Un truc que j'ai jamais vraiment compris, c'est à quel point on peut réalistement transporter de l'électricité. Typiquement, est-ce qu'il y'aurait des électrons marocains qui pourraient arriver en angleterre dans la vraie vie ?
Avec une interco directe, oui... mais on voit bien que ce n'est pas économiquement viable.
Sur un grid interconnecté (il n'a même pas besoin d'être synchrone si on utilise des liens à courant continu comme le Royaume Uni), tout ce qui compte est d'équilibrer la consommation avec la production.
Lorsque l'Espagne est en excédent solaire et que l'Angleterre est en déficit, on a donc:
1) un import par l'Angleterre depuis la France (notamment)
2) un export de l'Espagne vers la France
On pourrait considérer que la puissance exportée par l'Espagne ne fait que "traverser" la France, si la puissance de 1) correspond à la puissance de 2), et que la France est indépendante, autonome et n'a besoin de personne (certains politiques tiennent ce discours, je ne l'invente pas, en disant donc que les intercos sont du vol d'argent à la France par l'Europe... bref).
En réalité, la puissance appelée par un consommateur émane du/des producteur(s) le(s) plus "proche(s)": le flux d'électrons, transportant l'énergie, va avoir tendance naturellement à emprunter le chemin de plus faible impédance.
Si on pousse 2GW en France à travers la frontière Espagnole, ces 2GW vont être consommés au plus près (dans le sud-ouest de la France), puis, si il y a surplus, vont se propager dans le réseau de transport à d'autres noeuds (par exemple, le sud-est, le centre, la facade atlantique, etc.).
À moins que la France ne consomme moins que cela (la blague) et qu'elle ne se découple entièrement de ses voisins italiens, suisses, allemands, belges, etc., l'énergie portée par ces électrons importés d'Espagne ne va pas traverser le pays pour partir vers l'Angleterre.
Donc en réalité, il faut considérer l'import espagnol comme une production supplémentaire localisé dans le sud-ouest de la France. Cette production s'ajoute à celle des autres moyens de prod couplés et actifs et va alimenter le sud-ouest sans emprunter le réseau de transport francais remontant l'axe nord-sud.
L'export vers l'Angleterre se manifeste comme une charge située dans la manche, et donc va consommer l'énergie générée au plus proche (nucléaire, éolien, solaire dans le nord/nord-ouest du pays). Pour peu que ces moyens de prod soient capables de fournir la puissance nécessaire à satisfaire la conso "locale" et l'export, il n'y aura pas de flux de puissance dans le réseau de transport Francais en provenance du reste du pays pour "importer" l'énergie envoyée en Angleterre.
Dans une certaine mesure, les intercos avec les pays voisins *diminuent* le besoin en capacité de transport sur l'axe nord-sud Francais, même si ce n'est pas suffisant et qu'il nous faut de nouvelles lignes pour créér un couloir européen de l'électricité (Finlande-Suède-Allemagne-France-Espagne-Portugal).
Donc pour que de l'énergie produite au Maroc arrive en Angleterre en traversant l'Espagne et la France, il faudrait que le Maroc exporte à minima plus que la conso de la France, de l'Espagne et du Portugal réunies, et qu'on ait les capas d'interco pour transporter tout cela. Pas super réaliste, donc :-)