Sophisme de l'épouvantail. Je n'ai jamais dit ça, je ne sais pas à quelle thèse tu réponds. J'ai parlé des "parasites des auteurs" donc de ceux qui les exploitent.
D'accord. Je te laisserai répondre au reste de mes arguments, alors (sauf si tu veux continuer sur ta mauvaise habitude de ne répondre qu'à une toute petite partie des messages te répondant, celle ou tu peux crier « sophisme ! » tout en ignorant le reste)
Quand les thuriféraires des ayant-droits et des marchands du domaine public nous expliqueront en quoi le "créateur" Maurice Ravel aura été aidé par les centaines de millions d'euros prélevés après sa mort pendant 70 ans et dont ont profité ses descendants après sa mort, on aura avancé.
(...)
Les mêmes qui fustigent les entreprises de l'IA qui se feraient du pognon sur le dos des "créateurs" louent le système actuel des droits, alors qu'on sait que l'extension des droits de 50 ans (ce qui était déjà délirant) à 70 ans, a été obtenue, parce que ses droits arrivaient à échéance, sous la pression de la société Disney, laquelle représente un chiffre d'affaire de l'ordre de 83 milliards de dollars
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Merci à eux pour ce grand moment de rigolade.
La musique de Ravel existe encore parce qu'elle a été protégée. Sinon, elle aurait été pillée direct.
Imagine une scène musicale où, à peine son premier Boléro publié, une nuée de plateformes aurait offert à la demande du « génère-moi une musique dans le style de @MauriceRavel », sans rémunération, sans attribution, sans réciprocité ni humanité... juste un pastiche algorithmique sans originalité, taillé pour plaire aux oreilles qui veulent la forme du génie, sans son regard, sans ses luttes personnelles, sans son coeur.
Comment Ravel aurait-il pu vivre, composer, expérimenter, s'il s'était fait siphonner son style dès ses premiers succès ? Et avec qui aurait-on parlé de ses oeuvres, si tout le monde s'était contenté d'un ersatz gratuit généré en 3 secondes pour meubler une vidéo YouTube ou une pub de SUV ?
Tu ne t'en rends peut-être pas compte, mais tu veux un monde où les créateurs n'ont même plus le temps d'exister que déjà leur voix est clonée, recyclée, digérée dans des produits sans âme pour nourrir une économie de la flemme déguisée en progrès.
Et c'est aussi ce que tu ne vois sans doute pas : les boîtes d'IA ne se contentent pas de recycler les morts, elles découragent les vivants. J'en suis bien conscient, étant infographiste 3D, et côtoyant les catégories d'artistes les plus susceptibles de se faire bouffer par ces machines à plagiat automatisé. Pourquoi écrire, composer, dessiner, si ton style est pompé par une horde de parasites dès qu'il émerge, et vendu sous un autre nom, sans que tu sois jamais crédité ? Les boîtes d'IA ne font pas que transformer le passé en bouillie algorithmique ; elles étranglent aussi le futur.
Je note au passage que j'avais d'ailleurs déjà abordé cet argument.
3) Qu'il y ait des abus (ayants-droits posthumes rapaces, etc.) ne justifie pas l'abolition du principe de droits d'auteur. C'est comme dire que certains brevets sont absurdes, donc on devrait pouvoir voler n'importe quelle invention. Si le droit d'auteur est bancal, il faut le réformer, pas le pulvériser au profit d'acteurs opaques aux ambitions totalisantes.
Cependant, ce que tu dénonces à juste titre — la rente post-mortem par les héritiers rentiers, l'influence des lobbies et de Disney sur le droit d'auteur — ce ne sont pas des arguments en faveur du pillage par les boîtes d'IA. On peut être contre l'extension des droits à 70 ans post-mortem ET contre le training sauvage par des IA. C'est même la position cohérente, parce qu'au fond, tu opposes deux formes d'appropriation abusives :
1) l'une lente, légale, conservatrice (les droits d'auteur post-mortem) qui empêche les nouvelles générations d'artistes de s'approprier des oeuvres, de leur donner des nouvelles lectures, de les tordre dans tous les sens pour faire quelque chose d'intéressant ;
2) l'autre brutale, opaque, industrielle, qui absorbe tout sans distinction ni consentement, qui avale l'intégralité du champ culturel pour les pulvériser en vecteurs, matrices, et tokens pour nous inonder de bouillie.
À t'entendre, si on critique l'entraînement sauvage des IA, alors on doit bénir tous les abus du copyright. Et inversement. C'est faux !
D'ailleurs, contrairement aux boîtes d'IA, Disney, eux, réinvestissent leurs 83 milliards dans de nouvelles créations. Oui, c'est souvent tiède, recyclé, marchand. Mais c'est encore de la création, au sens minimal : des décisions humaines, et parfois des paris narratifs, avec une patte, une signature.
Tandis que les boîtes d'IA, elles, fondamentalement, ne créent rien. Eelles ne produisent pas des oeuvres, elles produisent des équivalents statistiques de ce qu'elles ont absorbé. Elles vendent de la ressemblance. Elles vendent des ombres qui n'arrivent pas à « raisonner » sans halluciner la moitié du temps, qui ne peuvent pas résoudre de nouveaux problèmes, seulement ceux déjà présent dans les jeux de données ; et elles appellent ça de l'innovation. Elles ne produisent pas des contenus, elles produisent de l'approximation de contenu. Elles ne fabriquent pas des idées, elles vendent des reflets d'idées.
C'est l'annihilation du réel. On n'insuffle pas la réalité avec de nouveaux regards et de nouvelles perspectives ; on la sature de simulacres qui miment le sens (au sens le plus fondamental du terme) sans jamais pouvoir vraiment l'habiter. Plus de nouvelles voix, juste des échos. Plus de nouveaux auteurs, juste des styles. Et surtout : plus de sens, juste une apparence de cohérence syntaxique. Les profs le sentent tout de suite, ça, quand un élève tente de pondre une dissertation via I.A. : ça coule bien, ça s'enchaîne, c'est poli et bien chiadé, mais.... ça ne dit rien. On lit, on hoche la tête, et deux secondes après on se demande : attends, qu'est-ce que ça racontait, en fait ? Bah rien, en fait. C'était que de la forme sans fond. (Comme LinkedIn !)
Un texte n'appartient pas à l'auteur. C'est justement pour ça qu'au 19ème siècle est venu l'idée de protéger les auteurs, pour éviter les plagiats et les pillages, souci que personne ne conteste. Quand tu t'étonneras que 70 ans après la mort de Maurice Ravel, des ayant-droits qui n'ont participé en rien à l'oeuvre et ne sont pas des créateurs, touchaient encore 2 millions d'euros par an sur Le Bolero, tu commenceras à effleurer le sujet.
Tu dénonces le fait que des héritiers touchent du pognon sans créer, et dans le même souffle tu défends le droit pour des boîtes d'IA de faire exactement ça : se gaver sur des oeuvres qu'elles n'ont ni financées, ni imaginées, ni portées.Donc non, tu n'as même pas « effleuré le sujet » ; tout ce que tu as réussi à faire le long de ta réponse, c'est trouver une hypocrisie pour en excuser une bien plus grande, et sans même réfléchir au-delà du premier degré de ta pensée !! Balaie devant ta porte avant d'essayer de donner des leçons aux autres.