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Numérique responsable / Un puit de carbone, qu'est-ce que c'est ?
« Dernier message par vivien le Aujourd'hui à 18:11:27 »Rapport environnement 2024 de Microsoft
Microsoft ambitionne de devenir "carbon negative" d'ici à 2030 (ben voyons) et que d'ici à 2050 ils auront aspiré de l'atmposphère tout le carbone qu'ils y ont mis (sans rire).
(cliquez sur la miniature ci-dessous - le document est au format PDF)
Je vous livre l'analyse de Jean-Marc Jancovici :
Les Echos viennent de publier un article décortiquant le dernier rapport environnement de Microsoft. On y lit que Microsoft ambitionne de devenir "carbon negative" d'ici à 2030 (ben voyons) et que d'ici à 2050 ils auront aspiré de l'atmposphère tout le carbone qu'ils y ont mis (sans rire).
En attendant, les émissions globales ont augmenté de 29,1% de 2020 à 2023, ce que souligne à juste titre Les Echos.
L'une des raisons à cette hausse est l'investissement dans des infrastructures d'intelligence artificielle, confirmant que ces développements vont être difficiles à concilier avec la décarbonation de l'économie.
Le rapport de Microsoft évoque 15 millions de tonnes équivalent CO2 pour l'ensemble de l'empreinte carbone. L'ordre de grandeur est le bon (pour une entreprise de cette taille et dans ce secteur d'activité, l'empreinte carbone doit se promener entre 15 et 40 millions de tonnes), mais.... :
- l'électricité achetée est comptée pour zéro quand le fournisseur d'électricité fournit en même temps des certificats de garantie d'origine (alors que cela ne correspond à aucune réalité "physique")
- dans les émissions indirectes, il n'est pas dit s'il est tenu compte de la fabrication des ordinateurs utilisés par les clients finaux (utilisateurs sans lesquels Microsoft n'existerait pourtant pas)
Comme pour un bilan comptable, une empreinte carbone, qui donne l'ensemble des émissions des processus dont l'entreprise dépend (c'est donc une vision "risques et impacts" et non "responsabilité"), doit préciser ce qui est compté et comment, sinon on ne peut pas en déduire grand chose.
La compagnie précise ce qu'elle fait pour faire baisser les émissions. Certaines mesures qui peuvent effectivement diminuer l'empreinte carbone "toutes choses égales par ailleurs", comme le financement direct d'installations de production d'énergie renouvelable additionnelles (les PPA) pour acheter l'électricité correspondante, ou encore l'électrification des véhicules détenus.
Il y a des mesures qui limitent la hausse, comme par exemple de recourir à du béton moins carboné pour la construction des datacenters supplémentaires, ou des composants optimisés pour les serveurs supplémentaires (car rien de tout cela ne fait baisser les émissions existantes).
Il y a enfin des mesures qui relèvent de la contribution aux puits (par exemple de la reforestation), mais qui ne peuvent être "soustraites" des émissions engendrées, alors que MS le fait.
En attendant, il est intéressant qu'un journal économique "décortique" un rapport sur les impacts environnementaux tout en mentionnant les performances économiques "en passant", et non l'inverse. Espérons que la compétence pour ce faire devienne aussi développée que celle pour décortiquer la partie financière des rapports annuels !
Source : Linkedin Jean-Marc Jancovici
Microsoft ambitionne de devenir "carbon negative" d'ici à 2030 (ben voyons) et que d'ici à 2050 ils auront aspiré de l'atmposphère tout le carbone qu'ils y ont mis (sans rire).
(cliquez sur la miniature ci-dessous - le document est au format PDF)
Je vous livre l'analyse de Jean-Marc Jancovici :
Les Echos viennent de publier un article décortiquant le dernier rapport environnement de Microsoft. On y lit que Microsoft ambitionne de devenir "carbon negative" d'ici à 2030 (ben voyons) et que d'ici à 2050 ils auront aspiré de l'atmposphère tout le carbone qu'ils y ont mis (sans rire).
En attendant, les émissions globales ont augmenté de 29,1% de 2020 à 2023, ce que souligne à juste titre Les Echos.
L'une des raisons à cette hausse est l'investissement dans des infrastructures d'intelligence artificielle, confirmant que ces développements vont être difficiles à concilier avec la décarbonation de l'économie.
Le rapport de Microsoft évoque 15 millions de tonnes équivalent CO2 pour l'ensemble de l'empreinte carbone. L'ordre de grandeur est le bon (pour une entreprise de cette taille et dans ce secteur d'activité, l'empreinte carbone doit se promener entre 15 et 40 millions de tonnes), mais.... :
- l'électricité achetée est comptée pour zéro quand le fournisseur d'électricité fournit en même temps des certificats de garantie d'origine (alors que cela ne correspond à aucune réalité "physique")
- dans les émissions indirectes, il n'est pas dit s'il est tenu compte de la fabrication des ordinateurs utilisés par les clients finaux (utilisateurs sans lesquels Microsoft n'existerait pourtant pas)
Comme pour un bilan comptable, une empreinte carbone, qui donne l'ensemble des émissions des processus dont l'entreprise dépend (c'est donc une vision "risques et impacts" et non "responsabilité"), doit préciser ce qui est compté et comment, sinon on ne peut pas en déduire grand chose.
La compagnie précise ce qu'elle fait pour faire baisser les émissions. Certaines mesures qui peuvent effectivement diminuer l'empreinte carbone "toutes choses égales par ailleurs", comme le financement direct d'installations de production d'énergie renouvelable additionnelles (les PPA) pour acheter l'électricité correspondante, ou encore l'électrification des véhicules détenus.
Il y a des mesures qui limitent la hausse, comme par exemple de recourir à du béton moins carboné pour la construction des datacenters supplémentaires, ou des composants optimisés pour les serveurs supplémentaires (car rien de tout cela ne fait baisser les émissions existantes).
Il y a enfin des mesures qui relèvent de la contribution aux puits (par exemple de la reforestation), mais qui ne peuvent être "soustraites" des émissions engendrées, alors que MS le fait.
En attendant, il est intéressant qu'un journal économique "décortique" un rapport sur les impacts environnementaux tout en mentionnant les performances économiques "en passant", et non l'inverse. Espérons que la compétence pour ce faire devienne aussi développée que celle pour décortiquer la partie financière des rapports annuels !
Source : Linkedin Jean-Marc Jancovici