Auteur Sujet: Neutralité du Net : Le filtrage d'Internet est-il inéluctable ?  (Lu 29654 fois)

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feyb64

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Le 'paquet telecom' est actuellement en discussion à l'assemblée européenne pendant ces vacances.

Le grand HIC, c'est qu'il y parait incidieusement des 'amendements' et 'textes' qui touchent à la vie privée sous le prétexte de garantir le respect des 'copyrights' (entre autres).

Ainsi entre autres est supprimée la 'neutralité' des 'transporteurs' d'internet (fournisseur d'accès, fournisseurs de transit, ...) tenus alors à filtrer tous usages illicites sur demandes (on ne sais pas qui et comment ... c'est la transcription aux niveaux textes de loi nationaux du texte européen qui devront définir ces aspects, d'où une possibilité encore plus grande d'ouverture au filtrage à tout va sous des considérations plus ou moins valables, contrôlé par des gens pas forcement 'neutres' sous tous les aspects, ...)

Il est temps de réagir, le texte sera voté en début Septembre.

Pour la pétition, allez ici (en Anglais certe, mais je l'ai lu, il n'y a rien de 'dangereux', en plus vous pouvez rester totalement anonymes):

http://www.gopetition.co.uk/petitions/telecomtv.html

A la rentrée, il sera probablement trop tard ! alors c'est maintenant ou demain votre fai sera en droit de vous filtrer !

vivien

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Neutralité du Net : Le filtrage d'Internet est-il inéluctable ?
« Réponse #1 le: 27 juillet 2008 à 21:14:02 »
J'ai entendu l'argument suivant un jour en faveur du filtrage :

Troquer la liberté contre la sécurité, c'est une tendance lourde de ce dernier demi-siècle, et cela va en s'amplifiant.

Sur la route, par exemple, il y a belle lurette qu'en acceptant les limitations de vitesses on a troqué la liberté contre plus de sécurité (la sienne et celle des autres). Et ces limitations de vitesses sont contrôlées de façon de plus en plus technologique et automatisée (aujourd'hui des radars externes aux voitures, demain ce sera le GPS obligatoire dans votre voiture qui vous dénoncera et mettra son fichier de log à disposition du juge...)

Alors pourquoi refuser pour Internet ce qu'on a accepté sur la route ?



1- Il y a eu 4615 morts en 2007 sur la route en France. Combien sur Internet ?

Est-ce que "La Poste" ouvre tes colis et lettres pour regarder a l'intérieur pour du contenu illégal ?
Est-ce que l'état fournit une "liste noire" d'objets a vérifier qu'ils n'existent pas dans aucun colis ?


2- Tout filtrage est simplement impossible car trop cher.

Vu l'architecture du réseau Français de la plupart des opérateurs (sauf les gens en non dégrouppé, et ceux chez orange) il faut compter un équipement a 40 000 eur par dslam dégrouppé et par opérateur.
sachant que par exemple free (en mai 2008 d'apres la lettre de l'ADUF) a 1571 NRA, équipés de 3570 DSLAMS, et qu'il y a 3 opérateurs dégrouppeurs (free-alice / neuf), ca nous fait environ 10000 DSLAMS, il faut donc compter dans les 40000 * 10000 = 400'000'000 € rien que pour les équipements de filtrage, ce qui n'inclue naturellement pas le coût de l'hébergement, des ingénieurs et techniciens pour mettre en place la solution, la superviser et la maintenir.

Au bas mot, cette petite sauterie coûterait 1 Milliard pour les opérateurs alternatifs.
Cela contribuerait un peu plus encore à éliminer les petits ISP, qui ne pourront pas suivre, mais cela fait peut être partie de la stratégie...


3- Cela ne sert à rien.

Vous croyez vraiment qu'un groupe qui veut echanger du pedophile ou pire va le faire en clair ? Et qu'il n'aura pas de complicité du système de surveillance ?

Ceux qui feraient de tels échanges et n'ont pas compris le besoin de cryptage sont juste des desequilibrés, du menu fretin, faciles à retrouver aujourd'hui. Ce sont les organisés qui sont dangereux.

Pour le P2P, on va arriver a 100% du trafic P2P crypté, ce qui outre de rendre le filtrage inefficace rajoute de l'overhead (on doit transporter plus de données que celles utiles) cela ne fait qu'encombrer plus Internet.


4- Cela est contre productif.

Le comble, c'est que la seule reponse pour le citoyen lambda sera d'établir des tunnels cryptes entre tous les gens qui veulent se parler simplement, librement et democratiquement, d'y envoyer en permanence de la video encryptée sur 100Mbps au moins pour bien noyer le poisson, et de mettre au mileu les informations intéressantes.

C'est à dire exactement ce que ne veut pas une police intelligente. La situation actuelle convient très bien, un service de recherche efficace y retrouve tres facilement ce qu'il veut en mettant sur écoute une connexion...

vivien

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Neutralité du Net : Le filtrage d'Internet est-il inéluctable ?
« Réponse #2 le: 27 juillet 2008 à 21:39:57 »
Un trés bon article sur le sujet de PC impact :

Nous avons contacté l’un des fournisseurs d’accès français pour nous entretenir avec lui sur les questions de filtrage. Entre le contrôle des flux demandé par l’industrie du disque, qui scrute avec intérêt les solutions en gestation dans la lutte contre la pédophilie, ce FAI nous explique les principales difficultés et les véritables enjeux soulevés par ces questions.

Voici, les principaux extraits de ce témoignage effectué sous couvert d’anonymat, compte tenu du contexte et des discussions en cours sur ces problématiques (voir le projet de Charte sur la Confiance, et la présentation du dispositif par la ministre de l'Intérieur).

Les exemples étrangers

Actuellement, le filtrage marche dans une configuration bien particulière. Les expériences qui ont été menées, ou déployées, l’ont été typiquement dans des configurations de type intranet, soit un réseau de campus, d’entreprise, etc. En Norvège, au Danemark ou chez les FAI anglais qui le font, les abonnés sont derrière des proxys ou NATés. Dès lors qu’on a un abonné qui n’a pas une IP publique, c’est très facile de filtrer, d’autant plus que sur ces réseaux-là le débit moyen par abonné le permet. Autre chose : l’expérience norvégienne, c’est 300 000 abonnés… [NDLR : contre 4 millions chez Free, 7 millions chez FT, et 3,5 chez Neuf]

Les éléments scandinaves ou anglais sont des pays où les réseaux alternatifs sont beaucoup moins développés. On est sur de la revente, de la mutualisation, équivalente au non dégroupage chez nous. Vous n’avez alors pratiquement qu’un seul opérateur de raccordement, et la mutualisation se fait au niveau logique. C’est ici relativement facile d’implèmenter ces filtrages, car il n’y a qu’un seul interlocuteur.

Trop de réseaux alternatifs en France

En France, on est le pays où il y a le plus fort taux d’opérateurs alternatifs (Neuf, Free, etc.) avec des réseaux propres et très avancés d’un point de vue technique, contrairement à ces autres pays où l’on a des réseaux centralisés ATM avec beaucoup moins de points de brassages.

Dans ces pays, là encore, les dispositifs de filtrage sont plus faciles à implèmenter. En France, actuellement, même France Télécom a compris l’intérêt des réseaux de nouvelle génération où l’IP sort pratiquement de l’abonné, par définition… De fait, si l’on doit agir au niveau de l’IP, on ne peut agir sur le cœur du réseau qui ne voit passer qu’une minorité du trafic ! Un exemple : un abonné de Marseille, qui cherche un tracker Bittorrent, ne passera pas par ce cœur du réseau, mais par des liens de peering situés parfois dans les pays limitrophes. Conclusion : s’il faut bloquer ou filtrer [NDLR du contenu], il faut le faire sur chaque élèment pertinent du réseau, soit… le DSLAM.

fibre neufAvec le FTTH et ses connexions ultras rapides les choses ne devraient pas s’arranger : ce sont les abonnés qui deviennent èmetteurs et il n’y aura plus besoin de passer par des trackers. Bref, si on veut retranscrire les attentes de l’industrie et bloquer ce trafic cela implique bien d’agir, non pas chez les abonnés, mais au moins au niveau de l’équipement d’accès, soit le DSLAM [NDLR : plusieurs milliers en France].

Les DSLAM n’ont pas été conçus au départ pour ces analyses. Des sociétés développent ce genre de solution, à 40 000 euros l’unité. On se retrouve au final avec un coût qui dépasse le préjudice de ce secteur ! [NDLR : juridiquement, toutes les suggestions imposées à un opérateur et étrangères à leur domaine d’activité sont à la charge de l’État]

Les contre-effets du filtrage pédopornographique

Concernant ce filtrage, cela va surtout gêner les services d’enquêteurs qui, pour démonter des filières pédophiles (ou de contrefaçons), ont besoin d’accéder à ce trafic là. S’il y a finalement filtrage effectif, tout le monde sera filtré !

Il faut aussi voir Internet comme un formidable outil de lutte contre ces filières là, grâce à un relatif sentiment d’anonymat. Internet a contribué à remettre sur le devant de la scène tout un tas de filières autrefois underground. C’est une chance pour les services de sécurité qui s’estiment plus réactifs dès lors que les opérateurs collaborent et qu’il y a des obligations légales en ce sens.

Un réseau sait s’adapter aux coupures de liens

Le filtrage est dans le même temps dangereux : dès lors qu’il y a une contrainte sur le réseau, les utilisateurs développent un moyen de la contourner. Ce qui peut faire peur, c’est lorsque les flux seront cryptés. On ne pourra alors plus rien ! Le hacker du dimanche aura là entre les mains une véritable bombe. Soit. Mais quand cette bombe tombera dans les mains d’une organisation beaucoup moins recommandable, on mettra les mains dans un engrenage très dangereux.

Si on opte pour le filtrage, on agira de façon isolée et, filtrage ou pas, il y aura toujours des pédophiles, des pirates, etc. Ce qu’on nous demande est aussi aberrant que si on demandait à la Poste d’ouvrir tous les courriers ou aux sociétés d’autoroutes d’ouvrir tous les coffres de voitures !

Ces sociétés d’autoroutes sont tenues de prêter leur concours aux forces de police ou des douanes, mais ce sont ces derniers qui fouillent les véhicules, pas la cabien de péage. Dans le secteur automobile, pour faire diminuer la consommation d’essence, par exemple, on s’adresse aux constructeurs de véhicules, non aux sociétés d’autoroutes ! Il y a donc un désaccord profond sur les modalités de mise en œuvre demandée, quoi qu’affirme le gouvernement.

Le contrôle parental, la solution ?

Le contrôle parental peut être la solution pour protéger les familles. Or, l’État y porte une certaine responsabilité dans le succès mitigé de la propagation de ces outils. Il y a eu dans le passé un engagement de sa part à promouvoir ces dispositifs, mais on n’a rien vu venir jusqu’à présent. Cela reste pourtant le vecteur le plus approprié pour réaliser ce dispositif légitime, sans compromettre le réseau.

Neutralité des opérateurs

Les opérateurs sont tenus à une obligation de neutralité et bloquer ce trafic d’une manière ou d’une autre est inutile. On sait que le trafic finira par passer, mais d’une manière qu’on ne verra plus.

Filtrage et ayants droit

On sait aussi que la pédophilie, c’est le cheval de Troie pour démontrer la faisabilité technique du filtrage. Sauf qu’autre point aussi, la pédophilie c’est 3 ou 4000 sites, ce qui peut ne pas trop poser de soucis dans un réseau centralisé et si la liste est fournie. il suffit d’appliquer alors ces 4000 règles. Le P2P, c'est des milliers de règles… à la seconde pratiquement. On change d’échelle ! Il y a une méconnaissance abyssale de la technique qui en matière d’Internet ne correspond plus à rien.

L’industrie du disque a fait une étude sur le filtrage avec des liens de 10 ou 100 mégabits, mais les DSLAM communiquent en réalité pour la plupart en Gigabits et quand il y a deux ou trois DSLAM, c’est des liens de 10 gigabits ! Quelle solution face à une telle granularité du réseau ? Ces volumétries, on les a surtout dans le réseau français, même si on commence aussi à les retrouver sur le réseau américain. Le contenu est odieux, mais en même temps, au-delà, voyons Internet comme une chance, un outil qui peut favoriser la lutte contre le piratage et la pédophilie. On souscrit aux objectifs, mais on ne peut se substituer à l’abonné.

Filtrage et réseaux maillés décentralisés

Alors que les FAI n’ont pas été sollicités depuis des années sur comment fonctionne un réseau, ces mesures d’annonces ne tiennent pas compte de la réalité du réseau. On n’est plus au temps du minitel !

Si le filtrage était efficace, on le saurait. Une preuve de cette « efficacité » en France fut l’affaire Aaargh : on a une mesure prescrite par l’autorité judiciaire au terme d’un débat contradictoire avec une décision. On nous a demandé de filtrer, nous l’avons fait. 1h30 après le site était à nouveau accessible partout via DNS dynamique, chez tous les FAI français. Et encore, à l’époque, il y avait beaucoup moins d’abonnés. Le filtrage peut être quelque chose d’efficace, mais pas plus de 10 minutes.

Des retards aux réquisitions chez certains opérateurs

On paye un peu collectivement le prix d’un certain laxisme chez des opérateurs [NDLR : voir page 3 de notre interview] qui ont pu voir des réquisitions judiciaires avec défiance, ou qui ne répondaient pas, ou à côté de la plaque, ou faisaient de l’excès de zèle.

Et en face, chez l’enquêteur, quand on agit dans l’urgence, c’est toujours très frustrant d’avoir ce genre de réactions. Dans une réquisition d’abonnés pour des cas de pédophilie ou de terrorisme, on peut pourtant identifier un abonné en quelques secondes… je n’attendrai pas la loi pour collaborer avec les services de police comme c’est le cas actuellement. Mais tant qu’il y aura la disposition sur le blocage, on ne signera pas la Charte du ministère de l’Intérieur. Et tant qu’il n’y aura pas d’intervention législative sous contrôle du conseil constitutionnel, on ne fera rien.


Source : PC impact, le 11 juin 2008

vivien

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Neutralité du Net : Le filtrage d'Internet est-il inéluctable ?
« Réponse #3 le: 12 février 2009 à 23:08:26 »
Une intervention sur le filtrage d'Internet de Michel Py le 11 février 2009 que je reprend avec son autorisation :

Ceci dit, même en étant le poney lambda, je ne suis pas trop inquiet. Ce n'est pas parce que l'état veut censurer qu'il le peut. En Chine, peut-être, mais pas en France ou aux E.U.

Rappelez-vous les enfants de ce qui est arrivé à la sortie du livre "le grand secret"; l'état a fait retirer le livre des libraires le jour même, et menacé les FAI de l'époque de choses terribles pour ceux à qui viendrait l'idée d'en poster une copie.

Résultat des courses: quelques petits malins se sont débrouillés à obtenir une photocop, l'ont scannée et hop en quelques heures on trouve le bouquin interdit sur plusieurs sites d'universités nord-américaines (ayant à l'époque de la bande passante à gogo). Au nom de la liberté d'expression, et puis emmerder le gouvernement des Frenchies ça peut pas faire de mal non plus  ;-)
Résultat des courses, bis: plus de gens ont lu le fameux bouquin que s'il n'avait pas été interdit.

En clair: dans un pays démocratique, la censure ne marche que quand tout le monde s'en fout.


Et les gens qui disent qu'ils vont filtrer bittorrent, ça me fait bien rigoler. Ils ne doivent pas se rappeler de Napster. Napster, LE site qui a démarré les mp3 et le P2P.
Les vieillards séniles à la tête des majors, n'ayant pas compris qu'il y avait un marché pour la musique en ligne (voir iTunes...) se sont débrouillés, par l'intermédiaire de la RIAA, à fermer Napster. C'était peut-être pas vraiment légal, mais résultat des courses encore une fois: au lieu d'essayer d'arranger un deal avec Napster, les protocoles de P2P se sont multipliés et sont devenus incontrôlables.

J'attends avec impatience qu'un gouvernement occidental essaie de déployer une usine à gaz pour filtrer bittorrent. Directement en provenance de ma boule de cristal: le lendemain du déploiement, tous les clients bittorrent vont "par hasard" sortir une nouvelle version, mystérieusement compilée la nuit précédente, qui incorpore un chiffrage fort des échanges et rend l'usine à gaz inutilisable.

Ah oui, c'est qui qui va payer l'usine à gaz? Pas moi, mais je sympathise avec votre problème.

Michel.


Note : pour comprendre la dernière phrase, il faut savoir que Michel Py vit en Amérique du nord

vivien

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Neutralité du Net : Le filtrage d'Internet est-il inéluctable ?
« Réponse #4 le: 13 février 2009 à 22:11:18 »
Sarkozy veut bloquer les « sites pédopornographiques et illégaux »

Ce matin, le président a indiqué souhaiter le blocage des sites pédopornographiques et illégaux par les fournisseurs d’accès Internet.


« Je souhaite que les fournisseurs d’accès bloquent les sites pédopornographiques et illégaux » a indiqué aujourd’hui le président Nicolas Sarkozy. Devant les médaillés de la famille et les associations familiales reçus à l’Elysée, le président a ainsi, rapporte l’AFP, dit souhaiter que les fournisseurs d’accès Internet (FAI) français bloquent une « liste noire » de sites. Si « la vigilance parentale est la meilleure des garanties » pour protéger les enfants des « dangers d’Internet et des médias », a indiqué Nicolas Sarkozy, « l’Etat peut vous aider. »

Le président n’a cependant pas apporté de précision quant à ce qu’il entend par des sites « illégaux ».

Il remet ainsi sur la table le sujet du filtrage d’Internet au nom de la lutte contre la pédopornographie. On se souvient que, menés en parallèle, le plan de filtrage « pour protéger les enfants et leurs familles contre les pédophiles » de Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, et celui de « police internationale de la Toile » de Nadine Morano, secrétaire d’État à la Famille, avaient abouti, début décembre, à un projet d’article.

Ce texte reprenait les grandes lignes du rapport pour le filtrage des sites pédo-pornographiques, « Les enfants du Net III », remis deux semaines plutôt par le Forum des droits sur l’Internet (FDI). Une étude que nous critiquions alors, car après avoir démontré qu’aucune solution technique n’est efficace, elle concluait néanmoins à l’obligation pour les FAI de mettre en place, dans un délai bref, le système de filtrage de leur choix. « La mesure présente plusieurs risques et pourrait s’avérer inefficace, disproportionnée et coûteuse », s’inquiétaient de leur côté les FAI consultés.

Ainsi le projet d’article paru le 1er décembre dernier, et qui devrait figurer dans la loi d’orientation et de programmation de sécurité intérieure (LOPSI), indique : « Compte tenu de l’intérêt général attaché à la lutte contre la diffusion de contenus relevant des dispositions de l’article 227-23 du Code pénal, les personnes mentionnées au 1 doivent empêcher par tout moyen et sans délai, l’accès aux services désignés par arrêté du ministre de l’Intérieur. Un décret fixe les modalités d’application du précédent alinéa. Les dispositions du présent article sont applicables dans un délai de trois mois à compter de la publication de la présente loi. »

Il indiquait également que la liste noire serait basée sur les signalement de la police et de la gendarmerie, puis dressée et mise à jour par l’OCLCTIC (Office Central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l’Information et de la Communication) qui la fournirait ensuite aux FAI et opérateurs concernés.

« Cela se fait déjà en Norvège, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas en France », se plaît à répéter Nadine Morano. « Aucune étude d’impact n’ait été faite sur la base des réseaux mis en œuvre en France, pour déterminer si l’expérience scandinave est transposable ici en terme de volumétrie de trafic et de coûts » lui répond Free. De plus, si le filtrage est bel et bien en vigueur en Norvège, aucun résultat quant à son efficacité n’est disponible comme le souligne Benjamin Bayart, le président de FDN : « si je leur demande [aux policiers et gendarmes français nflr] si le nombre de cas de pédophilie a statistiquement baissé en Norvège, ils ne savent pas me répondre. »


Source : Ecran.fr , le 13 février 2009, par Astrid Girardeau

vivien

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Re : Neutralité du Net : Le filtrage d'Internet est-il inéluctable ?
« Réponse #5 le: 14 février 2009 à 11:50:25 »
Pourquoi il est compliqué - et inefficace - de filtrer les sites pédophiles

On l'attendait, c'est désormais officiel. Nicolas Sarkozy vient d'annoncer vendredi qu'il souhaitait qu'on établisse en France un filtrage des sites pédophiles sur la base d'une liste noire."Il n'y aucune raison que les fournisseurs d'accès permettent l'accès à des sites pédopornographiques", explique le chef de l'Etat, pour qui "on peut parfaitement assurer la liberté qui est tout à fait nécessaire et en même temps le devoir de protection des plus vulnérables". "Internet n'est pas hors de l'Etat de droit. Notre devoir, c'est de protéger et d'aider les familles".

Personne n'est susceptible de s'élever contre une mesure visant à interdire bloquer la pédopornographie sur Internet. Reste à savoir comment l'interdire. Et c'est là où le bât blesse. Depuis un an, fournisseurs d'accès et pouvoirs publics n'ont jamais pu s'entendre sur la méthode à employer, tout simplement car il n'en existe aucune efficace.



1/Filtrer le web est juridiquement complexe

Chez Orange, que j'ai contacté, on explique pour commencer qu'il faut d'abord s'entendre sur un «cadre». «On peut filtrer, mais si les sites sont hébergés à l'étranger, comme c'est souvent le cas, on a besoin d'un cadre juridique pour agir». Ce qui ne va pas de soi. Des négociations sont en cours à ce sujet entre ministère de l'Intérieur et Fédération française des télécoms (FFT). Car la hantise des fournisseurs d'accès (FAI) est d'avoir à faire la police eux-mêmes.

La solution retenue jusqu'ici serait que la police et la gendarmerie (précisèment l'OCLCTIC ou Office Central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l'Information et de la Communication, ouf) constituent une liste noire de sites interdits qu'il transmettrait ensuite aux FAI. A charge pour eux d'assurer le filtrage. Une solution qui évite de recourir à la justice, absente de la chaîne de décision.

EDIT : Contacté, un haut responsable d'un des trois grands FAI explique, sous couvert d'anonymat, que la mise en place prendra six mois et se fera dans le cadre d'un décret ajouté à la Loi d'orientation pour la sécurité intérieure (Lopsi). Les FAI sont dans l'attente d'un cahier des charges précis sur ce qui leur est demandé.

 

2/ Filtrer le web est techniquement compliqué.

Mais si bloquer l'accès à un site est possible pour un fournisseur d'accès, cela s'avère complexe, Et peu efficace. Le Forum des droits sur Internet avait rendu un rapport remis à la fin de l'année dernière sur la question. Il concluait déjà à la difficulté pratique de mettre en place un filtrage, tout en l'encourageant tout de même. Pourtant, d'autres spécialistes ne sont pas de cet avis. C'est le cas de Jérémie Zimmerman, de la Quadrature du Net. Pour lui, le filtrage est «inefficace au mieux, contre productif au pire».

Contrairement à d'autres pays parfois cités en exemple, le réseau internet français est complexe, puisque divisé entre de nombreux opérateurs. Il existe trois méthodes de filtrage : par l'IP (l'adresse du serveur sur lequel se situe le site qu'on veut filtrer), par DNS (le nom du domaine concerné, type «pedophilie.com») et par une méthode hybride, combinant les deux approches. Selon Jérémie Zimmerman, toutes ces méthodes sont contournables par un internaute avec un minimum de connaissances, au moyen d'un serveur proxy, qui contournera les filtres mis en place.

Bref, il n'existe aucun moyen sûr de filtrer l'accès à un site. Aucun FAI ne prend d'ailleurs le risque d'affirmer le contraire. Et on risque la catastrophe à essayer. Le cas s'est produit au Pakistan, lorsque l'Etat a voulu interdire une vidéo sur Youtube. A cause d'une erreur, c'est l'ensemble de Youtube qui s'est retrouvé bloqué, non seulement au Pakistan mais dans toute la région.

EDIT : Les opérateurs français ne sont d'ailleurs  pas dupes. Le haut responsable cité plus haut explique que la solution vers laquelle on s'oriente est celle du filtrage DNS. A la question "mais cela risque d'être inefficace", il répond "on fait preuve de bonne volonté à l'égard des pouvoirs publics. Si on peut détourner une partie de l'audience de ces sites, c'est déjà bien"'. En clair, le gouvernement pourra dire qu'il agit et les FAI montrer qu'ils luttent contre la pédopornographie, même si les cyber-pédophiles expérimentés n'auront aucun mal à continuer d'accéder à leurs sites



3/Filtrer le web n'est pas toujours efficace

Autre question, à l'autre bout, celle de la "liste noire" des sites. Par définition, un site pédophile s'enregistre rarement sous un nom de domaine comme "pedophilia.com". Les images et autres contenus illicites voyagent de site en site, dans des forums, des newsgroups et autres et sont donc difficiles à identifier.  Si la liste permettrait donc à priori de filtrer les sites les plus connus, il est douteux qu'elle empêche la circulation via d'autres canaux de contenus pédopornographiques.

Effet pervers : l'impossibilité de traquer les pédophiles en repérant qui va sur ces sites. Ce qui nuit au travail des enquêteurs, qui ne peuvent plus repérer les criminels ni infiltrer des filières pour les démanteler. On peut même imaginer que, face à une sécurité renforcée, les propriétaires de ces sites ne trouvent d'autres moyens plus complexe pour vendre leurs contenus.

EDIT : Le même responsable explique que selon l'accord, les sites pédophiles français seront fermés par la justice plutôt que filtrés, ce qui semble plus logique



4/ Filtrer le web inquiète le web.

Alors pourquoi cette précipitation à vouloir filtrer les contenus pédophiles ? Pour un certain nombre d'acteurs du web, la réponse est simple : mettre en place ce contrôle des contenus créera un précédent qui permettra à l'industrie musicale et aux ayants droits de justifier la nécessité de filtrer d'autres sites, notamment ceux offrant des fichiers piratés, sites de trackers bittorrent ou de liens vers des films en streaming ou en download direct...

La volonté de la Sacem et des maisons de disque d'interdire purement et simplement l'accès à The Pirate Bay et autres n'est pas nouvelle. Ni cachée. Le patron du Snep (syndicat national de l'édition phonographique), Hervé Rony, expliquait ainsi en juin dernier à PC Inpact : «Moi, la question de la pédophile un, ne m'étonne pas et deux, m'intéresse forcèment parce qu'il va bien falloir que Free nous explique que, si c'est possible pour la pédophilie, c'est peut être possible pour des contenus illégaux de musique même si je ne mets pas les deux choses en rapport !».

L'autre spectre qui inquiète le web est celui d'un Internet à la chinoise où à l'Iranienne, où l'on interdit certains sites contraires aux intérêts de l'Etat. La plupart des acteurs d'Internet sont jaloux de cette liberté qui leur est donnée d'aller voir ce qu'ils veulent, où ils le veulent. Et craignent qu'un filtrage ne soit la porte ouverte à la censure. Le cas s'est d'ailleurs produit au Danemark, où un site hostile au gouvernement a été malencontrueusement glissé parmi une liste de sites pédophiles filtrés.

La perspective d'un web censuré fait généralement bondir les internautes. C'est pourtant ce dont rêvent de plus en plus ouvertement un certain nombre de grosses industries culturelles, qui, aux Etats-Unis, font un lobbying puissant pour le filtrage des réseaux,  mais aussi la fin de la Net Neutrality, dont on a déjà parlé ici.

EDIT : Notre haut responsable précise encore qu'il n'est pas question pour les FAI de mettre en place de filtrage systématique : "nous n'en voulons pas". Quant à la neutralité du web, s'il est trop tôt pour se poser la question en terme concret, les FAI français assurent que pour le moment, ils restent favorables à l'équilibre actuel.


Source : blog.lafigaro.fr Par Samuel Laurent le 13 février 2009

vivien

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Neutralité du Net : Le filtrage d'Internet est-il inéluctable ?
« Réponse #6 le: 15 novembre 2010 à 22:35:49 »
Une association anti-pédophilie dénonce l'inefficacité de la Loppsi
Le filtrage d'Internet est inefficace, contreproductif et dangereux


Alors que l’examen de la LOPPSI va débuter à l’Assemblée nationale, l’Ange Bleu, association qui lutte contre la pédopornographie, vient de publier un communiqué dénonçant le dispositif en préparation :

LOPPSI2 : la protection de l'enfance, cheval de Troie du filtrage généralisé d'Internet ?
Lundi 15 novembre 2010

La Loi d'Orientation Pour la Programmation de la Sécurité Intérieure (LOPPSI2) sera soumise le 23 novembre prochain en deuxième lecture à l'Assemblée Nationale. Parmi les dispositions prévues dans ce texte figure l'article 4 qui introduit le filtrage des sites Internet à caractère pédopornographique. Une disposition qui prétend empêcher l'accès des contenus pédopornographiques "aux mineurs et aux adultes consommateurs, ou susceptibles de développer des vocations pédophiles". L'Ange Bleu, Association Nationale de Prévention et d'Information Concernant la Pédophilie, s'oppose à cet article.


En effet, nous jugeons cette disposition inefficace, contreproductive et dangereuse à l'égard de l'exercice démocratique :

* Inefficace en raison de la nature mouvante d'internet et des possibilités de contournements déjà existants (1). Un site filtré une heure pourra sans aucun obstacle migrer vers un nouveau serveur l'heure suivante. Tant que le diffuseur n'aura été arrêté et le contenu détruit, ce dernier restera toujours présent sur la toile. Des techniques permettent de contourner anonymement les filtrages imposés par les autorités, par l'usage par exemple de proxys. De plus, la plupart de ces contenus ne se diffusent plus via des sites internet comme ce fut le cas une décennie plus tôt, mais à travers des réseaux privés, le peer-to-peer ou encore IRC pour ne citer que ces exemples.

* Contreproductive en cela qu'elle ne pourra que renforcer le trafic de la pédopornographie en le reléguant aux marges du réseau, d'où il pourra prospérer. Il est fort à craindre en effet que les diffuseurs de pédopornographie prennent acte de ce dispositif pour déployer toutes les ressources en leur possession afin de sécuriser et renforcer leurs trafics si ce n'est déjà fait. De part notre expérience auprès du public concerné, nous confirmons qu'aucun filtrage d'Internet ne saura répondre aux objectifs visés. Les connaissances et outils techniques dont disposent les consommateurs de pédopornographie et leur soucis de confidentialité les conduiront immanquablement à contourner l'obstacle tout en développant leurs échanges à l'abri des regards. Les plus isolés d'entre eux acquéreront par l'usage de ces outils un sentiment d'impunité qui ne peut les conduire qu'au renforcement de leur paraphilie. Les plus dangereux restent cependant les diffuseurs. Ceux-ci sont à l'origine de ces contenus et bien souvent les moins inquiétés par les autorités.

* Dangereuse pour l'exercice démocratique en cela qu'elle nous fait prendre un risque non négligeable à l'encontre des contenus légitimes (2). Ce ne seront pas les pédocriminels qui se verront inquiétés loin s'en faut, mais le citoyen internaute. Le filtrage ciblera les serveurs ou hébergeurs et non les pages incriminées, faisant courir un risque de surblocages (3) et erreurs en grand nombre, comme le rappellent justement Reporters Sans Frontières (4), la Quadrature du Net (5), Mogis (6) et de récentes études (7). Le précédent cas de Wikipédia en Australie (8) devraient interpeller les législateurs français sur les risques encourrus. Le célèbre site d'encyclopédie en ligne fut bloqué dans ce pays selon le principe repris par la LOPPSI2 de filtrage des contenus pédopornographiques, après avoir renseigné leur liste noire d'une seule de ses pages présentant la pochette de l'album "Virgin Killer" du groupe Scorpions.
Ce pays étend désormais le filtrage à beaucoup d'autres contenus que la seule pédophilie ce qui pour nous constitue une source supplèmentaire d'inquiétudes. En effet et pour faire un parallèle, pensons au précédent du fichage ADN en France. Quels usages en a-t-il été fait au cours de cette décennie ? Initialement destiné spécifiquement aux grands criminels, il a peu à peu été étendu à des catégories de délits mineurs jusqu'à toucher aujourd'hui les sans-papiers, les faucheurs OGM, voire des manifestants. L'immense majorité des personnes fichées n'ont plus grand chose à voir avec les criminels visés à l'origine. Qu'en sera-t-il demain du filtrage d'Internet si cette loi sera adoptée ? Avant d'être un "repère de pédophiles" comme on l'entend trop souvent, Internet est avant tout un moyen d'expression utile aux débats démocratiques que nous nous refusons de voir disparaître pour des raisons plus politiques que raisonnées, nous ne souhaitons pas voir s'instaurer en France - et en Europe (9) - un régime tels que ceux que nous connaissons en Chine ou en Iran.


Une vidéo qui vise évidemment à se moquer du projet de filtrage, et qui met en garde sur les dérives potentielles que peut introduire un tel dispositif. On notera surtout que la suppression à la source est définitivement la meilleure arme contre la diffusion et la circulation de contenus pédo-pornographiques. Et que cela peut intervenir très rapidement, en quelques heures. Preuve en est, les banques le font bien vis-à-vis des sites d'hameçonnage.


Cette loi ne fait que masquer le problème.

L'AFA (Association des Fournisseurs d'Accès) s'est pour sa part prononcée (10) contre cet article de la loi LOPPSI pour une partie de ces raisons et nous appuyons en ce sens leurs recommandations appelant à supprimer les contenus et non de se contenter de les masquer par filtrage. La Quadrature du Net à pour sa part très largement argumenté (11) sur l'inefficacité du filtrage et nous invitons en ce sens les législateurs à consulter d'urgence sa documentation avant de commettre un impair qui irait à l'encontre de la lutte contre la pédocriminalité et, en dernier ressort, de la démocratie. Par ailleurs, nous rappelons que l'Allemagne, qui s'était doté de ce même dispositif, a renoncé à l'emploi de ce procédé (12) en raison du nombre d'erreurs commises dans le jugement des caractères pédopornographiques des sites blacklistés (8000 sites filtrés dont seulement 100 recelaient des contenus pédopornographiques, soit 98,75% d'erreur). Prenons exemple sur cette expérience pour ne pas réitérer ces mêmes erreurs et réfléchissons à d'autres moyens de lutte contre ce fléau qu'est la pédopornographie sur Internet.

Le lobbying industriel à l'origine des lois instaurant le filtrage du web Le site fr.readwriteweb.com a publié le 12 septembre 2010 un article (13) faisant état d'une réunion qui s'est tenue à Bruxelles le 2 juin dernier sous la direction du marché intérieur de la Commission Européenne. Plusieurs personnes représentants les lobbys industriels (culture et fournisseurs d'accès) se sont prononcés pour la généralisation du filtrage et ont évoqués les différentes techniques à mettre en œuvre.

L'industrie de la culture et le sujet de la pédopornographie n'ont pas de rapports l'un l'autre. Pourtant, c'est bien s'inspirant de techniques mises en œuvre par HADOPI que la LOPPSI compte en étendre la logique à la lutte contre la pédopornographie (*). Cette illustration - prise pour exemple - montre que l'origine du filtrage du web répond bien aux pressions exercées par ces lobbys industriels et non au débat public qu'il aurait été préférable d'organiser afin de consulter en premier lieu la société civile sur ce sujet, comme cela se doit d'être pratiqué en toute démocratie.
(*) HADOPI cible les réseaux peer-to-peer et la LOPPSI les sites internet. Et pour information, les réseaux peer-to-peer ne recèlent pas seulement des MP3 et vidéos pirates contre lesquels HADOPI a été prévue, mais également une part non négligeable de pédopornographie, bien davantage que sur le web.


Aussi, compte-tenu des éléments démontrant l'inefficacité d'un filtrage du réseau Internet tel que le préconise l'article 4 de la loi LOPPSI 2, nous demandons dans l'état sa suppression, à l'instar de l'amendement N°41 soumis à l'Assemblée Nationale.

En lieu et place de l'article 4, nous formulons les propositions suivantes :

o 1 - La législation existante en France permet la poursuite de toute personne diffusant sur le réseau ce type de contenus ainsi que la destruction des dits contenus. De même, l'ensemble de la Communauté Européenne s'est doté d'un arsenal législatif équivalent. Nous disposons donc de tous les moyens d'attaquer le problème à sa source. Non pas comme ce fut bien souvent le cas en nous contentant de poursuivre les consommateurs, mais en concentrant les efforts sur l'arrestation des producteurs et diffuseurs. Pour ce faire, il convient de réfléchir aux moyens humains et matériels à mettre en œuvre pour y parvenir et, pour ce, peut-être serait-il bon de revoir les objectifs de la RGPP à la baisse afin de garantir un personnel en nombre suffisant.

o 2 - Pour permettre les investigations d'atteindre leurs objectifs, il convient également de remettre en cause le secret bancaire, afin de remonter les filières économiques alimentant ces réseaux et faciliter le travail des enquêteurs. Nombreuses sont les pistes transitant par le secteur financier. Une réflexion en ce sens devrait par ailleurs être menée plus loin, à l'encontre des places off-shores et paradis fiscaux, par lesquels beaucoup de ces flux financiers transitent.

o 3 - Les lois répressives se sont succédées à un rythme effréné depuis le début de la décennie, sans obtenir les résultats escomptés. Rares sont les dispositions prises en faveur d'une prévention en amont du problème. A notre connaissance nous n'en connaissons aucune.

La loi LOPPSI 2 constitue un ensemble de lois orientant dans sa globalité la justice en France, elle dresse un cadre général en la matière. Or, il est étonnant de n'y voir que des mesures coercitives là où une réelle prévention pourrait être menée à bien. Nous dirons malheureusement ici : "une fois n'est pas coutume". Pourtant, une action de prévention menée en amont ne s'avèrerait-elle pas plus efficace ? L'association L'Ange Bleu accueille et accompagne de nombreux pédophiles qui ont par leur passé cédé aux tentations de la consultation de pédopornographie sur Internet. Chez la majorité d'entre eux, cette consultation ne fut que tardive et le fait d'accidents de parcours dans leur existence les conduisant à l'isolement, puis à l'addiction. Une fragilité dont il ne leur est pas permis d'en discuter dans leur entourage. Leur attirance sexuelle pour les enfants les relègue aux confins de l'humanité et rares sont ceux (même parmi les professionnels) qui acceptent leur prise en charge - quand bien même sous leur demande - avant la commission de ces faits. Ils sont pourtant pour la plupart d'entre eux susceptibles d'évolution positive à l'égard de ces attirances et de ses expressions et nous en témoignons. Le seul catalyseur de cette évolution est le dialogue et notre capacité à les accompagner en amont de tout délit. En prenant en charge ces personnes avant la commission d'un délit quelconque, nous évitons à la fois celui-ci et nous évitons par là même ce qu'il en coûte à la société.

Réfléchissons un instant : si cette proportion de consommateurs potentiels disparaît, c'est la quasi-totalité de la pédopornographie sur Internet qui disparaîtra ainsi qu'une quantité significative de victimes. La pédopornographie ne constituerait alors plus ce marché attractif pour ceux qui l'exploitent, la demande ayant alors chuté. Le coût prévu pour compenser les frais engagés par les fournisseurs d'accès afin de filtrer les sites incriminés s'élève à une somme comprise entre 2 et 12 millions d'Euros (14). Pour autant, comme on l'a vu plus haut, nous nous serons juste contenté de masquer le problème, non seulement sans l'éliminer mais en prenant de surcroît le risque de le renforcer. Cette somme, employée à la création d'un dispositif de prévention à destination des pédophiles constituerait en revanche une solution sûre au bénéfice de toute la collectivité. Si le filtrage est pure perte, la prévention est investissement. Interrogeons-nous : que vaut la vie des milliers d'enfants victimes ? Cela n'en vaudrait-il pas la peine ?

o 4 - Soutenir et renforcer les actions existantes, qu'elles soient institutionnelles ou associatives. De nombreuses avancées en matière de lutte contre la pédophilie émanent de la société civile. D'autres avancées sont possibles et en cours pour peu que ses acteurs soient soutenus activement dans leurs démarches. Aucune économie ne se justifie sur ce terrain sensible et, pourtant, à l'annonce des budgets 2011 il est fort à craindre que ces initiatives se verront amputées des moyens indispensables à la poursuite de leurs missions. Cet état de fait peut remettre en cause plus de dix ans de travail en faveur de la protection de l'enfance. Cette situation est tout bonnement inimaginable.

Les députés soucieux des victimes doivent à tout prix rejeter l'article 4 de la LOPPSI.
Il en va de l'avenir de nos enfants autant que de l'avenir de la démocratie dont ils seront les bénéficiaires. Nous croyons à la bonne volonté des législateurs à mettre en action une politique de lutte contre la pédocriminalité qui soit à la fois efficace, juste et impartiale et nous en remettons à présent à eux pour opérer les bons choix.


Source : Association L'Ange Bleu - 15 novembre 2010

Marco POLO

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Neutralité du Net : Le filtrage d'Internet est-il inéluctable ?
« Réponse #7 le: 17 novembre 2010 à 23:52:56 »
Une association anti-pédophilie dénonce l'inefficacité de la Loppsi - Le filtrage d'Internet est inefficace, contreproductif et dangereux
...
...Merci pour ta vigilance: article très instructif !

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Neutralité du Net : Le filtrage d'Internet est-il inéluctable ?
« Réponse #8 le: 08 janvier 2011 à 06:08:45 »
Sur la route, par exemple, il y a belle lurette qu'en acceptant les limitations de vitesses on a troqué la liberté contre plus de sécurité (la sienne et celle des autres).
Rien que ça, c'est juste un contre-sens énaurme.

La vitesse n'a jamais été "illimitée" sur la route
: les routes n'ont jamais permis de faire du 300 km/h, ne serait-ce qu'à cause des irrégularités et des virage, sans parler des autres véhicules. De facto la vitesse sur la route est limitée par la physique, la technologie, le bon sens et l'économie (même si on sait fabriquer des véhicules capables de faire du 250 km/h le pékin moyen ne peut pas se les payer).

On pourrait supprimer toutes les limites de vitesse légales, les gens ne se mettraient pas pour autant à rouler à 300 km/h sur autoroute, ni à prendre les rond-points à 150 km/h. Évidemment, supprimer toutes les limites de vitesse légales, c'est une expérience de pensée. C'est un type de dispositif expérimental réservé aux gens qui pensent, ce qui exclus de fait les défenseurs du filtrage.

Parler d'une liberté de rouler à n'importe quelle vitesse qui aurait été abandonnée, c'est comme de parler d'une liberté de faire monter 15 passagers dans une Twingo qui aurait été abandonnée, ou des valeurs de x tels que x * 0 = 1; c'est un discours de "poète" pas de rationaliste.

Encore une comparaison automobile qui ne tient pas la route.

Marco POLO

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Neutralité du Net : Le filtrage d'Internet est-il inéluctable ?
« Réponse #9 le: 08 janvier 2011 à 06:33:02 »
Rien que ça, c'est juste un contre-sens énaurme.

La vitesse n'a jamais été "illimitée" sur la route
...Encore une comparaison automobile qui ne tient pas la route.
...Tu dois être bien jeune pour te permettre d'affirmer ça: encore un commentaire HS qui tombe à plat !

  • Invité
Neutralité du Net : Le filtrage d'Internet est-il inéluctable ?
« Réponse #10 le: 08 janvier 2011 à 07:04:31 »
...Tu dois être bien jeune pour te permettre d'affirmer ça: encore un commentaire HS qui tombe à plat !
Même sur un circuit de course les pilotes doivent limiter la vitesse de leur véhicule.

  • Invité
Neutralité du Net : Le filtrage d'Internet est-il inéluctable ?
« Réponse #11 le: 08 janvier 2011 à 07:34:58 »
J'ai entendu l'argument suivant un jour en faveur du filtrage :

Troquer la liberté contre la sécurité, c'est une tendance lourde de ce dernier demi-siècle, et cela va en s'amplifiant.

Sur la route, par exemple, il y a belle lurette qu'en acceptant les limitations de vitesses on a troqué la liberté contre plus de sécurité (la sienne et celle des autres). Et ces limitations de vitesses sont contrôlées de façon de plus en plus technologique et automatisée (aujourd'hui des radars externes aux voitures, demain ce sera le GPS obligatoire dans votre voiture qui vous dénoncera et mettra son fichier de log à disposition du juge...)
Pour faire plaisir à ce monsieur, mettons que dans un avenir non défini chaque voiture soit obligatoirement équipée d'un GPS et d'une boite noire enregistrant tous les paramètres de conduite ainsi que la localisation, boite noire qui serait analysée en cas d'accident - ce n'est pas impensable. (Remarquez que j'explique la chose plus élégamment que ce monsieur avec son "fichier de log"(sic) qui "dénonce".)

À partir de là, quel rapport avec le filtrage?

AUCUN

Une boite noire n'est pas un filtre - à aucun point vue.

Celui qui a écrit ça, non seulement ignore la physique, non seulement s'appuie sur une très hypothétique future réglementation automobile pour justifier un projet de réglementation actuelle de l'Internet, mais en plus, il ne comprend même pas ce qu'il raconte.

Le code de la route est purement conventionnel. La seule chose se rapprochant d'un "filtrage" sur le route sont :
  • les tunnels, parking, etc. limités en hauteur
  • les péages réservés aux voitures, aux camions
Dans tous les cas, le seul filtrage effectué est sur le type de véhicule et non sur ce qu'il transporte - rien à voir avec le filtrage des contenus - ni sur son origine ou sa destination.

Bref, celui qui raconte ça tient un discours d'ivrogne. Une réponse possible à cet "argument" est donc :

Et ta sœur!