Et l'état va faire cela comment ? Les caisses de l'état sont vides. L'EPR peine à s'imposer avec tous les problèmes liés à la compétence perdue qu'il faut retrouver.
L'EPR aura fait couler beaucoup d'encre et d'argent, beaucoup plus que prévu, j'en conviens. Mais il est en train de démarrer et on peut penser qu'il sera couplé pour l'hiver.
Cette année, les capacités de prod solaire et éolienne ont à nouveau fait un bon, et la consommation baisse mécaniquement avec les efforts d'efficacité énergétique et les prix du kWh qui grimpent.
La seule solution est de faire baisser la consommation pour maintenir une production électrique à bout de souffle.
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Et si les autres, comme tu dis, n'ont pas assez pour eux, où vont-ils se fournir en électricité ? La réponse est toute trouvée : black out !
Je ne t'explique pas le mécontentement quand il faut couper l'électricité en hiver.
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Si l'on continue d'appliquer le tout électrique afin d'avoir un pays qui ne pollue plus, il faudra bien réduire la consommation si celle-ci ne tient pas ses promesses.
Parce que l'on ne sait pas réguler, à la demande, l'électricité. La raison ? L'imprévoyance de la France qui ne sait réagir que dans l'urgence.
Selon moi, il manque une solution technique à ton analyse, qui fonctionne remarquablement bien (je laisse la politique de côté): la flexibilisation de la demande.
Aujourd'hui, la flexibilité contrôlée par le réseau n'existe pas: il existe des offres "super heures creuses" et "week end" pour inciter les clients à reporter leur consommation hors des périodes de pointe, mais ces horaires sont statiques. On part du principe que la conso est plus basse la nuit et le weekend, ce qui statistiquement est vrai.
L'hiver dernier, la question du délestage éventuel que tu mentionnes ne se posait qu'aux pointes, entre 7 et 9h le matin et entre 18 et 20h le soir (+/- 1h), les jours où la prod renouvelable faisait défaut (la grosse production éolienne nous a d'ailleurs bien aidé).
En utilisant Linky à son plein potentiel, RTE pourrait tout à fait demander à ENEDIS (ou aux fournisseurs qui reporteraient ensuite cette demande à ENEDIS, selon leurs critères) d'envoyer un ordre de réduction de la consommation, avec ou sans changement de tarif, d'ailleurs.
L'infra en place aujourd'hui peut le faire : le système d'information d'ENEDIS dispose d'un lien de comm permanent et quasi-temps réel (~1-30min il me semble) avec les compteurs Linkey, par le biais des transpondeurs CPL installés dans les transformateurs HTA-BT.
Sur de très nombreux compteurs, un relais piloté par le réseau est câblé pour contrôler un contacteur, sur lequel les chauffe eau électriques sont habituellement raccordés (pour chauffer l'eau en heures creuses).
De la même facon, beaucoup de délesteurs sont connectés à la sortie TIC du compteur, et peuvent réduire ou éteindre le chauffage en fonction des infos transmises par le compteur.
On peut donc lisser la consommation en jouant sur ces charges pilotables non critiques sans impact sur le confort des clients : faire chauffer une partie des ballons d'eau chaude l'après midi, sur les heures solaires, si l'équilibre offre/demande le permet, permettra de réduire la conso d'énergie vers 22-23h (plage de début des "heures creuses" traditionnelles).
On peut aussi simplement baisser la consigne de chauffage lors des pointes, lorsqu'il y a tension sur les moyens de production.
Mon fournisseur d'électricité a d'ailleurs fait quelque chose comme ca, mais par le biais d'e-mails envoyés à ses clients pour leur demander, la veille pour le landemain, d'éviter de consommer entre certaines plages horaires. C'est apparament efficace (i.e. les gens jouent le jeu), mais certainement pas autant qu'une solution automatisée basée sur Linky.
Le site eCO2mix d'RTE est une mine d'or pour comprendre ce phénomène. On peut par exemple y voir le delta de consommation entre l'après midi et la pointe du soir, qui atteignent souvent les 10-20GW l'hiver. On peut voir dans quelle mesure le nucléaire est piloté, et comme l'hydraulique et le gaz sont bien plus rapides pour s'adapter aux changements.
On peut aussi y voir le bridage d'énergies renouvelables (par exemple hier après midi) : on "jette" du productible volontairement, car excédent de production. C'est un argument en plus pour la flexibilisation de la demande.