Parc éolien offshore de la baie de Saint Brieuc : prix garanti de 196 € le MWh sur 20 ans (et indéxé sur l'inflation)Les Echos ont sorti hier un article instructif sur les subventions des EnR, dans ce cas l'éolien Offshore, avec l'exemple du parc éolien de la baie de Saint-Brieuc, d'une capacité de 496 MW, construit par Iberdola, pour 2.4 milliards d'euros d'investissements, et inauguré en Septembre 2024, mais produisant depuis Juin 2024. Il bénéficie d'Obligations d'Achat et de prix garantis de 196 € le MWh, environ 3 fois les prix de gros actuels, pendant 20 ans, indexés sur l'inflation. Pour limiter la surproduction à certaines heures entrainant des prix négatifs, il lui est demandé depuis le 11 Mai dernier d'arrêter sa production (ou de la baisser fortement), mais continue de bénéficier de ce prix garanti, calculé selon la production qu'il aurait du atteindre en fonction de la vitesse du vent.
En 1 an, il a produit (ou aurait du produire...) 1500 GWh, soit à 196 € le MWh, un chiffre d'affaire de 300 M€, dont donc environ les 2/3 sont subventionnés, soit 200 M€ en un an. Comme la surproduction ne risque pas de baisser, avec les futurs chantiers éoliens ou solaires en projet (dont un moratoire a été finalement repoussé récemment à l'Assemblée Nationale), on peut penser que les prix de gros vont continuer à être faibles ou négatifs à certaines heures.
Sur 20 ans, sur les prix actuels, cela pourrait donc faire une subvention totale de 4 milliards d'euros, rien que pour ce parc....
Une très belle affaire pour Iberdola donc.
Et c'est pour cela que les consommateurs, eux, ne vont pas voir une baisse de leur facture à cause des prix négatifs, car il faut bien que quelqu'un (en l’occurrence EDF dans cas, mais qui devra le répercuter), paye les subventions.
A Saint-Brieuc, les bonnes affaires des éoliennes en mer, imperméables aux prix négatifs
Les premiers parcs éoliens en mer, opérés par Iberdrola et EDF, bénéficient de généreux tarifs d'achat pour l'électricité qu'ils produisent. Même avec les nouvelles règles d'arrêt programmé, destinées à limiter le phénomène croissant des prix négatifs sur le marché français.
Par Amélie Laurin - Publié le 28 juin 2025 à 11:05Mis à jour le 28 juin 2025 à 11:15
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L'énergéticien espagnol affiche néanmoins sa satisfaction. « Sur les douze premiers mois d'exploitation, nous avons produit plus de 1.500 GWh, annonce son représentant. C'est moins que l'objectif prévu de 1.800 MWh, qui équivaut à un taux de charge de 40-45 % des turbines. Mais le taux de disponibilité de nos machines atteint 97 %, soit davantage que les 90 % visés ».
300 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel
En injectant 1.500 GWh sur le réseau depuis fin juin 2024, le parc a généré un chiffre d'affaires d'environ 300 millions d'euros, selon nos calculs. L'Etat est en effet obligé d'acheter, pour la revendre ensuite, toute l'électricité produit. A 196 euros le MWh pendant vingt ans. C'est environ trois fois plus que le cours actuel de l'électricité, sur le marché de gros en France.
Ce prix est aussi à peine inférieur aux 200 euros le MWh prévus initialement. Ces conditions attractives avaient été renégociées par l'Etat en 2018, à 155 euros. Ce montant a ensuite été réévalué et figé à 196 euros, en vertu d'un mécanisme d'indexation prenant notamment en compte l'inflation.
« Ça peut paraître cher, mais il ne faut pas oublier que nous étions les premiers [avec EDF, NDLR] à nous lancer dans le marché de l'éolien en mer en France. Créer une filière a un coût et nécessite un accompagnement de l'Etat », explique Stéphane-Alain Riou. Iberdrola a investi 2,4 milliards d'euros à Saint-Brieuc.
Le soutien public pèse néanmoins sur les finances publiques car les prix de marché passent régulièrement en territoire négatif. Cela oblige l'Etat à revendre, encore plus à perte, les électrons produits par les parcs en mer.
De plus en plus fréquents, les prix négatifs se produisent lorsque les conditions météorologiques dopent la production des centrales solaires et éoliennes. Cet excès d'offre n'est pas toujours compensé par la demande, qui reste inférieure au niveau d'avant-Covid, entraînant les prix dans une spirale baissière.
Des arrêts de turbines « neutres » financièrement
Pour limiter le phénomène, les autorités imposent de plus en plus aux opérateurs des modulations de production. C'était déjà le cas pour EDF et ses centrales nucléaires. Depuis peu, les pales des éoliennes en mer de Saint-Brieuc et celle de Saint-Nazaire et Fécamp, opérées par EDF, doivent parfois s'arrêter, même en cas de vents favorables. D'une taille d'environ 500 MW, soit un demi-réacteur nucléaire, ces parcs offshore ont signé un avenant avec EDF Obligation d'achat, le bras armé de l'Etat pour les achats d'électricité renouvelable.
« Cet avenant définit les conditions de la modulation à la baisse pour contribuer à l'équilibre du réseau et limiter le phénomène de prix négatifs sur le marché de l'électricité, explique EDF power solutions. Il s'agit d'une opération neutre financièrement pour nous ». EDF OA compense en effet EDF power solutions et Iberdrola au centime près les MWh non-produits, en prenant en compte la force du vent pendant l'arrêt des pales.
Fatigue des machines éoliennes
Chez Iberdrola, tout ou partie des éoliennes peut être concerné, tandis qu'EDF maintient toujours un mince ruban de production. « Pour des questions techniques, à ce stade, la production des parcs éoliens d'EDF Power Solutions peut moduler à la baisse jusqu'à 30 MW », précise la société.
« Les machines ne sont pas faites pour être arrêtées brutalement, ça fatigue les machines et peut provoquer des secousses dans les fondations », pointe de son côté Emmanuel Rollin, directeur général d'Iberdrola France. Chez les deux opérateurs, les premières coupures, programmées la veille pour le lendemain, ont été menées durant le week-end des 10 et 11 mai.
S'ils ont ouvert la voie, d'autres centrales vont être mises à contribution. Deux arrêtés sont en préparation pour définir les règles d'interruption des parcs éoliens au sol et photovoltaïques sous obligation d'achat.
Pour les trois prochains parcs éoliens en mer, dont celui de Yeu-Noirmoutier d'Ocean Winds (Engie et EDPR) déjà mis en service partiellement, des arrêtés sont également prévus, précise le cabinet du ministre de l'Energie, Marc Ferraci.
https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/a-saint-brieuc-les-bonnes-affaires-des-eoliennes-en-mer-impermeables-aux-prix-negatifs-2173719Demander aux parcs solaires et éoliens d'arrêter leur production, mais de les payer quand même est en effet la première recommandation du rapport de la CRE (Commission de Régulation de l'Energie) sur le phénomène des prix négatifs de Novembre dernier.
Ce qui est à mon avis assez ubuesque, et une source de gaspillage d'argent public. Il était prévu que le coût du subventionnement des EnR, à cause des surproductions, et donc de prix de gros négatifs ou bas, atteigne 4.2 milliards d'euros en 2024...