Auteur Sujet: Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs  (Lu 92672 fois)

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simon

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Note intéressante et assez juste, mis à part quelques points notables à mon sens:
- le développement de moyens stockage par batteries, dont le coût au MWh chute de ~5-10% par an, n'est mentionné qu'en passant, presque "pour l'avoir dit", mais rien n'en est fait.
Et pourtant, il permettrait de lisser les pointes comme les creux (en absorbant le PV en journée et en déchargeant au pointes). Ces cycles sont journaliers, donc ce stockage y est particulièrement adapté (peu d'énergie, beaucoup de puissance).
Il permettrai donc d'intégrer le solaire correctement tout en réduisant les contraintes de variabilité sur le nucléaire.
- le décalage des consommations est, la aussi, simplement mentionné sur une ligne.
Et pourtant, les heures "creuses" de millions de foyers sont toujours programmées en pleine nuit l'été, augmentant mécaniquement le besoin en énergie produite la nuit, et donc excluant de facto le solaire. Les heures creuses ENEDIS vont être décalées en journée à partir d'octobre prochain (avant l'hiver, c'est dommage... le PV produit moins à cette saison).
Le développement du pilotage dynamique des ballons d'eau chaude est également un levier intéressant pour diminuer le besoin en stockage, absorber l'excédent de prod et, mécaniquement, de réduire la demande en soirée/nuit puisque les ballons ont chauffé dans l'après midi.
- autant je ne réfute pas la dynamique lente de montée en charge du nucléaire ainsi que son minimum de charge (je l'ai constaté et ne suis pas spécialiste), autant j'ai du mal à comprendre pourquoi une plus grosse partie (2/3?) du parc n'est pas simplement mise à l'arrêt en été. On se retrouverait avec ~42GW (sur 63 installés) à faire varier entre 20 et 100%, ce qui permet de réduire la prod nucléaire en apres midi en dessous du talon de 20GW donné tout en couvrant la pointe du soir sans problème (je trouve une plage de 8.4GW à 20% jusqu'à 42GW à 100%).
- les prix du marché spot sont montés en épingle ici. La majorité du volume des achats ne se font pas au prix spot (J-2 ou J-1) mais sont effectués en PPA ou à des échelles de temps plus grandes (semaines, mois, saisons). L'ajustement se fait au prix spot.
- même si on acceptait que la majeure partie du volume s'achète au prix spot (c'est faux), rien n'est dit du nombre de jours où le marché réagit correctement et le prix spot au MWh est à 1, voir 0 euro entre 111 et 14h... alors que si on regarde de plus près, le souci est le mécanisme de compensation lors du bridage ENR. Il conviendrait, pour la CRE, d'arrêter les contrats d'obligation d'achat (c'est en train d'être fait) et de diminuer les indemnisations pour bridage, dont la filière solaire n'a plus besoin pour être rentable aujourd'hui.
- enfin, l'éolien notament offshore pâtit de ces analyses "nucléaire vs ENR", alors qu'il produit de jour comme de nuit en hiver et en grande quantité. Il y a des moments où il ne produit pas, mais ces alternances se font sur des pas de temps tout à fait compatibles avec l'arrêt et le redémarrage de réacteurs nucléaires (plusieurs jours).

Effectivement, l'électrification des usages ne va pas aussi vite qu'il le faudrait, retardant nos objectifs de diminution de gaz à effet de serre. Je suis content qu'il le mentionne noir sur blanc.
Des politiques publiques et réglementaires efficaces comme interdire progressivement le chauffage à base d'énergies fossiles serait le bienvenu, tout comme un rétablissement des primes pour l'achat de véhicules électriques.

Aussi, il semble évident qu'un changement des contrats classiques de fourniture d'électricité est cruellement nécessaire (rendre l'énergie plus chère à la pointe, déplacer les heures creuses en journée, pouvoir les déclencher de facon opportuniste quand nous sommes en excédent d'ENR, etc.).

Aborder le problème d'un seul point de vue de la production, en partant du principe que le profil de consommation ne changera pas ou peu, sans aborder la question du stockage (et du marché associé), c'est probablement passer à côté de certaines solutions.


alain_p

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- autant je ne réfute pas la dynamique lente de montée en charge du nucléaire ainsi que son minimum de charge (je l'ai constaté et ne suis pas spécialiste), autant j'ai du mal à comprendre pourquoi une plus grosse partie (2/3?) du parc n'est pas simplement mise à l'arrêt en été. On se retrouverait avec ~42GW (sur 63 installés) à faire varier entre 20 et 100%, ce qui permet de réduire la prod nucléaire en apres midi en dessous du talon de 20GW donné tout en couvrant la pointe du soir sans problème (je trouve une plage de 8.4GW à 20% jusqu'à 42GW à 100%).

2/3 des centrales nucléaires arrêtées l'été ? Donc 42 GW, et il ne resterait plus que 21 GW disponibles ? Insuffisant la nuit (voir graphique RTE ci-dessous du 29 Août à 23h30). Il faut au moins 24h, comme le dit le rapport, pour rallumer une centrale nucléaire. En cas de problème survenant sur d'autres centrales, tu n'as aucune marge de sécurité, alors que la nuit le solaire ne peut pas produire.

D'autre part tu ne peux plus exporter aux heures où justement la demande est la plus forte (pointes du soir et du matin), parce que le PV produit très peu. Ce qui améliore beaucoup la rentabilité de notre parc et permet de réduire l'énorme dette d'EDF ((contactée en partie quand l'état lui a imposé de fournir de l’électricité à un coût inférieur au marché en 2022/2023, quand il y avait une crise de production à cause de la corrosion sous contrainte).

Arrêter 2/3 du parc (même 1/3) aurait un coût économique énorme pour EDF qui probablement n'y survivrait pas. Et cela serait une grosse menace pour la production d’électricité en France, et pour nous les consommateurs.

F6FLT

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Note intéressante et assez juste, mis à part quelques points notables à mon sens:
- le développement de moyens stockage par batteries, dont le coût au MWh chute de ~5-10% par an, n'est mentionné qu'en passant, presque "pour l'avoir dit", mais rien n'en est fait.
...

Rien n'est fait parce que probablement, même si le coût chute, il ne suffit pas à atteindre un seuil de rentabilité suffisamment attractif.
De plus, la période actuelle n'est vraiment pas propice : les-prix-du-stockage-denergie-par-batterie-senvolent-au-deuxieme-trimestre-2025

brupala

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Voici le PDF

Et la publication originale : https://www.youscribe.com/BookReader/Index/3857547/?documentId=6957112
Je me pose des questions sur ces lobbies (du nucléaire dans ce cas) qui tracent des courbes de prévisions délirantes en précisant qu'ils ne savent rien de ce que sera la consommation dans 10 ou 20 ans.
Dans ce domaine, comme bien d'autres, par exemple la saturation de la communication par l'IA, dont la consommation à venir n'est pas prise en compte dans ce rapport d'ailleurs, les extrapolations du passé sur l'avenir sont assez approximatives.
Ce qui est certain, c'est que effectivement, il faut se débrouiller au maximum pour stocker les excédents de production électrique, plutôt que foncer dans de nouveaux moyens de production, ça viendra plus vite qu'on ne le croit dans les chaumières, par exemple par un grid bien géré de VE en station de charge. La décentralisation de la production ne peut être que positive, mais l'optimisation de leur gestion à l'arrêt est une façon de fonctionner de ce siècle.

brupala

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Rien n'est fait parce que probablement, même si le coût chute, il ne suffit pas à atteindre un seuil de rentabilité suffisamment attractif.
De plus, la période actuelle n'est vraiment pas propice : les-prix-du-stockage-denergie-par-batterie-senvolent-au-deuxieme-trimestre-2025
Le fonctionnement des US s'éloigne de plus en plus de celui du reste du monde: drill drill baby ... :(

simon

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> 2/3 des centrales nucléaires arrêtées l'été ? Donc 42 GW, et il ne resterait plus que 21 GW disponibles ?
Non, je me suis emmêlé les pinceaux, je parlais d'éteindre environ 1/3.
Note que sur ton screenshot, on exporte un talon de ~15-18GW quasiment en permanence. Si on part du principe qu'on veut réaliser cet export, effectivement, on gardera plus de réacteurs en service... mais cela n'a pas grand chose à voir avec le fait de couvrir la consommation nationale. On aide nos voisins à décarboner leur prod, ce qui est bon, ceci dit.

La prod nucléaire à ce moment là est d'environ 40-42GW, donc on y arriverait, à priori. L'hydraulique peut potentiellement couvrir bien plua.
Et si on prend un peu de recul et qu'on traite le problème dans sa globalité plutôt qu'uniquement du côté prod, combien de cette conso de fin de soirée/fin de nuit peut-on supprimer si on la décale en journée?

> Arrêter 2/3 du parc (même 1/3) aurait un coût économique énorme pour EDF qui probablement n'y survivrait pas. Et cela serait une grosse menace pour la production d’électricité en France, et pour nous les consommateurs.
C'est plus là qu'est le souci, en effet. L'équation est plus économique qu'autre chose pour EDF, qui espère une rente nucléaire importante pour résorber sa dette en plus de couvrir ses coûts fixes.

Free_me

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Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #318 le: Aujourd'hui à 08:28:47 »
Pourquoi moins intéressantes ? Pour une application stationnaire, l'encombrement n'est bien souvent pas une contrainte, donc avoir des cellules d'un peu plus faible capacité mais pour moins cher peut avoir un intérêt.
Quand j'avais regardé la difference de prix des CATL n'est pas interessante. En tout cas moins que les EVE. Donc le ratio euros / kwh. Apres ca peut changer dans le temps je pense.