Auteur Sujet: Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs  (Lu 98446 fois)

Cochonou et 5 Invités sur ce sujet

alain_p

  • Abonné Free fibre
  • *
  • Messages: 18 040
  • Delta S 10G-EPON sur Les Ulis (91)
Ce qui démontre encore l'intermittence des énergies renouvelables. Elles peuvent produire à plein si les conditions météo sont favorables, mais partout, entrainant des prix négatifs (et cette fois-ci la nuit), ce qui pénalise tout le monde, mais plus du coup quand les conditions sont défavorables, et là il fut compter sur des énergies plus pilotables, comme le nucléaire, ou le gaz, mais qui perdent de l'argent quand les EnR produisent à plein.

Steph

  • Abonné K-Net
  • *
  • Messages: 8 515
  • La Balme de Sillingy 74
    • Uptime K-net
Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #361 le: Aujourd'hui à 09:47:24 »
L'intermittence des énergies solaires et éoliennes n'a pas besoin d'être démontrée : C'est une évidence.

alain_p

  • Abonné Free fibre
  • *
  • Messages: 18 040
  • Delta S 10G-EPON sur Les Ulis (91)
Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #362 le: Aujourd'hui à 12:08:03 »
C'est peut-être une évidence, mais occultée par de nombreux mouvement écologiques, qui réclament du 100% d'EnR. D'autres, un peu plus réalistes, comme Jancovici et le Shift Project, ont bien compris qu'il fallait des énergies pilotables, eux mettent en avant le nucléaire.

Cette utopie du 100% énergies renouvelables, et aussi anti-nucléraire, est une aubaine pour les industriels et producteurs de gaz, car elle conduit à construire des centrales à gaz.
Pour lequel une bonne partie de l'Europe est dépendante de la Russie (ou du Moyen Orient). Même la France continue à acheter du GNL à la Russie, comme l'a dénoncé récemment Trump à la tribune des Nations Unies. Bien sûr, c'est pour que l'Europe achète son GNL à lui. L'Europe a promis, pour limiter la hausse des tarifs douaniers américains, d'acheter pour 600 milliards de de dollars de produits pétroliers et gaziers aux Etats-Unis, d'ici 2030 je crois.

On voit ce que cela donne en Allemagne par exemple, qui compte sur le charbon et le gaz pour disposer d'une énergie pilotable, quand les EnR ne produisent pas (conduisant d'ailleurs à des pris de l'électricité très élevés, plus que nous). Et comme l'Allemagne a promis d'arrêter le charbon, d'ici 2035 je crois, elle a lancé un programme pour construire 24 GW de centrales à gaz, et 40 centrales en tout, d'ici 2030. Ce qui est d'ailleurs en contradiction avec les directives européennes de diminuer ce genre de centrales.

Cette idéologie nous coûte très cher en subventions aux EnR en France, 12.9 milliards d'euros recalculés par la CRE (Commission de Régulation de l’Énergie), 2 milliards de plus que le chiffre qui avait déjà été revu à la hausse en 2024.

Cela conduit aussi à multiplier par trois les investissements dans la construction de centrales électriques : 100% de capacité solaire pour couvrir les besoins (quand il y a du soleil), 100% en éolien quand il y a du vent (le cas ce week-end, mais c'est loin d'être le cas tous les jours), et 100% en pilotable (gaz, nucléaire, charbon...), quand il n'y a ni soleil, ni vent, pour répondre à la demande et éviter un blackout comme en Espagne... Et chacun doit se partager les rentrées des abonnements des particuliers et entreprises, avec en plus des prix spots à l'exportation souvent négatifs comme on le voit, ce qui n'est pas trop un problème pour les EnR qui disposent d'un contrat de complément de rémunération, mais diminuent les ressources des opérateurs qui opèrent des moyens de production pilotables, comme le nucléaire pour EDF. Alors que notre parc a en moyenne 45 ans...

D'ailleurs, récemment, la CRE, pour éviter une hausse des prix de l'électricité, a recalculé un prix de l'électricité nucléaire 5€ moins cher qu'avant, à 61 € environ, contre 66 € auparavant, ce qui va diminuer les recettes d'EDF, après la fin de l'ARENH au 31 Décembre 2025, et donc ses capacités d'investissement. Car le nucléaire n'est pas subventionné, lui.

brupala

  • Abonné Free fibre
  • *
  • Messages: 240
  • Tours (37)
Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #363 le: Aujourd'hui à 12:36:12 »
C'est peut-être une évidence, mais occultée par de nombreux mouvement écologiques, qui réclament du 100% d'EnR. D'autres, un peu plus réalistes, comme Jancovici et le Shift Project, ont bien compris qu'il fallait des énergies pilotables, eux mettent en avant le nucléaire.

Jancovici à force de parler sur tout de manière convaincante sort aussi pas mal de bêtises, certes son combat c'est le pétrole, sur lequel il a avancé des prédictions erronées annonçant un pic de production (consommation plutôt) dans les années 2020 alors qu'il a eu lieu bien avant, il est aussi, comme beaucoup de français (mais nous sommes à peu près les seuls au monde) très pro nucléaire, mais si nous sommes facilement pronucléaires c'est parce que nous vivons sur la rente de ce qui a été construit dans les annnées 80, la rentabilité des nouveaux et futurs chantiers est beaucoup plus catastrophique pour EDF, le choix des renouvelables est donc bien plus raisonnable, surtout à court terme: Chantiers de quelques mois.
Ce que je reproche à Janco également, c'est de balayer d'un revers de la main le coût du démantèlement nucléaire et de ne pas ou peu l'intégrer dans le prix du MWh alors qu'il faudra le payer et qu'il est potentiellement ruineux, surtout que le savoir faire est faible.
On se contente de planifier les nouvelles piles à côté des anciennes, pour éviter un retour du sol à l'état naturel, mais forcément il y aura des limites et il faudra bien y passer, on considère donc aujourd'hui de glisser ça en plus dans le paquet de misère à léguer à nos petits enfants.

alain_p

  • Abonné Free fibre
  • *
  • Messages: 18 040
  • Delta S 10G-EPON sur Les Ulis (91)
Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #364 le: Aujourd'hui à 12:48:24 »
Ce que je reproche à Janco également, c'est de balayer d'un revers de la main le coût du démantèlement nucléaire et de ne pas ou peu l'intégrer dans le prix du MWh alors qu'il faudra le payer et qu'il est potentiellement ruineux, surtout que le savoir faire est faible.

Ah oui, justement, c'est le tour de passe-passe fait par la CRE pour diminuer articiellement le coût du MWh nucléaire de 5 €. Parce que la durée de vie des centrales a été prolongée à 60 ans.

La CRE a également tenu compte de la prolongation de la durée de vie du parc nucléaire historique à 60 ans, conformément aux orientations fixées par le Président de la République lors de son discours de Belfort du 10 février 2022 et à la stratégie d’EDF.

Donc pas de démantèlement à provisionner... CQFD.

Voir les Echos :

Citer
Ce tour de passe-passe surprise de l'Etat pour contenir les prix 2026 de l'électricité d'EDF

La Commission de régulation de l'Energie fixe à 60,3 euros le MWh le coût de production de l'électricité nucléaire d'EDF à partir de 2026. Ce prix de référence n'a pas grimpé comme l'espérait EDF, à la veille de l'extinction du régime de prix bradés de l'Arenh.

Par Amélie Laurin - Publié le 30 sept. 2025 à 14:00Mis à jour le 1 oct. 2025 à 15:42

Un peu de répit pour les grands clients d'EDF. Alors qu'expire le 1er janvier prochain le régime de prix cassés de l'Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique), le prix plancher auquel l'énergéticien public doit se référer pour tarifer son électricité d'origine nucléaire ne va pas flamber, dans le système « tout marché » qui prévaudra désormais.

Le prix de production des 57 réacteurs nucléaires français est fixé à 60,3 euros le MWh (en euros de 2026) pour la période 2026-2028, a annoncé ce mardi la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Ce prix de revient reste donc, pour le moment, quasiment au même niveau que les 60,7 euros (en euros de 2022) calculés en 2023 par le régulateur.

Ecart avec les prévisions de la CRE et d'EDF

C'est une surprise, car Emmanuelle Wargon, la présidente de la CRE, avait anticipé au printemps un niveau de « 66 ou 67 euros » en tenant compte de l'inflation des dernières années, qui pèse sur les charges d'EDF (salaires, achats…). Mais cet effet est contrebalancé par un changement de méthodologie, acté dans un décret paru le 5 septembre, juste avant la censure du gouvernement Bayrou.

La CRE a notamment retiré de sa feuille de calcul des indicateurs relatifs notamment aux provisions pour le démantèlement futur des centrales. Cela allège la facture de « 5 euros le MWh » par rapport à l'estimation de 2023, a précisé Emmanuelle Wargon lors d'une conférence de presse mardi matin.

Du côté d'EDF, l'évaluation des coûts est tout autre. Le groupe public estime son « coût complet » du nucléaire à 79,6 euros le MWh pour 2026-2028, révèle le rapport de la CRE. Soit une différence de 19 euros avec l'estimation du régulateur ! Une fois « ajusté » par le régulateur pour tenir compte de la nouvelle méthodologie, ce coût tombe à 64,4 euros le MWh. La différence finale de 4 euros avec le coût défini par la CRE résulte d'un écart d'hypothèse de coût du capital entre EDF et la CRE.

L'arbitrage final n'est pas une bonne nouvelle pour EDF, qui a intérêt à maximiser son prix de vente pour rentrer dans ses frais et financer ses investissements futurs. La Cour des comptes a alerté la semaine dernière sur la fragilité du modèle financier d'EDF, en pointant l'inadéquation entre des flux de trésorerie insuffisants et un mur d'investissements potentiels de 460 milliards d'euros d'ici à 2040.

« La CRE ne se prononce pas sur le modèle économique d'EDF, répond Emmanuelle Wargon. Après, quand l'électricité est globalement bon marché pour les consommateurs c'est plutôt une bonne nouvelle pour l'économie »
...

https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/ce-tour-de-passe-passe-surprise-de-letat-pour-contenir-les-prix-2026-dedf-2189208
https://www.cre.fr/actualites/toute-lactualite/la-commission-de-regulation-de-lenergie-publie-son-evaluation-des-couts-complets-de-production-de-lelectricite-au-moyen-des-centrales-electronucleaires-historiques-pour-la-periode-2026-2028.html
« Modifié: Aujourd'hui à 13:30:03 par alain_p »

alain_p

  • Abonné Free fibre
  • *
  • Messages: 18 040
  • Delta S 10G-EPON sur Les Ulis (91)
Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #365 le: Aujourd'hui à 13:19:31 »
Et voici une petite citation de ce fameux décret du 5 Septembre, juste avant la démission de François Bayrou, qui permet à la CRE d'écarter le coût du démantèlement des centrales nucléaires. Cela devait être extrêmement urgent de sortir e décret...

Décret n° 2025-910 du 5 septembre 2025 relatif aux principes méthodologiques régissant l'évaluation par la Commission de régulation de l'énergie des coûts complets de production de l'électricité au moyen des centrales électronucléaires historiques
...
« Art. R. 336-7.-Au titre de chaque période d'évaluation mentionnée au R. 336-6, les coûts complets de production mentionnés à l'article L. 336-3 sont, pour chaque année, égaux à la somme des charges d'investissement prévisionnelles et des charges d'exploitation prévisionnelles.
« Seules les charges prévisionnelles supportées comptablement entre le 1 er janvier 2026 et l'arrêt définitif des centrales nucléaires historiques sont prises en compte dans l'évaluation des composantes mentionnées au précédent alinéa.
...


Donc les coûts après l'arrêt des centrales nucléaires n'ont pas à être pris en compte. Pratique...

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000052200447
« Modifié: Aujourd'hui à 13:42:46 par alain_p »

Cochonou

  • Abonné Bbox fibre
  • *
  • Messages: 1 548
  • FTTH 8 Gb/s sur Saint-Maur-des-Fossés (94)
Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #366 le: Aujourd'hui à 13:25:40 »
On peut voir cette illustration sous différents angles. Elle illustre aussi l'abondance des énergies renouvelables, à un point que l'on avait du mal à imaginer il y a juste une décennie (même si leur potentiel de production a été calculé depuis longtemps).
Qu'elle soit pilotable, non pilotable, intermittente ou continue, on voit que la véritable problématique technique, c'est de pouvoir stocker de cette énergie abondante. Ici aussi rien de nouveau, puisque ça avait été prévu depuis longtemps - mais ce n'est pas ça qui rend le problème plus facile à résoudre.
On sait que coté renouvelable, quasiment tout le potentiel hydroélectrique du pays est exploité depuis longtemps - en revanche je ne sais pas à quel point le potentiel de stockage énergétique des barrages est exploité à son maximum.
Le fameux "deal" de François Bayrou avec la commission européenne (que tu avais relevé il y a quelques semaines) changera-t-il les choses sur ce sujet ?

brupala

  • Abonné Free fibre
  • *
  • Messages: 240
  • Tours (37)
Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #367 le: Aujourd'hui à 13:43:00 »
Ah oui, justement, c'est le tour de passe-passe fait par la CRE pour diminuer articiellement le coût du MWh nucléaire de 5 €. Parce que la durée de vie des centrales a été prolongée à 60 ans.

La CRE a également tenu compte de la prolongation de la durée de vie du parc nucléaire historique à 60 ans, conformément aux orientations fixées par le Président de la République lors de son discours de Belfort du 10 février 2022 et à la stratégie d’EDF.

Donc pas de démantèlement à provisionner... CQFD.

D'autant plus que ces 5 € sont certainement sous estimés tout comme les prix de revient de Flamanville3 et Hinkley point.

alain_p

  • Abonné Free fibre
  • *
  • Messages: 18 040
  • Delta S 10G-EPON sur Les Ulis (91)
Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #368 le: Aujourd'hui à 13:48:32 »
Mais d'un autre côté, le coût de démantèlement est un peu théorique, puisque l'on ne finit pas de le repousser. Certains parlent maintenant de 80 ans.
Ce qui l'est beaucoup moins, c'est le coûts des révisions décennales, de longs mois, et de la mise à niveau à l'occasion de ces arrêts, pour qu'elles puissent continuer à être exploitées.

alain_p

  • Abonné Free fibre
  • *
  • Messages: 18 040
  • Delta S 10G-EPON sur Les Ulis (91)
Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #369 le: Aujourd'hui à 22:10:40 »
On sait que coté renouvelable, quasiment tout le potentiel hydroélectrique du pays est exploité depuis longtemps - en revanche je ne sais pas à quel point le potentiel de stockage énergétique des barrages est exploité à son maximum.
Le fameux "deal" de François Bayrou avec la commission européenne (que tu avais relevé il y a quelques semaines) changera-t-il les choses sur ce sujet ?

Effectivement, si EDF est assuré que ses investissements auront assez de temps pour être rentabilisés, il pourrait aménager de nouveaux barrages step sur ses sites. Mais je doute que cela fasse grande différence. nulle part dans le monde, la capacité de stockage ne dépasse 1% il me semble (même en Californie où il a été beaucoup développé).

D'autre part, les périodes de "Dunkelflaut", le terme allemand popularisé pour les périodes hivernales sans soleil ou vent, peuvent durer une semaine. Donc il faut pouvoir stocker l'énergie sur le durée. S'il fallait par exemple emmagasiner suffisamment d'énergie pour répondre à un consommation moyenne de  60 GW pendant 24h, il faut pouvoir emmagasiner 1440 GWh. C'est une capacité énorme. Et encore, pour la remplir, il faudrait avoir une surcapacité dans les jours précédents énorme pour remplir ce réservoir, ce qui est peu probable dans ce genre de circonstances.

Cela coûterait très cher, pour n'être utilisé que ponctuellement, donc a toutes les chances de ne pas être rentable, et de renchérir considérablement le coût des EnR

Bon, après, il a été imaginé des projets hors norme, comme celui du projet de barrage step dans la vallée d'Abondance en haute Savoie, c'est à dire de noyer toute la vallée d'Abondance, et de pomper dans le la Léman pour remonter l'eau. Mais je ne suis pas sûr que les habitants et les opérateurs de tourisme dans cette vallée alpine apprécieraient...

En effet, les 3.000 GWh stockés par la STEP de « Grande Abondance » permettraient de mieux intégrer les énergies renouvelables en France et même au-delà.

L’envergure du site serait telle qu’il pourrait stabiliser le réseau électrique européen tout entier. Il faudrait toutefois 3 à 4 STEP comme celle-ci pour obtenir un mix 100% renouvelable en France, précise l’étudiant.

https://www.revolution-energetique.com/actus/grande-abondance-le-projet-de-step-monumentale-dun-etudiant-ingenieur/