisée à 5,2 milliards d'euros pour Cellnex et comprendra en outre un programme d’investissements complémentaires de 900 millions d'euros pour déployer 2 500 nouveaux sites d'ici à 2029.
Cette transaction place Cellnex aux avants-postes du marché des infrastructures mobiles en France et en dit long sur l'évolution stratosphérique de l'ogre espagnol dans l'Hexagone. Présent en France depuis 2016 via sa branche locale, dirigée par Vincent Cuvillier, le groupe comptait début 2020 130 collaborateurs chargés de la gestion d'un patrimoine – qui s'élevait alors à plus de 9 000 sites mobiles répartis dans tout l'Hexagone. L'acquisition d'Hivory place Cellnex dans la peau du leader du secteur, avec près de 20 000 sites mobiles (antennes et toits-terrasses) sur le territoire.
A l'image des accords conclus avec Cellnex par Bouygues Telecom puis Free, SFR devrait rester locataire de son ancien réseau d'infrastructures mobiles pour une durée d'au moins 18 ans, renouvelable par périodes de 5 ans. Rappelons qu'après une première incursion sur le sol français avec le rachat des infrastructures de Bouygues Telecom, Cellnex France avait également mis la main sur 5 700 sites passifs de Free via l'acquisition de 70 % de la TowerCo d'Iliad dans le cadre d'un accord global conclu en 2019 et valorisé à 2 milliards d'euros.
Un appétit d'ogre
« Avec l’acquisition d’Hivory, nous travaillerons en France avec trois des grands opérateurs de téléphonie mobile, favorisant ainsi le partage d’infrastructures, libérant des ressources financières pour ces opérateurs, encourageant les initiatives de rationalisation des sites existants et accélérant le déploiement de nouveaux sites », s'est réjoui le PDG de Cellnex, Tobias Martinez, à l'annonce de cette opération. Et d'indiquer que ce nouvel accord « contribuera d’une part à l’atteinte des objectifs des acteurs du secteur concernant la couverture numérique du territoire avec l’élimination des zones blanches et, d’autre part, à l’extension efficace et fluide de la 5G dans le territoire ».
L'accord conclu avec SFR illustre les fortes ambitions du groupe en France et en Europe, alors que celui-ci a dégagé en 2019 – et pour la première fois – 51 % de son chiffre d’affaires et 60 % de son EBITDA hors d'Espagne. De fait, le champion espagnol des infrastructures mobiles vient de s'offrir l'un de ses principaux concurrents sur le marché français. « La France figure au rang de marché principal pour Cellnex, et le deviendra d'autant plus dans les années à venir », expliquait d'ailleurs de manière prémonitoire le directeur général de Cellnex France début 2020, au cours d'un entretien accordé à ZDNet.
Sur le marché français ne reste plus désormais que TDF et la future TowerCo d'Orange France pour faire face au géant espagnol. Ce qui place ce dernier en position confortable, avant sa nouvelle augmentation de capital de 7 milliards d'euros prévue prochainement pour lui permettre de financer un portefeuille de projets d'acquisition d’un montant de 18 milliards d'euros, dont une partie a déjà été engagée pour l’acquisition d’Hivory en France et l’intégration des sites de Deutsche Telekom aux Pays-Bas.
Au titre de son exercice 2019, le groupe a enregistré un chiffre d'affaires global en hausse de 15 % sur l'année, à 1,03 milliard d'euros, ainsi qu'un EBITDA en hausse de 16 % par rapport à l'exercice précédent, à 686 millions d'euros. Présent en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas, en France, en Suisse, en Grande-Bretagne, en Irlande, au Portugal, en Autriche, au Danemark et en Suède, l'ogre espagnol a aujourd'hui la main sur un parc de 120 000 sites, dont 75 000 sont opérationnels, les autres étant en cours d'acquisition ou de déploiement d’ici à 2028.
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