Je ne partage pas ton avis sur le "Et qui le restera " qui sous-entend qui ne replacera jamais IPv4.
Disons en tous cas: «Et qui le restera
longtemps », IPv4 ne semblant pas sur le point de disparaitre de sitôt.
Il y a encore du chemin à faire pour éteindre IPv4 sur Internet, mais il me semble clair que c'est le chemin qui est pris.
Et la route est longue avec un protocole qui était mal conçu, mal né, malfichu, et mal implémenté.
Un groupe multicast par host? De l'ICMP pour remplacer ARP? Du Hob-by-Hop? Le DNS oublié dans le RA? Un next-header de type fragment? La temporary address? L'IPv6 mobility? entre les SLAAC sans DNS avec les DHCPv6, les adresses EUI64, puis les adresses temporaires, puis les adresses pas si temporaires que ça, et Android qui refuse d'implémenter DHCPv6+managed IP, et les options dans le header IPv6 qu'on peut chainer, et les etc...
Il a fallu régler les problèmes de conceptions en empilant les RFC sur des trucs de base, rajouter les choses réellement utiles (notamment les protocoles de translation v4/v6 pour se passer réellement de v4) pour en arriver ensuite à des implémentations qui fonctionnent vraiment et sur du volume.
Donc: la route est longue.
Sur la collecte, par exemple sur le mobile vous avez des opérateurs qui réfléchissent à ne pensent plus proposer d'IPv4 du tout dans quelques années sur leur APN. Aujourd’hui vous avez le choix "IPv4 only" ou "IPv6 only" (avec DNS64/NAT64 + 464XLAT) dans quelques années il est possible que seul le mode IPv4 only ne soit plus proposé.
Finalement c'est le seul usage raisonnable et utile: remplacer IPv4.
Le dualstack c'était juste deux fois plus de problèmes pour 0 intérêt pour le client.
De fait, implémenter IPv6 trop tôt était amusant mais s'est révélé inutile d'une part, générateur de problèmes pour les clients d'autre part.
Intéressant pour les propriétaires de beigebox installées sous leur table de cuisine afin d'y faire passer de l'ICMPv6, peut-être un peu moins pertinent pour du service fournis à des clients.
Avoir raison trop tôt, c'est avoir tort, ceux qui l'ont fait ont depuis jeté les infras et les implémentations de l'époque pour faire autre chose de nos jours.
Tu va me dire que pour l'instant les mécanises pour accéder à l'IPv4 comme le DNS64/NAT64 ou CG-NAT restent en place et ce sera probablement le cas pendant encore 15 ans, mais avant un FAI qui ne propose pas IPv6 sera impacté par des ressources IPv6 only qui ne sont pas accessibles.
Des sites IPv6 only: une poignée de sites persos qui ne sont pas consultés (sinon ils auraient une IPv4), OK. Mais sinon?
Ça arrivera sûrement sans doutes, mais pas de sitôt, donc.
Je prend le pari que Wifirst proposera de l'IPV6 dans 6 ans. Je sais que ce n'est pas simple en Wi-Fi, mais peu à peu les barréires vont tomber et les besoins d'IPv6 vont monter en puissance.
Pour l'instant c'est surtout pour ceux qui manquent de v4
privées (les opérateurs mobiles notamment, et qui répliquent éventuellement le système sur le fixe lorsqu'ils en ont aussi), donc.
On ne parle même pas de manque de v4 publiques.
D'ailleurs il n'y a aucune pénurie de v4 publiques: il y a pénurie d'adresses v4 publiques gratuites, ce qui est très différent.
Quant à prendre des paris, ce n'est certainement pas le sujet: avoir des clients impose d'être pragmatique pour fournir un service qui marche le mieux possible, ce qui implique de faire des prévisions ; mais pas de faire des paris ou des prédictions à la boule de cristal.
Bref, l'IPv6 n'étant qu'un outil, comme tout outil il s'impose naturellement dès lors qu'il devient pertinent. Mais pas parce que des conseilleurs le brandissent comme l'alpha et l'omega.