Auteur Sujet: La division de la langue en Belgique  (Lu 3805 fois)

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vivien

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La division de la langue en Belgique
« le: 10 décembre 2023 à 10:57:29 »
Ce sujet ne traite pas de fibre optique ou d'internet, mais d'un sujet spécifiquement belge, qui permet de mieux comprendre toutes les problématiques politiques dans ce pays.

Vous savez tous que comme de nombreux pays, la Belgique à plusieurs langues officielles. La Belgique est divisée entre Wallons, dans le Sud (francophone), et Flamands, du nord (néerlandophone) avec Bruxelles qui est la seule région bilingue (les publicités sont systématiquement dans les 2 langues).


Il y a 17 ans, le 13 décembre 2006, la RTBF, la chaine publique belge, diffusait "Bye Bye Belgium", un faux journal télévisé annonçant l’indépendance de la Flandre.

Objectif : déclencher un électrochoc sur les tensions entre Flamands et Wallons pour éviter une scission de la Belgique

L'édition spéciale du faux journal télévisé est diffusée en direct à partir de 20 h 21 (interrompant brutalement la programmation) et était présentée par le présentateur vedette du journal télévisé, François de Brigode : « Bonsoir à tous, l'heure est grave. Excusez-nous pour cette interruption. Événement exceptionnel, moment exceptionnel […] la Flandre va proclamer unilatéralement son indépendance. Vous l'avez compris, le moment est important. En clair, la Belgique en tant que telle n'existerait plus ».


Extrait du journal de France 2 de 20 heures, le lendemain de la diffusion de "Bye Bye Belgium" qui revient sur l'événement :



vivien

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La Belgique est composée de trois communautés (Communauté flamande, Communauté française, et une petite Communauté germanophone). Si vous voyagez en Flandre, n'oubliez pas d'indiquer que vous êtes français, car beaucoup d'habitants sont bilingues, mais refusent de parler français par principe, s'ils pensent que vous êtes Belge. L’émission devait être une amorce pour un débat politique. Le problème, c'est que le journal télévisé était très réaliste, trop réaliste. De nombreuses personnes ont cru à la déclaration unilatérale d’indépendance de la Flandre. Des éléments avaient été introduits pour faire comprendre au téléspectateur que c'était un canular, comme un tram bloqué à la nouvelle frontière et les policiers locaux envoyés la surveiller, le gouvernement de la région de Bruxelles-Capitale réfugié dans la dixième boule (inexistante) de l’Atomium,... mais beaucoup de personnes n'ont pas compris ces signes et d'autres étaient déjà parties manifester pour l'union de la Belgique.

Un direct était organisé depuis le Palais royal, le journaliste Frédéric Gersdorff était entouré de quelques comédiens mobilisés pour l’occasion. Des drapeaux belges à la main, ils étaient chargés de manifester. « Là où la situation est devenue extrêmement particulière et inoubliable pour moi, c’est lorsque des dizaines de personnes sont venues véritablement manifester pour la sauvegarde de la Belgique devant le Palais royal », raconte le journaliste. De vrais manifestants se mêlent alors aux acteurs venus faire participer à l’illusion d’un pays en crise. Tandis que certains comédiens désamorcent le sujet, Frédéric poursuit le déroulé du script, influencé par les événements qui se déroulent autour de lui. « La réalité a vraiment dépassé la fiction. À un moment, j’ai arrêté de lire le scénario pour dire ce qu’il se passait vraiment devant moi pour maintenir l’union du pays. »

Dans un reportage filmé dans un tram, par contre seul le conducteur était complice. Dans ce moment culte, réalisé à Tervuren, au niveau de la frontière linguistique, des voyageurs sont contraints de quitter le tram, bloqué à la frontière pour prendre un bus flamand « Cette séquence a été réalisée sans figurant quelques jours avant l’émission. On y voit des gens changer de moyen de transport sans trop se poser de questions, c’est une vraie preuve du surréalisme belge », s’amuse encore Alain Gerlache.

Extrait N°1 avec le tram bloqué à la frontière linguistique : (seul le conducteur du tram et du bus de substitution sont complices de l'émission)


vivien

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Le chef de la télévision de l’époque avait prévenu le ministre de l’Intérieur juste avant son passage en direct « pour qu’il soit au courant, mais pas assez en amont pour qu’il puisse nous empêcher de le faire ».

La RTBF a-t-elle atteint ses objectifs ? Le but de l'émission était de déclencher un électrochoc sur les tensions entre Flamands et Wallons pour éviter une scission de la Belgique. Si la Belgique est toujours unie, elle passera néanmoins 541 jours sans gouvernement entre 2010 et 2011.

La RTBF a clairement sous-estimé l'impact émotionnel qu'allait entrainer cette émission. Le bandeau « Ceci est une fiction », affiché en continu après les 32 premières minutes, n'était pas dans le plan original, mais a été demandé par Fadila Laanan, ministre de tutelle de la RTBF. Malgré ce bandeau et les informations données à l'oral, de nombreuses personnes n'ont pas compris que c'était une fiction.

L'idée de cette émission est née en France : le réalisateur belge est en vacances chez un ami: Alain Moreau. Il lui demande ce qu'il se passerait si les Flamands prenaient leur indépendance. Il nait alors l'idée d'une fiction, elle mettra deux ans à se concrétiser. À l'intérieur même de la RTBF certaines personnes étant opposées à ce faux journal télévisé.

Extrait N°2 avec la police qui va surveiller la frontière linguistique :


vivien

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Extrait N°3 avec le contrôle aérien et un avion qui change d'aéroport "pour éviter les problèmes d'immigration" :


vivien

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Extrait N°4 avec les réactions des indépendantistes Catalan et Corses :


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Voici le faux documentaire "Bye Bye Belgium" en intégralité (1 heure et 38 minutes) :


willemijns

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Va t'en parler de cela à un belge qui l'a vecu tu vas voir sa mine déconfite rien que d'y penser...un joli traumatisme national...

vivien

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La division de la langue en Belgique
« Réponse #7 le: 20 décembre 2024 à 21:56:54 »
Yliass Alba est le contrôleur à qui on reproche d'avoir dit bonjour dans les deux langues, dans une gare flamande : Le 7 octobre dernier, il entre à une heure de pointe dans la voiture d’un train reliant Malines, en Flandre, à Bruxelles. Alors qu’il salue les voyageurs avec un sonore « goeiemorgen/bonjour », l’homme se fait corriger par l’un d’eux. « On n’est pas encore à Bruxelles, vous devez seulement utiliser le néerlandais ! », lui intime ce néerlandophone qui ne s’est pas contenté d’un rappel à l’ordre, car il a porté plainte contre le contrôleur bilingue.




vivien

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« Réponse #8 le: 20 décembre 2024 à 22:01:03 »
Un des porte-parole de la SNCB a indiqué que « l’intérêt du voyageur doit primer [...] Il faut un peu plus de souplesse dans l’application de la réglementation, dire bonjour en plusieurs langues, c'est juste sympathique, on ne peut que remercier nos accompagnateurs pour cela. »

Le ministre de la mobilité qui a autorité sur la SNCB, l’écologiste francophone Georges Gilkinet, a pris la défense du contrôleur, Ilyass Alba : Les accompagnateurs de train font de leur mieux pour être au service des voyageurs, qu’ils soient usagers quotidiens ou touristes, Flamands en Wallonie, francophones en Flandre ou étrangers. Utiliser plusieurs langues pour dire bonjour ne me choque pas

Il a souligné que dans un petit pays comme la Belgique, les frontières régionales étaient sans cesse traversées par les trains. La règle sur l'usage du français et du néerlandais dans les trains belges est complexe. En théorie les contrôleurs - appelés accompagnateurs en Belgique - ne doivent utiliser les deux langues que sur le territoire de Bruxelles et dans les quelques communes dites "à facilités", où l'administration est aussi bilingue.

Côté flamand, le président du parti chrétien-démocrate, Sammy Mahdi, est monté au créneau : En tant que pouvoir public, on ne peut pas jeter comme ça par-dessus bord notre législation linguistique. Il faut du respect pour le néerlandais

À noter que les écrans dans les trains qui doivent changer de langue au moment de la traversée de frontière linguistique.

Ce sujet s'est mis à la une de l'actualité, dans une Belgique qui comme la France n'a pas de gouvernement et a des questions bien plus graves à traiter.



vivien

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« Réponse #9 le: 20 décembre 2024 à 22:02:00 »
Le bonjour de trop a maintenant une couverture médiatique internationale.




Denis M

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La division de la langue en Belgique
« Réponse #10 le: 20 décembre 2024 à 22:03:45 »
Si vous allez boire un verre à Ostende, station balnéaire belge, il ne vous sera répondu en français qu'une fois votre accent français reconnu, si ce n'est pas le cas le gars fera celui qui ne comprend pas jusqu'à ce que la demande soit faite en flamand.

Ce n'est bien entendu pas une généralité, mais pas loin.

Free_me

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La division de la langue en Belgique
« Réponse #11 le: 20 décembre 2024 à 22:08:14 »
Ca n'a rien d'anormal. La langue est une part tres importante de l'identité et une cohabitation entre plusieurs langues ne fonctionne bien que s'il y en a une qui est tres largement dominante, mais a poids similaire je ne suis pas sur qu'il existe des exemples qui marchent bien.