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Berlin fait volte-face sur une application de traçage nationale et se rapproche de Google et d'Apple
Le gouvernement allemand a décidé, dimanche, de changer son fusil d'épaule concernant son application de traçage de porteurs du coronavirus. Selon le ministre allemand de la santé, Jens Spahn, et le chef de cabinet de la chancelière Angela Merkel, Helge Braun, Berlin privilégie désormais une « architecture décentralisée » qui permettrait de stocker les données des utilisateurs sur leur propre téléphone plutôt que dans une base de données centrale. Jusqu'ici, l'Allemagne étudiait, comme la France, l'option d'une application basée sur une infrastructure plus centralisée qui a fait l'objet de critiques pour son défaut de protection de la vie privée.
A l'instar de la France, l'Allemagne cherche à se prémunir d'une relance de l'épidémie lors du déconfinement et étudie ce type de dispositif, qui repose sur la technologie Bluetooth permettant à des smartphones de communiquer entre eux.
Jusqu'à présent, Berlin travaillait sous l'égide d'un consortium scientifique européen, PEPP-PT, fort de 130 scientifiques dont des experts de l'institut de recherche allemand Fraunhofer et de l'Institut national de santé publique Robert-Koch. Ces derniers avaient privilégié une solution dans laquelle les données devaient être stockées sur un serveur central, une solution qui limite certains risques mais suscite des craintes que des gouvernements récupèrent ces données personnelles et s'en servent à des fins de surveillance.
Dans une lettre ouverte publiée en début de semaine, quelque 300 universitaires ont exhorté les gouvernements à rejeter cette approche centralisée au profit d'une autre, plus décentralisée, que soutient notamment Apple et Google. Les deux firmes ont annoncé des modifications en ce sens de leurs logiciels, qui équipent la quasi-totalité des téléphones dans le monde.