Auteur Sujet: Les émissions de CO2, le réchauffement planétaire et la décroissance nécessaire  (Lu 11002 fois)

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Leon

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Les risques du Greenwashing et du solutionnisme technologique, cette foi en l’innovation qui évite de faire les changements nécessaire :

Vidéo "La transition n'aura pas lieu",
par Jean-Baptiste Fressoz, historien

Très bonne vidéo, interview.
Merci Vivien de m'avoir fait découvrir ça.

Leon.

alain_p

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Quand je parle de décroissance globale nécessaire, c'est au niveau mondial.

Il est possible de présenter les données sous une forme ou sous une autre pour montrer le contraire.

J'ai eu la chance d'assister en avril 2022 à une formation de Raphaël Montfort d'incidence 8 ( https://incidence8.fr/ ) qui m'a autorisé à reprendre ici quelques diapositives issues de la formation

Merci Vivien pour ces diapos, qui apportent beaucoup d'informations chiffrées et visuelles, sur lesquelles on peut discuter précisément.

Mais quand tu dis que tu parles "au niveau mondial", je ne vois nulle part où il est dit comment la France, ou les pays européens pourraient avoir une influence sur les pays qui émettent, en ce moment, le plus de CO2, que sont la Chine, et les États-Unis. A part, comme dirait Léon "monter l’exemple", qui me parait complétement illusoire, et d'abord se pénaliser soi-mêmes.

Quand à l'historique, oui, les émissions de carbone ont commencé en Europe, en Angleterre d'abord, et aussi les États-Unis, avec la révolution industrielle, au XIXeme siècle, avec les machines à vapeur, la sidérurgie, le chauffage au charbon, émettant beaucoup de C02.



Mais le passé est le passé, cela ne va pas servir à grand chose de se lamenter sur le passé, c'est ce qu'il se passe en ce moment qui compte pour l'avenir. Et au XIXeme siècle, personne ne pensait que l'utilisation du charbon pourrait avoir une influence un siècle et demi plus tard sur le climat.

Par contre, le charbon et son extraction ont fait beaucoup de dégâts et de victimes dans les pays industrialisés d'alors, que le changement climatique jusqu'ici. Que l'on pense aux corons tout noirs de pollution par les particules de houille, les gueules noires dont beaucoup sont mortes de silicose, des coups de grisou qui ont des dizaines de millier de victimes.

Ce n'est pas que les zones d'extraction. Aussi dans les villes, les caves servaient de stockage utilisé pour le chauffage et les cuisinières. Les cheminées crachaient de la fumée de charbon. Les façades étaient noires. Les hommes aussi respiraient des particules du charbon. L'espérance de vie était bien inférieure à ce qu'elle est aujourd’hui.

La situation s'est améliorée avec l'utilisation du pétrole à la place du charbon, mais bien sûr lui aussi avec sa combustion émet du C02, qui s'est accumulé dans l'atmosphère. Et donc contribuer à l'effet de serre.

On a été effectivement les premiers à utiliser le charbon ou le pétrole, qui ont contribué beaucoup à notre croissance, mais il ne fait pas oublier aussi que l'on en a beaucoup souffert, et à l'heure actuelle, ce n'est plus l'Europe qui en utilise le plus, ni contribue le plus aux émissions de CO2.

Si on parle de démographie, effectivement, grâce en particulier à une meilleure alimentation et une meilleure médecine, les pays européens et les Etats-Unis ont connu une belle croissance démographique au du XVeme au XIXeme siècle (siècles de la colonisation européenne). Mais ce n'est plus le cas actuellement. Là aussi, il ne faut plus regarder le passé, mais bien l'avenir, où la natalité est très faible en Europe, qui va vers une baisse de population, et même la Chine, qui a longtemps été le symbole de la croissance démographique, ne l'est plus du tout. Là aussi, l'avenir se joue ailleurs, en Inde, en Afrique, en Indonésie...

Et ces pays ne vont pas accepter de décroissance. Ils vont vouloir au contraire une amélioration de leur niveau et de leurs conditions de vie...

Pour l'instant, l'augmentation des populations dans les zones sub-tropicales et l'urbanisation, contribue d'abord à la déforestation. Mais ce ne sera que le premier effet.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Catastrophe_de_Courri%C3%A8res#

vivien

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Mais quand tu dis que tu parles "au niveau mondial", je ne vois nulle part où il est dit comment la France, ou les pays européens pourraient avoir une influence sur les pays qui émettent, en ce moment, le plus de CO2, que sont la Chine, et les États-Unis. A part, comme dirait Léon "monter l’exemple", qui me parait complétement illusoire, et d'abord se pénaliser soi-mêmes.

Il y a tout d'abord la "Nuance 3" : Une partie des émissions de CO2 en Chine est liée à la consommation française de produits manufacturés en Chine.

On a en effet délocalisé notre besoin en Asie pour de nombreuses industries polluantes, c'est un fait. On pourrait produire des batteries Lithium en Europe, on a des gisements, mais aujourd'hui, elles viennent principalement de Chine. La main-d'œuvre est moins chère, mais surtout le pays laisse faire tout et n'importe quoi au niveau environnemental, c'est pratique pour baisser le prix de produits qui polluent beaucoup (oui, il est possible de faire l'extraction de façon plus propre, mais c'est plus cher).

Donc diminuer notre consommation d'équipement fabriqué en Chine à un impact direct sur la pollution émise par les Chinois.



Ensuite, l'Europe est pionnière dans beaucoup de réglementations qui ne se limitent pas au continent Européen.

Ce soir, je pense que tu as dû voir qu'Apple s'est pliée à la demande de l'Europe d'avoir un chargeur universel, afin de limiter la production inutile de milliards de chargeurs chaque année dans le monde (le nouvel iPhone présenté ce soir à un port USB-C). Ce gain sera bénéfique pour le monde entier, pas que pour l'Europe.

On pourrait parler d'autres réglementations, introduites en Europe et qui sont ensuite utilisées dans d'autres pays. Notamment des réglementations qui fixent un niveau minimum d'efficacité.

L'Europe arrive à limiter le travail des enfants pour les produits qu'elle importe, elle pourrait avoir des exigences en matière environnementale pour qu'un produit puisse être importé. Bref, quand on aura commencé à faire faire la transition vers un monde avec moins de CO2, il y a des solutions pour que les autres pays fassent, eux aussi, des efforts.

kgersen

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Ce soir, je pense que tu as dû voir qu'Apple s'est pliée à la demande de l'Europe d'avoir un chargeur universel, afin de limiter la production inutile de milliards de chargeurs chaque année dans le monde (le nouvel iPhone présenté ce soir à un port USB-C). Ce gain sera bénéfique pour le monde entier, pas que pour l'Europe.


C'est juste le cable "usb-c to lightning" qui est remplacé par un cable usb-c to usb-c

dans la boite d'un IPhone14 : l'iphone et un cable usb-c to lightning
dans la boite d'un IPhone15 : l'iphone et un cable usb-c to usb-c

Le seul gain c'est que les utilisateurs d'IPhones n'ont plus besoin de câbles spécifiques. Ca ne changera rien sur la production de chargeurs dans le monde.

K-L

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Solution définitive : contrôle de la démographie à l'échelle planétaire. Tout le reste, basé sur une moindre consommation, n'aura aucun effet car il y aura de plus en plus d'humains qui consommeront (même moins que leur parents, au pire ça permet de stagner).

Tout le reste, c'est du blabla culpabilsateur à mon sens.

alain_p

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Il y a tout d'abord la "Nuance 3" : Une partie des émissions de CO2 en Chine est liée à la consommation française de produits manufacturés en Chine.

Alors, comme dit par ailleurs, La Chine, c'est quand même 80% du PIB dû au marché intérieur, et 20% aux exportations. Et là dedans, la France, c'est quand même tout petit.

Il serait bon de rapatrier en France, et en Europe, ce que l'on importe de Chine, ou d'ailleurs en Asie, rien que pour notre indépendance et l'assurance de nos approvisionnements. On a vu au moment du Covid ce que cela pouvait donner en pénuries, d'électronique, mais aussi de masques, de médicaments, quand la Chine et les autres pays étaient à l'arrêt, et les voies d'approvisionnement coupées. Au niveau global sur le bilan global de CO2 de la production, on n'y gagnerait pas grand chose, mais au moins il n'y aurait plus celui du transport.

Mais j'attends de voir...

On a d'ailleurs toujours des pénuries de médicaments, comme l'amoxicilline, produit ailleurs, dont le prix va être augmenté de 10%, contre un engagement des producteurs d'augmenter la production. La pression pour faire baisser les dépenses de la sécurité sociale, et là dedans les remboursements des médicaments, la quasi obligation de passer à du générique, ont eu aussi un effet entrainant une moindre rentabilité pour les entreprises, et donc une baisse de production, et leur délocalisation.

ppn_sd

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L'utilisation d'infographies laisse à penser que les choses sont simples, que les données sont solides et que la compréhension du phénomène est bien établie.
Quand on voit l'usine à gaz de la conversion des activités en équivalent CO2, les % d'incertitudes liés aux différentes méthodes de calcul, l'impasse volontaire faite sur certaines données ...

Un exemple avec la première illustration qui reprend les émissions CO2, hors UTFC (utilisation des terres et forêts) :
La destruction des forêts est le principal vecteur de communication et d'alarmisme sur le climat et la synthèse présentée n'en tient pas compte !

Par ailleurs, se focaliser sur le CO2 pour justifier une action urgente n'a pas vraiment de sens : les émissions anthropiques nettes de CO2 (flux) représentent selon le GIEC 20 Gt par an quand le stock total est estimé à 3 300 Gt.

Tout cet effort technocratique de quantification vise avant tout à nourrir des mécanismes financiers de compensation .

butler_fr

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une mesure simple qui pourrait avoir un impact sur le renouvellement des différents appareils :
étendre la garantie de base à 5ans (voir plus)
et voir pour rendre les pièces détachées moins chères (un écran d'iphone / samsung /  haut de gamme vaut rapidement quasiment autant que l'appareil complet après quelques années), un système de pourcentage du prix moyen d'achat de l'année en cours serait intéressant.

ça forcera les fabricants à construire des appareils un peu plus durables et réparables.

dans un autre domaine
reprendre vraiment le concept des maisons BEPOS, la re2020 qui devait s'en rapprocher à été largement expurgée de mesures favorisant les installations de système d'énergie renouvelables ou économes (vmc double flux / panneaux solaires thermique ou photovoltaïques / puits canadien / brise soleil sur les baies vitrées / interdire les toit à revêtements foncés....)
retrait pur et simple de tout système de robinèterie (douche/cuisine...) qui ne dispose pas d'un dispositif d'économie d'eau (prix identique entre les deux version mais version non économe proposée par défaut)
domotisation : VMC (l'hiver vitesse mini la nuit quand il fait froid / grande vitesse la journée et inversement l'été), volet (protection solaire automatique), fenêtre (aération en milieu de journée l'hiver)

bref favoriser (subventionner?) les techniques de construction innovantes (isolation par l'extérieur / matériaux qui émettent moins de co2 à leur fabrication / systèmes qui permettent d'économiser...)

je vois pleins de mesures du style.
de manière générale il existe tout en tas de solution passive (sans action particulière de l'utilisateur) qui permettent de faire des économie d'énergie et qui seraient très bien acceptées (pas forcément plus cher à l'achat et pas de modifications des habitudes)

et aussi des mesures de justice environnementale:
taxer les loisirs polluants (jet ski ou autre) / moyen de transport type grosse voiture de luxe ou jet privés ou yacht / achat de biens compulsif
peut être via un dispositif type jauge CO2 par ans
ou l'intégralité des taxes perçues seraient allouées à financer les mesures de soutien pour les moins aisés
(je sais je rêve)

il faut juste un peu de volonté politique et sans doute arrêter l'écologie punitive pure

mirtouf

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Les risques du Greenwashing et du solutionnisme technologique, cette foi en l’innovation qui évite de faire les changements nécessaire :

Vidéo "La transition n'aura pas lieu",
par Jean-Baptiste Fressoz, historien



Le discours de ce monsieur Fressoz est intéressant mais méfiez-vous de la chaîne, elle est tenue par ce collabo de Berruyer qui invite d'autres collabos : Todd 3x, Sapir ou des rouges-bruns, des demi-habiles, des médiocres qui se croient excellents (Taddeï, lisez Nabe à son sujet), des comploplos plagieurs (Giraud)
Et ce cancrelat en profite pour ressasser ses marottes bancaires (oui c'est du confusionnisme, mélanger du sérieux avec de la diarrhée verbale):

Désolé du HS mais je tenais à mettre en garde les personnes qui vont regarder d'autres vidéos. Vous pouvez reprendre une activité normale.

vivien

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il faut juste un peu de volonté politique et sans doute arrêter l'écologie punitive pure
La volonté politique pour mettre en œuvre des choses intelligentes arrive, il faut laisser un peu de temps, la volonté politique est récente et l'état n'est pas une startup, les décisions mettent du temps à être prises.

Pour l'allongement de la durée de vie des smartphones, il y a déjà pas mal de choses lancées, avec un indice de réparabilité (inciter les acteurs à ce que cela soit plus facilement réparable) et  des mises à jour pendant un minimum de 5 ans qui arrive au niveau européen.
L'indice de réparabilité, c'est aujourd'hui une incitation, mais quand il sera mûr dans quelques années, il pourrait y avoir des obligations (un peu comme les interdictions de louer les passoires thermiques : on incite, on informe et après quelques années, on passe la vitesse supérieure avec une interdiction).

ppn_sd

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Le discours de ce monsieur Fressoz est intéressant mais méfiez-vous de la chaîne, elle est tenue par ce collabo de Berruyer qui invite d'autres collabos : Todd 3x, Sapir ou des rouges-bruns, des demi-habiles, des médiocres qui se croient excellents (Taddeï, lisez Nabe à son sujet), des comploplos plagieurs (Giraud)
Merci pour la rigolade. C'est vrai qu'il n'y a déjà pas assez de mises en garde de toutes sortes pour lister ce qu'il ne faut pas lire, ne pas écouter. D'après vous, il faut donc regarder la vidéo, mais pas trop ? J'ai peur de cliquer sur le lien maintenant, il vaudrait mieux que vous sépariez vous même le bon grain et l'ivraie et livrer une conclusion acceptable ici.

vivien

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Le centre de Résilience de Stockholm vient de publier sa mise à jour régulière de l’état des limites planétaires démontrant une transgression de deux nouvelles limites ; désormais 6 limites sont en zone de risque accrue sur les 9 que compte l’approche.
Dans le détail : Le changement climatique, la déforestation, la perte de biodiversité, la quantité de produits chimiques synthétiques, la raréfaction de l'eau douce et l'équilibre du cycle de l'azote sont les six limites largement franchies, Deux autres -- l'acidification des océans et la concentration des particules fines polluantes dans l'atmosphère -- sont proches des seuils d'alerte. Seul l'état de la couche d'ozone reste en dessous, avec une bonne marge.

Rappel sur l’approche : Définie depuis 2009, cette approche de limite planétaires définit des zones de fonctionnement sûres (safe space) pour 9 indicateurs correspondant à des conditions « habitables » de la planète (biosphère) ; La mise à jour de septembre 2023 a pu aussi réajuster les seuils de certaines limites bénéficiant du recul/mesures sur le terrain par l’équipe du Centre de Résilience de Stockholm et son réseau d’instituts/chercheurs partenaires. Les limites ne sont pas irréversibles, bien qu’à force de laisser le dépassement s’installer, la tâche devient plus ardue d’inverser la tendance et retrouver la zone qualifiée de sûre pour chaque limite. La nouvelle mise à jour du framework a pu aussi mettre mieux en évidence l’interaction entre les différentes limites et les mécanismes parfois difficiles à modéliser et expliquer d’amplification mutuelle (ainsi le dépassement d’une limite entraine la dégradation d’une autre frontière quand bien même elle est largement sécurisée, dénotant ainsi le besoin de mieux comprendre les mécanismes environnementaux et leur interdépendance). Malgré ses déficits et son manque de robustesse pour mieux caractériser certaines frontières, l’approche par limites planétaires reste un cadre de référence très citée et en continuelle appropriation par la communauté environnementale (et les rapports du GIEC).

L’ITU travaille à adapter la méthodologie des limites planétaires au niveau organisationnel et local, bien que la tache n’est pas évidente.

Lien vers la mise à jour du centre de Stockholm.
Plus d’infos sur ce framework et ses challenges sont dans la section dédiée du rapport du Comité d’experts sur la mesure.

Pour visualiser la progression de la dégradation sur les 3 principales mises à jour du framework :

Licenced CC BY-NC-ND 3.0 Credit: Azote for Stockholm Resilience Centre, Stockholm University. Based on Richardson et al. 2023, Steffen et al. 2015, and Rockström et al. 2009)

Merci à Ahmed Haddad, conseiller technique auprès de la direction Mobile & Innovation à l'Arcep.