Comme Vivien, tu te trompes sur un point. Tu confonds 2 choses. Quand les gens parlent de séparer le réseau de France Telecom, c'est uniquement la partie "physique", les infrastructure, c'est à dire les fibres, lignes de cuivre, les bâtiments hébergeant les centraux téléphoniques, et c'est tout.
[...]
Tout le reste, pour rester "neutre", doit être réalisé par l'opérateur qui utilise ce réseau. Les routeurs, les négociations d'interconnexion avec les autres opérateurs, les services (téléphonie, stockage, vidéo), doit être réalisé par l'opérateur. Ne surtout pas "nationaliser" cette partie là! Personne ne le propose à l'heure actuelle. Tout le monde pense que c'est une très mauvaise idée. Imagine que l'opérateur unique national soit aussi mauvais que Free; si c'était le cas, personne en France ne pourrait regarder Youtube, et tout le monde penserait que c'est à cause de Youtube!
+1 !
En dehors de ça, il y a une décision à prendre:
- Est-ce que l'opérateur national fournirais un accès aux abonné "activé", bitstream ?
Donc similaire au SIEA dans l'Ain, avec les avantages de baisser les couts d'accès aux client pour les FAI (autrement dis un FAI national ou régional pourrais avoir accès à toutes les habitations reliée), mais avec l'inconvénient de l’absence de possibilité d'innovation sur le support physique pour des offres "premium" monétisables, tel que le gigabit à l'abonné, le multicast, ....
(Encore que ça bouge sur Rezo-LIAIN de ce coté-là)
- Ou bien l'opérateur national ne pourrait aussi que louer une FO "noire" au PM aux opérateurs , ce qui renchérirait le coût d'accès des FAI , garantie de ne trouver que des opérateurs géants sur ce réseau national.
Je suis convaincu que l'internet avec de très gros tuyaux (autoroutes de l'information) que nous avons aujourd'hui (y compris l'ADSL) n'a été déployé que grâce à des sociétés privées, en concurrences, qui n'étaient pas bridées par des règles ou une quelconque "nationalisation".
A voir si la situation actuelle est considérée comme satisfaisante et donc est le modèle à reproduire.
En 1995 il y avait facilement 60 FAI grand public en France sur le réseau RTC: FT ne fournissait que le transport, à un coût acceptable puisque 60 FAI acceptaient de le payer, tout en permettant la rentabilité. Idem pour le minitel.
Puis est arrivé l'ADSL, et là d'un seul coup, la barrière tarifaire à l'entrée (même en non-dégroupage, au départ) à fait que les seuls FAI grand public qui sont restés se comptent sur les doigts d'une main.
Ca a mis 10 ans a changer à grands coup de régulation asymétrique, et encore, la plupart du temps les FAI tiers font de la revente de SFR ou de Orange , avec les conséquences évidentes de cette mutualisation (
http://www.libre-parcours.net/2011/09/incident-collecte-sfr-danger-centralisation/ )
(Et encore, si XNiel avait pas investi l'argent du minitel rose dans l'ADSL , on en serait au niveau de la Belgique ou des USA, en terme d'offres & de prix)
Aujourd'hui encore, l'accès à un NRA pour un petit opérateur est quasi-impossible:
http://www.ariase.com/fr/guides/nra-noeud-raccordement.html .
Je suis désolé mais il est permis de penser lorsque Orange prends 80% des zones AMII , sans parler des DSP un peu partout que pour les NRO ça sera pareil => On se prépare donc un "réseau téléphonique en verre", en terme d'organisation et de services disponibles.
Est-ce que c'est ce que l'on veux ? Parce que la "loi du marché" voulue par Corrector, c'est exactement ça: Un opérateur qui bouffe tous les autres, et à terme, dont la principale activité est d'utiliser son poids pour annihiler tout embryon de différentiation.
Il suffit de regarder à l'étranger : dans tous les pays où il y a un opérateur/FAI fortement dominant, le rapport qualité/prix est bien inférieur à ce que nous avons en France.
Effectivement, la-dessus je te suis:
Avoir un seul opérateur unique d'infra (d'autant qu'il y a 99.9999% de chance que ce soit confié à....FT) ne résoudra certainement pas la desserte des abonnés en zone blanche ou grise, (cad là ou les abonnements en fibre dépasseraient facilement les 70% de pénétration, cf. Chevry) , et ne faciliterais pas non plus l'innovation et l'accès à ce réseaux aux FAI tiers:
On serais exactement dans la situation actuelle, avec une poignée de gros FAI aux offres similaires, et quelques challengers en bitstream dessus , via la mutualisation des équipements actifs.
Les seuls en mesure de réellement proposer des choses hors "standard", ça serais Orange, dans ce type de montage.
Seulement, si Stéphane Richard parle bien des avantages de la taille:
https://www.nextinpact.com/news/76801-selon-orange-google-participe-bien-a-monetisation-trafic.htm ,
il fait l'impasse sur les inconvénients, à savoir une gestion à court terme (requise par les actionnaires , dont l'état...) , sur l'absence d'innovation (ou le suivisme), et sur le manque total de prise de risque à long terme. C'est pas inhérent à FT, c'est toute les grosses boites comme ça - c'est la gestion financière qui dicte ça.
Je pense qu'avec des règles, des lois, on arrive à faire des choses, sans forcèment vouloir séparer des sociétés.
On touche à un autre problème:
Les lois , ça fait pas tout. Il faut aussi des hommes motivés, des gens qui croient dans le projet et qui ont le sens du service public .
Dans les années 1970/80, relier jusqu'à la dernière bergerie du Cantal c'était pas seulement un travail, pour les agents de terrain *comme pour les administratif*, c'était une évidence, un service public donc rendu partout en France. C'était une fierté, et un métier. Et venir réparer aussi.
Depuis, le monde a bien changé: Les sous-traitants sont payés au lance-pierre, avec un nombre d'intervention par jour à faire, et un turn-over important, il n'y a plus du tout cette mission d'utilité publique, non seulement chez les agents de terrain (comment leur en vouloir ?) mais *aussi* chez les financiers des directions locales, qui ont remplacé les ingés de déploiement.
A mon sens, FT est fortement handicapé par le poids et l'immobilisme des directions locales - La direction et la R&D parisienne sous-estime fortement, à mon sens, ces pachydermes régionaux que *rien* ne fera bouger des habitudes datant de 35 ans, des entités bourrées de gens démotivés qui attendent la retraite en ne s'intéressant à rien de ce qui est nouveau.
Je sais pas trop quelle est la solution, mais ce qui est sur c'est que c'est pas un "opérateur national" qui fera bouger ça.
A mon sens, l'un des modèles possible est celui des DSP en affermage pilotées par les CG, à condition de choisir des vrais boites d'infra ou de GC et non des "FAI déguisé" (ex: Opalys, yen a plein d'autres) qui vont rouler pour leur opérateur de rattachement.
Encore faudrait-il ne pas être trop con et pouvoir récupérer le GC existant.... (
http://www.assemblee-nationale.fr/14/propositions/pion0626.asp ? )
Le SIEA reste à l'heure actuelle , et malgré ses inconvénients, le seul modèle qui a prouvé qu'on pouvais relier les bleds de même pas 200 âmes en FTTH / 100M symétrique.
La taille est correcte (Grande mais pas trop) , et l'ouverture d'accès aussi aux FAI tiers. Et on voit bien, avec KNet, que certains motivés arrivent à faire du bon boulot, sur un certain positionnement du marché (Internet++, TV--).
A mon sens, on continuera dans la morosité actuelle si on ne fait pas 2 choses:
* Baisser fortement les couts d'accès à l'abonné (pas tellement en terme de vente / ligne: Par exemple je trouve très raisonnable l'offre de FT de 18€/ligne FTTH au PM hors zone dense , mais plutôt en terme de barrière tarifaire) pour TOUTE les DSP fibre, et/ou au NRA-MED.
Aujourd'hui, sauf sur REZO-LIAIN, impossible de démarrer un FAI local dégroupé en FTTH (ou DSL ) sans poser un million sur la table. Ou alors faut faire de la revente d'offres activés, sans différenciation possible.
Donc impossible à un "petit" opérateur de venir tester un marché ou une idée, même sur une zone géographique limitée.
* Obliger TOUTES les DSP et les opérateurs à se mettre d'accord sur un système de SI et de procédures communes pour l'abonnement/résiliation/maintenance des abonnés, comme ça existe en suède/norvège.
Là, éventuellement l'état aurait un rôle d'organisateur à jouer, voire coercitif, pour créer un GIE sur ce sujet, comme ça a été fait sur la portabilité des n° de téléphone.
Quitte à reprendre & adapter des solutions existantes ailleurs, après tout , il faut du pragmatisme.
Les FAI , quelque soit leur taille, auraient un "guichet unique" vers les opérateurs d'infrastructure locales (et dans l'idéal les clients finaux seraient aussi en mesure d'initier certaines actions: Par exemple: si la fibre est coupée en bas de chez moi, nul besoin de râler auprès de mon FAI, c'est à l'opérateur d'infra d'intervenir).
Pour le financement, CA, ça serait une utilisation utile du FANT.
Le FTTH pour tous le se justifie pas aujourd'hui! Alors laissons faire les opérateurs privés comme ils l'entendent pour l'instant.
C'est la poule et l'oeuf. C'est sur que si on fait rien, bah y aura rien. Ne rien faire a toujours été la meilleure façon de ne pas perdre de fric... :-)
Et la 4G n'est pas la solution à tous dans les zones moins denses: "Internet" ne sert pas qu'a aller acheter des robes sur LesTroisSuisses.fr.
Or, la 4G *tel que conçu par les opérateurs actuellement * c'est un "Internet occasionnel", pour aller lire ses mails, aller sur amazon ou trouver sa route sur Maps, une sorte de "portail" à base d'applications de smartphone (et bientôt de PC , cf. Windows 8 & MacOS).
Tu imagine avoir comme accès "internet" un téléphone 3G ou 4G relié en USB à ton PC ?
De toute façon, les antennes 4G, on les adductes avec quoi ? 2x300Mbps en FH ? Ya bien un moment ou va falloir déployer des fibres... Ils le font bien en aérien, FT, quand ça les arrange (et ils ont raison):
http://fibre.obconseil.eu/index.php?/category/9Pareil pour les NRA-MED...
D'ailleurs une fois au NRA-MED, il ne reste pas grand chose pour finir en FTTH. D'ailleurs, à mon avis, ça ne devrais pas être FT (ou l'opérateur tiers) qui finance cette desserte entre PM et sa prise dans la maison, mais l'abonné lui-même, via un contrat avec une boite mandatée pour ça, et éventuellement avec une subvention du CG comme pour le satellite et/ou un étalement des paiements.