Retrait des chinois de CGN du financement des deux EPR d'Hinkley Point :On a appris mi-décembre, que les chinois de CGN (China General Nuclear Corp), qui participaient à hauteur de 33% au financement des deux réacteurs EPR construits par EDF à Hinkley Point C, en Angleterre, s'étaient retiré du financement après leur dernier versement contractuel en Octobre. C'est à dire qu'ils ne participeront pas au financement des nouvelles augmentations de coût des réacteurs. Le coût est en effet passé de 16 milliards de livres sterling au début du projet (18.4 milliards d'euros, 1£ ~ 1.15€), à 25 milliards en 2022 (28.75 milliards d'euros), à cause des retards, et des estimations début 2023 portait même le coût final à 32 milliards de £, soit 36.8 milliards d'euros), à cause de l'inflation, soit un doublement du coût.
EDF devrait financer maintenant tout seul le projet, environ 5 milliards d'euros pas an, contre 4 milliards avant. cela tombe très mal pour EDF, mal en point financièrement, qui a fait 17 milliards de perte en 2022, après avoir du portier le coût du bouclier des tarifs d'électricité, et qui depuis à été nationalisé à 100% par l'Etat. Et qui a déjà une dette à lui tout seul de 64.5 milliards d'euros...
Le retrait des chinois de CGN semble une mesure de rétorsion, pour avoir été écarté d'un autre projet de constructions de deux EPR à Sizewell, par les anglais (sur fond de conflits style Huawei). L'Etat anglais a décidé de participer à 50% du financement du projet de Sizewell, mais le financement n'est pas encore bouclé.
EDF doit percevoir les recettes des deux réacteurs d'Hinkley Point, pas avant 2027 maintenant, et a obtenu un prix garanti de 96.5 £ le MWh, soit 110 € le MWh, nettement supérieur au tarif cible qui avait été estimé en France à 72 € le MWh. Cela ne va pas faire non plus le bonheur des consommateurs anglais au niveau prix...
Les EPR sont décidément un cauchemar pour EDF et Areva, après déjà les immenses surcoûts et retards de l'EPR de Flamanville, et de l'EPR finlandais d'Olkiluoto.
A mon avis, EDF aurait intérêt à revenir à un schéma de centrale plus simple et moins coûteux, même si n'atteignant pas les mêmes critères de sécurité, qui ont été je pense trop relevés après Tchernobly et Fukushima...
Voir par exemple les Echos :
Nucléaire : les EPR anglais au coeur d'un bras de fer entre Londres et Paris
L'équation financière des futurs réacteurs anglais est l'objet d'un groupe de travail franco-britannique, à la demande de Bruno Le Maire. Le retrait du chinois CGN impose désormais à EDF de porter seul les surcoûts liés au retard d'Hinkley Point. Ce sujet pourrait percuter le financement de l'autre chantier nucléaire phare promis au Royaume-Uni sur le site de Sizewell.
Par Sharon Wajsbrot, Ingrid Feuerstein - Publié le 14 déc. 2023 à 06:24Mis à jour le 14 déc. 2023 à 06:28
Dans quelle mesure le Royaume-Uni pourra-t-il tenir sa promesse de relance du nucléaire ? Londres mise sur deux projets phares pour prendre le relais de ses réacteurs nucléaires vieillissants : la construction par le français EDF de deux EPR à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l'Angleterre, ainsi que de deux réacteurs équivalents sur le site de Sizewell, à l'est du pays. Or ces deux chantiers font actuellement l'objet de vives discussions en haut lieu entre Paris et Londres.
Au coeur des débats figurent les modalités de financement du projet de Sizewell, un chantier titanesque au coût estimé jusqu'ici entre 20 et 30 milliards de livres. Un projet complexe à financer compte tenu des contraintes qui pèsent sur le bilan d'EDF, de l'envolée des dettes publiques française et britannique et aussi du retrait du partenaire chinois d'EDF dans ce projet, le groupe CGN.
Un groupe de travail entre Londres et Paris
Selon nos informations, le ministre des Finances, Bruno Le Maire, aurait abordé la question avec son homologue britannique, Jeremy Hunt, et le Premier ministre, Rishi Sunak, lors de sa visite au Royaume-Uni pour le sommet sur l'intelligence artificielle à Bletchley, début novembre.
Cet entretien a relancé la création d'un groupe de travail franco-britannique dont les premières avancées sont attendues avant la fin de l'année. Car un autre sujet d'importance est aussi sur la table : la responsabilité des surcoûts du chantier en cours à Hinkley Point, en particulier vis-à-vis de la part attribuable au partenaire chinois d'EDF, le groupe CGN, actionnaire à l'origine à 33,5 % dans la construction de ces deux réacteurs.
Ce partenariat franco-chinois remonte à « l'âge d'or » de la relation entre le Royaume-Uni et la Chine, en 2015. Depuis, le climat a nettement changé, les investisseurs chinois ayant été ciblés par une loi britannique sur la protection des entreprises nationales et par des déclarations hostiles de la part de députés et ministres conservateurs.
Coût revu à la hausse
Concrètement, depuis le mois d'octobre, le géant chinois ne couvre plus les surcoûts liés aux retards de construction sur le chantier d'Hinkley Point. Au lieu de 4 milliards de livres, EDF doit investir 5 milliards par an et porter seul l'énorme risque financier.
Le sujet est d'ampleur pour l'électricien tricolore : en mai 2022, le groupe avait réévalué le coût total du projet à 25, voire 26 milliards de livres, contre 18 milliards évoqués en 2016, lors du lancement du chantier. Début 2023, EDF a même évoqué un coût total à terminaison du chantier possible de 32,7 milliards de livres.
https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/nucleaire-les-epr-anglais-au-coeur-dun-bras-de-fer-entre-londres-et-paris-2041318